Vous n’avez pas besoin de traverser l’Atlantique pour vivre l’aventure de la Patagonie — ces destinations méconnues en France vont vous surprendre

Et si l’aventure, celle qui saisit le cœur et suspend le souffle, n’était pas si loin ? Alors que l’automne étend ses teintes flamboyantes sur les massifs, une destination autrefois méconnue s’impose comme une évidence : l’Auvergne. Là, entre volcans endormis et vallées profondes, un territoire d’exception réinvente l’évasion. Plus besoin de traverser les continents pour toucher à l’infini : il suffit de poser un pied sur les sentiers du Massif du Sancy. Ce n’est pas une simple promenade en montagne, c’est une plongée dans un monde où la nature parle fort, où les regards se perdent à l’horizon, et où l’authenticité n’a pas besoin d’être mise en scène. À quelques heures de Paris ou Lyon, une autre Patagonie se dessine, silencieuse, grandiose, et profondément humaine.

Et si la Patagonie était en France ?

Quand on évoque l’aventure, on pense souvent aux grands espaces lointains : les Andes, les fjords norvégiens, les steppes mongoles. Pourtant, Élise Béranger, photographe de paysages et habituée des expéditions, raconte un autre récit. J’ai passé deux mois en Patagonie chilienne il y a trois ans. J’y ai vu des paysages fous, des ciels immenses. Mais l’an dernier, en montant vers le lac Pavin depuis Besse, j’ai ressenti la même chose. Ce silence, cette lumière rasante sur les pentes, ce vent qui plaque les cheveux en arrière… C’était comme un retour à une émotion que je croyais réservée à l’autre bout du monde. Son témoignage n’est pas isolé. De plus en plus de voyageurs, fatigués des longs trajets et des destinations surfréquentées, redécouvrent l’Auvergne comme un sanctuaire d’évasion. Et pour cause : le Massif du Sancy, avec ses 1 886 mètres d’altitude, domine une région façonnée par le feu, sculptée par le temps. Ce n’est pas une copie de la Patagonie — c’est une version française, plus accessible, tout aussi puissante.

Qu’est-ce qui rend l’Auvergne si proche de l’aventure lointaine ?

La réponse tient autant à la géographie qu’à l’âme du lieu. Ici, les paysages ont une intensité rare. Les volcans, bien que dormants, gardent une présence majestueuse. Les vallées de Chaudefour et de la Dordogne sauvage dévoilent des cascades cachées, des forêts de hêtres centenaires, des clairières où paissent tranquillement des troupeaux de Salers. Le relief est accidenté, mais pas hostile. Les sentiers, bien balisés, invitent à la progression, pas à la survie. C’est cette fine frontière entre confort et sauvagerie qui séduit. Comme le dit Julien Farget, guide naturaliste depuis vingt ans : Ce que les gens cherchent, ce n’est pas forcément l’extrême, mais la sensation d’être ailleurs. Ici, ils la trouvent sans risquer l’épuisement.

Quelles randonnées offrent une immersion totale ?

Le cœur battant de cette aventure, c’est le Puy de Sancy. Son ascension, par le sentier du Pas de Peyrol, est une expérience à part. D’abord, la montée est progressive. Puis, à mesure qu’on gagne en altitude, les arbres s’espacent, les roches noires affleurent, et le panorama s’élargit. À 1 886 mètres, le regard embrasse une centaine de volcans. Un matin de septembre, Léonie et Théo, un couple de Nantes, ont atteint le sommet juste après l’aube. On a vu le brouillard se retirer comme un rideau sur les vallées. On s’est sentis tout petits, mais en paix. C’était… sacré , confie Léonie. Le GR 30, quant à lui, trace un itinéraire mythique de 450 km à travers le Parc des Volcans d’Auvergne. Il relie lacs d’altitude, villages de pierre et crêtes ventées. Beaucoup optent pour des tronçons : entre Lac-en-Coches et Super-Besse, par exemple, ou le tour du lac de Guéry, où les reflets du ciel dans l’eau donnent l’impression de marcher sur les nuages.

Et pour ceux qui veulent pousser plus loin ?

Les amateurs de bivouac ont ici un terrain de jeu privilégié. Dans certaines zones du parc naturel régional, le bivouac léger est autorisé, à condition de respecter la nature. J’ai passé une nuit près du lac Chambon, raconte Malik, un randonneur solitaire de Montpellier. Pas de bruit, pas de lumière. Juste les étoiles, le vent dans les sapins, et le cri d’un rapace nocturne. C’était comme si le monde s’était arrêté. Cette possibilité d’immersion totale, sans formalités ni coûts exorbitants, fait de l’Auvergne une destination unique en son genre.

Quelles sont les expériences humaines qui marquent le voyage ?

Car l’émotion ne vient pas seulement des paysages. Elle naît aussi des rencontres. À Chastreix, un petit hameau accroché à la montagne, Camille Dumas tient une auberge familiale depuis trente ans. On ne fait pas dans le luxe, mais on fait dans le vrai , dit-elle en servant une truffade fumante à deux randonneurs éreintés. Ce plat simple, à base de pommes de terre, d’œufs et de fromage, devient un moment de communion. On mange, on parle, on rit. Parfois, on pleure un peu aussi. Les gens viennent ici pour marcher, mais ils repartent avec autre chose : une mémoire humaine.

Comment l’hospitalité locale transforme un séjour ?

À Orcival, un village niché dans une combe, Mathis, un jeune fromager, ouvre son atelier aux visiteurs deux fois par semaine. Avant, les gens passaient devant sans s’arrêter. Maintenant, ils veulent tout savoir : le lait, la fabrication, les vaches. Ils repartent avec un morceau de tome, mais aussi une histoire. Cette proximité, cette transparence, c’est ce que les voyageurs recherchent de plus en plus. Pas de spectacle folklorique, mais une vie réelle, partagée. Et cette simplicité-là, elle n’a pas de prix.

Comment organiser un séjour sans se ruiner ?

L’un des atouts majeurs de l’Auvergne, c’est son accessibilité. Pas besoin de visa, ni de longs vols coûteux. Clermont-Ferrand, desservi par TGV et liaisons aériennes, est le point d’entrée idéal. De là, des navettes ou une voiture permettent d’atteindre Le Mont-Dore, La Bourboule ou Besse-en-Chandesse en moins d’une heure. Les hébergements, souvent familiaux, affichent des tarifs doux : entre 60 et 90 € la nuit en chambre d’hôte, parfois moins en basse saison. Les randonnées ? Gratuites. Les panoramas ? Inclus. Les marchés de producteurs ? Un festival de saveurs à prix justes : tome fraîche, charcuterie maison, miel de montagne, bière locale. Je suis venu pour trois jours, je suis resté une semaine , sourit Antoine, un ingénieur parisien. Entre les balades, les discussions avec les gens, et les repas partagés, je n’avais plus envie de repartir.

Peut-on combiner randonnée et détente ?

Absolument. Les stations thermales du Mont-Dore et de La Bourboule offrent des soins d’exception, basés sur des eaux volcaniques réputées pour leurs vertus anti-inflammatoires. Après une journée de marche, plonger dans un bassin chaud, entouré de forêts dorées, est une forme de luxe sobre. Ce n’est pas le spa clinquant des grandes villes, explique Sophie Lemaire, cliente fidèle depuis dix ans. Ici, c’est doux, lent, sincère. On se soigne, mais on se retrouve surtout.

Pourquoi choisir l’automne pour cette aventure ?

La saison joue un rôle clé. En septembre et octobre, les touristes de l’été ont déserté les sentiers. Les couleurs explosent : or, cuivre, pourpre. La lumière, oblique, caresse les reliefs et allonge les ombres. L’air est vif, mais pas glacial. C’est la saison des sensations pures , affirme Julien Farget. Le matin, il y a du givre sur les herbes, mais à midi, le soleil réchauffe les roches. On sent la terre, le bois brûlé, le fromage qui cuit. C’est un moment rare.

Quels sont les moments inoubliables de l’automne auvergnat ?

Un lever de soleil sur le lac Pavin, dont les eaux sombres reflètent les frondaisons en feu. Une pause au col de la Croix-Morand, avec vue sur la vallée de la Dordogne. Une rencontre fortuite avec un berger et son troupeau, qui traverse un chemin de randonnée comme un tableau vivant. Ou encore, un café pris sur la place de Besse, devant une église romane, alors qu’un brouillard léger monte des prés. Ce sont ces instants, simples et profonds, qui impriment durablement la mémoire.

Quel est le vrai luxe d’un tel voyage ?

C’est peut-être cela, la grande leçon de l’Auvergne : le luxe n’est pas dans le prix, mais dans le temps. Le temps de marcher sans regarder sa montre. Le temps d’écouter un fromager raconter sa passion. Le temps de s’asseoir sur un rocher, un sandwich à la main, et de regarder le monde tourner lentement. Dans un monde saturé d’informations et de rythmes effrénés, ces moments-là deviennent précieux. Et retrouver la France sous un jour nouveau, c’est aussi redécouvrir ce qu’on a sous les yeux, sans jamais l’avoir vu.

A retenir

Pourquoi l’Auvergne est-elle comparée à la Patagonie ?

Parce qu’elle offre des paysages d’une ampleur et d’une sauvagerie rares en France, avec des étendues infinies, des reliefs marqués, et une sensation d’isolement qui évoque les grands espaces du bout du monde. Ce n’est pas une ressemblance géographique, mais émotionnelle.

Peut-on faire du bivouac dans le Massif du Sancy ?

Oui, dans certaines zones du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, le bivouac léger est autorisé, à condition de respecter les règles de non-perturbation de la faune, de ne pas faire de feu, et de repartir sans trace. Il est recommandé de se renseigner auprès des offices de tourisme locaux.

Quels sont les villages incontournables à visiter ?

Besse-et-Saint-Anastaise, avec son architecture en pierre de lave, Orcival et son église romane, La Bourboule et son atmosphère thermale, ou encore Chastreix, point de départ de nombreuses randonnées. Chaque village a son caractère, son histoire, et souvent, un produit du terroir à découvrir.

Comment se rendre en Auvergne sans voiture ?

Il est possible de rejoindre Clermont-Ferrand en TGV (de Paris en 3h30) ou en avion (vols réguliers depuis plusieurs villes). Des navettes régionales desservent ensuite les principales stations de montagne comme Le Mont-Dore ou Super-Besse, notamment en saison.

Quelle est la meilleure période pour y aller ?

L’automne, entre septembre et mi-novembre, est idéal pour éviter les foules, profiter des couleurs, et bénéficier d’un climat doux et changeant. Le printemps, avec la floraison des pâturages, est également une belle saison, tout comme l’été pour les longues journées, bien que plus fréquenté.