Alors que les établissements hospitaliers traversent encore les soubresauts de la crise sanitaire post-Covid, l’hôpital du Mans affiche une reprise dynamique, voire une forme de renouveau. En première ligne des soins dans la Sarthe, il retrouve des niveaux d’activité supérieurs à ceux d’avant la pandémie, marquant un tournant dans la gestion de la santé publique locale. Ce redressement ne se limite pas à des chiffres : il s’incarne dans les couloirs animés, les salles de consultation pleines, et les équipes soignantes qui reprennent confiance. Derrière cette embellie, une transformation profonde du modèle de soins se dessine, avec un accent croissant mis sur l’ambulatoire, la prévention et la coordination des parcours de santé.
Quel est l’indicateur clé de la reprise à l’hôpital du Mans ?
Le nombre d’hospitalisations complètes est devenu le baromètre privilégié pour mesurer la santé de l’établissement. En 2024, plus de 114 000 patients ont été hospitalisés en mode traditionnel, soit une progression de 5 % par rapport aux années précédentes. Un indicateur que Guillaume Laurent, directeur de l’hôpital du Mans, juge essentiel. Ce chiffre traduit une reprise de confiance des patients, mais aussi une capacité à répondre à la demande , explique-t-il. En 2025, la tendance se maintient avec une hausse de 3 % en cours d’année, ce qui confirme une stabilisation positive après les perturbations liées au confinement, aux reports de soins et aux restructurations internes.
Les autres indicateurs suivent le même mouvement : 410 000 consultations annuelles, dont une large part en médecine spécialisée, et près de 100 000 passages aux urgences, répartis entre adultes, enfants et urgences gynécologiques. Ces chiffres, bien que massifs, ne reflètent pas seulement une pression accrue sur les services. Ils témoignent d’un système qui a su s’adapter, se réorganiser, et surtout, retrouver sa place centrale dans le parcours de soins des habitants de la région.
Comment l’activité médicale s’est-elle réinventée après la crise ?
La transformation la plus marquante concerne l’essor des soins ambulatoires. Avant la pandémie, moins de la moitié des prises en charge se faisaient sans admission complète. Aujourd’hui, ce mode de soin représente plus de 60 % des hospitalisations. Ce changement structurel s’explique par plusieurs facteurs : l’évolution des techniques médicales, la volonté de désengorger les lits, mais aussi une meilleure acceptation par les patients.
Élodie Rivière, infirmière coordinatrice en oncologie, témoigne : Il y a dix ans, la chimiothérapie se faisait presque exclusivement en hospitalisation. Aujourd’hui, 80 % de nos patients viennent en hôpital de jour. Ils arrivent le matin, reçoivent leur traitement, et repartent chez eux l’après-midi. C’est un gain de confort, mais aussi de place pour d’autres patients en situation plus critique.
Le développement de l’ambulatoire concerne aussi la chirurgie, la dialyse, ou encore les examens spécialisés comme les endoscopies. Cette évolution permet de fluidifier les flux, de réduire les délais d’attente, et de libérer des ressources humaines et matérielles pour les cas les plus urgents.
Quels sont les bénéfices économiques de cette reprise d’activité ?
La hausse de l’activité n’est pas seulement un indicateur de santé publique : elle a des répercussions directes sur les finances de l’établissement. Chaque consultation, chaque passage aux urgences ou chaque séance de soins ambulatoires génère des recettes via le tarif de la prise en charge. Or, ces rentrées d’argent sont cruciales pour maintenir les services, investir dans du matériel, et recruter du personnel.
Nous avons traversé des années très difficiles, où les recettes baissaient alors que les coûts augmentaient , rappelle Guillaume Laurent. Aujourd’hui, cette reprise nous permet de stabiliser notre budget, voire de prévoir des investissements. L’hôpital a notamment pu moderniser plusieurs blocs opératoires, renouveler du matériel de diagnostic par imagerie, et renforcer l’équipe de nuit aux urgences.
Le gain n’est pas seulement financier. Il s’inscrit aussi dans une logique de qualité des soins. Plus on est actif, plus on est performant , estime le directeur. Cela veut dire que nos équipes sont en mouvement, qu’elles traitent des cas variés, qu’elles ne stagnent pas. C’est bon pour leur motivation, et donc pour la prise en charge des patients.
Comment les patients perçoivent-ils cette évolution ?
Derrière les statistiques, il y a des parcours individuels. Pour Camille Fournier, 62 ans, résidente de Sablé-sur-Sarthe, la reprise d’activité s’est traduite par un gain de temps et de sérénité. Opérée d’une hernie discale en 2024, elle a bénéficié d’une chirurgie ambulatoire : Je suis arrivée à 7h du matin, opérée à 9h, et rentrée chez moi à 16h. Je ne pensais pas que c’était possible à mon âge.
Elle ajoute : Avant, on me parlait d’une hospitalisation de trois jours minimum. Là, tout a été rapide, bien expliqué, sans stress.
D’autres patients, comme Thomas Le Guen, 45 ans, père de deux enfants et atteint d’insuffisance rénale, soulignent l’importance de la continuité des soins. Pendant le Covid, mes séances de dialyse ont été décalées, parfois annulées. J’ai eu peur. Aujourd’hui, tout est revenu à la normale, et même mieux : les créneaux sont plus réguliers, les infirmières plus disponibles.
Ces témoignages illustrent un phénomène plus large : la restauration de la confiance dans l’hôpital public. Après des années de doutes, de reports de soins et de saturation, les patients reviennent, et ils reviennent sereins.
Quels défis restent à relever malgré cette embellie ?
La reprise d’activité n’efface pas tous les défis. La pénurie de personnel, notamment en soins infirmiers et en médecine générale, reste une préoccupation majeure. On a besoin de recruter, surtout dans les spécialités en tension , précise Guillaume Laurent. L’hôpital a lancé des campagnes de recrutement ciblées, avec des contrats d’alternance, des aides au logement, ou encore des parcours de formation accélérés.
Par ailleurs, la pression aux urgences reste forte. Même si les chiffres se stabilisent, certaines journées voient un afflux de patients qui met à rude épreuve les équipes. On travaille sur la prévention des passages inutiles aux urgences , explique Sophie Tran, médecin chef du service. Des campagnes d’information, des relais avec les médecins de ville, des plateformes de tri téléphonique… Tout cela pour éviter que des patients viennent aux urgences pour des maux qui pourraient être traités en ville.
Enfin, la question de l’équité territoriale reste en suspens. Si l’hôpital du Mans est en pleine forme, les structures périphériques, comme les centres hospitaliers de La Flèche ou de Mamers, peinent parfois à suivre. Il faut que la reprise profite à tout le territoire , insiste le directeur. Des collaborations renforcées, des téléconsultations, et des astreintes mutualisées sont à l’étude pour y parvenir.
Quelles innovations ont été mises en place pour accompagner cette croissance ?
L’hôpital du Mans n’a pas simplement retrouvé son rythme d’avant. Il a évolué. Plusieurs innovations ont été déployées pour accompagner la hausse d’activité. Parmi elles, un système de gestion des flux patients en temps réel, permettant d’anticiper les pics d’affluence et d’ajuster les équipes en conséquence.
Autre avancée : le développement de la télémédecine. On a mis en place des consultations à distance pour les suivi post-opératoires, les maladies chroniques, ou encore la psychiatrie , détaille Élodie Rivière. Cela évite des déplacements inutiles, surtout pour les patients éloignés.
Enfin, un projet de coordination avec les professionnels de ville est en cours. Le but est de créer un véritable réseau de santé, où l’hôpital ne serait pas une fin de parcours, mais un maillon , résume Guillaume Laurent. Des plateformes de partage d’information, des réunions pluridisciplinaires, et des programmes de prévention commune sont en phase de test.
Quel avenir pour l’hôpital du Mans ?
L’établissement s’inscrit désormais dans une logique de croissance maîtrisée. On ne veut pas seulement faire plus, on veut faire mieux , affirme le directeur. Les objectifs pour les prochaines années incluent une amélioration continue de la qualité des soins, une réduction des délais d’attente, et un renforcement des partenariats avec les territoires voisins.
Un projet de modernisation du bâtiment principal est également à l’étude, avec un accent mis sur le confort des patients, l’accessibilité, et la transition écologique. Un hôpital moderne, ce n’est pas seulement un hôpital technique. C’est un lieu de vie, de soin, mais aussi de bien-être , insiste Guillaume Laurent.
Enfin, l’établissement souhaite devenir un pôle de formation majeur pour les jeunes professionnels de santé. Des partenariats avec les universités, des programmes de recherche clinique, et des espaces dédiés à l’innovation sont en préparation.
Conclusion
La reprise d’activité à l’hôpital du Mans est bien plus qu’un simple retour à la normale. Elle incarne une transformation profonde du système de santé local, marquée par une modernisation des pratiques, une meilleure coordination des soins, et une revalorisation du rôle de l’hôpital dans la prévention et la continuité des parcours. Malgré les défis persistants, notamment en matière de recrutement et d’équité territoriale, l’établissement affiche une trajectoire positive, portée par ses équipes et soutenue par une population qui retrouve confiance. Ce regain d’activité, combiné à une volonté d’innovation, positionne l’hôpital du Mans comme un acteur clé de la santé en Pays de la Loire.
A retenir
Quel est le chiffre clé de la reprise d’activité à l’hôpital du Mans ?
Plus de 114 000 hospitalisations complètes en 2024, soit une hausse de 5 % par rapport à la période pré-Covid.
Comment l’ambulatoire a-t-il évolué ?
Avant la crise, l’ambulatoire représentait moins de 50 % des prises en charge. Aujourd’hui, ce chiffre dépasse les 60 %, notamment grâce à la chirurgie, la chimiothérapie et la dialyse en hôpital de jour.
Quels sont les bénéfices de cette reprise ?
Elle permet une meilleure gestion des ressources, une amélioration de la qualité des soins, une stabilisation financière, et un regain de confiance des patients.
Quels défis restent à surmonter ?
La pénurie de personnel, la pression aux urgences, et les inégalités d’accès aux soins entre le centre et la périphérie.
Quelles innovations ont été mises en place ?
Un système de gestion des flux patients, le développement de la télémédecine, et des projets de coordination renforcée avec les médecins de ville.