Chaque automne, alors que les feuilles roussissent et que l’air se fait plus vif, un silence feutré s’installe peu à peu dans nos jardins. Pourtant, sous la surface apparente de cette tranquillité, une course contre la montre s’engage pour de petits êtres souvent discrets mais essentiels : les hérissons, les oiseaux, les écureuils. Ces habitants de nos espaces verts préparent leur hivernage, à la recherche d’eau, de nourriture, d’abris. Et parfois, c’est un geste infime, presque anodin, qui peut faire basculer la balance entre survie et disparition. Une simple balle de tennis, posée sur un point d’eau, devient alors bien plus qu’un objet de jeu : un outil de sauvetage. Cet automne, redécouvrons comment transformer notre jardin en refuge vivant, sans grands travaux, juste avec un peu d’attention et de bienveillance.
Comment une balle de tennis peut-elle devenir un outil de survie ?
À première vue, l’idée semble surprenante, voire un peu fantaisiste : une balle de tennis, flottant sur un abreuvoir, pourrait-elle vraiment aider un hérisson à passer l’hiver ? Pourtant, c’est précisément ce que constatent de plus en plus de naturalistes et de jardiniers engagés. Le principe est simple : en flottant à la surface de l’eau, la balle bouge légèrement, poussée par le vent ou par le contact d’un animal. Ce mouvement empêche la formation d’une couche de glace uniforme. Résultat : une petite zone d’eau reste liquide, accessible aux animaux assoiffés.
Pourquoi l’eau libre est-elle vitale en automne ?
Les hérissons, comme beaucoup d’animaux sauvages, ne hibernent pas tout de suite. En octobre et novembre, ils sont encore actifs, en quête de nourriture et d’eau pour accumuler les réserves nécessaires. Pourtant, les températures nocturnes peuvent chuter brutalement, gelant rapidement les petits points d’eau. Clara Lefebvre, biologiste et animatrice d’ateliers de sensibilisation à la biodiversité à Montségur, explique : Un hérisson peut parcourir jusqu’à deux kilomètres par nuit. S’il ne trouve pas d’eau accessible, il s’épuise. Une balle de tennis, c’est un filet de sécurité minuscule mais crucial.
Comment l’installer efficacement ?
L’installation ne prend que quelques minutes. Il suffit de choisir un abreuvoir, un bac peu profond ou une coupelle placée à l’abri du vent. Une balle de tennis propre, sans trous, est déposée à la surface. Il est important de vérifier qu’elle peut bouger librement et qu’elle ne risque pas de devenir un piège — certains animaux pourraient tenter de la mâcher ou s’y coincer. Évitez les récipients trop profonds ou glissants. Camille, retraitée à Clermont-Ferrand, témoigne : J’ai mis une balle dans mon petit bassin depuis trois ans. L’hiver dernier, j’ai vu un hérisson venir boire chaque soir. Il poussait doucement la balle avec son museau. C’était émouvant.
Et si on allait plus loin ? Créer un refuge hivernal complet
La balle de tennis est une solution élégante, mais elle ne suffit pas à elle seule. Pour offrir une véritable chance aux animaux, il faut penser refuge global. L’hiver n’est pas seulement une question de froid, mais de disponibilité de ressources. Un jardin bien aménagé devient alors un sanctuaire.
De l’eau propre, accessible, renouvelée
La balle empêche le gel, mais l’eau doit aussi rester propre. Il est recommandé de changer l’eau quotidiennement, surtout si elle est exposée à la pollution ou aux feuilles mortes. Privilégiez des matériaux isolants comme la terre cuite ou le plastique épais, qui gèlent moins vite que le métal. Placez plusieurs points d’eau à différentes hauteurs : un au sol pour les hérissons, un sur une table basse pour les oiseaux. Julien, jeune papa à Bordeaux, raconte : Mes enfants adorent s’occuper des coupelles. Ils ont baptisé la balle “Tennis”, et chaque matin, ils vérifient si elle est toujours à sa place.
Des abris naturels, simples et efficaces
Les hérissons cherchent des lieux chauds, secs, et protégés pour hiberner. Un tas de feuilles mortes, bien entassé au pied d’une haie, peut devenir un refuge idéal. On peut y ajouter quelques branchages ou bûches, en veillant à laisser des passages. Il existe aussi des hôtels à hérissons en bois, que l’on peut acheter ou fabriquer soi-même. L’essentiel est de les placer dans un coin calme, à l’abri des regards et des prédateurs. Sophie, maraîchère en Alsace, partage son expérience : J’ai installé un abri sous un vieux cerisier. Au printemps, j’ai trouvé des traces de pas et des restes de feuilles mâchées. Un hérisson y a passé l’hiver.
Une alimentation adaptée, sans excès
Il est tentant de nourrir les animaux, mais il faut faire preuve de prudence. Les hérissons ne digèrent pas le lait, contrairement à une idée reçue. Le pain, trop sec, peut les déshydrater. En revanche, des croquettes pour chats sans sel, ou une nourriture spéciale hérissons, sont bénéfiques. On peut aussi leur offrir des fruits frais, comme une moitié de pomme, en petite quantité. L’important est de retirer les restes le lendemain pour éviter les rats ou les guêpes. J’ai appris à doser , confie Marc, jardinier à Lyon. Je laisse un peu de croquettes près de l’abri, mais jamais trop. C’est un coup de pouce, pas une dépendance.
Quels dangers faut-il éviter dans son jardin ?
Les gestes bienveillants doivent s’accompagner d’une vigilance constante. Certains éléments du jardin, souvent jugés pratiques, peuvent devenir mortels pour la faune.
Produits chimiques et outils dangereux : un risque majeur
Les granulés anti-limaces, souvent utilisés en automne, sont extrêmement toxiques pour les hérissons. Ces animaux les ingèrent directement ou par l’intermédiaire de limaces empoisonnées. De même, les pesticides perturbent l’équilibre naturel et réduisent la disponibilité des proies. Préférer des alternatives naturelles : paillage, plantes répulsives, ou simplement accepter une présence modérée d’insectes. J’ai arrêté les produits chimiques il y a cinq ans , raconte Élise, habitante d’un village près de Rennes. Depuis, j’ai vu revenir les hérissons, les chouettes, même des papillons que je n’avais pas vus depuis l’enfance.
Les pièges invisibles : trous, clôtures, filets
Un trou dans une grille, un regard d’eau non couvert, un filet de protection laissé au sol — autant de dangers mortels. Les hérissons, curieux et maladroits, peuvent facilement y tomber et ne plus en sortir. Il est essentiel de boucher ou de signaler ces zones. De même, les clôtures doivent comporter des passages d’au moins 13 cm de côté, permettant aux hérissons de circuler librement d’un jardin à l’autre. J’ai percé un trou dans ma haie il y a deux ans , témoigne Thomas, à Nantes. Un voisin m’a dit que des hérissons passaient régulièrement chez lui. Maintenant, ils traversent notre quartier comme sur une autoroute.
Et si on agissait ensemble ? Le pouvoir du collectif
Un jardin bien aménagé est déjà un pas en avant. Mais quand plusieurs voisins s’engagent, l’effet est exponentiel. Les animaux peuvent alors circuler librement, trouver de l’eau, de la nourriture, des abris sur un territoire plus vaste.
Impliquer la famille, les enfants, le voisinage
La balle de tennis est un excellent levier pédagogique. Simple, visuelle, elle capte l’attention des enfants. Organiser un atelier bricolage pour construire un abri à hérissons, ou une chasse aux points d’eau à sécuriser, peut devenir un moment de partage et de sensibilisation. Mes petits-enfants adorent , sourit Gisèle, grand-mère à Toulouse. Ils ont dessiné des affiches pour les voisins : “Attention, hérisson en hibernation !” On a collé ça partout dans la rue.
Partager pour amplifier l’impact
Les réseaux sociaux peuvent devenir des outils puissants de sensibilisation. Une photo d’un hérisson repéré près d’un abreuvoir, un message sur le groupe de quartier, une initiative locale — tout cela contribue à créer une culture du vivant. J’ai posté une vidéo d’un hérisson poussant la balle de tennis , raconte Léa, habitante de Grenoble. En une semaine, 30 personnes dans mon quartier avaient installé la même chose.
Un jardin vivant, c’est un bonheur partagé
Protéger la faune, c’est aussi se reconnecter à un rythme naturel, plus lent, plus profond. Les bénéfices ne sont pas seulement écologiques. Ils sont aussi intimes. Entendre le bruissement d’un hérisson dans les feuilles, observer les oiseaux se désaltérer au petit matin, sentir que notre espace extérieur participe à un équilibre plus vaste — tout cela nourrit une forme de sérénité.
Les gestes clés à retenir
- Installer une balle de tennis sur chaque point d’eau dès fin octobre.
- Créer un abri naturel ou artificiel, bien protégé, pour l’hibernation.
- Proposer une alimentation adaptée, sans produits industriels ni excès.
- Éliminer les dangers : produits chimiques, trous, filets, clôtures closes.
- Encourager les voisins à agir, pour créer un réseau de refuges.
Pourquoi ces gestes changent-ils la donne ?
Les hérissons sont en déclin en France. Moins de 400 000 individus seraient encore présents sur le territoire, contre plusieurs millions il y a trente ans. Chaque refuge, chaque point d’eau, chaque jardin transformé en havre de paix compte. Mais au-delà des chiffres, il s’agit d’un choix de regard. Celui d’un jardin non pas comme un espace domestiqué, mais comme un lieu de cohabitation. Un endroit où la vie, sous toutes ses formes, est accueillie, respectée, protégée.
A retenir
La balle de tennis empêche-t-elle vraiment la glace de se former ?
Oui, grâce à son mouvement constant à la surface, elle perturbe la cristallisation de l’eau. Elle ne bloque pas entièrement le gel, mais maintient une zone libre, suffisante pour que les animaux puissent boire.
Peut-on utiliser autre chose qu’une balle de tennis ?
Des objets flottants similaires, comme un morceau de liège ou une balle en plastique creuse, peuvent fonctionner. Mais la balle de tennis est idéale : elle est légère, durable, et son rebond naturel favorise le mouvement.
Faut-il enlever la balle en hiver ?
Non, au contraire. Elle est particulièrement utile par temps de gel. Il suffit de la nettoyer régulièrement et de s’assurer qu’elle reste mobile.
Les hérissons sont-ils dangereux pour les humains ?
Pas du tout. Ce sont des animaux timides, nocturnes, et totalement inoffensifs. Ils peuvent même être bénéfiques, en régulant naturellement les populations de limaces et d’insectes.
Comment savoir si un hérisson utilise un abri ?
Cherchez des traces : feuilles déplacées, empreintes de pas dans la terre ou la neige, restes de nourriture. Un hérisson actif laisse souvent des signes discrets mais visibles à qui sait observer.