Le 1er octobre dernier, le parvis de la mairie de Levallois-Perret a vibré au rythme d’un événement inédit : l’arrivée triomphale de Byilhan et Nico, deux influenceurs devenus en quelques semaines des figures emblématiques d’un défi à la fois sportif, humain et numérique. Partis de Montpellier, ils ont marché pendant vingt-quatre jours, sans interruption, traversant villages, campagnes et villes de France, relayant leur périple en direct sur Twitch. Ce n’était pas seulement une promenade, mais une véritable odyssée qui a captivé des centaines de milliers de spectateurs, mobilisé des communautés locales, et réuni des générations autour d’une aventure hors norme.
Comment un défi lancé en direct est-il devenu un phénomène national ?
Le point de départ de cette aventure remonte au ZEvent, l’un des plus grands rassemblements caritatifs du streaming français. C’est là que Byilhan et Nico, connus pour leur humour décalé et leur proximité avec leur audience, ont lancé une promesse : s’ils atteignaient 150 000 dons, ils marcheraient de Montpellier à Paris, en direct, sept jours sur sept. Un pari fou, presque irréalisable. Pourtant, la communauté a répondu présente. Le seuil a été franchi, et le défi a pris vie.
Le 8 septembre, les deux compères ont chaussé leurs baskets sur les quais du Lez, à Montpellier. Objectif : 750 kilomètres à pied, enregistrés en continu sur Twitch. Chaque jour, ils ont couvert entre 30 et 40 kilomètres, partageant chaque étape, chaque fatigue, chaque moment de doute, mais aussi chaque rencontre, chaque sourire échangé. Leur stream n’était pas un simple suivi GPS ou une émission de télé-réalité, mais une chronique vivante, authentique, de ce que signifie avancer, pas après pas.
Quel impact ce périple a-t-il eu sur les jeunes spectateurs ?
À Levallois-Perret, Moustapha, 15 ans, attendait depuis 5 heures du matin. Il a marché cinq heures aux côtés des deux streamers durant les derniers kilomètres. Pour lui, cette aventure est bien plus qu’un exploit physique. C’est une preuve qu’on peut faire des choses grandes, même quand on vient de nulle part , confie-t-il, les yeux brillants. Byilhan, il était prof dans des classes difficiles avant. Maintenant, il fait des trucs comme ça. Ça montre qu’on peut changer de trajectoire.
Moustapha n’est pas isolé. Des dizaines de jeunes, venus de banlieues parisiennes, de provinces ou même de Belgique, ont suivi le périple au quotidien. Certains ont rejoint le duo pour quelques kilomètres, d’autres ont organisé des points de ravitaillement, d’autres encore ont partagé des témoignages sur les réseaux : Depuis que je les suis, je me suis mis à courir le matin , écrit Lina, 17 ans, sur X. J’avais jamais tenu un défi aussi long. Eux, ils m’ont donné envie.
Une logistique digne d’une expédition internationale
Marcher 24 jours d’affilée en direct sur Twitch exige une organisation militaire. Le duo était accompagné d’une petite équipe : un cameraman, un régisseur technique, un logisticien. Les caméras, les micros, les batteries solaires, tout devait tenir dans des sacs à dos ou dans un van de soutien qui les suivait à distance, respectant les règles de sécurité et de discrétion.
Le sommeil était fractionné, les repas improvisés. Chaque soir, ils étaient accueillis chez l’habitant, grâce à une application mise en place spécialement pour le défi. Des familles de Millau à Orléans ont ouvert leur porte, offrant un lit, un repas, parfois un moment d’échange sincère. On pensait être accueillis par des fans, mais on s’est retrouvés chez des gens qui nous voyaient comme des neveux en visite , raconte Nico. Une vieille dame à Lodève nous a fait une tarte aux pommes maison. On a pleuré.
Une arrivée célébrée comme celle d’un champion olympique
Le 1er octobre, l’effervescence était palpable. Sur le parvis de la mairie de Levallois-Perret, plus de 1 000 personnes s’étaient rassemblées. Des adolescents brandissant des pancartes, des parents accompagnés de leurs enfants, des seniors curieux de voir ces garçons qu’on voit sur Internet . L’ambiance était à la fête, mais aussi à l’émotion.
Pour marquer le coup, les influenceurs Joyca et Inoxtag les ont rejoints pour un ultime mini-jeu : une course de relais sur 100 mètres, organisée sur le trottoir. Rires, chutes, encouragements – le moment a été immortalisé par des centaines de smartphones levés vers le ciel.
C’était incroyable. On ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant d’engouement, ni à ce que cela touche autant de générations , confie Nico, encore essoufflé, mais souriant. Byilhan, lui, observe la foule en silence quelques instants avant de lancer : On a marché pour vous. Mais c’est vous qui nous avez portés.
Quel a été le rôle des communautés locales dans cette aventure ?
Le périple a révélé une France solidaire, souvent méconnue des médias traditionnels. À Castres, une association de retraités a offert un pique-nique géant. À Étampes, des élèves de collège ont organisé un concert surprise avec leur orchestre d’école. À Chartres, un kiné local a offert une séance de soins aux deux marcheurs, touchés par des douleurs aux genoux.
Ces gestes, simples mais puissants, ont transformé le défi en une chaîne d’entraide. On croyait faire un truc pour Internet, mais on s’est retrouvés au cœur de la France réelle , dit Byilhan. Les gens nous disaient : “Vous nous faites du bien. On a besoin d’histoires comme ça.”
Cette question, souvent posée dans les milieux académiques et médiatiques, trouve ici une réponse concrète. Le défi de Byilhan et Nico n’était pas caritatif au sens strict – il n’a pas levé de fonds pour une cause – mais il a généré un impact social indéniable.
Il a mis en lumière la capacité des influenceurs à mobiliser, à inspirer, à créer du lien. Il a aussi montré que le streaming, souvent critiqué pour son superficialité, peut devenir un médium d’émotion collective, de partage authentique. On a vu des gamins se lever plus tôt pour aller en cours, juste parce qu’ils nous regardaient marcher , raconte Nico. C’est pas du coaching, c’est de l’exemple.
Quelles leçons peuvent tirer les institutions de cet événement ?
La mairie de Levallois-Perret, qui a officiellement accueilli les deux marcheurs, a joué un rôle central dans l’organisation de l’arrivée. Pour Élodie Renard, adjointe à la culture et à la jeunesse, cet événement est un signal. Les jeunes ne s’engagent pas moins, ils s’engagent autrement. Ici, ils ont suivi une marche, pas une marche pour un parti ou une cause, mais pour deux personnes qu’ils considèrent comme les leurs.
Elle ajoute : On a vu des parents venir avec leurs enfants, des profs organiser des débats en classe sur le sens de l’effort. C’est une forme de pédagogie du quotidien.
Une suite à cette aventure ? Vers d’autres horizons
Interrogés sur une possible réédition du défi, Byilhan et Nico ont été clairs : pas en France. On a traversé notre pays, on l’a aimé, on l’a vu autrement. Mais maintenant, on pense à l’Europe. L’Espagne, l’Italie, peut-être les Balkans , explique Byilhan. L’idée, c’est de continuer à marcher, mais entre pays, pour montrer qu’on peut avancer ensemble, même quand les frontières sont là.
Nico complète : Et cette fois, on voudrait embarquer des jeunes de quartiers, des gens qui n’ont jamais voyagé. Leur offrir le départ.
Quel héritage laissent Byilhan et Nico après ce défi ?
Leur périple a dépassé le cadre du divertissement. Il a donné une visibilité à des territoires oubliés, redonné du sens à l’effort, et surtout, il a rendu visible une jeunesse souvent stigmatisée. Ce n’est pas une marche contre quelque chose, mais une marche pour quelque chose : la persévérance, la fraternité, la curiosité.
Leur aventure a aussi changé leur propre regard. Avant, on se voyait comme des comiques, des rigolos sur Internet , dit Byilhan. Maintenant, on se sent responsables. On a vu qu’on pouvait toucher des vies.
Conclusion
Le défi de Byilhan et Nico ne restera pas seulement comme une performance médiatique ou une anecdote du monde du streaming. Il incarne une mutation plus profonde : celle d’une génération qui cherche du sens, pas dans les discours, mais dans les actes. Une marche de 750 kilomètres, relayée en direct, devenant symbole d’unité, de résilience et d’espoir. Dans une époque où tout va vite, ils ont choisi d’avancer lentement, pas à pas, et de faire en sorte que chaque pas compte.
FAQ
Quel était l’objectif du défi de Byilhan et Nico ?
Le défi a été lancé lors du ZEvent : s’ils atteignaient 150 000 dons, ils marcheraient de Montpellier à Paris en direct sur Twitch. L’objectif n’était pas caritatif, mais symbolique, pour prouver qu’un engagement collectif peut donner naissance à une aventure humaine.
Combien de kilomètres ont-ils parcourus et en combien de jours ?
Ils ont marché environ 750 kilomètres en 24 jours, couvrant en moyenne 30 à 40 kilomètres par jour, avec des pauses limitées, et un suivi en direct permanent sur leur chaîne Twitch.
Où ont-ils dormi pendant le périple ?
Grâce à une application dédiée, ils ont été accueillis chaque soir chez des habitants volontaires, de Montpellier à Paris. Ces accueils ont permis des échanges humains riches et authentiques, souvent soulignés dans leurs streams.
Qui les a rejoints à leur arrivée ?
À Levallois-Perret, ils ont été accueillis par plusieurs influenceurs, dont Joyca et Inoxtag, ainsi que par Domingo. Plus de 1 000 personnes, de tous âges, étaient présentes pour célébrer leur arrivée.
Envisagent-ils de refaire un défi similaire ?
Oui, mais à l’international. Byilhan a évoqué des marches entre pays européens, avec l’idée de promouvoir la rencontre, le voyage et l’engagement des jeunes issus de milieux variés.
A retenir
Quel est le message principal de cette aventure ?
Cette marche incarne la puissance du lien humain dans l’ère numérique. Elle montre que les influenceurs peuvent devenir des figures d’inspiration, et que les défis physiques, relayés en direct, peuvent générer un impact social profond, en mobilisant les jeunes, en connectant les territoires, et en redonnant du sens à l’effort collectif.