Les jardiniers qui taillent leur romarin en octobre obtiennent un plant spectaculaire tout l’hiver

Alors que l’automne installe progressivement son manteau doré sur les jardins, une plante résistante, souvent oubliée en cette saison, attend un geste décisif : le romarin. Cette sentinelle du sud, aux feuilles persistantes et au parfum envoûtant, peut non seulement survivre à l’hiver, mais s’épanouir, à condition de l’accompagner au bon moment. Octobre, mois de transition entre douceur et fraîcheur, est celui où les jardiniers avisés passent à l’action. En quelques gestes simples, ils transforment une plante en réserve vivante de parfums et de beauté. Voici comment, à travers des conseils précis, des témoignages réels et une approche naturelle, cultiver un romarin robuste, durable, et intégré harmonieusement à un jardin éco-responsable.

Pourquoi octobre est-il le moment parfait pour s’occuper de son romarin ?

Le choix du moment est tout aussi crucial que la technique. Octobre, avec ses journées encore ensoleillées et ses nuits fraîches, offre un équilibre rare entre douceur et préparation hivernale. C’est une fenêtre idéale pour intervenir sur les plantes méditerranéennes comme le romarin, qui redoutent les chocs thermiques mais prospèrent dans les conditions stables.

Quel climat pour favoriser l’enracinement des boutures ?

Le romarin, originaire des régions chaudes et sèches, déteste l’humidité stagnante. Pourtant, en octobre, l’air conserve une humidité relative suffisante pour stimuler la croissance des racines, sans risque de pourriture. Les températures diurnes, généralement comprises entre 15 et 20 °C, permettent aux boutures de s’acclimater en douceur. La nuit, le sol reste tiède, ce qui encourage le développement racinaire sans forcer la plante à puiser dans ses réserves. C’est ce microclimat automnal, souvent absent au printemps ou en été, qui fait toute la différence.

Pourquoi agir maintenant pour un jardin plus résilient en hiver ?

Agir en octobre, c’est anticiper. En bouturant maintenant, on donne aux nouvelles pousses plusieurs semaines pour s’enraciner avant les premiers gels. Camille Lefebvre, maraîchère bio à Grasse, explique :  J’ai appris à bouturer mon romarin en octobre après avoir perdu plusieurs plants en janvier. Depuis, mes boutures prennent racine, poussent lentement, et en février, j’ai déjà de jeunes plants solides, prêts à être replantés.  Ce timing permet aussi de structurer le jardin dès l’hiver : les touffes de romarin offrent une présence visuelle et olfactive quand d’autres plantes disparaissent.

Comment prélever des boutures de romarin comme un expert ?

La bouture est une méthode simple, économique et naturelle pour multiplier le romarin. Elle demande peu de matériel, mais une attention aux détails. Le succès dépend de la qualité de la tige choisie et de la précision du geste.

Quelles tiges choisir pour une bouture réussie ?

Il faut privilégier les tiges semi-ligneuses : ni trop vertes et tendres, ni trop dures et boisées. Elles se reconnaissent à leur base légèrement brunie, tandis que l’extrémité reste souple et verte. Ces tiges, souvent issues de la croissance estivale, ont accumulé assez de sève pour enraciner, tout en étant suffisamment matures pour résister. Évitez les branches fleuries ou celles présentant des signes de stress (feuilles jaunes, taches). Le prélèvement se fait de préférence le matin, lorsque la plante est bien hydratée.

Quelle technique de coupe adopter pour maximiser les chances ?

Un sécateur bien aiguisé et désinfecté est indispensable. La coupe doit être nette, oblique, et réalisée juste sous un nœud – ce point de ramification où les cellules sont particulièrement actives. C’est là que les racines émergeront. Une fois la tige prélevée, retirez les feuilles sur les 3 à 5 centimètres inférieurs. Cela évite la pourriture en contact avec le substrat.  J’ai longtemps coupé mes boutures trop longues et trop vertes, se souvient Antoine Rivière, jardinier à Nîmes. Depuis que je respecte ces critères, mon taux de réussite est passé de 30 % à près de 90 %. 

Comment planter et accompagner les boutures pour qu’elles s’épanouissent ?

La plantation n’est pas une simple étape technique : c’est un acte de soin. Elle détermine la capacité des jeunes plants à résister aux fluctuations climatiques et à s’ancrer durablement dans le sol.

Quel substrat et quel contenant choisir pour favoriser l’enracinement ?

Le romarin déteste les sols lourds et mal drainés. Un mélange de deux tiers de terreau universel et d’un tiers de sable grossier ou de gravier léger assure une bonne aération et évite l’excès d’eau. Les contenants doivent être percés pour permettre l’évacuation. Des godets de 8 à 10 cm suffisent pour commencer. Si vous plantez directement en pleine terre, choisissez un emplacement ensoleillé, légèrement surélevé, pour éviter les eaux stagnantes.  J’ai planté mes boutures dans de vieux pots en terre cuite récupérés, raconte Élodie Mercier, habitante d’Aix-en-Provence. Ils respirent bien, et l’argile régule naturellement l’humidité. 

Comment protéger les jeunes plants du froid et stimuler leur croissance ?

Les boutures doivent être placées en situation abritée : bordure de mur sud, sous une haie, ou sur un balcon orienté à l’abri des vents dominants. Arrosez légèrement après plantation, puis laissez le substrat sécher entre deux arrosages. L’objectif est d’encourager les racines à descendre chercher l’eau. En cas de pluies prolongées, protégez les godets sous une cloche ou un auvent. Un voile d’hivernage léger peut être utilisé dès novembre si les températures chutent brutalement.  Mes boutures sont sous la pergola, à l’abri de la pluie battante, mais au soleil. Elles ont toutes pris, même pendant un automne particulièrement humide , témoigne Julien Bessières, jardinier amateur à Montpellier.

Quels soins d’automne offrir à son romarin pour un hiver serein ?

Le romarin ne demande pas beaucoup, mais il a ses exigences. Un peu d’attention en automne suffit à le rendre plus résistant, plus parfumé, et plus beau au fil des mois.

Comment gérer arrosage, paillage et exposition lumineuse ?

Arrosez seulement quand le sol est sec en surface. Le romarin supporte mieux la sécheresse que l’humidité. Un arrosage hebdomadaire est souvent suffisant, voire moins si les pluies sont régulières. Pour le paillage, évitez les matériaux trop épais ou trop humides. Un léger recouvrement de feuilles mortes sèches ou de compost mûr protège les racines sans étouffer la plante. L’exposition plein sud ou sud-ouest est idéale : elle maximise la lumière tout en offrant une certaine protection contre les vents froids.  J’ai déplacé mon romarin en pot contre le mur de la cuisine, explique Solène Dubreuil, habitante de Toulon. Il est au soleil toute la journée, et le mur garde la chaleur. Il n’a jamais été aussi vigoureux en hiver. 

Comment prévenir les maladies et renforcer la résistance naturelle ?

La meilleure prévention, c’est l’aération. Espacer les plants, éviter les zones humides et retirer les feuilles mortes ou jaunies limite les risques de pourriture grise ou de champignons. Un apport modéré de compost mûr ou d’engrais organique à libération lente renforce la plante sans la forcer à pousser en hiver.  Je pulvérise parfois une décoction de prêle diluée, confie Antoine Rivière. Ce n’est pas un traitement miracle, mais ça semble aider à renforcer la tige et limiter les attaques fongiques. 

Quelles récompenses attendre d’un romarin bien soigné en automne ?

Les efforts d’octobre se transforment en cadeaux durant les mois les plus sombres. Le romarin, souvent oublié, devient alors une source de beauté, de parfum et de bien-être.

Un feuillage dense et persistant même sous la gelée

Dès novembre, les touffes de romarin affichent un vert profond, dense, contrastant avec les plantes en dormance. Elles structurent le jardin, ajoutent de la verticalité, et offrent une touche de vie quand tout semble endormi. En hiver, même sous la neige légère, le romarin garde son allure.  Mes voisins pensent que mon romarin est en plastique, rigole Camille Lefebvre. Il est vert toute l’année, et en février, il sent encore bon quand on le touche. 

Des récoltes fraîches et des bouquets parfumés à portée de main

Un romarin bien entretenu en automne donne des brins frais même en janvier. Idéal pour agrémenter un rôti de porc, une soupe de lentilles ou des pommes de terre rôties, il apporte une touche méditerranéenne aux plats d’hiver. Les branches coupées peuvent aussi être suspendues à l’abri pour sécher, offrant des bouquets parfumés pendant des mois.  J’ai accroché une gerbe au-dessus de mon évier, raconte Élodie Mercier. Chaque fois que je passe, je sens son parfum. C’est un petit bonheur quotidien. 

A retenir

Peut-on bouturer le romarin à d’autres périodes que l’automne ?

Oui, mais avec moins de réussite. Le printemps est une alternative, mais les jeunes plants risquent de souffrir de la chaleur estivale. L’automne offre un environnement plus stable, avec un sol encore chaud et une humidité favorable, ce qui maximise les chances d’enracinement.

Faut-il tailler le romarin avant de prélever les boutures ?

Il est recommandé de tailler légèrement le pied-mère avant ou après le prélèvement, pour stimuler la ramification. Cela donne une plante plus touffue et plus productive. Mais la taille ne doit pas être sévère : évitez de couper plus du tiers de la plante à la fois.

Le romarin peut-il survivre en pot pendant l’hiver ?

Oui, à condition que le pot soit suffisamment grand, bien drainé, et placé dans un endroit abrité et ensoleillé. Protégez le contenant du gel en l’enveloppant dans une sangle isolante ou en le posant sur un tasseau de bois. L’arrosage doit être très modéré en hiver.

Comment savoir si une bouture a bien pris ?

Au bout de 4 à 6 semaines, testez délicatement la tige en tirant légèrement. Si elle résiste, c’est qu’elle a enraciné. Vous pouvez aussi observer de nouvelles pousses au niveau des nœuds, signe d’une activité végétative réelle. Évitez de déterrer la bouture pour vérifier : cela pourrait la fragiliser.

Le romarin a-t-il des vertus médicinales ou apaisantes en hiver ?

Oui, au-delà de son usage culinaire, le romarin est reconnu pour ses propriétés tonifiantes et respiratoires. Une infusion légère peut aider à soulager les petits maux de l’hiver. Son parfum, même diffusé dans une pièce, est souvent décrit comme revigorant et stimulant pour le moral.