Hausse, baisse, rupture : le marché des pellets en crise en 2025

Alors que l’automne s’installe doucement sur les paysages français, une question revient avec insistance dans les foyers équipés de poêles à granulés : faut-il attendre encore pour acheter ses pellets, ou est-il temps de passer à l’action ? Les dernières tendances du marché montrent une situation tendue, marquée par une volatilité persistante des prix. Derrière ces chiffres, ce sont des choix stratégiques, des préparatifs logistiques et des décisions financières qui s’imposent pour garantir un hiver serein. Entre anticipation, économie et coordination collective, il devient essentiel de comprendre les enjeux du marché des granulés de bois en 2024, et d’adopter les bons réflexes avant que la demande ne reparte à la hausse.

Les prix des pellets sont-ils encore en hausse en 2024 ?

En octobre 2024, le marché des pellets affiche une légère décrue par rapport aux sommets atteints en 2022, mais la baisse reste timide. Le prix moyen du granulé en vrac s’établit autour de 366 euros la tonne, tandis que les sacs, plus pratiques mais plus coûteux, tournent autour de 396 euros. Ces niveaux, bien qu’inférieurs à ceux de l’année précédente, restent élevés par rapport aux standards d’avant crise énergétique. Pour Élise Rambert, ingénieure thermique à Lyon, ce ralentissement n’est pas une stabilisation. Les prix flottent encore sous l’effet de plusieurs pressions conjointes : la géopolitique, les coûts logistiques et la demande résidentielle croissante. On est loin d’un retour à la normale .

Le contexte international joue un rôle central. Les tensions sur les marchés de l’énergie, notamment en Europe de l’Est, continuent d’affecter les chaînes d’approvisionnement. Les coûts du transport maritime et routier, sensibles aux variations du prix du carburant, pèsent directement sur le prix final. De plus, la production de pellets dépend largement de la disponibilité en bois résineux, dont la récolte est parfois freinée par des réglementations environnementales ou des conditions climatiques extrêmes. Autant de facteurs qui rendent le marché particulièrement instable.

Pourquoi les prix des pellets restent-ils si volatils ?

Quels sont les principaux facteurs de l’instabilité des prix ?

La volatilité du marché des pellets s’explique par une combinaison de facteurs économiques, logistiques et politiques. D’abord, la demande a fortement augmenté ces dernières années, portée par une prise de conscience écologique et par des aides publiques comme MaPrimeRénov’ ou les certificats d’économies d’énergie. Ces dispositifs ont encouragé des milliers de ménages à installer des poêles à granulés, transformant un marché de niche en un segment en forte croissance.

Or, cette croissance n’a pas été suivie par une augmentation proportionnelle de la capacité de production. La France, bien qu’elle dispose de forêts importantes, importe encore une part significative de ses pellets, notamment de l’Europe de l’Est et des pays baltes. Cette dépendance expose le marché à des ruptures de flux en cas de crise. En 2023, un hiver particulièrement rigoureux en Scandinavie a entraîné une réduction des exportations vers la France, provoquant un emballement des prix.

Ensuite, les coûts de production eux-mêmes sont en hausse. Le traitement du bois, le compactage, le stockage et la logistique représentent des postes de dépenses sensibles aux fluctuations énergétiques. En témoigne Thomas Lefebvre, gérant d’un petit site de production en Ardèche : On utilise beaucoup d’électricité pour la fabrication, et quand le prix de l’énergie monte, on ne peut pas tout absorber. On est obligé de répercuter une partie sur le prix de vente.

La saisonnalité du marché joue-t-elle un rôle ?

Oui, et un rôle majeur. Le marché des pellets est fortement cyclique. La demande explose entre octobre et février, période durant laquelle les ménages cherchent à remplir leurs silos avant le froid. Cette poussée saisonnière crée une pression sur les stocks et les capacités de livraison, ce qui pousse les prix à la hausse. En revanche, au printemps et en été, la demande chute, et les fournisseurs proposent souvent des promotions pour écouler leurs stocks.

C’est ce qu’a constaté Camille Moreau, enseignante à Bordeaux, qui a changé sa stratégie d’achat après deux hivers difficiles : L’année dernière, j’ai attendu novembre pour commander. Résultat : plus de livraison avant janvier, et un prix 15 % plus élevé. Cette année, j’ai acheté en juin, avec une remise de 12 % et des frais de livraison offerts. C’est un gain réel, et surtout, je suis tranquille.

Quels sont les avantages d’acheter ses pellets à l’avance ?

Comment éviter les pénuries et les retards ?

La préparation en amont permet de contourner les pics de demande. En commandant dès l’automne, voire à la fin de l’été, les consommateurs évitent les ruptures de stock et les délais de livraison qui peuvent s’étirer sur plusieurs semaines en pleine saison. C’est ce qu’a appris à ses dépens Julien Vasseur, retraité dans le Tarn : En janvier 2023, il a fait -8 °C pendant dix jours. Mon silo était vide, et aucun fournisseur ne pouvait livrer avant trois semaines. J’ai dû me résoudre à rallumer une vieille chaudière au fioul. C’était cher, sale, et très inconfortable. Depuis, j’achète tout en septembre.

Les fournisseurs eux-mêmes encouragent cette démarche. Plusieurs d’entre eux proposent des offres préhivernales avec tarifs préférentiels, livraisons prioritaires ou options de stockage sécurisé. Certains même permettent de bloquer un prix à l’année, ce qui protège le consommateur d’une éventuelle flambée.

Peut-on réduire les frais de livraison en anticipant ?

Assurément. Les frais de livraison représentent souvent une part non négligeable du coût total, surtout dans les zones rurales ou montagneuses. En commandant tôt, les consommateurs profitent de meilleures conditions : tarifs réduits, livraisons groupées, ou même gratuité. En outre, les transporteurs ont plus de disponibilité en dehors de la période de pointe, ce qui permet de mieux planifier les livraisons.

Le cas de la coopérative Bois & Partage dans les Hautes-Alpes illustre bien cette stratégie. Rassemblant une trentaine de foyers, elle a négocié un contrat annuel avec un producteur local. On a divisé les frais de transport par trois, explique son animatrice, Nathalie Chambon. En plus, on réduit notre empreinte carbone grâce à des trajets optimisés. C’est gagnant-gagnant.

Quelles stratégies pour faire des économies sur l’achat de pellets ?

Est-il vraiment avantageux d’acheter hors saison ?

Oui, et les économies peuvent être substantielles. Entre mai et août, les prix des pellets baissent souvent de 10 à 15 % par rapport au pic hivernal. Cette baisse s’explique par un excédent de stock chez les producteurs et une demande faible. Acheter durant cette période, c’est profiter d’un marché en surcapacité.

Certains consommateurs vont même plus loin en stockant eux-mêmes leurs granulés. Avec un local sec, bien ventilé et protégé de l’humidité, les pellets peuvent se conserver jusqu’à deux ans sans perte de qualité. C’est le choix fait par les époux Delmas, artisans dans le Lot : On a aménagé une pièce en silo privé. On achète une tonne chaque été, et on cumule. Sur trois ans, on a économisé près de 1 200 euros par rapport aux achats en urgence.

Faut-il comparer les fournisseurs ?

Indispensable. Les écarts de prix entre les fournisseurs peuvent atteindre 50 euros la tonne, selon la région, la qualité du produit ou les conditions de livraison. Or, tous les pellets ne se valent pas. La norme ENplus garantit une qualité homogène, mais il existe plusieurs classes (A1, A2, B), avec des taux de cendres et de rendement différents. Un pellet de classe A1, plus pur, brûle mieux et encrasse moins le poêle.

Utiliser des plateformes de comparaison ou consulter les avis d’autres utilisateurs permet de faire un choix éclairé. En outre, certains fournisseurs proposent des services complémentaires : nettoyage du poêle, maintenance annuelle ou conseils d’utilisation. Pour Sophie Nguyen, architecte à Montpellier, ces services ont fait la différence : J’ai changé de fournisseur après avoir trouvé une entreprise qui incluait un entretien gratuit avec chaque commande de trois tonnes. C’est un gain de temps et d’argent.

L’achat groupé est-il une solution viable ?

De plus en plus populaire, l’achat groupé permet de mutualiser les commandes entre voisins, copropriétés ou associations locales. En commandant en grande quantité, les groupes obtiennent des tarifs négociés, parfois jusqu’à 20 % inférieurs aux prix du marché. En 2024, plus de 200 initiatives de ce type ont été recensées en France, notamment dans les régions montagneuses ou rurales.

À Saint-Paul-en-Chablais, une initiative menée par la mairie a permis à 45 foyers de commander ensemble 120 tonnes de pellets. On a gagné en pouvoir d’achat, mais aussi en solidarité, raconte le maire, Damien Rocher. Certains habitants n’avaient jamais osé négocier seuls. Là, ils se sont sentis soutenus.

Comment optimiser sa consommation de pellets ?

Au-delà du prix d’achat, l’efficacité du chauffage dépend aussi de l’utilisation du poêle. Un appareil bien entretenu, un silo bien isolé et une régulation intelligente permettent de réduire la consommation de 15 à 25 %. Programmer le poêle pour qu’il fonctionne aux heures de pointe, nettoyer régulièrement le brûleur ou utiliser un thermostat connecté sont autant de gestes simples mais efficaces.

Enfin, combiner le chauffage au bois avec d’autres solutions – isolation performante, appoint solaire ou pompe à chaleur – permet de limiter la dépendance aux granulés. Le pellet n’est pas une solution unique, souligne Élise Rambert. C’est un excellent complément, mais il faut l’intégrer dans une stratégie globale de sobriété énergétique.

Conclusion

Face à une volatilité persistante des prix des pellets, l’anticipation s’impose comme la meilleure stratégie. Acheter tôt, comparer les offres, mutualiser les commandes et optimiser sa consommation : autant de leviers à disposition des ménages pour maîtriser leur budget chauffage. En 2024, le marché reste incertain, mais ceux qui agissent en amont se protègent des mauvaises surprises. Comme le dit Julien Vasseur : Se chauffer au bois, c’est aussi une question d’organisation. Celui qui attend le froid pour réagir, c’est déjà trop tard.

A retenir

Quel est le prix moyen des pellets en 2024 ?

Le prix moyen des granulés de bois s’élève à environ 366 euros la tonne en vrac et 396 euros en sacs. Ces tarifs, bien que légèrement inférieurs aux pics de 2022, restent élevés en raison des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et des coûts de production.

Pourquoi acheter ses pellets avant l’hiver ?

Anticiper son achat permet de bénéficier de prix plus stables, d’éviter les ruptures de stock et les retards de livraison, et de profiter de frais de transport réduits. C’est une stratégie efficace pour garantir un approvisionnement fiable tout au long de la saison froide.

Comment faire des économies sur l’achat de pellets ?

Plusieurs méthodes permettent de réduire la facture : acheter hors saison (printemps-été), comparer les fournisseurs, opter pour l’achat groupé, et négocier des services complémentaires. Une bonne organisation et une vigilance sur la qualité (norme ENplus) sont essentielles pour maximiser les économies.