Vous n’aurez pas d’amende en chauffant à plus de 19°C, mais voici pourquoi c’est quand même conseillé

En pleine saison hivernale, alors que les températures extérieures chutent et que les radiateurs se rallument, une question revient inlassablement dans les foyers français : quelle température idéale adopter chez soi ? Derrière cette interrogation banale se cache une règle d’or souvent citée, parfois mal comprise : celle des 19 degrés. Mais d’où vient cette référence ? Est-elle imposée par la loi ? Et surtout, pourquoi autant de ménages s’y réfèrent-ils comme à une norme sacrée ? Entre économies d’énergie, confort thermique et enjeux écologiques, plongeons dans les raisons profondes de cette recommandation, enrichie par des témoignages concrets de ceux qui l’ont adoptée – ou contestée.

Pourquoi cette limite de 19 degrés est-elle tant citée ?

Le chiffre de 19 degrés Celsius n’est pas sorti du chapeau : il s’inscrit dans un cadre réglementaire et scientifique précis. Cette température est retenue comme le seuil optimal par l’ADEME, l’Agence de la transition écologique, pour concilier confort et maîtrise de la consommation énergétique. Elle figure notamment dans les réglementations thermiques applicables aux bâtiments neufs, mais aussi dans les recommandations pour les logements existants.

En pratique, cette référence guide les gestionnaires d’immeubles collectifs. Dans les résidences équipées de chauffage centralisé, il est attendu que la température moyenne des logements ne dépasse pas ce seuil. L’objectif ? Éviter les surchauffes inutiles, qui entraînent des gaspillages à grande échelle. Cette norme, bien qu’elle ne s’applique pas directement aux particuliers en maison individuelle, influence fortement les comportements. Elle devient un repère, presque une culture du chauffage raisonnable.

Clément Moreau, ingénieur en éco-construction à Lyon, explique : Dans les copropriétés que nous auditons, on voit souvent des appartements chauffés à 22 ou 23 degrés, parfois même la nuit. Ce n’est pas seulement une question de facture, c’est un dysfonctionnement du système global. Un logement à 19 degrés, bien isolé, est plus sain, plus économe, et tout aussi confortable.

Est-il illégal de chauffer à plus de 19 degrés ?

Non, il n’existe aucune loi pénalisant les particuliers qui dépassent les 19 degrés chez eux. Aucun agent de l’État ne viendra sonner à votre porte pour mesurer la température de votre salon. Pourtant, cette idée persiste, alimentée par des rumeurs ou des interprétations erronées des textes. Ce n’est pas une interdiction, mais une recommandation fortement encadrée par des enjeux économiques et environnementaux.

Le vrai frein à l’excès de chauffage, c’est le porte-monnaie. Chaque degré supplémentaire augmente la consommation énergétique de 6 à 7 % , rappelle l’ADEME. Sur une facture annuelle de 2 000 euros, cela représente jusqu’à 140 euros de plus par an. Une somme loin d’être négligeable, surtout en période de crise énergétique.

Élodie Bresson, enseignante à Grenoble, témoigne : J’ai longtemps chauffé à 21 degrés, pensant que c’était normal. Puis j’ai installé un thermostat intelligent et j’ai vu la différence. Depuis que je suis passée à 19 degrés en journée et 17 la nuit, ma facture a baissé de près de 15 %, sans que je ressente le moindre inconfort.

Quel impact sur l’environnement ?

Au-delà des économies, le choix de la température intérieure a un impact direct sur l’empreinte carbone du logement. En France, le chauffage représente près de 25 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur résidentiel. La majorité de cette énergie provient encore du gaz naturel ou du fioul, des énergies fossiles.

Chauffer à 19 degrés plutôt qu’à 22 permet de réduire significativement ces émissions. À l’échelle nationale, une baisse d’un seul degré dans tous les foyers pourrait équivaloir à l’économie de plusieurs centrales électriques. C’est ce qu’explique Camille Leblanc, chargée de mission climat dans une collectivité du Nord : On parle souvent de grands gestes écologiques, mais parfois, le plus efficace, c’est de baisser le thermostat de deux degrés et de bien fermer les volets.

Le geste peut sembler anodin, mais multiplié par des millions de foyers, il devient un levier puissant de transition énergétique.

Pourquoi toutes les pièces ne doivent-elles pas être à la même température ?

Une des erreurs les plus courantes ? Chauffer l’ensemble du logement de manière uniforme. Or, les besoins varient selon les pièces et les moments de la journée. Adapter la température à l’usage de chaque espace est une stratégie simple, mais très efficace.

Quelle température idéale pour chaque pièce ?

Le salon, lieu de vie principal, peut rester à 19 ou 20 degrés. À cette température, un pull léger ou une couverture suffisent pour se sentir bien. Les chambres, en revanche, bénéficient d’un refroidissement modéré. Entre 16 et 18 degrés, l’air est plus propice à un sommeil profond et réparateur. Depuis que j’ai baissé le chauffage dans ma chambre, je dors mieux , confie Julien Fournier, développeur web à Bordeaux. Avant, je me réveillais souvent en sueur. Maintenant, c’est plus naturel.

La salle de bain est l’exception. Une montée temporaire à 21 degrés peut être justifiée pendant les moments d’utilisation, surtout le matin ou le soir. Mais il est inutile de maintenir ce niveau toute la journée. Un radiateur programmable ou un système d’appoint suffit pour ces pics ponctuels.

Comment rester au chaud sans surchauffer ?

Le confort thermique ne dépend pas uniquement du thermostat. Il est aussi fonction de l’isolation, de l’humidité de l’air, et des habitudes de vie. Plusieurs gestes simples permettent de se sentir bien même à température modérée.

Quelles solutions concrètes pour optimiser le chauffage ?

Isoler, c’est le premier levier. Calfeutrer les fenêtres, poser des rideaux épais, fermer les volets la nuit : autant de mesures qui limitent les déperditions de chaleur. J’ai installé des boudins sous les portes et des films anti-froid sur les fenêtres , raconte Manon Dubreuil, retraitée à Dijon. C’est peu coûteux, et j’ai gagné au moins deux degrés de confort.

Les thermostats programmables sont également des alliés précieux. Ils permettent de baisser automatiquement la température la nuit ou en journée, quand personne n’est à la maison. Quant à la circulation de l’air, elle est souvent négligée. Un ventilateur de plafond en rotation inverse ou un déstratificateur d’air permet de redistribuer la chaleur stagnante sous le plafond, évitant les zones froides au sol.

Le confort, c’est aussi dans l’air que l’on respire

Un intérieur trop chaud n’est pas seulement coûteux, il peut nuire à la santé. L’air surchauffé devient sec, ce qui irrite les muqueuses, assèche la peau, et favorise les infections respiratoires. En hiver, les écarts importants entre l’intérieur (22-23°C) et l’extérieur (-2°C) fragilisent l’organisme.

Un logement maintenu à 19 degrés offre un air plus équilibré, moins agressif. Mes enfants ont moins de rhumes depuis qu’on a stabilisé la température , observe Léa Rocher, infirmière à Nantes. Avant, on chauffait fort, mais ils toussaient tout le temps. Maintenant, on porte des pulls, mais on respire mieux.

En outre, un intérieur modérément chauffé habitue progressivement le corps aux variations thermiques, renforçant sa résilience. C’est une forme de confort durable, plus sain sur le long terme.

La règle des 19 degrés : une recommandation, pas une contrainte

Il n’y a pas de gendarme du chauffage. Personne ne sanctionne les foyers qui dépassent les 19 degrés. Pourtant, cette référence reste pertinente. Elle incarne un équilibre : celui d’un confort accessible, économe, et respectueux de la planète.

Le vrai défi n’est pas d’obéir à une norme, mais de repenser notre rapport à la chaleur. On a tendance à croire que plus c’est chaud, mieux c’est , analyse Clément Moreau. Mais le confort, ce n’est pas la température absolue, c’est l’équilibre entre l’air, l’humidité, l’isolation et nos propres habitudes.

En adoptant une approche plus fine du chauffage – par pièce, par moment, par besoin –, chaque foyer peut trouver son juste milieu. Et réaliser des économies substantielles, sans renoncer au bien-être.

A retenir

La règle des 19 degrés est-elle obligatoire ?

Non, elle n’est pas une obligation légale pour les particuliers. Il s’agit d’une recommandation établie par l’ADEME et intégrée dans les réglementations thermiques, notamment pour les bâtiments collectifs. Elle vise à optimiser la consommation d’énergie sans sacrifier le confort.

Combien d’argent peut-on économiser en respectant cette température ?

Chaque degré supplémentaire augmente la consommation d’environ 7 %. En passant de 21 à 19 degrés, un ménage peut réaliser une économie de 14 % sur sa facture de chauffage. Sur une dépense annuelle de 2 000 euros, cela représente près de 280 euros d’économie.

Est-il sain de vivre à 19 degrés ?

Oui, cette température est considérée comme idéale pour la santé. Elle permet de maintenir un air suffisamment humide pour ne pas irriter les voies respiratoires, tout en évitant les écarts thermiques trop brutaux entre l’intérieur et l’extérieur, qui fragilisent l’organisme.

Faut-il chauffer toutes les pièces de la maison de la même manière ?

Non. Les besoins varient selon les pièces. Le salon peut être maintenu à 19-20 degrés, les chambres à 16-18 degrés pour favoriser le sommeil, et la salle de bain à 21 degrés uniquement lors de son utilisation. Adapter la température selon les espaces optimise à la fois le confort et la consommation.

Quels gestes simples permettent de rester au chaud sans surchauffer ?

Plusieurs solutions sont efficaces : améliorer l’isolation (rideaux épais, volets fermés la nuit, calfeutrage), utiliser un thermostat programmable, faire circuler la chaleur avec un ventilateur inverse, et porter des vêtements adaptés (pulls, chaussettes, pantoufles). Ces gestes, simples et peu coûteux, font une grande différence sur le long terme.