Enchères immobilières : trouvez des biens jusqu’à 30 % moins chers avant qu’ils ne disparaissent

Dans un marché immobilier saturé, où chaque mètre carré semble avoir été décortiqué, photographié et surcoté, une poignée d’acheteurs avisés empruntent un chemin détourné pour réaliser des opérations audacieuses. Ces investisseurs, souvent discrets, ne passent ni par les agences traditionnelles ni par les portails en ligne les plus fréquentés. Leur terrain de prédilection ? Les ventes aux enchères immobilières. Un univers à la fois opaque et fascinant, où les bonnes affaires existent encore – à condition de savoir les repérer. Alors que l’hiver ralentit l’effervescence du marché classique, c’est précisément à cette période que les opportunités se multiplient, loin des regards pressés des acheteurs pressés par les fêtes. Entre immeubles haussmanniens à rénover, maisons de village oubliées et biens atypiques, ce circuit parallèle attire les plus patients, les mieux préparés. Et parfois, les plus chanceux.

Qu’est-ce que les ventes aux enchères immobilières, et pourquoi en parlent-ils si peu ?

Le silence qui entoure les ventes aux enchères n’est pas un hasard. Ce mode d’acquisition, longtemps réservé aux initiés, fonctionne comme un théâtre à huis clos : pas de publicité tapageuse, pas de visites ouvertes à tous, et surtout, pas de seconde chance. Pourtant, derrière cette discrétion, se cache une opportunité réelle de faire une affaire, parfois jusqu’à 30 % en dessous de la valeur du marché. Mais pourquoi si peu de monde s’y risque ? L’image du marteau du commissaire-priseur, les enchères haletantes, les surenchères tendues – tout cela évoque un rituel intimidant, presque archaïque. Et pour cause : l’acheteur lambda redoute l’inconnu. Il imagine des pièges juridiques, des biens délabrés, des locataires impossibles à déloger. Ce malentendu joue en faveur de ceux qui osent franchir le pas. Comme l’explique Élise Berthier, notaire à Lyon : Beaucoup pensent que ces biens sont invendables. En réalité, ils sont souvent sous-estimés par les héritiers ou saisis pour dettes. Leur potentiel est réel, mais il faut savoir le décrypter.

Combien peut-on vraiment économiser en achetant aux enchères ?

Le rêve de tout acquéreur ? Acheter un bien à moitié prix. La réalité est plus nuancée. Si certaines ventes judiciaires partent à un tiers de la valeur marchande, les enchères notariales, elles, démarrent souvent à 70 % du prix estimé. Mais attention : le prix d’adjudication n’est que le début du calcul. En 2025, les plateformes numériques ont démocratisé l’accès aux annonces, mais elles n’ont pas simplifié les règles du jeu. Le véritable enjeu ? Anticiper les coûts annexes. Une maison vendue 250 000 € aux enchères peut finalement coûter près de 300 000 € une fois les frais ajoutés. Pourtant, les économies restent tangibles, surtout dans les grandes villes. À Bordeaux, par exemple, Thomas Lefort, investisseur immobilier, a acquis un appartement haussmannien de 85 m² pour 380 000 €, alors que le marché l’évaluait à 520 000 €. J’ai mis 20 000 € de travaux, mais j’ai gagné 120 000 € sur le papier dès l’acte signé , raconte-t-il. Une marge qui ne se trouve plus dans les ventes classiques.

Quels sont les différents types de ventes aux enchères, et comment choisir ?

Le monde des enchères n’est pas monolithique. Trois filières principales structurent ce marché, chacune avec ses codes, ses risques et ses opportunités. D’abord, les **enchères notariales**, souvent liées à des successions ou des partages de patrimoine. Ces biens, généralement bien entretenus, attirent les particuliers à la recherche d’un logement principal. Ensuite, les **enchères judiciaires**, issues de saisies immobilières. Ici, le risque est plus élevé, mais les décotes aussi. Enfin, les **ventes domaniales**, organisées par l’État, qui proposent des biens atypiques : anciennes casernes, écoles désaffectées, ou terrains industriels. Pour Camille Vasseur, avocate spécialisée en droit immobilier, chaque type de vente demande une stratégie différente. Une enchère judiciaire, par exemple, impose la présence d’un avocat. Ce n’est pas une option, c’est une obligation.

Comment suivre les ventes et ne rien manquer ?

La clé d’une bonne opération réside dans la veille. Les annonces paraissent dans les journaux d’annonces légales, sur les sites des tribunaux, ou sur des plateformes spécialisées comme e-justice ou Drouot. En 2025, la digitalisation a accéléré le rythme : les ventes en ligne se multiplient, permettant de participer depuis chez soi, sans se déplacer. Mais cette facilité a un revers : la concurrence est plus vive. Avant, il fallait être sur place pour enchérir. Aujourd’hui, un investisseur de Lille peut enchérir sur un bien à Toulouse sans bouger de son canapé , observe Julien Morel, commissaire-priseur à Marseille. Son conseil ? Dès qu’un bien attire votre attention, demandez les diagnostics, organisez une visite, et étudiez le cahier des charges. Les meilleures affaires partent en quelques minutes.

Quels sont les pièges à éviter à tout prix ?

Le prix d’adjudication n’est qu’un fragment du coût total. Beaucoup d’acheteurs débutants se laissent séduire par le montant affiché, sans anticiper les frais qui s’ajoutent. Les **frais d’adjudication**, compris entre 5 et 10 % du prix, sont incompressibles. Les **frais de notaire**, souvent plus élevés qu’en vente classique, s’ajoutent à cela. Pour les ventes judiciaires, les **honoraires d’avocat** sont une dépense obligatoire. Et que dire des **charges impayées** ? Un bien peut être grevé de plusieurs années de taxe foncière ou de charges de copropriété. J’ai vu un acquéreur perdre 40 000 € en frais cachés sur un bien qu’il croyait acheter à bon prix , témoigne Élise Berthier. Autre piège : l’absence de délai de rétractation. Une fois le marteau tombé, l’achat est définitif. Pas de clause suspensive pour le prêt, pas de retour possible. C’est une course à la préparation, pas à l’impulsion , insiste Thomas Lefort.

Comment éviter les mauvaises surprises sur l’état du bien ?

Les diagnostics fournis sont souvent limités, voire obsolètes. Un bien peut être occupé par un locataire récalcitrant, ou nécessiter des travaux structurels non mentionnés. La visite, même rapide, est donc indispensable. À Paris, Sophie Nguyen, enseignante, a acheté un studio aux enchères sans visiter. J’ai cru que les photos suffisaient. En réalité, l’appartement était dans un état déplorable : toiture à refaire, électricité dangereuse. J’ai dû investir 35 000 € en travaux. Depuis, elle ne se déplace jamais sans un diagnostiqueur à ses côtés. Le cahier des charges dit souvent plus qu’on ne croit : clauses de préemption, servitudes, procédures en cours… Il faut le lire comme un roman policier.

Comment remporter une enchère sans se ruiner ?

La maîtrise de soi est la première arme du candidat aux enchères. L’émotion, la pression du groupe, le désir de gagner à tout prix – autant de facteurs qui poussent à dépasser son budget. J’ai vu des gens surenchérir de 50 000 € en deux minutes, juste pour ne pas perdre , raconte Julien Morel. La stratégie gagnante ? Se fixer une limite stricte et s’y tenir. Arrivez tôt, observez les autres participants, repérez les professionnels. Et surtout, restez impassible. Si vous montrez trop d’intérêt, les autres enchériront juste pour vous pousser à monter , conseille Camille Vasseur. Pour ceux qui craignent l’ambiance tendue de la salle, les enchères en ligne offrent une alternative plus sereine. Derrière un écran, on garde le contrôle. Pas de pression, pas de bluff psychologique , confirme Thomas Lefort.

Quelles préparations sont indispensables avant le jour J ?

Le jour de la vente, tout va très vite. L’acheteur doit être prêt à verser une garantie (10 à 20 % du prix) sous 48 heures, puis le solde dans les 30 à 60 jours. Il faut avoir son financement validé à l’avance, précise Élise Berthier. Une attestation de prêt ou une caution bancaire est exigée. Impossible de négocier un délai. Rater une échéance, c’est perdre le bien, le dépôt de garantie, et potentiellement payer des pénalités. C’est un jeu sérieux, pas un spectacle , insiste Julien Morel.

Que se passe-t-il après l’adjudication ?

Le marteau tombe, l’acquéreur est désigné – mais l’affaire n’est pas close. Les formalités s’enchaînent : rédaction de l’acte de vente, paiement intégral, levée des droits de préemption, remise des clés. Le notaire joue un rôle central. C’est lui qui vérifie que tout est en ordre, que les dettes sont soldées, que le bien est libre , explique Camille Vasseur. Le délai entre l’adjudication et la remise des clés varie : quelques semaines pour un bien libre, plusieurs mois s’il faut expulser un occupant. J’ai mis six mois à récupérer un appartement occupé par un ancien propriétaire en faillite , raconte Sophie Nguyen. Mais le gain était là.

Et après ? Que faire du bien une fois acquis ?

Peu de biens aux enchères sont clé en main . La plupart nécessitent des travaux. Pour certains, c’est une contrainte. Pour d’autres, une opportunité. J’achète pour rénover et revendre, ou pour louer en meublé. L’écart entre le prix d’achat et la valeur après travaux est mon bénéfice , explique Thomas Lefort. L’hiver, saison creuse du marché, est idéal pour préparer ces projets. En avril, quand les locataires cherchent, mon appartement est prêt. Je prends une longueur d’avance. Pour les primo-accédants, l’achat aux enchères reste risqué, mais pas impossible. Il faut juste être accompagné, bien informé, et réaliste , conclut Élise Berthier.

A retenir

Peut-on vraiment faire des économies aux enchères ?

Oui, les économies sont réelles, généralement comprises entre 10 et 30 % par rapport aux prix du marché. Elles dépendent du type de vente, de la localisation du bien et de la concurrence le jour J. Toutefois, il est essentiel de prendre en compte les frais annexes pour évaluer le coût réel de l’opération.

Faut-il obligatoirement un avocat pour participer ?

Pour les ventes judiciaires, oui. La loi exige la représentation par un avocat inscrit au barreau. Pour les ventes notariales ou domaniales, ce n’est pas obligatoire, mais fortement recommandé, surtout pour analyser les risques juridiques.

Peut-on obtenir un prêt bancaire après avoir remporté une enchère ?

Techniquement oui, mais en pratique, c’est très risqué. Les délais de paiement sont courts (30 à 60 jours), et les banques mettent souvent plus de temps à instruire un dossier. Mieux vaut avoir son financement pré-approuvé avant la vente.

Que faire si le bien est occupé ?

Un bien occupé ne signifie pas qu’il est inhabitable. L’expulsion, si nécessaire, est prise en charge par le tribunal, mais le processus peut durer plusieurs mois. Il faut intégrer ce délai dans sa stratégie, surtout si le bien est destiné à la location.

Les enchères en ligne sont-elles fiables ?

Oui, les plateformes officielles (comme e-justice ou les sites des huissiers) sont sécurisées. Elles permettent de suivre les enchères en temps réel, d’enchérir à distance et de consulter tous les documents juridiques. Cependant, la vigilance reste de mise : les règles sont les mêmes qu’en présentiel.