Le centre de rééducation de Maubreuil s’installe à l’hôpital Laennec à Saint-Herblain dès 2025

En 2030, le centre de réadaptation de Maubreuil, actuellement implanté à Saint-Herblain sur le site de Tourmaline, entamera une nouvelle page de son histoire en s’installant sur le site de l’hôpital Laennec. Ce transfert, acté lors du conseil de surveillance du centre hospitalier Maubreuil le 25 septembre, s’accompagne d’un ambitieux projet de modernisation et d’extension. Le déménagement, loin d’être une simple mutation géographique, marque une transformation profonde des services offerts aux patients, avec une augmentation significative de la capacité d’accueil, passant de 100 à 150 lits et places. Ancré sur un terrain appartenant au CHU de Nantes, connu sous le nom des maisons des directeurs, le nouveau site promet une intégration optimale avec l’écosystème hospitalier nantais. Ce projet, mûri depuis près de cinq ans sous l’impulsion de l’Agence régionale de santé, s’inscrit dans une dynamique de soins plus accessibles, plus efficaces et mieux coordonnés.

Quel est l’objectif du déménagement de Maubreuil à Laennec ?

L’un des enjeux centraux de ce déménagement est l’amélioration de l’offre de soins de réadaptation dans l’agglomération nantaise. Le centre de Maubreuil, spécialisé dans la rééducation fonctionnelle après des pathologies lourdes – comme les accidents vasculaires cérébraux, les traumatismes orthopédiques ou les suites de chirurgie complexe – souffrait d’un manque d’espace et d’équipements obsolètes. Le nouveau site, pensé comme un établissement moderne et connecté, vise à offrir des conditions optimales pour la prise en charge des patients. L’objectif affiché est de créer un lieu de soins où ergonomie, accessibilité et innovation technologique convergent pour accélérer les processus de rétablissement.

Le choix du site de Laennec n’est pas anodin. Proche de l’hôpital universitaire, il permet une collaboration renforcée avec les services de réanimation, de neurologie ou encore de chirurgie orthopédique. Cette proximité géographique facilitera les transferts de patients dans des délais réduits, un critère essentiel pour maximiser les chances de réhabilitation. Comme le souligne Élodie Reynaud, kinésithérapeute de terrain et coordinatrice des équipes mobiles : Une prise en charge précoce en réadaptation, dès les premières heures post-urgence, peut faire la différence entre une récupération partielle et une autonomie retrouvée. Ce nouveau site va nous permettre de travailler en synergie avec les équipes de Laennec, ce qui est une avancée majeure.

Pourquoi une extension de la capacité d’accueil ?

La hausse du nombre de lits et de places de 50 % répond à une réalité croissante : la demande en soins de réadaptation ne cesse d’augmenter. Vieillissement de la population, progression des maladies chroniques, mais aussi meilleure survie après des événements graves comme les AVC, ont accru le besoin de rééducation spécialisée. Or, les listes d’attente pour accéder à Maubreuil étaient devenues problématiques, certaines personnes patientant plusieurs semaines avant d’être prises en charge.

Cette extension n’est pas une simple réponse quantitative. Elle s’inscrit dans une logique de diversification des prises en charge. Le futur centre prévoit notamment des unités dédiées aux patients neurologiques, aux traumatisés sévères, ainsi qu’un espace spécialement conçu pour la réadaptation respiratoire. Un espace de simulation grandeur nature, inspiré des dispositifs utilisés en Suisse et en Belgique, sera également mis en place pour préparer les patients à retrouver une autonomie dans des situations de la vie quotidienne – comme monter un escalier, cuisiner ou se déplacer en fauteuil roulant dans un environnement urbain.

Laurent Benoît, patient ayant suivi une rééducation intensive après un accident de moto en 2022, témoigne : J’ai passé deux mois à Maubreuil. Le personnel était exceptionnel, mais les chambres étaient petites, les couloirs encombrés. Il manquait des espaces de travail collectif. Aujourd’hui, je vois que les choses évoluent. Ce nouveau projet, c’est de l’espoir pour ceux qui, comme moi, doivent tout réapprendre.

Quels bénéfices pour les patients et les professionnels ?

L’impact du projet se ressentira autant chez les usagers que chez les équipes soignantes. Pour les patients, le gain principal réside dans une prise en charge plus personnalisée, facilitée par des espaces mieux agencés, des équipements de pointe et une meilleure intégration des thérapies complémentaires – comme l’ergothérapie, la psychologie ou la rééducation cognitive. Le nouveau bâtiment intégrera également des dispositifs de télémédecine, permettant un suivi à distance après la sortie, réduisant ainsi les risques de rechute.

Pour les professionnels, le changement représente une opportunité de travailler dans des conditions modernes. Les espaces de travail seront repensés pour favoriser la collaboration interdisciplinaire, avec des salles de réunion dédiées, des zones de repos et des locaux techniques adaptés. On parle souvent des patients, mais il faut aussi penser à ceux qui les soignent , insiste Camille Duret, infirmière coordinatrice. Travailler dans un lieu vétuste, surchargé, c’est un facteur de stress et d’épuisement. Ce nouveau centre, c’est aussi un investissement dans notre bien-être au travail.

Le projet intègre également une dimension environnementale forte. Les bâtiments seront conçus selon les normes de construction durable, avec des matériaux biosourcés, une gestion optimisée de l’énergie et des espaces verts accessibles aux patients. Un jardin thérapeutique, conçu en collaboration avec des ergothérapeutes, permettra aux patients de pratiquer des activités sensorielles et motrices dans un cadre apaisant.

Comment le projet a-t-il été conçu et validé ?

L’élaboration du projet s’est faite sur plusieurs années, dans un processus collaboratif impliquant les équipes médicales, les patients, les élus locaux et les autorités sanitaires. Dès 2019, l’Agence régionale de santé (ARS) a identifié le besoin de restructurer l’offre de réadaptation en Pays de la Loire. Maubreuil, en raison de son ancienneté et de sa localisation, a été désigné comme un site prioritaire pour une transformation en profondeur.

Des groupes de travail ont été mis en place, incluant des représentants des usagers. Des ateliers participatifs ont permis de recueillir les attentes des patients sur les espaces de vie, la luminosité, l’accessibilité ou encore la confidentialité des chambres. On nous a vraiment écoutés , confirme Nadia Chafik, ancienne patiente suivie pour une sclérose en plaques. J’ai pu dire que les salles de bains étaient trop étroites, que les couloirs manquaient de repères visuels. Aujourd’hui, je vois que certaines de nos remarques ont été prises en compte.

La validation par le conseil de surveillance du 25 septembre marque une étape décisive. Elle ouvre la voie aux financements publics et au lancement des études de faisabilité. Le projet devrait être soumis à une enquête publique en 2025, avant le début des travaux prévus en 2027.

Quelles sont les prochaines étapes du projet ?

D’ici 2030, plusieurs phases devront être menées à bien. La première consiste à finaliser les plans architecturaux, en tenant compte des retours des usagers et des contraintes techniques du site. Ensuite, les autorisations administratives devront être obtenues, notamment en matière d’urbanisme et d’environnement. Le financement, estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros, mobilisera des fonds régionaux, nationaux et européens.

Parallèlement, une réflexion est engagée sur la transition entre l’ancien et le nouveau site. Le maintien de la continuité des soins pendant le déménagement est une priorité absolue. Un plan de basculement progressif est en cours d’élaboration, avec la possibilité d’utiliser des structures temporaires si nécessaire.

Enfin, la formation du personnel à de nouveaux outils et méthodes de travail est déjà en cours. Des partenariats avec des centres de réadaptation innovants, comme celui de Lyon ou de Bordeaux, sont envisagés pour mutualiser les bonnes pratiques.

Quel impact sur le tissu hospitalier nantais ?

L’intégration de Maubreuil à Laennec renforce le pôle de santé du sud de Nantes, déjà riche d’établissements comme l’hôpital privé de La Chesnaie ou le centre de soins palliatifs de Bellevue. Ce rapprochement physique entre soins aigus et soins de réadaptation crée un continuum de prise en charge rare en France. Les patients pourront ainsi bénéficier d’un parcours de soins fluide, sans rupture entre l’hôpital et la rééducation.

Cette synergie pourrait aussi devenir un modèle pour d’autres régions. Nous avons l’ambition de faire de ce site un laboratoire de la réadaptation du futur , explique le Pr Olivier Ferrand, chef du service de neurologie à Laennec. C’est un projet qui dépasse Maubreuil. Il concerne l’ensemble du système de santé local.

A retenir

Quel est le calendrier du projet ?

Le projet de transfert et d’extension de Maubreuil à Laennec est prévu pour 2030. Les études de faisabilité seront menées d’ici 2025, suivies d’une enquête publique. Les travaux devraient commencer en 2027, avec une mise en service progressive à partir de 2030.

Le centre gardera-t-il le nom de Maubreuil ?

Oui, le nom de Maubreuil sera conservé, en hommage à son histoire et à sa réputation dans le domaine de la réadaptation. Le centre portera probablement une appellation complémentaire liée à son nouveau site, comme Maubreuil – site de Laennec.

Les patients actuels seront-ils affectés pendant la transition ?

La continuité des soins est une priorité. Un plan de basculement progressif est en cours d’élaboration, avec des mesures pour éviter toute interruption de prise en charge. Des solutions alternatives, comme des unités mobiles ou des partenariats avec d’autres centres, pourraient être mobilisées si besoin.

Le nouveau site sera-t-il accessible aux personnes à mobilité réduite ?

Le nouveau centre est conçu selon les normes d’accessibilité les plus strictes. Tous les espaces – chambres, salles de soins, jardins, parkings – seront accessibles, avec des dispositifs spécifiques pour les patients en fauteuil roulant, malvoyants ou malentendants.

Y aura-t-il des innovations technologiques dans le nouveau centre ?

Oui, le centre intégrera des équipements de rééducation assistée par robot, des dispositifs de réalité virtuelle pour la rééducation cognitive et motrice, ainsi que des systèmes de télémédecine pour le suivi post-hospitalisation. Des capteurs intelligents pourraient aussi être utilisés pour surveiller la progression des patients en temps réel.

Conclusion

Le déménagement du centre de réadaptation de Maubreuil à Laennec représente bien plus qu’un simple changement de lieu. C’est une mutation profonde de l’offre de soins, portée par une vision moderne de la rééducation : humaine, intégrée, innovante. En augmentant sa capacité d’accueil, en se rapprochant des hôpitaux de recours et en intégrant les retours des patients, le futur site s’impose comme un acteur central de la santé nantaise. Ce projet, fruit d’une concertation longue et exigeante, montre que la transformation du système de santé est possible lorsqu’elle repose sur l’écoute, la collaboration et une ambition partagée.