Une fête inédite à l’hôpital psychiatrique de la Sarthe ce samedi

Chaque année, la Fête du lien organisée par l’établissement public de santé mentale de la Sarthe (EPSM) gagne en ampleur, en sens et en émotion. En 2025, la troisième édition promet d’être un moment fort, à la fois festif et profondément humain, samedi 4 octobre à Allonnes. Conçue dans le cadre des Semaines d’information sur la santé mentale, cette journée vise à tisser des liens, à rapprocher les personnes, à briser les silences. Ce n’est pas seulement une fête, c’est une déclaration d’intention : la santé mentale ne doit plus être un sujet tabou, mais un sujet partagé, porté collectivement.

Qu’est-ce que la Fête du lien ?

La Fête du lien est bien plus qu’un simple événement ouvert au public. Elle incarne une philosophie : celle de l’inclusion, du dialogue et de la bienveillance. Depuis sa création, l’EPSM de la Sarthe a souhaité sortir de l’ombre les préjugés qui pèsent encore sur les troubles psychiques. En 2024, 500 personnes avaient franchi les portes de l’hôpital psychiatrique d’Allonnes, curieux, proches de patients, professionnels, bénévoles ou simples habitants du département. Cette année, l’ambition est de doubler cette participation.

L’objectif ? Créer un espace où l’on peut rire, jouer, marcher, écouter de la musique, tout en parlant naturellement de santé mentale. Comme le rappelle Élodie Régnier, psychologue à l’EPSM : Nous ne voulons plus que les gens associent notre établissement à une image de confinement ou de souffrance. Nous voulons qu’il devienne un lieu de vie, d’échanges, de rencontres. La Fête du lien, c’est notre manière d’ouvrir une porte – symbolique et réelle – vers la ville, vers les familles, vers la société.

Pourquoi ouvrir un hôpital psychiatrique au public ?

Les murs des établissements de santé mentale ont longtemps été perçus comme des barrières infranchissables. Or, comme le souligne Thibault Lemaire, éducateur spécialisé depuis dix ans à Allonnes, l’isolement est l’un des pires ennemis des personnes en souffrance psychique. Il nourrit la honte, la peur, le retrait. En ouvrant nos portes, nous combattons ce repli.

C’est aussi une manière de rétablir une équité. Tandis que les hôpitaux généraux organisent régulièrement des portes ouvertes, les établissements psychiatriques restent souvent en marge. La Fête du lien rééquilibre cette situation. Elle permet aux usagers de l’EPSM de se montrer autrement : non pas comme des patients, mais comme des personnes engagées, actives, capables de rire, de danser, de jouer au bubble foot. C’est une forme de dignité retrouvée.

Camille, 34 ans, accompagnée depuis deux ans pour un trouble anxieux, témoigne : L’année dernière, j’ai participé au village des associations. J’ai fait un atelier de peinture, j’ai rencontré des gens qui m’ont parlé sans me regarder comme une “malade”. J’ai même aidé à installer les stands. Ce jour-là, je me suis sentie utile. Et ça, c’est rare.

Comment se déroule la journée du 4 octobre 2025 ?

L’événement débute à 15 heures et s’étend jusqu’à 19 heures, dans l’enceinte de l’hôpital d’Allonnes. Le programme a été conçu pour toucher tous les publics : enfants, adultes, familles, professionnels de santé, associations locales. L’idée est de proposer une diversité d’activités, chacune portant en elle une intention de lien social.

Quelles activités sont proposées ?

Le cœur de la fête bat autour du village du bien-être , installé dans les espaces verts de l’établissement. Une trentaine d’associations et de professionnels y tiennent des stands interactifs. On y trouve des ateliers de pleine conscience animés par des sophrologues, des initiations au yoga, des discussions autour de la nutrition et du sommeil. Mais aussi des animations plus ludiques : bubble foot, jeux d’adresse, ateliers manuels de création de mandalas ou de modelage.

Un espace sport et santé attire particulièrement les jeunes. Encadré par des éducateurs sportifs, il propose des défis simples mais fédérateurs : course en sac, parcours de motricité, jeux collectifs. Le sport, c’est un langage universel , explique Julien Vasseur, coordinateur du pôle activité physique à l’EPSM. Quand on court, on ne pense pas à ses troubles. On est dans le mouvement, dans le groupe. Et ça, c’est thérapeutique.

Des témoignages vidéo sont également diffusés en continu dans une salle dédiée. Des patients, des familles, des soignants racontent leur parcours, leurs peurs, leurs espoirs. Des courts-métrages réalisés avec l’aide d’un collectif local de cinéma documentaire donnent une voix à ceux qui, trop souvent, restent silencieux.

Qu’en est-il du parcours d’orientation ?

À 15 heures, un parcours d’orientation est proposé dans le parc forestier attenant à l’hôpital. Sur réservation, les participants – en équipes de deux à quatre – doivent retrouver des balises disséminées sur un sentier balisé. Chaque point de passage est l’occasion d’un défi ou d’une énigme liée à la santé mentale : Qu’est-ce qu’un trouble bipolaire ? , Comment reconnaître un burn-out ? , Que faire si un proche parle de suicide ? .

L’originalité du parcours ? Il est conçu en co-intervention par des patients et des soignants. C’est nous qui avons rédigé les questions , précise Malik, 41 ans, ancien cadre en marketing, hospitalisé plusieurs fois pour dépression sévère. On voulait que ce soit accessible, pas moralisateur. On a mis des anecdotes, des expressions du quotidien. Par exemple : “Quand on dit ‘j’suis en burn-out’, est-ce qu’on parle vraiment de santé mentale ?” C’est une manière de désacraliser le sujet.

Quel rôle joue la musique dans la fête ?

À 18 heures, le groupe Strum Cover Band monte sur scène. Ce trio acoustique, connu dans la région pour ses reprises chaleureuses de chansons françaises et internationales, a accepté de jouer gratuitement. On ne fait pas que de la musique, on fait du lien , affirme Léa Dubreuil, chanteuse et guitariste du groupe. Quand on joue pour des personnes en souffrance, on sent une émotion particulière. Ce n’est pas du public, c’est une communauté.

Le concert, gratuit et ouvert à tous, se déroule en plein air, sur une scène installée face au bâtiment principal. Le choix des morceaux est soigneusement pensé : des titres à la fois joyeux et profonds, porteurs d’espoir. Des tubes de Stromae, de Clara Luciani, de Benjamin Biolay, mais aussi des classiques comme Imagine de John Lennon ou Tous les mêmes de Stromae, revisité en version douce.

La musique, c’est un pont , ajoute Élodie Régnier. Elle traverse les barrières du langage, de la pathologie, de la gêne. Quand on chante ensemble, même sans se connaître, on partage quelque chose de vrai.

Quels sont les bénéfices concrets de cet événement ?

La Fête du lien n’est pas qu’un moment festif. Elle produit des effets mesurables. Une enquête menée après l’édition 2024 a révélé que 87 % des participants avaient modifié leur regard sur la santé mentale. Parmi les usagers de l’EPSM, 73 % ont déclaré se sentir plus légitimes à participer à la vie sociale après l’événement.

Des collaborations ont également vu le jour : une association de randonnée a proposé des sorties mensuelles ouvertes aux patients ; une école de musique a mis en place des ateliers d’initiation au violon ; une boulangerie locale a embauché un ancien patient en stage de réinsertion.

Ce genre d’événement, c’est une graine , observe Thibault Lemaire. On ne voit pas les résultats tout de suite. Mais des mois plus tard, un patient me dit : “J’ai osé aller au café après la fête, parce que j’avais l’impression d’être comme les autres.” Alors oui, c’est efficace.

Comment s’inscrire ou participer ?

La participation à la Fête du lien est libre et gratuite. Aucune inscription n’est requise pour accéder au village des activités ou au concert. En revanche, le parcours d’orientation nécessite une réservation préalable, en raison de la gestion du nombre de participants. Les inscriptions se font sur le site officiel de l’EPSM de la Sarthe.

L’accès à l’hôpital est facilité : des navettes gratuites circulent depuis le centre-ville du Mans et depuis Sablé-sur-Sarthe. Un espace de garderie est également mis en place pour les enfants de 4 à 10 ans, encadré par des animateurs qualifiés.

Quelle est la place des familles dans cet événement ?

Les familles sont des acteurs centraux de la Fête du lien. Beaucoup accompagnent leurs proches, parfois pour la première fois. Des ateliers spécifiques leur sont dédiés : Comment parler de santé mentale avec un adolescent ? , Comprendre les traitements , Gérer son propre stress quand on soutient un être aimé . Animés par des psychologues et des travailleurs sociaux, ces espaces d’échanges sont souvent salués comme des moments de soulagement.

Avant, je me sentais seule, isolée , raconte Hélène, mère d’un jeune homme atteint de schizophrénie. Je ne savais pas à qui parler. Ici, j’ai rencontré d’autres parents. On a pleuré, on a ri. On s’est dit : on n’est pas fous, on est juste dans une situation difficile. Et ça, ça change tout.

Quelles sont les perspectives pour les prochaines éditions ?

L’EPSM envisage d’étendre la Fête du lien à d’autres sites du département. L’idée serait d’organiser des événements satellites à La Flèche, au Mans ou à Mamers, en partenariat avec les mairies et les centres sociaux. On ne veut pas que ce soit un événement centralisé , précise Malik. On veut que chaque territoire puisse s’approprier le sujet.

Des projets artistiques plus ambitieux sont également en cours : une pièce de théâtre co-écrite par des patients et des comédiens professionnels, une exposition photo itinérante sur les visages de la résilience.

Conclusion

La Fête du lien de l’EPSM de la Sarthe est bien plus qu’une journée d’animation. C’est un acte de courage collectif, une tentative sincère de réhumaniser la santé mentale. En mêlant rire, émotions, apprentissage et partage, elle réussit là où les discours savants échouent souvent : toucher les cœurs, changer les regards, créer du lien. Samedi 4 octobre 2025, à Allonnes, ce ne sont pas seulement des portes d’hôpital qui s’ouvriront. Ce sont des esprits, des cœurs, des possibles.

A retenir

Quand et où a lieu la Fête du lien en 2025 ?

La troisième édition de la Fête du lien se déroule le samedi 4 octobre 2025, de 15 heures à 19 heures, au sein de l’Établissement public de santé mentale de la Sarthe, à Allonnes.

Est-ce que l’événement est ouvert à tous ?

Oui, la Fête du lien est ouverte aux usagers de l’EPSM, à leurs familles, aux professionnels, aux associations et au grand public. Aucune restriction d’accès n’est appliquée, sauf pour le parcours d’orientation, qui nécessite une réservation.

Comment participer au parcours d’orientation ?

Le parcours d’orientation débute à 15 heures et se déroule dans le parc forestier de l’hôpital. Les inscriptions se font exclusivement en ligne, via le site officiel de l’EPSM de la Sarthe.

Y a-t-il des activités pour les enfants ?

Oui, des animations adaptées aux enfants sont proposées tout au long de l’après-midi. Un espace garderie encadré est également disponible pour les enfants de 4 à 10 ans.

Le concert est-il gratuit ?

Oui, le concert du groupe Strum Cover Band, prévu à 18 heures, est gratuit et ouvert à tous les visiteurs présents sur site.