Chaque automne, la Fête de la science réveille la curiosité collective, transformant les laboratoires, universités et centres de recherche en véritables terrains d’aventures intellectuelles. Pour sa 34e édition, qui se déroule du 3 au 13 octobre, le festival s’inscrit sous le thème ambitieux des intelligences , explorant toutes leurs formes : humaines, artificielles, naturelles, collectives. À la tête de cette célébration, Estelle Kollar, plus connue sous son pseudonyme Wonderwomath, incarne une nouvelle génération d’enseignants qui allient rigueur scientifique et innovation pédagogique. À travers des animations variées — conférences, ateliers, visites insolites — l’Ouest de la France s’impose une fois encore comme un territoire phare de la vulgarisation scientifique. Des côtes bretonnes aux plateaux normands, en passant par les vallées ligériennes, voici un tour d’horizon des expériences les plus captivantes à ne pas manquer.
Quelle est la place d’Estelle Kollar dans cette édition 2025 ?
Ingénieure de formation et enseignante passionnée, Estelle Kollar a su conquérir des centaines de milliers d’élèves — réels ou virtuels — grâce à ses vidéos sur TikTok et Instagram. Sous le nom de Wonderwomath, elle démystifie les mathématiques avec humour, clarté et une touche d’autodérision qui résonne particulièrement auprès des jeunes. Son rôle de marraine ne se limite pas à une simple apparition protocolaire : elle incarne une mutation profonde de l’enseignement, où la science sort des salles de classe pour s’inviter dans les espaces numériques du quotidien.
Ce que j’aime, c’est montrer que les maths ne sont pas une abstraction lointaine, mais un outil pour comprendre le monde , confie-t-elle dans une interview. Que ce soit pour calculer un pourboire ou anticiper les trajectoires d’un satellite, elles sont partout. Son engagement reflète une volonté de rendre la science accessible, ludique, et surtout, humaine. À l’occasion de la Fête de la science, elle animera une série de mini-conférences interactives destinées aux collégiens, mêlant casse-têtes mathématiques et débats sur l’intelligence artificielle.
Quelles expériences uniques sont proposées en Bretagne ?
Comment le son devient-il une matière scientifique à Saint-Brieuc ?
Du 4 au 19 octobre, Saint-Brieuc accueille Baie des Sciences, un festival satellite de la Fête de la science centré sur l’acoustique. Dans une ancienne halle réhabilitée, les visiteurs découvrent des installations sensorielles où le son n’est plus seulement entendu, mais palpé, visualisé, mesuré. Des ateliers permettent de construire des instruments à partir d’objets recyclés, tandis que des chercheurs du CNRS expliquent comment les ondes sonores peuvent révéler des secrets géologiques ou biologiques.
C’est ici que Lucie Tanguy, étudiante en biologie marine, a eu une révélation. J’ai participé à un atelier où l’on traduisait les chants des baleines en fréquences visibles. C’était magique. Je n’avais jamais imaginé que la science puisse être aussi poétique.
Que peut-on découvrir au centre Ifremer de Plouzané ?
Le 11 octobre, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer ouvre ses portes à Plouzané. Le clou de la visite ? Le centre Datarmor, un supercalculateur capable de simuler l’évolution des courants océaniques, la montée des eaux ou l’impact du réchauffement climatique sur les écosystèmes marins. Ce bijou technologique, alimenté par des données satellitaires et des capteurs immergés, traite des pétaoctets d’informations chaque année.
C’est un cerveau numérique dédié à l’océan , explique Guillaume Le Moal, ingénieur en océanographie. Il nous aide à anticiper les phénomènes extrêmes, comme les marées rouges ou les migrations de poissons. Les visiteurs, équipés de casques de réalité augmentée, peuvent suivre en temps réel la trajectoire d’un banc de sardines ou visualiser la pollution microplastique dans l’Atlantique.
Quels secrets cachent les laboratoires de Rennes ?
Les samedis 4 et 11 octobre, les laboratoires Mobidic de la faculté de médecine de Rennes ouvrent leurs portes pour une immersion dans la recherche contre le cancer. Accompagnés de chercheurs en immunologie, les participants assistent à des démonstrations de cultures cellulaires, découvrent les techniques de séquençage de l’ADN et comprennent comment le système immunitaire peut être réarmé pour combattre les tumeurs.
J’ai perdu mon père d’un cancer du pancréas , raconte Julien Ferrand, enseignant à Vannes. Participer à cette visite m’a donné l’impression de ne plus être impuissant. Comprendre, c’est déjà un pas vers l’espoir.
Que se passe-t-il lors des Nuits de la science à Lorient et Vannes ?
Le 3 octobre à Lorient, puis le 10 à Vannes, les Nuits de la science transforment les amphithéâtres de l’Université Bretagne Sud en scènes de partage. Pendant trois heures, chercheurs, ingénieurs et techniciens présentent leurs travaux devant un public curieux, parfois sceptique, souvent enthousiaste. Des sujets variés y sont abordés : intelligence artificielle en agriculture, réparations cellulaires, éthique des biotechnologies.
Ce que j’aime, c’est le dialogue , souligne la chercheuse Awa Diop, spécialiste en neurosciences. Hier, un lycéen m’a demandé si les IA pouvaient ressentir de la douleur. On a discuté pendant quarante minutes. C’est ça, la science vivante.
Quels événements marquants en Normandie ?
Un procès fictif de cyborg à Caen : fiction ou anticipation ?
Le 3 octobre, la cour d’appel de Caen accueille un événement hors norme : le procès fictif d’un policier cyborg ayant tué deux touristes par erreur. Organisé par l’université de Caen, cet exercice mêle droit, éthique et technologie. Les étudiants en droit, encadrés par des chercheurs en robotique, jouent les avocats, le jury, le procureur. Le cyborg, représenté par une intelligence artificielle projetée en 3D, est interrogé sur ses algorithmes de décision.
Ce n’est pas qu’un jeu , insiste le professeur Élias Roussel, coordinateur du projet. Dans dix ans, des policiers augmentés seront peut-être une réalité. Il faut anticiper les dilemmes moraux avant qu’ils ne deviennent des tragédies.
Comment les capteurs intelligents de Cherbourg révolutionnent-ils l’industrie ?
Au Hall technologique de Cherbourg, l’antenne du GREYC (Groupe de recherche en informatique, image et instrumentation de Caen) expose ses dernières innovations en matière de capteurs. Du capteur d’humidité ultra-sensible au détecteur de gaz capable de repérer une fuite dans une usine à des kilomètres, ces dispositifs miniatures incarnent une forme d’intelligence matérielle.
Ces capteurs apprennent , explique Bertrand Boudart, chercheur en informatique. Ils s’adaptent à leur environnement, corrigent leurs erreurs, et envoient des alertes prédictives. Ce sont des sentinelles invisibles.
Que révèle la visite de l’entreprise 6NAPSE à Vernon ?
À Vernon, l’entreprise 6NAPSE Testing propose de découvrir les essais de qualification industrielle. Dans des chambres climatiques, des pièces d’avion sont soumises à des températures extrêmes. Sur des tables vibrantes, des équipements électroniques subissent des secousses équivalentes à des tremblements de terre. L’objectif ? Tester la résistance des objets dans des conditions qu’ils ne devraient jamais rencontrer… mais que la réalité peut parfois imposer.
C’est là que la science rencontre le réel , sourit Clara Vasseur, ingénieure de test. On ne fabrique pas pour aujourd’hui, on fabrique pour demain, et pour les imprévus.
Quels sont les temps forts dans les Pays de la Loire ?
Comment des micro-organismes deviennent-ils des alliés de l’innovation à Saint-Nazaire ?
Le 4 octobre, la plateforme Algosolis, à Saint-Nazaire, ouvre ses bassins de culture de microalgues. Ces organismes microscopiques, cultivés sous lumière contrôlée, produisent des composés utilisés en cosmétique, en nutrition ou même en énergie verte. Les visiteurs découvrent comment une simple spiruline peut devenir un substitut à la viande ou un carburant du futur.
On parle souvent d’intelligence artificielle, mais la nature a déjà inventé des systèmes incroyablement intelligents , affirme le biologiste Raphaël Lenoir. Les algues transforment le CO2 en molécules utiles. C’est de la chimie verte, vivante, autonome.
La réalité virtuelle au service de la mode : un atelier inédit à Cholet
Les 10 et 11 octobre, à Cholet, Polytech Angers et la Plateforme eMode proposent une expérience hybride : concevoir un vêtement en réalité virtuelle, puis l’ajuster en temps réel grâce à des capteurs biométriques. Des mannequins numériques permettent d’essayer des coupes, des matières, des couleurs, tandis que des algorithmes optimisent le confort thermique et mécanique.
C’est la fusion entre design et science des matériaux , explique Lina Chakir, doctorante en textile intelligent. On ne fait plus de la mode pour l’esthétique seule, mais pour le bien-être du corps.
Quel lien invisible unit les arbres et les champignons en Mayenne ?
Le 8 octobre, au bois de l’Huisserie, à Laval, une visite guidée révèle les réseaux mycorhiziens — ces filaments souterrains qui connectent les arbres entre eux, leur permettant d’échanger nutriments, eau et informations. La forêt est un réseau vivant, une internet naturel , décrit Élodie Rameau, animatrice du centre d’initiation nature. Un chêne malade peut être nourri par un hêtre voisin grâce à ce système.
Des enfants participent à un atelier où ils reconstituent ces réseaux avec des fils de laine et des figurines d’arbres. C’est comme un jeu de société , rigole Timothé, 10 ans. Mais en vrai, c’est la forêt qui joue.
Comment les lichens révèlent-ils les secrets de la symbiose en Vendée ?
À Nalliers, la réserve des Huttes propose, les 4 et 5 octobre, de plonger dans le monde des lichens — ces associations entre un champignon et une algue ou une cyanobactérie. Apparemment inertes, ces organismes sont des bio-indicateurs précieux de la qualité de l’air. Les visiteurs apprennent à les identifier, à comprendre leur rôle écologique, et à mesurer leur sensibilité à la pollution.
Le lichen est un modèle de coopération , souligne la biologiste Mélissa Brossard. Deux espèces différentes, souvent incompatibles, forment une entité nouvelle, plus résistante. C’est une leçon d’humilité pour l’humanité.
Quel est le lien entre le village des sciences du Mans et l’espace ?
Les 11 et 12 octobre, le village des sciences du Mans s’inspire du planétarium du CAUM pour proposer des animations autour de l’exploration spatiale. Des simulateurs de décollage, des maquettes de satellites, des ateliers de programmation de rovers permettent aux enfants de vivre une journée de chercheur en astrophysique. Des astronomes partagent leurs dernières découvertes sur les exoplanètes ou les trous noirs.
Mon rêve, c’est d’aller sur Mars , confie Enzo, 12 ans, après avoir piloté un drone martien en réalité augmentée. Grâce à ce que j’ai appris aujourd’hui, je sais que ce n’est pas de la science-fiction.
Comment la Fête de la science transforme-t-elle notre rapport à la connaissance ?
Plus qu’un festival, la Fête de la science est un mouvement culturel. Elle invite à repenser l’intelligence non pas comme une compétence isolée, mais comme un réseau de savoirs, d’interactions, de collaborations. Entre les algorithmes des supercalculateurs, les réseaux souterrains des forêts, et les dialogues entre chercheurs et citoyens, elle montre que comprendre le monde, c’est aussi apprendre à y vivre autrement.
A retenir
Quel est le thème de l’édition 2025 de la Fête de la science ?
L’édition 2025 explore le thème des intelligences , sous toutes leurs formes : humaines, artificielles, naturelles, collectives. L’objectif est de questionner ce que signifie penser, apprendre et coopérer dans un monde de plus en plus complexe.
Qui est Estelle Kollar, marraine de l’événement ?
Estelle Kollar, alias Wonderwomath, est une ingénieure et enseignante devenue célèbre grâce à ses vidéos pédagogiques sur les réseaux sociaux. Elle incarne une nouvelle manière d’enseigner les sciences, ludique, accessible et connectée.
Comment participer aux animations ?
La plupart des événements nécessitent une inscription préalable, souvent par email ou via le site officiel fetedelascience.fr. Les places étant limitées, il est conseillé de réserver plusieurs jours à l’avance.
À qui s’adressent ces animations ?
Les activités sont conçues pour tous les publics : enfants, adolescents, adultes, familles. Des ateliers adaptés sont proposés selon les tranches d’âge, avec un accent particulier sur l’interactivité et l’expérimentation.