Alors que les températures baissent et que les soirées s’allongent, les Français redessinent leurs intérieurs avec une intention nouvelle : retrouver du sens dans chaque espace de vie. Le salon-salle à manger, longtemps symbole de modernité et d’efficacité, semble désormais appartenir à une époque révolue. En ce mois de novembre, où l’on aspire à plus de chaleur et de moments authentiques, une tendance s’impose avec force : celle de séparer les lieux pour mieux les vivre. Ce n’est plus seulement une question de style, mais de bien-être, de rythme familial et d’intimité retrouvée. Qu’est-ce qui pousse les ménages à revoir cette configuration emblématique ? Comment adapter son intérieur sans tout démolir ? À travers témoignages, analyses et conseils concrets, découvrez pourquoi le retour du salon séparé marque une véritable révolution domestique.
Pourquoi le salon-salle à manger perd-il son aura ?
Un concept moderne qui a fait son temps
Dès les années 2000, le décloisonnement s’est imposé comme une norme dans l’aménagement intérieur. Libérer les espaces, supprimer les cloisons, ouvrir la cuisine sur le salon-salle à manger : autant de promesses d’un mode de vie plus fluide, plus lumineux, plus connecté. Pour Élise Moreau, architecte d’intérieur à Lyon, cette tendance répondait à une réalité urbaine : Dans les appartements de 70 m², il fallait optimiser chaque centimètre. Le grand espace ouvert donnait une sensation d’ampleur, de liberté. À l’époque, c’était une avancée.
Pourtant, cette ouverture totale, pensée pour favoriser les échanges, s’est progressivement transformée en source de fatigue. On vivait tout en même temps, dans le même espace, sans transition , observe Thomas Lefèvre, sociologue du quotidien. Le repas, le travail, la détente, les jeux des enfants — tout se superposait. Résultat : une perte de repères, une impression de permanence, où il devenait difficile de passer d’un état à l’autre. Le salon n’était plus un lieu de repos, la salle à manger un lieu de partage, mais un continuum sans pause.
Le télétravail, facteur déclencheur du malaise
Le confinement de 2020 a été un révélateur. Lorsque les bureaux ont migré vers les foyers, la table de la salle à manger est devenue le poste de travail par défaut. Pour Camille et Julien Vasseur, parents de deux enfants, cette double fonction a vite montré ses limites. Le matin, je travaillais sur la table, Julien préparait le petit-déjeuner, les enfants faisaient leurs devoirs juste à côté. Impossible de se concentrer. Et le soir, on avait l’impression de dîner au bureau.
Le télétravail, désormais intégré à de nombreux emplois, a exacerbé ce besoin d’espaces dédiés. On ne peut pas passer de la réunion Zoom à la soirée film en cinq minutes, sans un vrai passage , explique Élise Moreau. La confusion des usages crée une forme de stress latent, où l’on ne parvient plus à se déconnecter, ni à se retrouver vraiment en famille.
Quand le désordre devient insupportable
Un autre facteur, plus subtil mais tout aussi pesant, est le désordre. Dans un espace ouvert, les objets s’éparpillent naturellement. Les jouets des enfants envahissent le canapé, les dossiers professionnels s’accumulent sur le buffet, les serviettes de table restent posées après le dîner. On ne savait jamais où finissait le salon et où commençait la salle à manger , raconte Sophie Tran, habitante d’un appartement témoin à Bordeaux. Tout se mélangeait, et on avait l’impression de vivre dans un entre-deux permanent.
Le besoin de clarté, de limites visuelles et fonctionnelles, s’est donc imposé comme une nécessité. Chaque pièce, en retrouvant son identité, permet de mieux organiser le quotidien — et de mieux le vivre.
Le salon séparé : une tendance qui redonne du sens à la maison
Deux espaces, deux ambiances, deux rythmes
La tendance actuelle ne consiste pas à revenir aux maisons closes des années 1950, mais à redonner à chaque lieu sa fonction, son atmosphère, son émotion. Le salon devient un cocon, un lieu de détente, de lecture, de films en famille. La salle à manger, elle, retrouve sa noblesse : espace de partage, de discussion, de rituels. On a l’impression de mieux profiter des moments, comme s’ils avaient plus de poids , confie Marc Dubreuil, retraité à Annecy. Quand on passe à table, c’est pour dîner, pas pour travailler ou regarder les infos en fond sonore.
Cette séparation permet aussi de ritualiser les instants. Le repas devient un événement, pas une simple pause. Le soir, après avoir rangé la cuisine, on s’installe au salon avec un livre ou une série, dans un espace dédié au repos. C’est comme si on avait retrouvé des pauses dans la journée , ajoute sa femme, Cécile.
Un impact positif sur les relations familiales
La psychologue Olivia Rameau observe que cette redéfinition des espaces influence profondément les dynamiques familiales. Quand tout se passe dans la même pièce, les conflits s’accumulent. Il n’y a pas d’échappatoire. En séparant les lieux, on crée des zones de respiration.
Les enfants, par exemple, peuvent jouer dans la salle à manger sans déranger celui qui lit sur le canapé. Les parents peuvent discuter tranquillement, loin du bruit de la vaisselle. On a retrouvé une forme de calme , témoigne Léa Bompard, mère de trois enfants à Toulouse. Avant, on se disputait parce que personne n’avait son espace. Maintenant, chacun peut choisir où il veut être.
Des ambiances qui s’expriment pleinement
La séparation des espaces libère aussi la créativité décorative. Dans le salon, on ose les matières douces : velours côtelé sur le canapé, tapis épais, coussins en fausse fourrure, éclairage tamisé. On a mis des guirlandes lumineuses au plafond et une cheminée électrique , raconte Julien Vasseur. C’est devenu notre petit refuge.
En face, la salle à manger adopte un style plus chaleureux, plus festif : table en bois massif, vaisselle colorée, bougies parfumées, branches de houx ou de sapin en décoration. On a l’impression d’entrer dans une autre pièce, même si on n’a pas touché aux murs , sourit Camille.
Les grandes enseignes ont d’ailleurs senti le vent tourner. À l’automne 2025, Maisons du Monde, IKEA et La Redoute Intérieurs ont lancé des collections pensées pour des espaces différenciés : meubles modulables, cloisons légères, luminaires adaptés à chaque ambiance.
Comment séparer sans tout casser ? Solutions accessibles et efficaces
Verrières, paravents, bibliothèques : séparer sans fermer
La bonne nouvelle ? Il n’est pas nécessaire de monter des murs pour créer des espaces distincts. Aujourd’hui, on peut délimiter sans enfermer , affirme Élise Moreau. Les verrières d’atelier, en particulier, connaissent un succès fulgurant. Elles laissent passer la lumière, mais marquent une frontière visuelle. C’est idéal pour séparer le salon de la salle à manger sans perdre en luminosité.
Les paravents, eux, offrent une solution temporaire et esthétique. On les ouvre quand on reçoit, on les ferme quand on veut plus d’intimité , explique Sophie Tran, qui a opté pour un modèle en rotin. C’est léger, peu cher, et ça change tout.
Les bibliothèques traversantes sont une autre option populaire. Elles servent de cloison tout en étant utiles , note Thomas Lefèvre. On range les livres d’un côté, les objets déco de l’autre. C’est malin et beau.
Le pouvoir du sol et de l’éclairage
Parfois, la séparation passe par des détails subtils mais puissants. Le choix de deux tapis différents, par exemple, peut suffire à créer une transition. On a mis un tapis gris anthracite sous le canapé et un tapis rouge brique sous la table , raconte Marc Dubreuil. Même sans mur, on sent qu’on change de zone.
L’éclairage joue aussi un rôle clé. Une suspension design au-dessus de la table, des lampes à poser dans le salon, des guirlandes dans les angles — chaque source de lumière renforce l’identité de l’espace. On a installé un spot orientable sur la bibliothèque et une lampe à abat-jour en lin près du fauteuil , détaille Cécile. C’est discret, mais ça crée une ambiance très différente.
Réorganiser pour mieux vivre
Parfois, tout se joue dans la disposition des meubles. On a simplement reculé la table de deux mètres et tourné le canapé vers la cheminée , confie Léa Bompard. Résultat : on a gagné en intimité et en chaleur.
Les rideaux épais, les plantes en hauteur, les consoles allongées — autant d’éléments qui structurent l’espace sans le cloisonner. On a ajouté un grand palmier entre les deux zones , sourit Julien Vasseur. C’est devenu notre frontière végétale.
Témoignages : ceux qui ont osé le changement
Les retours sont presque unanimes. On dîne mieux, on parle plus, on se détend davantage , résume Camille Vasseur. Avant, on avait l’impression de tout faire en même temps. Maintenant, on vit les choses une par une.
Léa Bompard ajoute : Mes enfants ont compris qu’il y avait des lieux pour jouer, d’autres pour se reposer. C’est devenu plus clair pour eux.
Le seul bémol mentionné par certains ? La nécessité de traverser une pièce pour desservir. Parfois, on doit passer devant le canapé avec les assiettes sales , rit Marc Dubreuil. Mais franchement, c’est un moindre mal.
Conclusion : un luxe simple, profondément humain
Le retour du salon séparé n’est pas une simple mode. C’est une réponse à un besoin fondamental : vivre mieux chez soi. En redonnant à chaque espace son identité, on redonne du rythme à la vie quotidienne, de la qualité aux moments partagés, de l’intimité à chacun. Ce n’est pas la taille de l’appartement qui compte, mais la manière dont on l’habite. Et parfois, séparer, c’est mieux réunir.
A retenir
Pourquoi les Français abandonnent-ils le salon-salle à manger ?
Parce que cette configuration, longtemps perçue comme moderne et pratique, génère aujourd’hui du stress, du désordre et une perte de repères. Le télétravail, les enfants, les besoins de calme et de convivialité ont rendu cette ouverture permanente insatisfaisante.
Quels sont les bénéfices d’un salon séparé ?
Un salon distinct permet de créer des ambiances différenciées, de mieux organiser le quotidien, de favoriser la détente et les échanges familiaux. Chaque lieu retrouve sa fonction, ce qui améliore le bien-être et la qualité des moments vécus.
Comment séparer deux espaces sans faire de travaux ?
Plusieurs solutions existent : verrières légères, paravents, bibliothèques traversantes, changement de tapis ou d’éclairage. Ces astuces permettent de marquer une frontière visuelle et fonctionnelle sans toucher à la structure du logement.
Est-ce adapté à tous les types de logements ?
Oui. Que l’on vive en appartement ou en maison, en ville ou à la campagne, il est possible de redéfinir ses espaces. Même dans de petites surfaces, des aménagements malins permettent de créer des zones distinctes sans perdre en luminosité ou en fluidité.