La pluie revient avec la régularité d’un métronome automnal, les soirées s’allongent, et dans les appartements, l’odeur humide du linge qui tarde à sécher s’invite discrètement. Chaque année, cette scène se répète : les draps pèsent sur l’étendoir, inertes, comme s’ils refusaient de céder à la chaleur intérieure. Pourtant, une méthode méconnue, inspirée des gestes simples du quotidien, pourrait bien mettre fin à ce calvaire. Pas besoin de matériel sophistiqué ni de chauffage excessif. Juste une relecture intelligente de la façon dont on plie, suspend et fait respirer le linge. Et quand on l’essaie, les résultats sont étonnants.
Pourquoi les draps s’obstinent-ils à rester humides en automne ?
À l’approche de l’automne, le climat change, mais pas toujours les habitudes. Les fenêtres se ferment pour préserver la chaleur, l’air devient lourd, et l’humidité intérieure grimpe en silence. Dans ces conditions, un drap de lit double, surtout s’il est en coton épais ou en flanelle, devient un véritable éponge ambulante. Une fois suspendu, il forme une masse compacte, où l’humidité reste piégée entre les plis superposés. L’air ne circule pas, l’évaporation stagne, et le temps de séchage s’étire indéfiniment.
Clara, professeure de lettres dans un lycée de Dijon, raconte : J’avais l’impression de vivre avec un étendoir en permanence dans le salon. En octobre, mes draps mettaient deux jours à sécher, et même après, ils avaient une odeur de moisi. Je commençais à penser que je devrais acheter un sèche-linge, malgré le coût énergétique. Elle n’est pas seule. Beaucoup renoncent à faire leur lit frais, faute de linge sec. Le problème n’est pas tant le linge que la manière dont il est exposé à l’air.
Quel est le rôle de la circulation de l’air dans le séchage ?
L’évaporation de l’eau dépend directement de la surface de tissu en contact avec l’air ambiant. Un drap étalé plat sur un étendoir ne sèche que par ses bords. Le centre, épais et replié, reste humide. Plus le tissu est dense, plus il emprisonne l’humidité. À l’inverse, quand on multiplie les points d’aération, on accélère naturellement le processus. C’est un principe physique simple, mais souvent ignoré dans les gestes du quotidien.
Comment la méthode accordéon révolutionne-t-elle le séchage ?
Le secret tient en un geste : plier le drap en vagues régulières, comme les plis d’un accordéon, avant de le suspendre. Au lieu de l’étaler en une seule couche, on le replie sur lui-même, en formant plusieurs pans superposés mais espacés. Chaque pli est ainsi exposé à l’air, et l’humidité s’échappe par capillarité. Le tissu ne touche pas le voisin, évitant les zones d’ombre où l’eau stagne.
Julien, ingénieur en télécommunications à Nantes, a testé la méthode après avoir vu une vidéo sur les astuces de grand-mère : Au début, je me suis dit que c’était un peu ridicule. Mais j’ai essayé un soir avec un drap de lit en percale. Résultat : sec en douze heures, alors que d’habitude, il en mettait vingt-quatre. J’étais bluffé.
Pourquoi cette technique fonctionne-t-elle aussi bien ?
La méthode accordéon fonctionne parce qu’elle casse l’effet de masse. En réduisant le volume compact du linge, elle augmente la surface d’évaporation. Chaque pli devient une mini-voile tendue vers l’air, et la ventilation naturelle fait le reste. Même dans un appartement peu aéré, le simple mouvement de l’air — causé par les déplacements ou les variations de température — suffit à activer le séchage. Le drap ne forme plus une barrière étanche, mais un filtre dynamique.
Comment appliquer la méthode accordéon efficacement ?
Le principe est simple, mais quelques détails font toute la différence. Sur un étendoir classique, commencez par plier le drap en trois ou quatre parties sur sa largeur. Accrochez-le par les coins supérieurs, en veillant à ce que les plis soient bien espacés — au moins dix centimètres entre chaque vague. L’objectif est d’éviter tout contact entre les pans. Passez rapidement la main sur chaque pli pour le lisser et libérer les plis de tissu qui pourraient retenir l’eau.
Élodie, maman de deux enfants et gestionnaire de copropriété à Lyon, a intégré cette méthode à sa routine hebdomadaire : Avant, je faisais sécher les draps le week-end, et je ne pouvais pas les utiliser avant le lundi soir. Maintenant, je les mets le samedi matin, et ils sont prêts pour le soir. C’est un gain de temps énorme, surtout avec des enfants qui changent de lit chaque semaine.
Faut-il associer cette méthode à d’autres éléments ?
Oui. Pour amplifier l’effet, placez l’étendoir près d’une fenêtre légèrement entrebâchée, même par temps frais. L’air extérieur, souvent moins humide que l’air intérieur stagnant, favorise l’évaporation. Évitez de positionner le drap directement devant un radiateur brûlant : la chaleur excessive peut fragiliser les fibres. Un radiateur tiède, en revanche, crée une convection douce qui aide à sécher le linge sans le dessécher.
Quelles autres astuces complètent efficacement cette méthode ?
La méthode accordéon est puissante, mais elle gagne à être combinée avec d’autres gestes simples. L’aération quotidienne, même de dix minutes, réduit significativement l’humidité ambiante. Un essorage à 1400 tours par minute en machine élimine jusqu’à 70 % de l’eau, ce qui diminue d’autant le temps de séchage. Certains, comme Thomas, artisan ébéniste à Bordeaux, vont plus loin : J’essore mes draps deux fois quand c’est possible. Je mets un cycle d’essorage supplémentaire sans rinçage. Après, ils sont presque secs.
Comment optimiser l’espace et l’efficacité sur l’étendoir ?
Évitez de surcharger l’étendoir. Un drap doit respirer, pas être étouffé par des torchons ou des vêtements. Si l’espace est limité, privilégiez le séchage par rotation : les draps d’abord, puis le reste du linge. Une autre astuce consiste à glisser une serviette éponge sèche et propre entre les plis du drap. Elle capte l’humidité excédentaire, agissant comme un absorbeur naturel. Remplacez-la au milieu du processus pour un effet renforcé.
Peut-on sécher d’autres types de linge avec cette méthode ?�>
Bien sûr. La technique accordéon n’est pas réservée aux draps. Elle fonctionne aussi avec les housses de couette, les nappes épaisses, ou encore les pulls en laine que l’on souhaite sécher à plat. Pour les housses de couette, pliez-les en accordéon sur une tringle horizontale, en alternant les pans pour éviter les superpositions. Pour les vêtements délicats, utilisez des cintres avec pinces et écartez bien les manches. L’idée centrale reste la même : aérer, aérer, aérer.
Quel impact cette méthode a-t-elle sur la qualité du linge ?
En séchant plus rapidement, le linge subit moins de stress. L’humidité prolongée fragilise les fibres, favorise les plis permanents et peut provoquer des odeurs de renfermé, même sans moisissure visible. Avec la méthode accordéon, le tissu sèche uniformément, reste doux au toucher, et ne développe pas cette odeur désagréable. Les utilisateurs rapportent même une meilleure tenue des couleurs et une durée de vie prolongée du linge.
Depuis que j’utilise cette méthode, mes draps ont l’air neufs plus longtemps , confie Manon, libraire à Rennes. Avant, ils jaunissaient un peu aux coins, surtout ceux que je laissais trop longtemps humides. Maintenant, c’est fini.
Est-ce une solution durable et écologique ?
Indéniablement. En évitant d’avoir recours au sèche-linge, on réduit sa consommation d’électricité — un poste non négligeable dans le bilan carbone d’un foyer. Un cycle de sèche-linge consomme en moyenne 3 à 4 kWh, contre presque rien avec un étendoir bien utilisé. La méthode accordéon permet donc de concilier efficacité, économie et respect de l’environnement. Elle s’inscrit dans une logique de sobriété énergétique, sans sacrifice de confort.
A retenir
Qu’est-ce que la méthode accordéon pour sécher le linge ?
Il s’agit de plier un drap en vagues régulières sur l’étendoir, afin d’augmenter la surface de tissu exposée à l’air et d’accélérer l’évaporation. Contrairement à une suspension classique, cette technique évite que les pans du drap se touchent, ce qui piège l’humidité.
Combien de temps gagne-t-on avec cette méthode ?
Le temps de séchage peut être divisé par deux, selon le type de tissu et les conditions ambiantes. Un drap qui mettait 24 à 48 heures à sécher peut être sec en 12 à 18 heures avec la méthode accordéon, surtout s’il est combiné à une bonne aération.
Faut-il un étendoir particulier ?
Non. La méthode fonctionne avec tout type d’étendoir, fixe ou pliable, à condition de pouvoir espacer correctement les plis. Un étendoir à deux niveaux peut même être plus efficace, en permettant de suspendre plusieurs draps sans perte d’aération.
Peut-on l’appliquer à une housse de couette ?
Oui. Bien que plus volumineuse, une housse de couette peut être pliée en accordéon sur une tringle ou un étendoir large. L’essentiel est de ne pas la laisser en masse compacte et de favoriser la circulation d’air entre chaque pli.
Y a-t-il des précautions à prendre ?
Évitez de trop serrer les plis ou de superposer d’autres vêtements dessus. Assurez-vous que l’air circule librement. En cas d’humidité très élevée, aérez la pièce régulièrement et utilisez éventuellement une serviette sèche pour absorber l’excès d’humidité dans les plis.
La méthode accordéon n’est pas une révolution technologique, mais une révolution de bon sens. Elle redonne du pouvoir aux gestes simples, à ceux qu’on pensait connaître par cœur. En automne, quand la pluie martèle les toits et que le moral vacille, un drap sec peut faire toute la différence. Ce n’est pas seulement une question de confort, mais de dignité du quotidien. Et parfois, tout tient à un pli bien fait.