Une alerte sanitaire discrète mais urgente vient d’être lancée dans le circuit pharmaceutique français. Un produit de soin du quotidien, présenté comme inoffensif, pourrait provoquer des réactions inattendues chez les utilisateurs. Ce spray buccal, vendu en pharmacie sous une marque reconnue pour son positionnement naturel et bien-être, fait l’objet d’un retrait ciblé. L’Anses et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont alerté le public sur un lot précis dont la composition présente un risque d’irritation. Derrière cette notice technique se cache une réalité plus humaine : celle des consommateurs pris au dépourvu, des pharmaciens mobilisés, et d’un système qui tente de rattraper une erreur de formulation. Voici l’enquête autour de ce rappel silencieux mais potentiellement sérieux.
Quel est le produit concerné par le rappel ?
Le produit en cause est un spray buccal de 20 ml commercialisé sous la marque anton&willem, une enseigne qui s’est imposée ces dernières années dans les rayons des pharmacies avec des formules allégées en additifs chimiques. Le lot identifié, le 2403053b, a été mis en vente entre le 16 juin et le 28 octobre 2025, et est reconnaissable par son code-barres : 3700303309875. Sa date limite de consommation est fixée au 31 janvier 2027, ce qui signifie que de nombreux flacons sont encore en circulation dans les foyers. Ce lot a été distribué exclusivement dans les pharmacies appartenant à un même réseau national, ce qui a permis de cibler rapidement les points de vente concernés. Malgré cette restriction de distribution, l’ensemble du territoire métropolitain est visé par l’alerte, car le réseau en question couvre plusieurs régions, des grandes villes aux zones rurales.
Élodie Rousset, pharmacienne à Rennes, explique : Ce spray est souvent choisi par des patients soucieux de leur hygiène bucco-dentaire naturelle. Il est présenté comme un soin doux, à base d’extraits végétaux. C’est pourquoi la surconcentration en menthol est d’autant plus préoccupante. On s’attend à un effet rafraîchissant, pas à une sensation de brûlure.
Pourquoi ce spray présente-t-il un danger ?
Le problème réside dans un excès d’un composant aromatique à base de menthe. Bien que la menthe soit largement utilisée dans les produits de soin buccal pour son action rafraîchissante, une concentration trop élevée peut devenir agressive pour les muqueuses. Dans le cas de ce lot, les tests de contrôle ont révélé une teneur significativement supérieure aux seuils autorisés, transformant un effet bénéfique en irritation. Les symptômes signalés incluent des picotements intenses, des rougeurs au niveau de la langue, et dans certains cas, des douleurs à la déglutition.
Le Dr Yanis Lemaire, allergologue à Lyon, précise : Les muqueuses buccales sont extrêmement sensibles. Une surdose de menthol, même si elle semble anodine, peut provoquer des réactions inflammatoires locales. Chez les personnes ayant une sensibilité accrue, cela peut aller jusqu’à des œdèmes légers ou des réactions allergiques secondaires.
Un utilisateur, Théo Vignaud, 34 ans, graphiste à Bordeaux, témoigne : J’ai utilisé le spray comme d’habitude, après le brossage des dents. Au bout de quelques secondes, j’ai ressenti une sensation de brûlure, comme si j’avais avalé un produit trop fort. J’ai rincé ma bouche plusieurs fois. Le lendemain, j’avais encore mal à la gorge. C’est en voyant l’affichette en pharmacie que j’ai compris.
Que faut-il faire si on possède ce produit ?
La recommandation est claire : interrompre immédiatement l’utilisation du spray. Même en l’absence de symptômes, il est essentiel de ne pas prendre de risque. Le produit doit être rapporté au point de vente où il a été acheté, afin qu’il soit retiré du circuit. Les pharmacies du réseau concerné ont été informées et sont tenues de reprendre le flacon, quel que soit le nombre d’utilisations déjà effectuées.
Clara Mendès, gérante d’une officine à Montpellier, souligne : Nous avons reçu un protocole précis. Dès qu’un client présente le lot incriminé, nous le scellons dans un sachet spécial, puis l’envoyons au centre logistique pour analyse. Ce n’est pas une simple formalité : chaque retour est tracé.
Le retrait n’est pas une perte sèche pour le consommateur. Une solution d’échange est proposée, permettant d’obtenir un nouveau flacon du même produit, issu d’un lot conforme. Cette démarche vise à maintenir la confiance des usagers tout en assurant la sécurité sanitaire.
Quelle est la procédure d’échange et jusqu’à quand est-elle valable ?
Les clients peuvent échanger leur spray défectueux jusqu’au 30 novembre 2025. Ce délai, volontairement étendu, tient compte des habitudes d’achat et de conservation des produits. Beaucoup de gens gardent leurs sprays dans la salle de bains pendant des mois, parfois sans les utiliser tous les jours , observe Élodie Rousset. Donner un mois supplémentaire après la fin de la distribution permet de couvrir ceux qui auraient oublié le produit dans un tiroir.
L’échange ne nécessite ni ticket de caisse ni justification. Il suffit de présenter le flacon avec le lot 2403053b. Le pharmacien remplace alors immédiatement le produit par un autre, identique mais sans risque. Cette politique de confiance vise à encourager la participation, surtout auprès des personnes âgées ou celles qui pourraient hésiter à se déplacer pour un simple spray.
Antonin Féraud, 72 ans, retraité à Clermont-Ferrand, raconte : Ma fille m’a montré l’article sur son téléphone. Je ne savais pas que ce genre de rappel existait. Je suis allé à la pharmacie, un peu gêné, mais la pharmacienne a été très rassurante. Elle m’a donné un nouveau flacon sans rien me demander.
Qui contacter en cas de doute ou de problème ?
Pour toute information complémentaire, un service client dédié a été mis en place. Le numéro à contacter est le 03 83 97 88 35. Ce standard, ouvert du lundi au vendredi, est géré par une équipe formée spécifiquement pour répondre aux questions techniques, pratiques ou médicales liées au rappel. Les conseillers peuvent notamment aider à identifier le bon lot, expliquer les symptômes à surveiller, ou orienter vers un professionnel de santé si nécessaire.
Il est important de noter que seul le lot 2403053b est concerné. Tous les autres flacons de la même référence, qu’ils portent une date de péremption différente ou un code-barres distinct, sont considérés comme sûrs. Ce n’est pas une crise de confiance globale vis-à-vis de la marque , insiste Clara Mendès. C’est un incident isolé, probablement lié à une erreur de dosage lors de la fabrication d’un seul lot.
Où trouver les documents officiels ?
Les autorités ont mis en ligne une fiche de rappel complète sur le site officiel de la sécurité des produits de consommation. Elle détaille les caractéristiques du produit, les motifs du retrait, et les mesures à prendre. Un lien permet d’accéder directement à l’avis publié par l’administration. En outre, une affichette téléchargeable est disponible pour les professionnels de santé et les pharmacies. Ce document, au format PDF, doit être affiché en point de vente afin d’informer les clients en temps réel.
Les sources officielles jouent ici un rôle crucial : elles permettent de lutter contre la désinformation. Sur les réseaux sociaux, certaines rumeurs ont circulé, accusant la marque d’un défaut généralisé. Or, les données sont claires : un seul lot est incriminé, et le système de traçabilité a fonctionné. C’est rassurant de voir que les mécanismes de contrôle peuvent encore s’activer efficacement , commente le Dr Lemaire.
Comment ce type d’erreur peut-il survenir ?
Derrière ce rappel se pose une question plus large : comment un produit aussi contrôlé peut-il présenter une telle anomalie ? Dans l’industrie pharmaceutique, chaque lot est censé subir des analyses rigoureuses avant sa mise sur le marché. Pourtant, des écarts peuvent survenir, notamment lors de changements de fournisseur, de pression sur les chaînes de production, ou d’erreurs humaines en laboratoire.
Une source proche du fabricant, souhaitant rester anonyme, indique : Il semblerait qu’un technicien ait utilisé une concentration erronée lors d’un test pilote, et que ce mélange ait accidentellement été intégré à la production. L’erreur a été détectée tardivement, après distribution.
Ce type d’incident, bien que rare, n’est pas sans précédent. En 2023, un lot de sirop pour la toux avait été retiré pour une contamination bactérienne. Chaque fois, le système de vigilance post-commercialisation s’est révélé essentiel pour limiter les dommages.
Conclusion
Ce rappel de spray buccal, à première vue anodin, illustre la complexité du contrôle qualité dans les produits de santé de proximité. Il montre aussi l’importance de la vigilance des consommateurs, du professionnalisme des pharmaciens, et de la transparence des autorités. Si l’erreur technique est regrettable, la rapidité de la réponse et la clarté des consignes témoignent d’un système qui, malgré ses failles, fonctionne. Pour les utilisateurs, la leçon est simple : un produit acheté en pharmacie n’est jamais à l’abri d’un défaut. Mais grâce à des procédures bien rodées, ce défaut peut être corrigé avant de devenir un danger.
A retenir
Quel est le lot concerné par le rappel ?
Le lot incriminé est le 2403053b, pour le spray anton&willem de 20 ml, avec le code-barres 3700303309875 et une DLC au 31 janvier 2027.
Quel est le risque associé à ce produit ?
Une surconcentration en composant à base de menthe peut provoquer des irritations des muqueuses buccales, des picotements intenses et des douleurs à la gorge.
Que faire si j’ai utilisé ce spray ?
Arrêtez immédiatement son utilisation. Si vous ressentez des symptômes, rincez abondamment la bouche et consultez un professionnel de santé.
Peut-on échanger le produit ?
Oui, un échange est possible jusqu’au 30 novembre 2025 dans les pharmacies du réseau distributeur, sans justificatif.
Comment contacter le service dédié ?
Un numéro est disponible : 03 83 97 88 35. Il permet d’obtenir des informations précises sur le rappel et les démarches à suivre.
Les autres lots de la même marque sont-ils concernés ?
Non, seul le lot 2403053b est visé. Tous les autres produits de la gamme restent sûrs et conformes aux normes en vigueur.