Il était agité en mon absence, cette astuce inattendue a tout changé

L’automne s’installe, les soirées s’allongent, et les maisons se vident plus souvent. Pour beaucoup de propriétaires de chats, cette période relance une question discrète mais récurrente : comment occuper leur félin lorsqu’ils ne sont pas là ? Entre ronronnements solitaires et griffades sur le canapé, certains signes trahissent une solitude mal vécue. Face à ce constat, une pratique gagne en popularité : laisser la télévision allumée en absence. Mais derrière cette solution apparemment simple se cache une réflexion plus profonde sur le bien-être animal, la perception féline et les limites de nos tentatives humaines pour combler le vide. Est-ce une réelle avancée ou une illusion rassurante ?

Pourquoi autant de maîtres laissent-ils la télé pour leur chat ?

À Paris, Clémentine Moreau, graphiste indépendante, avoue avoir adopté cette habitude après avoir surpris son chat, Milo, griffant le rideau dès qu’elle quittait l’appartement. Un jour, en rentrant, j’ai trouvé un pot de fleurs renversé, un coussin déchiré, et Milo, l’air coupable, perché sur l’étagère. J’ai compris qu’il s’ennuyait. Depuis, avant de partir, elle allume une chaîne animalière spécialisée, avec des images de forêts, de rongeurs en mouvement et des chants d’oiseaux. Ce n’est pas qu’il regarde vraiment, mais il s’installe devant l’écran, parfois il miaule, d’autres fois il s’endort. C’est comme s’il sentait qu’il n’est pas tout à fait seul.

Cette démarche, loin d’être isolée, reflète une tendance croissante. En France, de plus en plus de propriétaires intègrent la télévision dans leur routine de départ, espérant ainsi apaiser leur compagnon. Le principe est simple : un bruit de fond, des images en mouvement, une présence artificielle. Mais derrière cette simplicité se cache une quête de réconfort partagée entre l’humain et l’animal. L’idée n’est pas de divertir comme on le ferait pour un enfant, mais de briser le silence absolu, facteur d’anxiété pour certaines espèces.

Le chat perçoit-il réellement ce qu’il voit à la télé ?

La réponse n’est pas aussi évidente qu’on pourrait le croire. Contrairement à l’humain, le chat ne perçoit pas les images de la même manière. Son système visuel est conçu pour détecter les mouvements rapides, typiques de ses proies naturelles. C’est pourquoi certaines scènes de petits animaux en déplacement, comme des souris ou des oiseaux, captent son attention. Les programmes conçus spécifiquement pour les chats exploitent justement cette particularité : fréquences d’images élevées, sons aigus, bruits de feuilles froissées.

À Lyon, Marc Tissier, vétérinaire comportementaliste, observe cette tendance avec prudence. Le chat peut être attiré par le mouvement, mais il ne comprend pas ce qu’il voit comme une réalité. Il ne sait pas que ce n’est pas un vrai oiseau. Il réagit instinctivement, mais sans engagement émotionnel profond. Selon lui, l’effet bénéfique vient surtout du son : une voix humaine lointaine, un bruit de fond familier, cela peut rappeler la présence du maître. C’est un peu comme un berceau sonore, pas pour l’image, mais pour l’atmosphère.

Cependant, tous les chats ne réagissent pas de la même manière. Lea, une chatte adoptée par le couple Dubois à Bordeaux, ignore complètement la télé. Elle passe devant l’écran sans même tourner la tête. Elle préfère rester près de la fenêtre, à observer les voitures ou les passants , raconte Camille Dubois. En revanche, leur autre chat, Ziggy, se précipite dès que le son commence. Il fixe l’écran, parfois il essaie même de griffer l’écran. On dirait qu’il pense que les oiseaux sont dedans.

La télévision peut-elle remplacer l’enrichissement environnemental ?

Malgré ses effets parfois rassurants, la télévision ne suffit pas à assurer un bien-être durable. C’est un complément, pas une solution , insiste Marc Tissier. Un chat a besoin d’activités variées pour exprimer ses instincts naturels : chasser, grimper, explorer, se cacher. Lui offrir uniquement un écran, c’est comme donner un livre à un enfant sans lui proposer de jouer dehors.

À Nantes, Élodie Ferrand, éducatrice féline, travaille avec des familles pour adapter les intérieurs aux besoins des chats. J’ai vu trop de gens laisser la télé en pensant que ça suffit. Mais le chat a besoin de stimuli concrets, pas virtuels. Elle recommande de combiner plusieurs approches : jouets interactifs, arbres à chat près des fenêtres, tapis de fouille remplis de croquettes, ou encore des distributeurs à énigmes. Un chat qui passe ses journées à résoudre des petits défis mentaux est un chat équilibré.

Elle cite l’exemple de Tom, un chat de 3 ans vivant à Rennes, qui souffrait d’anxiété de séparation. Son maître partait tôt, rentrait tard. Tom miaulait, griffait, urinait hors de la litière. On a mis en place un parcours de jeux, avec des tunnels, des caches, et une petite caméra avec un diffuseur de phéromones. La télé a été ajoutée en fond sonore, mais ce n’est pas ça qui a tout changé. C’est l’environnement enrichi.

Quels sont les vrais besoins d’un chat en solitude ?

Le chat, souvent perçu comme un animal indépendant, ressent pourtant la solitude. Ce n’est pas qu’il a besoin de compagnie humaine en permanence, mais d’un environnement qui lui permet de vivre selon ses rythmes et ses instincts. L’ennui, chez lui, se traduit par des comportements déviants : griffades excessives, suralimentation, agressivité ou repli.

Les besoins varient selon l’âge, le tempérament et l’histoire de l’animal. Un chaton énergique exigera plus de stimulation physique, tandis qu’un chat âgé appréciera un coin douillet, au calme, avec une vue sur l’extérieur. Un chat adopté récemment, comme Luna, recueillie par la famille Lefèvre après un abandon, peut souffrir d’anxiété. Elle avait peur de tout, surtout du silence. On a mis une petite radio dans le salon, avec des sons doux, et on a installé un perchoir près de la fenêtre. Petit à petit, elle a commencé à s’installer seule, même quand on n’était pas là.

La clé, selon les experts, réside dans la régularité des rituels. Un jeu rapide avant le départ, une caresse, une parole douce : ces petits gestes créent une routine rassurante. Le chat n’a pas besoin de vous toute la journée, mais il a besoin de savoir que vous reviendrez , résume Marc Tissier.

Comment utiliser la télévision intelligemment pour son chat ?

Utiliser la télévision pour son chat n’est ni absurde ni miraculeux. Le tout est de le faire avec discernement. Privilégier des contenus spécifiques, comme des vidéos de nature conçues pour les félins, est plus efficace que des feuilletons ou des journaux télévisés. Le volume doit être modéré : un son trop fort peut stresser, surtout si le chat a une audition fine.

Il est aussi important de surveiller les réactions. Si le chat s’approche, observe, miaule, c’est bon signe. Mais s’il fuit, se cache ou semble agité, il vaut mieux éteindre. J’ai vu des chats devenir anxieux avec des images trop rapides ou des sons stridents , rapporte Élodie Ferrand. Ce n’est pas parce que ça marche pour un chat que ça marchera pour tous.

Enfin, la télévision ne doit pas être la seule source de stimulation. Elle peut accompagner d’autres dispositifs : une lumière douce qui s’allume en fin de journée, un distributeur automatique de croquettes, ou même une caméra avec fonction d’interaction vocale. Certains maîtres parlent à leur chat à distance. Ce petit contact, même artificiel, peut faire une grande différence , ajoute-t-elle.

Conclusion : une solution parmi d’autres, mais pas la seule

Laisser la télévision allumée pour son chat peut avoir un effet positif, surtout en brisant le silence et en offrant une présence sonore familière. Pour certains félins, c’est une source de distraction, voire de réconfort. Mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres dans une stratégie globale de bien-être. L’enrichissement de l’environnement, la variété des stimuli, les rituels rassurants et l’attention portée aux besoins individuels du chat restent indispensables.

Comme le dit Clémentine, Milo n’a pas besoin de la télé pour m’aimer, mais elle l’aide à passer le temps. Et ça, ça me rassure, moi aussi.

A retenir

La télévision peut-elle vraiment occuper un chat ?

Oui, dans certains cas, mais de manière limitée. Elle attire surtout l’attention par le mouvement et les sons, sans pour autant offrir une stimulation cognitive profonde. C’est un bruit de fond plus qu’un divertissement complet.

Quels types de programmes sont adaptés aux chats ?

Les vidéos conçues spécifiquement pour les chats, avec des images de proies en mouvement, des chants d’oiseaux, des bruits de nature ou des miaulements doux, sont les plus efficaces. Les documentaires animaliers peuvent aussi fonctionner, à condition qu’ils soient dynamiques.

Est-ce que tous les chats réagissent à la télé ?

Non. Certains sont curieux et s’approchent, d’autres l’ignorent totalement, et quelques-uns peuvent être stressés par les sons ou les lumières clignotantes. Chaque chat a sa propre sensibilité.

Faut-il laisser la télé toute la journée ?

Non, il est préférable de limiter la diffusion à quelques heures, notamment en début ou fin de journée. Un trop grand bruit de fond peut devenir oppressant. L’idéal est de l’utiliser comme complément, pas comme solution permanente.

Quelles alternatives existent pour occuper un chat seul ?

Les alternatives sont nombreuses : jouets interactifs, arbres à chat, tapis de fouille, gamelles ludiques, exposition à la lumière naturelle, diffusion de phéromones apaisantes, ou encore la compagnie d’un autre animal. L’important est de varier les stimuli pour répondre aux besoins instinctifs du chat.