En octobre 2025, le mythique circuit des 24 Heures du Mans, berceau de l’endurance automobile, a vibré au rythme d’un nouveau genre de course. Pas de bolides hybrides aux budgets colossaux ni de pilotes chevronnés venus des quatre coins du monde, mais une compétition inédite où l’adrénaline se mêlait à la culture numérique. Le Grand Prix Explorer, fondé par l’influenceur Squeezie en 2022, a tenu sa troisième et dernière édition sur le circuit Bugatti, attirant près de 200 000 spectateurs enthousiastes. Ce rendez-vous, qui allie sport mécanique et divertissement populaire, a marqué les esprits par son intensité, son spectacle et l’émotion brute qui l’a accompagné jusqu’au dernier tour.
Qu’est-ce que le Grand Prix Explorer ?
Le Grand Prix Explorer est une course de Formule 4 imaginée par le vidéaste français Squeezie, de son vrai nom Lucas Hauchard. Lancée en 2022, cette initiative inédite repose sur un concept audacieux : mettre des influenceurs aux commandes de monoplaces de compétition. Contrairement aux courses traditionnelles, où les pilotes sont sélectionnés pour leur expertise technique et leur carrière en sport auto, ici, les participants sont choisis pour leur notoriété sur les réseaux sociaux et leur capacité à mobiliser un public jeune et engagé.
Chaque édition voit une vingtaine de stars du web s’affronter sur piste après plusieurs semaines d’entraînement intensif. Pour cette troisième édition, vingt-quatre concurrents ont pris le départ, dont des figures emblématiques comme Lea Elui, Mastu, Kaastup et Gotaga, aux côtés d’influenceurs internationaux venus d’Allemagne, des États-Unis ou encore du Japon. Les règles sont strictes : les bolides sont identiques, les qualifications suivent le format FIA, et les caméras embarquées diffusent en direct les réactions des pilotes. Le résultat ? Une course à la fois sportive, spectaculaire, et profondément humaine.
Pourquoi le Mans et pas un autre circuit ?
Le choix du Mans n’est pas anodin. Ce lieu symbolise l’excellence, la résistance, la passion automobile. En y installant le GP Explorer, Squeezie a voulu ancrer son événement dans une légitimité historique, tout en bousculant les codes. C’est un peu comme si on faisait débarquer TikTok sur la Lune , plaisante Antoine Delval, journaliste spécialisé dans les nouvelles formes de médias. Le Mans, c’est sacré. Mais c’est aussi une scène ouverte à l’innovation. Et là, on a vu une nouvelle génération poser ses valises sur une terre de légende.
Le circuit Bugatti, plus court et plus sécurisé que la célèbre piste de la Sarthe, s’est révélé idéal pour une course de Formule 4. Il permet aux influenceurs, souvent novices en pilotage, de s’exprimer sans compromettre leur sécurité. On n’est pas là pour faire du Le Mans Classic, on est là pour créer un nouveau chapitre , expliquait Squeezie quelques jours avant la course. Et ce chapitre, il s’écrit avec des gens qui parlent à leur génération, pas seulement aux puristes.
Qui sont les pilotes de cette édition 2025 ?
Les concurrents du GP Explorer 2025 forment un panel représentatif de la scène numérique mondiale. Parmi eux, Lea Elui, vidéaste française connue pour ses sketchs féministes et son humour acéré, s’est imposée comme une des favorites dès les qualifications. Je ne pensais pas tenir plus de deux tours sans me crasher , confie-t-elle en riant après la course. Mais quand tu passes les 200 km/h dans la Hunaudières, tu oublies tout. Même les commentaires de tes abonnés.
Mastu, autre figure emblématique du gaming français, a surpris par sa régularité. J’ai passé des milliers d’heures sur Gran Turismo, mais rien ne prépare à l’accélération d’une vraie F4 , raconte-t-il. La première fois que j’ai senti le sous-virage, j’ai cru que mon cœur allait lâcher.
Côté international, c’est l’Américain Darius Kane, youtubeur spécialisé dans les challenges extrêmes, qui a marqué les esprits. Son départ en tête-à-queue dans la première chicane a fait le tour des réseaux en quelques minutes, mais il a réussi à remonter jusqu’à la sixième place. Je voulais prouver qu’on pouvait être viral et sérieux , explique-t-il. Ce n’était pas un spectacle, c’était une course. Et j’ai tout donné.
Quel a été l’impact du public sur l’événement ?
Les 200 000 spectateurs présents ne sont pas venus seulement pour voir rouler des influenceurs. Ils ont participé activement à l’ambiance, transformant le circuit en un véritable festival. Des concerts électro ont rythmé les pauses entre les manches, des stands de réalité virtuelle permettaient de vivre une simulation de course, et des meet-up organisés par les créateurs ont attiré des files d’attente de plusieurs centaines de mètres.
Oléana et Oxane, deux étudiantes de 18 ans venues de Nantes, ont passé tout le week-end sur place. C’était un peu l’endroit incontournable où il fallait être ! s’exclame Oléana. On suit ces créateurs depuis des années. Les voir en vrai, en combinaison, sur une piste de course… C’est un rêve. Oxane ajoute : Et puis, on a vu une Formule 1 Alpine faire un tour d’honneur ! On n’en revenait pas.
Le mélange des genres a fonctionné : les puristes du sport auto, d’abord sceptiques, ont reconnu la qualité de l’organisation et l’engagement des pilotes. Ce n’est pas une mascarade , constate Jean-Pierre Fournier, ancien journaliste à Auto Hebdo. Ces jeunes ont travaillé dur. Ils ont respecté les règles. Et ils ont piloté avec courage.
Quel rôle a joué Squeezie dans cette aventure ?
Lucas Hauchard, alias Squeezie, est bien plus qu’un simple organisateur. Il est l’âme du GP Explorer. Depuis sa création, il a investi temps, énergie et argent pour que l’événement prenne vie. C’était mon rêve d’enfant , confie-t-il dans les stands, les yeux encore humides après son dernier tour. Pas de devenir pilote, mais de créer quelque chose qui rassemble. Quelque chose qui montre que les influenceurs, ce ne sont pas juste des gens qui font rire devant une caméra. On peut aussi transpirer, souffrir, et se dépasser.
Sa participation active à la course – il a piloté un des bolides – a ajouté une dimension émotionnelle. Lorsqu’il a franchi la ligne d’arrivée, bien loin du podium mais sous les acclamations du public, l’image de son émotion a fait le tour des réseaux. Je n’ai pas gagné, mais j’ai accompli quelque chose , dit-il simplement. Je voulais que cette course soit un pont entre deux mondes. Et je crois qu’on l’a construit.
Pourquoi cette édition est-elle la dernière ?
La décision de mettre fin au GP Explorer après trois éditions a surpris. Pourtant, Squeezie explique qu’il s’agissait d’un projet conçu comme un cycle. Je ne voulais pas que ça devienne une machine à cash ou une routine , précise-t-il. Trois ans, c’était parfait. On a monté en puissance, on a atteint le Mans, on a rassemblé des centaines de milliers de personnes. Maintenant, il faut savoir s’arrêter sur un moment fort.
Il ajoute que l’événement a rempli sa mission : prouver que les créateurs de contenu peuvent s’engager dans des projets exigeants, loin des clichés. On a montré qu’on pouvait allier viralité et sérieux. Passion et professionnalisme. Et c’est peut-être ça, le vrai héritage.
Quel sera l’héritage du GP Explorer ?
Bien que l’événement ne se reproduira pas, son impact perdure. Des académies de pilotage pour jeunes influenceurs ont vu le jour en France et en Belgique, inspirées par le format. Certaines fédérations automobiles envisagent d’intégrer des catégories numérique dans leurs championnats juniors. C’est une nouvelle porte d’entrée dans le sport auto , estime Élodie Rancourt, formatrice en communication sportive. Les jeunes ne rêvent plus seulement de devenir pilotes. Ils rêvent de vivre des expériences uniques, partageables. Et le GP Explorer en a été la preuve vivante.
Plus largement, cet événement a bousculé les frontières entre divertissement et sport. Il a montré qu’un public massif pouvait se passionner pour une course automobile sans être expert en mécanique. Il a aussi révélé une autre facette des influenceurs : celle de l’effort, de la discipline, de la vulnérabilité.
Qu’en pensent les institutions du sport automobile ?
La Fédération Française du Sport Automobile (FFSA) a salué un événement innovant et bien organisé . Même si ce n’est pas notre cœur de métier, nous reconnaissons l’intérêt de ces initiatives pour toucher de nouveaux publics , déclare un porte-parole. De son côté, l’Automobile Club de l’Ouest (ACO), organisateur des 24 Heures du Mans, a exprimé son soutien, tout en rappelant que la tradition et l’excellence technique restent nos priorités .
Le GP Explorer pourrait-il revenir sous une autre forme ?
Rien n’est impossible , répond Squeezie, énigmatique. Je ne dis pas non à un événement similaire, mais pas avec moi au volant. Peut-être comme mentor. Peut-être dans un autre sport. L’important, c’est de continuer à créer des ponts.
A retenir
Qu’est-ce que le GP Explorer ?
Le GP Explorer est une course de Formule 4 créée en 2022 par l’influenceur Squeezie, mettant aux commandes des créateurs de contenu à la place de pilotes professionnels. Elle s’est tenue pour la troisième et dernière fois en octobre 2025 au circuit Bugatti du Mans.
Qui participait à cette édition ?
Vingt-quatre influenceurs, dont des Français comme Lea Elui, Mastu, Kaastup et Gotaga, ainsi que des personnalités internationales, tous sélectionnés pour leur notoriété et leur capacité à mobiliser leur communauté.
Pourquoi s’arrête-t-il après trois éditions ?
Le fondateur, Squeezie, a voulu que l’événement reste une aventure limitée dans le temps, achevée sur un moment fort, sans tomber dans la redondance ou la commercialisation excessive.
Quel a été l’impact du public ?
Près de 200 000 spectateurs ont assisté à l’événement, attirés autant par le spectacle sportif que par les animations, concerts et rencontres avec les créateurs, transformant la course en festival grand public.
Quel est l’héritage du GP Explorer ?
Il a prouvé que les influenceurs peuvent s’engager dans des projets exigeants, a ouvert la voie à de nouvelles formes de sport-spectacle, et a contribué à rapprocher les mondes du numérique et de l’automobile.