Un retrait préventif d’envergure touche un produit cosmétique jusque-là peu mis en lumière : la crème solaire hydratante Facial Moisturizer with Sunscreen – SPF 30 Even & Clear, commercialisée sous la marque Ambi. Ce retrait, rendu public via la plateforme officielle RappelConso, concerne une référence précise mais aussi l’ensemble des unités portant une date de durabilité minimale au 1er avril 2026. Ce rappel n’est pas anodin : il met en lumière une faille réglementaire grave, liée à la présence d’une substance chimique interdite dans l’Union européenne. Derrière cette alerte, ce sont des consommateurs, des distributeurs et des professionnels de la beauté qui doivent maintenant s’adapter. À travers des témoignages, des analyses et des conseils pratiques, découvrez tout ce qu’il faut savoir sur cette crème retirée du marché et les implications pour les utilisateurs.
Quel est le produit concerné par le retrait ?
Le produit incriminé est une crème solaire hydratante pour le visage, vendue sous le nom complet Facial Moisturizer with Sunscreen – SPF 30 Even & Clear , portant la référence 850004234112 – C21V05. Il s’agit d’un contenant en plastique opaque, d’un volume de 103 ml, reconnaissable à sa teinte brun rosé et à son bouchon vissé de couleur assortie. Commercialisé entre mars et octobre 2025, ce soin a été distribué exclusivement en Guadeloupe, dans les points de vente de l’enseigne Beautylicious, notamment au Moudong Plaza à Baie-Mahault. La société responsable, SAS Queen Beautylicious, n’a pas désigné de responsable dans l’Union européenne, ce qui complique la traçabilité du produit.
Élément frappant : l’étiquette du produit est entièrement rédigée en langue étrangère, sans traduction ni mention d’un fabricant européen. Cette absence de transparence réglementaire, couplée à la présence d’un ingrédient interdit, a déclenché le retrait préventif. Plusieurs consommateurs interrogés ont exprimé leur surprise. J’achète régulièrement des produits Ambi, j’apprécie leur efficacité sur les peaux mates , confie Léana Roussel, esthéticienne à Pointe-à-Pitre. Quand j’ai vu le nom sur la liste des rappels, j’ai vérifié mon stock. J’en avais encore un tube à moitié utilisé. Je ne pensais pas que ça pouvait poser un risque.
Pourquoi une substance comme le D4 est-elle interdite ?
Le cœur du problème réside dans la présence d’octaméthylcyclotétrasiloxane, plus couramment appelé D4. Ce composé organosilicié, utilisé pour ses propriétés assouplissantes et sa texture légère, est inscrit à l’annexe II du règlement (CE) n° 1223/2009, qui encadre la sécurité des produits cosmétiques dans l’Union européenne. Il y figure comme substance interdite en raison de ses effets néfastes sur la reproduction humaine et de sa persistance dans l’environnement.
Des études scientifiques, notamment celles menées par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), ont démontré que le D4 est toxique pour la reproduction, avec des effets observés chez les animaux de laboratoire exposés à long terme. Même si les doses présentes dans un cosmétique peuvent sembler faibles, l’accumulation cutanée et l’absorption systémique posent des questions, surtout lors d’une utilisation quotidienne sur une zone sensible comme le visage.
Le D4 donne une sensation de soie sur la peau, mais il n’a pas sa place dans un soin solaire destiné à une utilisation régulière , explique le Dr Julien Tisserand, dermatologue à Fort-de-France. Ce type de composé peut perturber le système endocrinien, surtout chez les femmes en âge de procréer. Son retrait est une mesure de bon sens, même si les effets à court terme sont peut-être imperceptibles.
Quels sont les risques pour les utilisateurs ?
Le risque principal est de nature chimique : l’exposition répétée au D4, même à faible dose, peut avoir des conséquences à long terme sur la fertilité et le développement embryonnaire. Bien que les effets immédiats soient rares – aucune réaction cutanée aiguë n’a été signalée à ce jour –, l’alerte vise à prévenir tout danger potentiel. Le principe de précaution s’applique pleinement dans ce cas.
En outre, l’absence d’information claire sur l’étiquette (ni traduction, ni responsable UE) constitue une faille de traçabilité. En cas d’effet indésirable, il serait difficile d’identifier le fabricant ou d’obtenir des analyses complémentaires. J’ai utilisé ce produit pendant deux mois, sans rien ressentir de particulier , témoigne Marc-Antoine Vigne, professeur de lettres à Saint-Claude. Mais savoir qu’un composé interdit était présent me met mal à l’aise. Je me demande ce qu’il aurait pu se passer sur le long terme, surtout avec une exposition quotidienne.
Que faire si on possède encore ce produit ?
La première mesure à prendre est simple mais essentielle : cesser immédiatement toute utilisation. Même si le produit semble inoffensif à première vue, la présence du D4 justifie une interruption totale. Ensuite, il est fortement recommandé de rapporter le tube au point de vente où il a été acheté, en l’état, avec son emballage si possible.
Beautylicious, distributeur exclusif en Guadeloupe, a mis en place un circuit de restitution. Dès qu’on a eu connaissance du rappel, on a affiché l’information en magasin et contacté nos clients fidèles par SMS , précise Élodie Saint-Just, responsable logistique chez Queen Beautylicious. On leur propose un retour sans justification, avec remboursement immédiat ou échange contre un autre soin solaire conforme.
Les consommateurs qui n’ont plus le ticket de caisse peuvent tout de même se présenter en magasin : la référence du produit est suffisante pour procéder à l’échange. Il est conseillé de conserver une preuve de restitution, notamment en cas de besoin de suivi médical ultérieur.
Remboursement ou échange : quelles options sont offertes ?
Les clients disposent de deux choix clairs : obtenir le remboursement intégral du produit ou procéder à un échange contre un soin solaire équivalent, sans surcoût. Cette compensation est valable jusqu’au 1er avril 2026, date limite de durabilité minimale indiquée sur les unités concernées. Passé ce délai, les produits ne seront plus acceptés, même s’ils n’ont pas été utilisés.
Beautylicious a étendu son offre à plusieurs marques alternatives, notamment des crèmes solaires minérales sans silicones, mieux tolérées par les peaux sensibles. On a vu une demande accrue pour des produits clean depuis le rappel , note Élodie Saint-Just. Beaucoup de clients posent maintenant des questions sur les listes d’ingrédients. C’est une bonne chose : la transparence gagne du terrain.
Le remboursement est effectué en espèces ou par virement si le produit a été acheté en ligne. Pour les échanges, un conseil personnalisé est proposé en boutique, afin d’orienter les utilisateurs vers un soin adapté à leur phototype et à leur type de peau.
Comment obtenir de l’aide ou des informations complémentaires ?
Un numéro vert a été mis en place spécifiquement pour répondre aux questions des consommateurs : le 0590 47 24 18. Ce service est accessible du lundi au vendredi, de 9h à 17h, et tenu par des conseillers formés à la réglementation cosmétique. Ils peuvent fournir des précisions sur les lots concernés, les modalités de restitution et les alternatives disponibles.
En parallèle, la plateforme officielle RappelConso propose une fiche détaillée accessible en ligne, qui reprend tous les éléments techniques du retrait : référence du produit, composition, motif du rappel, coordonnées du distributeur. Un document PDF, destiné aux professionnels de la vente, est également téléchargeable pour affichage en magasin.
J’ai appelé le numéro après avoir lu l’alerte sur les réseaux , raconte Léana Roussel. La personne au bout du fil était très claire, elle m’a confirmé que mon tube faisait bien partie du lot concerné. Elle m’a aussi donné des conseils pour choisir un nouveau produit. C’était rassurant.
Quelles leçons tirer de ce rappel ?
Ce retrait illustre l’importance de la vigilance, tant pour les distributeurs que pour les consommateurs. L’absence de responsable UE sur un produit vendu dans l’Union européenne est une anomalie réglementaire majeure. Elle souligne les limites de la distribution parallèle ou importée, surtout dans les territoires d’outre-mer où certaines marques moins contrôlées peuvent s’imposer par leur prix ou leur notoriété.
Il rappelle aussi que la sécurité cosmétique ne se limite pas à l’efficacité ou à la texture d’un produit. La composition chimique, même invisible, joue un rôle central. On ne peut plus se contenter de lire les promesses marketing sur l’emballage , insiste le Dr Julien Tisserand. Il faut apprendre à décrypter les listes d’ingrédients, à repérer les substances douteuses, et à privilégier les marques transparentes.
Enfin, ce cas montre que les dispositifs de rappel fonctionnent, mais qu’ils dépendent de la diffusion de l’information. Beaucoup de consommateurs n’ont pas eu connaissance du retrait, faute de communication ciblée. Une meilleure coordination entre les autorités sanitaires, les distributeurs et les réseaux sociaux serait bénéfique pour alerter plus rapidement.
Conclusion
Le retrait de la crème solaire Ambi SPF 30 Even & Clear est un rappel salutaire à l’importance de la réglementation cosmétique. Derrière un simple tube de crème se cachent des enjeux de santé publique, de traçabilité et de responsabilité. Les consommateurs touchés par ce rappel ont la possibilité de se faire rembourser ou d’échanger leur produit, mais surtout, ils doivent en tirer une leçon : la beauté ne doit jamais se faire au détriment de la santé. En restant informés, en posant des questions et en exigeant de la transparence, chacun peut contribuer à un marché cosmétique plus sûr et plus éthique.
A retenir
Quel produit est concerné par le retrait ?
La crème solaire Facial Moisturizer with Sunscreen – SPF 30 Even & Clear de la marque Ambi, référence 850004234112 – C21V05, ainsi que tous les lots portant une date de durabilité minimale au 01/04/2026. Elle est vendue en tube de 103 ml, teinte brun rosé, distribuée en Guadeloupe par Beautylicious.
Pourquoi ce produit est-il retiré ?
Il contient de l’octaméthylcyclotétrasiloxane (D4), une substance interdite par le règlement (CE) n° 1223/2009 en raison de sa toxicité pour la reproduction. De plus, l’emballage ne mentionne aucun responsable établi dans l’Union européenne, ce qui constitue une non-conformité réglementaire.
Que faire si je possède ce produit ?
Arrêtez immédiatement son utilisation et rapportez-le au point de vente d’origine (Beautylicious en Guadeloupe) pour un remboursement ou un échange. Aucun justificatif d’achat n’est obligatoire.
Le remboursement est-il possible sans ticket ?
Oui, le produit sera accepté sans ticket de caisse. La référence ou le lot imprimé sur le tube suffit pour procéder au remboursement ou à l’échange.
Jusqu’à quand puis-je restituer le produit ?
La procédure de retrait est active jusqu’au 1er avril 2026. Il est conseillé d’agir rapidement pour bénéficier de la compensation.
Où trouver des informations officielles ?
La fiche complète du rappel est disponible sur le site RappelConso : accéder à la fiche. Le document d’affichage pour les professionnels est téléchargeable ici : télécharger le PDF.