À l’heure où les préoccupations écologiques s’invitent dans chaque recoin du quotidien, une tendance discrète mais puissante gagne du terrain : le retour aux gestes simples, efficaces et respectueux de l’environnement. L’automne, avec ses journées plus courtes et ses intérieurs plus confinés, est un moment clé pour repenser nos routines ménagères. C’est précisément dans ce contexte que ressurgit une pratique oubliée : l’utilisation de l’eau de cuisson du riz comme alliée du nettoyage. Ce liquide laiteux, souvent jeté sans un regard, cache en réalité une puissance insoupçonnée. Des milliers de foyers en Asie l’utilisent depuis des siècles, et aujourd’hui, des Français comme Léa Chambon, enseignante à Lyon, décident de s’en emparer. Je l’ai vu faire par ma grand-mère vietnamienne, raconte-t-elle. Elle lavait ses vitres avec cette eau, et tout brillait sans odeur chimique. J’ai mis des années à y croire, mais maintenant, je ne cuisine plus jamais de riz sans penser à ce que je vais pouvoir nettoyer après.
Pourquoi l’eau de cuisson du riz est-elle devenue une star du ménage naturel ?
Le succès de cette pratique repose sur un principe simple : l’efficacité n’a pas besoin d’être complexe. L’eau de cuisson du riz, particulièrement lorsqu’il s’agit de riz blanc non parfumé, libère une grande quantité d’amidon lors de la cuisson. Cet amidon, une molécule naturelle présente dans les céréales, se transforme en agent nettoyant doux mais redoutablement efficace. Il agit comme un dégraissant naturel, capable d’absorber les salissures grasses tout en laissant une fine pellicule protectrice sur les surfaces. Contrairement aux produits industriels, il ne dégage aucune vapeur toxique, ne dessèche pas les mains et ne pollue pas l’air intérieur — un atout majeur lorsque les fenêtres restent fermées des jours durant.
C’est ce que constate Julien Ferrand, père de deux enfants et adepte du zéro déchet à Bordeaux. On a des enfants, donc on fait attention à tout ce qu’on utilise à la maison. Depuis qu’on utilise l’eau de riz pour nettoyer la cuisine, on a arrêté les sprays pour plans de travail. Plus de produits, moins de déchets, et franchement, ça marche mieux. Ce retour à des solutions ancestrales s’inscrit dans une prise de conscience collective : chaque geste compte, même le plus anodin.
Comment récupérer et utiliser cette eau sans effort ?
Le grand avantage de cette astuce, c’est sa simplicité. Elle ne demande aucun investissement, aucun matériel spécifique, et s’intègre naturellement à une routine déjà existante. Il suffit de faire cuire du riz comme d’habitude, puis, au moment de l’égoutter, de conserver l’eau dans un récipient propre. L’idéal est de l’utiliser tiède, car l’amidon reste en suspension et agit plus efficacement. Une fois froide, elle peut coaguler légèrement, mais reste utilisable.
Pour les vitres et miroirs, un chiffon en microfibre imbibé d’eau de riz suffit. Un passage circulaire, puis un essuyage sec avec un autre chiffon permet d’obtenir un résultat sans trace ni buée. Au début, j’étais sceptique, avoue Camille Renard, architecte d’intérieur à Strasbourg. Mais j’ai testé sur une fenêtre de la cuisine, et le résultat était bluffant. La vitre était plus claire, plus nette, comme si elle avait été traitée avec un produit professionnel. Et surtout, pas d’odeur.
Quelles surfaces peut-on nettoyer avec l’eau de riz ?
Les applications sont multiples. En plus des vitres, cette eau est particulièrement efficace sur les plans de travail en inox ou en stratifié, où elle élimine les traces de gras sans rayer la surface. Elle agit également sur les carreaux de faïence, les robinets et les miroirs de salle de bain. Pour les sols, un mélange d’eau de riz et d’eau claire dans un seau permet un lavage en profondeur tout en laissant un léger brillant naturel. Même les casseroles brûlées peuvent en bénéficier : un trempage d’une demi-heure dans l’eau de riz ramollit les résidus calcinés, rendant le nettoyage presque instantané.
J’ai une vieille casserole en cuivre que je n’arrivais plus à nettoyer, témoigne Thomas Lefèvre, restaurateur à Nantes. J’ai versé de l’eau de riz dessus, laissé agir dix minutes, frotté avec une éponge douce… et elle a retrouvé son éclat. Je n’en revenais pas.
Quels sont les bienfaits pour la santé et l’environnement ?
Le nettoyage avec des produits chimiques libère souvent des composés organiques volatils (COV) dans l’air intérieur, responsables de maux de tête, d’irritations oculaires ou de troubles respiratoires, surtout chez les enfants et les personnes sensibles. En éliminant ces substances, l’eau de riz contribue à un air plus sain. Elle est également biodégradable, ce qui signifie qu’elle ne pollue ni les eaux usées ni les sols.
On a fait le choix de supprimer progressivement tous les produits ménagers chimiques, explique Élise Dubreuil, biologiste et mère de famille à Grenoble. On utilise maintenant du vinaigre, du bicarbonate, et depuis peu, l’eau de riz. C’est un geste simple, mais il fait partie d’une démarche globale pour vivre dans un intérieur plus sain. Et puis, c’est gratifiant de voir que quelque chose qu’on allait jeter peut devenir utile.
Comment intégrer cette pratique dans une routine familiale ?
L’un des aspects les plus intéressants de cette méthode, c’est sa dimension éducative. En impliquant les enfants dans la récupération de l’eau de riz, on leur transmet une culture du réemploi et du respect des ressources. Mes filles adorent, sourit Léa Chambon. Elles savent que, après le repas, on va récupérer l’eau pour nettoyer les vitres. Elles se sentent responsables, utiles. C’est un petit rituel qui a du sens.
Est-ce que toutes les cuissons de riz conviennent ?
Pour tirer le meilleur parti de cette astuce, il est préférable d’utiliser du riz blanc non parfumé, cuit à l’eau sans ajout de sel, d’huile ou d’épices. Le riz complet ou basmati peut aussi fonctionner, mais libère un peu moins d’amidon. Le riz sauté ou cuit en pilaf, en revanche, ne convient pas, car l’absence d’eau en excès empêche la libération de l’amidon nécessaire.
J’ai fait l’erreur de vouloir utiliser l’eau d’un riz thaï cuit à la vapeur, raconte Julien Ferrand. Il n’y en avait presque pas. Depuis, je fais attention : je cuisine un peu plus d’eau que d’habitude quand je sais que je vais m’en servir après.
Peut-on conserver l’eau de riz ?
Oui, mais avec précaution. L’eau de cuisson du riz peut se conserver au réfrigérateur pendant 24 à 48 heures maximum. Passé ce délai, elle commence à fermenter et peut dégager une odeur désagréable. Certains la congèlent en petites portions pour l’utiliser plus tard, bien que son efficacité soit légèrement réduite après décongélation. L’idéal reste de l’utiliser immédiatement après cuisson.
Quelles erreurs éviter ?
La principale erreur est d’attendre que l’eau refroidisse complètement avant de l’utiliser, car l’amidon se dépose au fond et perd de son efficacité. Une autre erreur consiste à l’utiliser sur des surfaces poreuses comme le bois brut ou la pierre naturelle, où elle pourrait laisser des résidus ou favoriser le développement de moisissures. Elle convient parfaitement aux surfaces lisses, vernies ou vitrifiées.
Comment cette pratique s’inscrit-elle dans une démarche écologique plus large ?
Le recours à l’eau de riz s’inscrit dans une logique de réduction des déchets et de valorisation des ressources. Chaque année, des milliards de litres d’eau de cuisson sont jetés, alors qu’ils pourraient servir à autre chose. En changeant ce simple geste, on diminue sa consommation de produits chimiques, on réduit les emballages plastiques et on allège son empreinte carbone. C’est un exemple concret de l’adage : Petits gestes, grands effets.
A retenir
Quels sont les principaux avantages de l’eau de cuisson du riz pour le nettoyage ?
L’eau de cuisson du riz est naturelle, économique, biodégradable et efficace. Elle permet de dégraisser, faire briller et protéger les surfaces sans produits chimiques. Elle est particulièrement adaptée aux vitres, plans de travail, sols et ustensiles de cuisine. Elle améliore la qualité de l’air intérieur et peut être intégrée facilement dans une routine familiale.
Peut-on l’utiliser tous les jours ?
Oui, à condition de cuisiner régulièrement du riz. Pour ceux qui ne mangent pas de riz fréquemment, il est possible de cuisiner une petite quantité exprès, ou de combiner cette méthode avec d’autres solutions naturelles comme le vinaigre blanc ou le bicarbonate de soude.
Faut-il la diluer avant utilisation ?
Non, pas nécessairement. L’eau de cuisson peut être utilisée telle quelle pour les surfaces délicates comme les vitres. Pour les sols ou les grandes surfaces, un mélange avec de l’eau claire (une part d’eau de riz pour deux parts d’eau) est recommandé pour éviter tout résidu.
Est-ce que cela fonctionne sur toutes les taches ?
L’eau de riz est particulièrement efficace contre les salissures grasses et les traces de doigts. Elle est moins adaptée aux taches organiques (sang, vin, etc.) ou aux moisissures, pour lesquelles d’autres solutions naturelles sont préférables.
Peut-on l’utiliser pour nettoyer les vêtements ?
Non, ce n’est pas recommandé. L’amidon pourrait laisser des résidus sur les tissus et attirer la saleté. En revanche, dans certaines traditions, cette eau est utilisée pour rincer les cheveux, afin de les fortifier et les faire briller.
Entre science, tradition et écologie, l’eau de cuisson du riz s’impose comme une solution simple, accessible et puissante. Elle ne demande ni compétence particulière ni investissement, mais change réellement la donne dans l’entretien d’un intérieur sain. Comme le dit si bien Léa Chambon : On croit que révolutionner sa maison, c’est acheter de nouveaux produits, de nouveaux outils. Parfois, c’est juste une question de regard. Et d’eau de riz.