Retraite complémentaire : qui profitera vraiment de la hausse Agirc-Arrco en novembre 2025 ?

Chaque automne, des millions de retraités du secteur privé guettent un petit changement dans leur courrier : l’annonce de la revalorisation de leur retraite complémentaire Agirc-Arrco. Ce geste, souvent modeste, devient pourtant un événement dans des foyers où chaque euro compte. En 2025, la hausse attendue se situe entre 0,6 % et 1 %, un chiffre qui suscite à la fois un léger espoir et une certaine amertume. Derrière cette hausse programmée, se joue un équilibre fragile entre stabilité financière du régime et maintien du pouvoir d’achat. Mais qui gagne vraiment avec cette revalorisation ? Et surtout, suffit-elle à faire face à la réalité du quotidien ?

Quelle est la formule exacte de la revalorisation Agirc-Arrco en 2025 ?

La revalorisation de la retraite complémentaire du privé obéit à une règle bien établie, fruit d’un accord signé en 2023. Chaque année, la valeur du point Agirc-Arrco, qui sert à calculer la pension, est ajustée en fonction de l’inflation sur les douze mois précédents – hors tabac – à laquelle on soustrait 0,4 point. Ce mécanisme, conçu pour assurer la pérennité du régime, permet également une marge de manœuvre : le conseil d’administration peut ajuster la hausse de ± 0,4 point selon la santé financière du système.

Pour 2025, les dernières projections d’inflation, stables autour de 1,0 à 1,2 %, laissent présager une augmentation comprise entre 0,6 % et 1 %. Rien d’extraordinaire, mais une hausse tout de même. Le point, qui valait 1,4386 € depuis novembre 2024, devrait donc franchir une nouvelle barre, même infime. Le montant exact ne sera connu qu’après la décision du conseil d’administration, généralement prise mi-octobre. En attendant, les retraités calculent, anticipent, espèrent.

Clara, 68 ans, ancienne assistante de direction à Lyon, suit ces annonces depuis dix ans. Chaque automne, je me connecte à mon espace Agirc-Arrco le matin du 15 octobre, comme si c’était une rentrée des classes pour retraités , sourit-elle. Cette année, j’ai fait le calcul : avec mes 5 400 points, une hausse de 0,6 %, ça me fait 4,60 € de plus par mois. C’est pas grand-chose, mais c’est toujours ça de pris.

Qui bénéficie réellement de cette revalorisation ?

La revalorisation touche tous les retraités du privé affiliés à Agirc-Arrco – près de 14 millions de personnes –, mais son impact varie considérablement selon le nombre de points accumulés au fil de la carrière. Pour un cadre ayant travaillé à plein temps pendant trente ans, la hausse peut atteindre près de 10 € mensuels. Pour un salarié ayant eu une trajectoire plus chaotique, elle frôle parfois l’insignifiance.

Les gagnants : ceux qui ont accumulé des points

Les bénéficiaires les plus visibles de cette hausse sont les anciens cadres, techniciens ou employés ayant bénéficié de salaires élevés et d’une carrière linéaire. Avec 7 000 points ou plus, la revalorisation devient tangible.

Philippe, 71 ans, ancien ingénieur en aéronautique à Toulouse, perçoit une retraite complémentaire de 1 025 €. Avec une hausse à 1 %, je gagne 10,25 € par mois. Ce n’est pas une fortune, mais ça me permet de régler l’abonnement à la presse numérique que j’aime bien. Et puis, symboliquement, c’est rassurant : le système ne nous oublie pas.

Les grands oubliés : les petites pensions

Pour les retraités aux pensions modestes, la hausse a un goût d’inachevé. Ceux qui ont travaillé à temps partiel, interrompu leur carrière ou cumulé des périodes de chômage voient leurs pensions stagner. Une hausse de 2 à 3 € par mois ne compense pas l’augmentation des dépenses de santé, d’énergie ou d’alimentation.

Élodie, 65 ans, ancienne adjointe administrative en région parisienne, perçoit 380 € de retraite complémentaire avec 4 200 points. 2,30 € de plus, c’est à peine le prix d’un café en terrasse. Et pourtant, depuis deux ans, mon chauffage a augmenté de 20 %, mes médicaments aussi. On a l’impression que les hausses, elles, arrivent vite, mais les revalorisations, elles traînent derrière.

La retraite complémentaire suit-elle l’inflation ?

La question centrale, chaque année, est celle du pouvoir d’achat. En 2025, avec une inflation estimée à 1,2 % sur un an, une revalorisation de 0,6 à 1 % signifie que les pensions ne rattrapent pas entièrement la hausse du coût de la vie. Même avec l’ajustement maximal (+0,4 point), le différentiel subsiste.

Un rattrapage en retard permanent

Le système Agirc-Arrco, bien que solide, fonctionne sur une logique de prudence. Chaque euro versé en plus pèse sur les réserves du régime, qui doivent couvrir au moins six mois de pensions en cas de crise. En 2024, la hausse de 1,6 % a coûté 1,6 milliard d’euros. Une somme considérable, qui explique la retenue des administrateurs.

On comprend qu’il faille gérer les finances, mais on aimerait que la retraite ne soit pas toujours en mode défensif , déplore Antoine, 70 ans, ancien professeur de lettres à Bordeaux. L’année dernière, j’ai perdu 1,8 % de pouvoir d’achat à cause de l’inflation. Cette année, même avec la hausse, je reste en dessous. C’est une usure lente, mais elle finit par peser.

Des besoins qui ne ralentissent pas

Les dépenses des retraités ne se limitent pas au panier de la ménagère. Les frais de santé, les travaux d’adaptation du logement, les transports ou encore les aides à domicile augmentent souvent plus vite que l’inflation générale. Une revalorisation de 5 € par mois ne couvre pas un forfait dentaire ou une facture d’électricité en hiver.

J’ai installé un chauffage au bois l’année dernière, mais je dois encore payer l’entretien. Et mes médicaments, même remboursés, coûtent cher , raconte Hélène, 73 ans, retraitée en Ariège. Quand je vois la hausse, je me dis : c’est bien intentionné, mais ça ne touche pas au cœur du problème.

Quelles perspectives pour l’avenir du régime Agirc-Arrco ?

Le modèle actuel de revalorisation, basé sur l’inflation minorée, est-il encore adapté ? Cette question revient de plus en plus souvent dans les débats entre syndicats, experts et retraités. Alors que la population vieillit et que les départs en retraite s’accélèrent, le système devra faire face à une double pression : financière et sociale.

Un besoin de réforme en profondeur

Les discussions autour d’un nouveau mode de calcul sont déjà entamées. Certains plaident pour une revalorisation automatique à 100 % de l’inflation hors tabac, d’autres pour un seuil de décence garantissant un minimum vital à tous les retraités, quel que soit leur nombre de points.

Il faudrait peut-être repenser la solidarité entre les générations et les niveaux de revenus , suggère Julien Mercier, économiste spécialisé dans les politiques sociales. Aujourd’hui, un retraité avec 3 000 points gagne 431 € par mois. C’est en dessous du seuil de pauvreté. Une revalorisation de 0,6 %, c’est 2,60 €. Ce n’est pas une politique, c’est une piqûre de rappel.

Et le malus, qu’en est-il ?

Le coefficient de solidarité, surnommé malus , qui pénalisait les nouveaux retraités partant avant l’âge pivot, a été supprimé en 2024. Cette décision, saluée par de nombreux acteurs, a levé une source d’inquiétude. Mais elle n’a pas compensé la faiblesse des hausses annuelles.

J’ai pris ma retraite en 2023, j’ai été touché par le malus. En 2024, il a disparu, mais ma pension n’a pas été recalculée à la hausse. On a retiré une pénalité, mais pas ajouté de justice , regrette Samir, 64 ans, ancien agent de maintenance à Marseille.

Comment connaître l’impact exact sur sa propre pension ?

Chaque retraité peut anticiper l’effet de la revalorisation en se connectant à son espace personnel sur le site officiel Agirc-Arrco. L’outil de simulation permet de visualiser l’évolution de sa pension en fonction du taux de hausse retenu. Il suffit de connaître son nombre de points et d’appliquer le pourcentage estimé.

Par exemple, un retraité disposant de 6 200 points verra sa pension augmenter de 4,50 € (à +0,6 %) à 7,40 € (à +1 %). Une précision utile, mais qui ne change pas le fond du débat : ces montants restent symboliques face aux besoins réels.

A retenir

Quelle est la fourchette de la revalorisation Agirc-Arrco en novembre 2025 ?

La hausse devrait se situer entre 0,6 % et 1 %, selon l’inflation constatée et la décision du conseil d’administration. Elle sera appliquée à partir du paiement de début novembre.

Qui est concerné par cette revalorisation ?

Près de 14 millions de retraités du secteur privé affiliés à Agirc-Arrco, qu’ils soient cadres ou non-cadres. La retraite de base (Cnav, Carsat) n’est pas concernée par cette hausse, elle sera revalorisée en janvier selon une autre formule.

Pourquoi la hausse n’est-elle pas égale à l’inflation ?

Depuis l’accord de 2023, la revalorisation est calculée sur l’inflation hors tabac, à laquelle on soustrait 0,4 point. Un ajustement de ± 0,4 point est possible selon la situation financière du régime.

Quel impact concret pour un retraité moyen ?

Un retraité avec 5 000 points gagne environ 600 € de retraite complémentaire. Avec une hausse de 0,6 %, il gagne 3,60 € par mois ; avec 1 %, 6 €. Une somme modeste, mais systématique.

Le malus est-il de retour en 2025 ?

Non. Le coefficient de solidarité a été supprimé définitivement en 2024. Aucune pénalité de ce type n’est prévue pour la revalorisation de novembre 2025.

Conclusion

La revalorisation Agirc-Arrco de novembre 2025, bien que nécessaire, s’inscrit dans une logique de gestion prudente plutôt que de justice sociale. Elle apporte un léger soulagement à certains, mais ne parvient pas à enrayer l’érosion du pouvoir d’achat pour beaucoup. Derrière les chiffres, il y a des vies, des budgets serrés, des choix contraints. Alors que les retraités du privé continuent de guetter leur courrier chaque automne, la vraie question n’est plus seulement de savoir de combien ils vont gagner, mais jusqu’à quand ce système pourra-t-il continuer à fonctionner sans une réforme profonde. L’avenir de la retraite complémentaire se joue autant dans les calculs des experts que dans les soupirs des retraités devant leur relevé bancaire.