Revente en copropriété : ces biens qui pourraient rester invendus en 2025

À l’automne 2025, le marché immobilier français traverse une phase de profonde transformation. Ce qui était hier perçu comme une valeur sûre – la revente d’un appartement en copropriété – se révèle aujourd’hui un exercice délicat, voire risqué, pour certains vendeurs. Les acheteurs, plus informés, plus prudents, scrutent désormais chaque détail : des charges aux procès-verbaux d’assemblée générale, en passant par les plans de rénovation énergétique. Les biens se vendent désormais non pas seulement pour leur emplacement ou leur surface, mais pour la sérénité qu’ils promettent. Et cette sérénité, elle se joue dans les sous-sols, les couloirs, les compteurs et les réunions de copropriété. À travers témoignages et analyses, plongée dans un marché qui ne se contente plus de vendre des mètres carrés, mais des garanties de stabilité.

La revente en copropriété face à de nouveaux défis en 2025

Il fut un temps où acheter un appartement en copropriété équivalait à un placement tranquille. Aujourd’hui, cette certitude vacille. En 2025, les acquéreurs ne se laissent plus séduire par une belle vue ou un parquet ancien. Ils exigent des comptes. Et ces comptes, souvent, ne sont pas à la hauteur. La mutation du marché est brutale : les tensions financières, les obligations réglementaires et les conflits de voisinage ont transformé la copropriété en terrain miné. Ce n’est plus seulement l’état du bien qui compte, mais celui de l’immeuble dans son ensemble. Et sur ce front-là, beaucoup de copropriétés accusent un retard difficile à rattraper.

La copropriété, autrefois valeur sûre, désormais sous tension

Élodie Reynaud, 38 ans, conseillère en patrimoine à Lyon, observe un changement radical dans le comportement des acheteurs. “Avant, on me demandait : ‘Est-ce que l’appartement est lumineux ? Y a-t-il un ascenseur ?’ Aujourd’hui, la première question est : ‘Quelles sont les charges ? Y a-t-il des travaux votés ?’” Ce basculement témoigne d’une prise de conscience collective. Les Français savent que vivre en copropriété, c’est aussi assumer une part de responsabilité collective. Et cette responsabilité peut vite devenir coûteuse.

Les jeunes primo-accédants, pressés par les taux d’intérêt et le coût de l’accession, n’ont plus le luxe de l’imprudence. Les investisseurs, quant à eux, calculent désormais le coût total de détention sur dix ans, pas seulement le prix d’achat. Résultat : un appartement peut être parfaitement situé, refait à neuf, et rester invendu pendant des mois. La raison ? Un plan pluriannuel de travaux mal maîtrisé, ou un taux d’impayés trop élevé. La copropriété n’est plus un simple cadre de vie : c’est un projet financier collectif, et les acheteurs veulent en connaître chaque détail.

Charges en hausse : le piège qui refroidit les acheteurs

Les charges de copropriété, autrefois considérées comme un mal nécessaire, sont devenues en 2025 un critère décisif dans le choix d’un bien. Ce qui était hier une dépense marginale – quelques centaines d’euros par mois – peut désormais représenter un gouffre financier, surtout dans les immeubles anciens ou mal entretenus.

Comment les charges de copropriété deviennent un obstacle insurmontable

À Bordeaux, Thomas Lemaire, 42 ans, a mis son trois-pièces en vente au printemps. Malgré un prix compétitif et une rénovation complète, aucune offre sérieuse n’est arrivée. “J’ai fini par comprendre : mes charges sont passées de 180 à 320 euros par mois en deux ans. Un agent m’a dit crûment : ‘Personne ne veut d’un appartement qui coûte plus cher à entretenir qu’à financer.’”

Ce phénomène n’est pas isolé. Les coûts d’entretien explosent : isolation thermique, ascenseurs modernisés, gardiennage renforcé, assurances en hausse… Chaque poste pèse sur le budget. Et les acheteurs, conscients que ces frais ne feront qu’augmenter, fuient les immeubles où la gestion semble opaque ou désorganisée. Une augmentation brutale des charges sur deux ans est désormais perçue comme un signal d’alerte : si l’immeuble n’est pas maîtrisé financièrement aujourd’hui, que sera-t-il demain ?

Des charges qui dévaluent la rentabilité et effraient les investisseurs

Pour les investisseurs, la donne est encore plus claire. Un bien locatif doit générer un rendement net. Or, avec des charges qui grèvent jusqu’à 30 % du loyer, le calcul devient vite déficitaire. “J’ai refusé trois biens cette année parce que les appels de fonds prévus allaient absorber deux ans de revenus locatifs”, confie Camille Vasseur, investisseur indépendant à Nantes. “Même avec un bon emplacement, ce n’est plus viable.”

Le risque d’impayés dans la copropriété aggrave encore la situation. Un taux supérieur à 10 % est souvent un frein à l’octroi d’un prêt. Les banques hésitent, les acquéreurs reculent. Et le bien reste en suspens, parfois pendant des mois, voire des années. La copropriété devient alors un fardeau, non un atout.

Travaux votés : une épée de Damoclès sur la revente

Le plan pluriannuel de travaux (PPT ou PPPT) est devenu l’un des documents les plus scrutés par les acheteurs. Ce carnet de santé de l’immeuble, obligatoire pour les copropriétés de plus de 15 ans, liste les travaux prévus sur les cinq à dix prochaines années. Et dans beaucoup de cas, la lecture est effrayante.

Quelles conséquences concrètes pour les vendeurs et acquéreurs ?

À Marseille, Sophie Tran, 54 ans, a dû baisser son prix de 15 % pour vendre son appartement après que la copropriété a voté un ravalement de façade et une rénovation énergétique. “Les acheteurs potentiels ont vu les appels de fonds prévus : 28 000 euros sur trois ans. Même en les échelonnant, c’est énorme. J’ai dû négocier, sinon, je restais sur le carreau.”

Ce scénario est de plus en plus fréquent. Les travaux, souvent imposés par la loi (comme la rénovation énergétique), sont incontournables. Mais leur financement repose sur les propriétaires. Et les acquéreurs, conscients qu’ils devront payer, même s’ils n’ont pas participé au vote, hésitent. Le vendeur, lui, subit une décote. Le marché pénalise les copropriétés en retard, même si les travaux sont nécessaires.

Les travaux énergétiques et les obligations du plan de rénovation

Le coup de massue vient du DPE. En 2025, les logements classés G sont interdits à la location. En 2028, ce sera le tour des F. Pour les propriétaires, cela signifie qu’un bien non rénové perd toute valeur locative. Et donc, toute attractivité. “Je ne peux plus vendre un appartement sans un plan de rénovation crédible”, explique Antoine Dubreuil, notaire à Toulouse. “Les acquéreurs demandent des devis, des échéanciers, des garanties. Sinon, ils passent leur chemin.”

Le paradoxe ? Les travaux sont obligatoires, mais leur coût effraie. Et tant que l’État ne propose pas de solutions de financement accessibles, les copropriétés restent coincées entre l’obligation de rénover et l’impossibilité de payer. Résultat : des biens invendables, des immeubles qui se dégradent, et des propriétaires pris au piège.

Climat conflictuel et litiges : quand l’ambiance de l’immeuble pèse sur la vente

On ne vit pas seulement dans un appartement. On vit aussi dans un immeuble. Et parfois, ce sont les voisins qui font fuir les acheteurs. Les conflits, visibles dans les procès-verbaux d’assemblée générale, deviennent des éléments clés de la décision d’achat.

Les conséquences inattendues des tensions entre copropriétaires

À Strasbourg, un bien a traîné pendant dix-huit mois avant de trouver preneur. Pourquoi ? L’assemblée générale de l’année précédente avait été houleuse : querelles sur le choix du syndic, accusations d’abus de biens sociaux, plainte déposée. “Les acquéreurs lisaient les PV et me disaient : ‘On sent que c’est la guerre ici. On ne veut pas de ça’”, raconte Hélène Rostand, ancienne vendeuse.

La loi impose la transparence : tous les documents doivent être communiqués. Et cette transparence, parfois, fait mal. Un litige ouvert, une procédure en cours, un syndic attaqué en justice – autant de signes qui sèment le doute. Acheter, c’est aussi acheter la paix. Et si l’immeuble est en conflit, cette paix n’existe pas.

Syndics défaillants et impayés : des signaux d’alerte pour les acheteurs

Un syndic absent, inefficace ou contesté est un autre signal rouge. “Quand je vois qu’une copropriété n’a pas de syndic depuis six mois, je m’inquiète”, confie Julien Ferrand, acheteur à Lille. “Cela veut dire que personne ne gère, que les travaux s’accumulent, que les impayés augmentent. C’est un cercle vicieux.”

Les impayés, en particulier, sont un indicateur fiable de la santé de l’immeuble. Au-delà de 15 %, la copropriété est en danger. Les fonds de travaux s’assèchent, les prestataires se font rares, les réparations urgentes sont repoussées. Et le bien, même bien entretenu par son propriétaire, perd de la valeur par contagion.

Vers un marché sélectif : comment valoriser un bien malgré les obstacles

Le marché ne s’est pas effondré. Il s’est simplement durci. Et dans ce nouveau contexte, certains vendeurs parviennent à se démarquer. Ceux qui anticipent, rassurent, et offrent une vision claire de l’avenir de l’immeuble.

Les réflexes à avoir pour anticiper et rassurer les acquéreurs

Avant de mettre en vente, il faut préparer le terrain. Faire un DPE à jour, lister les travaux réalisés, rassembler les PV d’AG, les relevés de charges, le carnet d’entretien. Et surtout : expliquer. “J’ai vendu mon appartement en trois semaines parce que j’avais tout préparé : un dossier complet, avec un calendrier des travaux et un tableau des coûts prévisionnels”, raconte Claire Ménard, à Rennes. “Les acheteurs ont vu que tout était clair. Ils ont fait une offre sans négocier.”

La transparence, ici, n’est pas une contrainte : c’est un atout. Elle rassure. Elle transforme un risque potentiel en opportunité de confiance. Et dans un marché incertain, la confiance vaut de l’or.

Zoom sur les critères qui feront la différence lors de la revente

En 2025, les biens qui se vendent rapidement ont un profil commun : copropriété saine, charges maîtrisées, travaux anticipés, DPE performant, et surtout, climat apaisé. Ce n’est plus seulement l’appartement qui se vend, mais l’ensemble du projet collectif.

La clé ? Valoriser les points forts, anticiper les objections, et quantifier les impacts. Un bon syndic, une assemblée générale bien organisée, un fonds de travaux bien alimenté – autant d’éléments qui, silencieusement, font la différence. Et qui, demain, pourraient devenir les nouveaux critères de valeur de l’immobilier en copropriété.

A retenir

Pourquoi les charges de copropriété freinent-elles les acheteurs en 2025 ?

Les charges de copropriété, en forte hausse ces dernières années, sont devenues un critère décisif dans le choix d’un bien. Les acquéreurs craignent une dégradation de la rentabilité, notamment pour les investisseurs, et redoutent des appels de fonds futurs. Une augmentation marquée des charges sur deux ans est perçue comme un signe de mauvaise gestion, voire de fragilité financière de l’immeuble.

Quel impact les travaux votés ont-ils sur la revente ?

Les travaux votés, notamment dans le cadre du plan pluriannuel, pèsent lourd sur la revente. Ils peuvent entraîner une décote du prix de vente, car les acheteurs anticipent des dépenses importantes à court terme. Sans un plan clair et crédible, le bien devient difficile à vendre, surtout s’il s’agit de rénovation énergétique ou de travaux d’urgence.

Comment le climat de la copropriété influence-t-il la transaction ?

Les tensions entre copropriétaires, les litiges en cours ou les assemblées générales houleuses sont des freins majeurs. Les acheteurs cherchent la stabilité et la sérénité. Un climat conflictuel, documenté dans les procès-verbaux, crée un sentiment d’insécurité et dissuade les acquéreurs, même si l’appartement est bien situé ou bien rénové.

Quels sont les éléments clés pour vendre un bien en copropriété en 2025 ?

Pour réussir une revente, il faut anticiper : fournir un dossier complet (DPE, PV d’AG, charges, travaux), garantir la transparence financière, et démontrer la stabilité de la copropriété. Les biens les plus attractifs sont ceux où les charges sont maîtrisées, les travaux planifiés, et le climat social apaisé. La confiance, plus que le charme du bien, devient le moteur de la transaction.