Ces appareils en veille peuvent vous coûter jusqu’à 180 € par an en 2025

Chaque soir, des millions de foyers français éteignent les lumières, pensant avoir coupé tout courant. Pourtant, dans l’obscurité, une myriade de petites lumières rouges, bleues ou vertes continue de scintiller : téléviseurs, box internet, chargeurs, consoles de jeu… Ces appareils en veille consomment silencieusement de l’énergie, sans que leurs utilisateurs en mesurent pleinement l’impact. Ce gaspillage, à la fois invisible et banalisé, pèse sur les budgets comme sur l’environnement. Combien coûte réellement cette habitude ? Quels gestes simples peuvent inverser la tendance ? À travers des témoignages, des chiffres clés et des conseils concrets, découvrez comment reprendre le contrôle de votre consommation électrique.

Qu’est-ce que la consommation en veille et pourquoi est-elle si coûteuse ?

La consommation en veille, souvent appelée « vampire énergétique », désigne l’électricité consommée par un appareil qui n’est pas en fonctionnement actif, mais qui reste branché. Ces appareils restent en état de veille pour permettre un démarrage rapide, maintenir des connexions internet ou exécuter des mises à jour automatiques. Bien qu’individuellement la consommation soit faible — quelques watts par appareil — l’accumulation devient significative.

Un foyer moderne peut compter jusqu’à une trentaine d’appareils branchés en permanence. Selon Enedis, cette pratique représente entre 5 % et 10 % de la consommation annuelle d’électricité d’un ménage. Pour un foyer moyen, cela se traduit par une dépense supplémentaire allant jusqu’à 180 euros par an. Un montant qui pourrait sembler modeste à première vue, mais qui, sur plusieurs années, équivaut à plusieurs centaines d’euros jetés par la fenêtre.

Comment les appareils en veille s’accumulent-ils sans qu’on s’en rende compte ?

Le piège de la veille réside dans son invisibilité. Personne ne voit l’électricité circuler, et les factures mensuelles ne détaillent pas la provenance de chaque kilowattheure. C’est cette opacité qui permet à ces petits consommateurs de s’incruster durablement dans nos routines. Une télévision éteinte mais toujours connectée, un four à micro-ondes affichant l’heure, une imprimante prête à recevoir une commande d’impression… Tous tirent une infime quantité d’énergie, mais ensemble, ils forment un gouffre silencieux.

Quels sont les principaux coupables de la consommation en veille ?

La liste des appareils les plus énergivores en veille peut surprendre. Certains, comme les consoles de jeu ou les home cinéma, consomment jusqu’à 15 watts en attente. D’autres, plus discrets, comme les chargeurs de téléphone ou les multiprises non débranchées, ajoutent leur grain de sable à l’édifice du gaspillage.

Les grands consommateurs en veille

Les principaux responsables sont souvent les équipements multimédias : téléviseurs connectés, décodeurs TNT, box internet, enceintes intelligentes, ordinateurs portables laissés en veille. Une étude de l’ADEME a révélé qu’un décodeur de télévision peut consommer autant d’énergie en veille qu’un réfrigérateur ancien modèle sur une journée entière. Quant aux consoles de jeu, certaines continuent de télécharger des mises à jour ou de rester connectées au réseau, même éteintes, ce qui maintient une consommation constante.

Les petits appareils, grands gaspilleurs

Les petits équipements, souvent oubliés, jouent aussi un rôle crucial. Un chargeur de smartphone non débranché consomme certes peu, mais multiplié par plusieurs prises dans une maison, cela devient non négligeable. De même, les cafetières électriques avec affichage digital, les fours à chaleur tournante ou les ventilateurs programmables continuent de puiser de l’énergie pour maintenir leurs fonctions d’horloge ou de mémoire.

Comment un changement de comportement peut-il faire une réelle différence ?

Le témoignage de Martine Dubreuil, 72 ans, retraitée à Bordeaux, illustre parfaitement l’impact d’un geste simple. Pendant des années, elle n’avait jamais prêté attention aux petites lumières qui brillaient dans son salon et sa cuisine. « Je pensais que c’était normal, que ça ne coûtait rien », confie-t-elle. Son déclic est venu lors d’une réunion d’information organisée par son association de quartier, où un technicien en transition énergétique a expliqué le concept de « vampire électrique ».

« J’ai pris un mesureur de consommation, un petit appareil qu’on branche entre la prise et l’appareil. J’ai testé ma télé, mon décodeur, ma box… En tout, ça faisait près de 60 watts en continu, rien que dans le salon ! » s’exclame Martine. Elle a alors adopté une routine : chaque soir, avant de se coucher, elle éteint les multiprises qui alimentent ses équipements électroniques. Elle a aussi débranché les chargeurs inutilisés et remplacé sa vieille cafetière par un modèle sans affichage digital.

Le résultat ? Sa facture d’électricité a baissé de 15 % en six mois. « Je n’ai rien changé à mon mode de vie, je n’ai pas renoncé à mes habitudes. Juste un geste de 30 secondes le soir, et ça me rapporte près de 20 euros par mois. C’est fou ce qu’on peut perdre sans s’en rendre compte », ajoute-t-elle.

Quels gestes simples peuvent réduire la consommation en veille ?

Transformer ses habitudes ne demande pas de révolution. De petits changements, intégrés au quotidien, suffisent à générer des économies durables.

Utiliser des multiprises avec interrupteur

L’un des moyens les plus efficaces est d’équiper les zones à forte concentration d’appareils — salon, bureau, cuisine — de multiprises avec interrupteur. Un simple clic suffit alors pour couper l’alimentation de plusieurs appareils à la fois. Pour les bureaux à domicile, cela permet d’éteindre ordinateur, imprimante, lampe et chargeurs d’un seul geste en fin de journée.

Débrancher les chargeurs et petits appareils

Les chargeurs de téléphone, tablette ou ordinateur portable consomment de l’énergie même lorsqu’aucun appareil n’est connecté. Les débrancher dès la fin de la charge est un réflexe simple à adopter. De même, les petits électroménagers comme les mixeurs, les bouilloires ou les robots culinaires doivent être débranchés après usage.

Opter pour des appareils économes

Lors d’un remplacement d’équipement, privilégier les appareils labellisés A+++, ou ceux dotés d’une fonction d’extinction automatique. De nombreux téléviseurs récents, par exemple, se mettent en veille profonde après une période d’inactivité, réduisant leur consommation à presque zéro. Les nouvelles box internet intègrent aussi des modes d’économie d’énergie, activables via les paramètres.

Programmer l’alimentation

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, des prises programmables permettent de couper automatiquement le courant pendant les heures creuses — la nuit, par exemple. Idéal pour les équipements qui n’ont pas besoin d’être alimentés en continu, comme les imprimantes ou les chaînes hi-fi.

Quel est l’impact environnemental de la réduction de la veille ?

Le gain financier n’est pas le seul bénéfice. En réduisant la consommation en veille, chaque foyer participe à la diminution des émissions de gaz à effet de serre. L’électricité en France est majoritairement d’origine nucléaire, mais une part non négligeable provient encore de sources fossiles, notamment en période de pointe. Moins on consomme inutilement, moins on sollicite ces sources polluantes.

En moyenne, une économie de 180 euros correspond à une réduction de près de 150 kg de CO2 par an. Multiplié par des millions de foyers, cela représente des centaines de milliers de tonnes de CO2 évitées. C’est l’équivalent de plusieurs forêts préservées ou de dizaines de milliers de voitures retirées de la circulation.

Un geste individuel, un impact collectif

Comme le souligne Thomas Lefebvre, ingénieur en énergie à Lyon, « la transition écologique ne passe pas seulement par les grandes infrastructures. Elle commence dans nos salons, dans nos cuisines. Chaque prise débranchée est un acte citoyen. »

Il raconte l’exemple d’un immeuble de 20 logements à Villeurbanne, où les habitants ont lancé une campagne de sensibilisation. Chaque foyer a reçu un petit kit : multiprises avec interrupteur, mesureur de consommation, et guide des bons gestes. Au bout de six mois, la consommation collective en veille a chuté de 35 %. « Ce n’était pas une opération high-tech, juste de la pédagogie et de la solidarité. Et pourtant, les résultats ont été spectaculaires », explique-t-il.

Comment mesurer et suivre ses économies ?

Pour ceux qui souhaitent aller au-delà des estimations, il est possible de mesurer précisément sa consommation en veille. Des wattmètres individuels, accessibles à moins de 20 euros, se branchent entre la prise murale et l’appareil. Ils affichent en temps réel la consommation, ainsi que le coût estimé sur une heure, un jour ou une année.

En identifiant les principaux consommateurs, on peut prioriser les actions. Par exemple, si une vieille console de jeu consomme 12 watts en veille, cela représente près de 100 euros par an. La débrancher ou la remplacer par un modèle plus récent devient alors une décision évidente.

Simuler sa consommation pour mieux agir

Plusieurs outils en ligne permettent de simuler sa consommation en veille en fonction du nombre d’appareils, de leur type et de leur durée de fonctionnement. Ces simulateurs, proposés par des agences de l’énergie ou des fournisseurs, aident à visualiser l’impact potentiel des gestes d’économie. Certains incluent même des comparaisons avec des foyers similaires, offrant une dimension sociale à l’effort.

Quels sont les bénéfices à long terme ?

Les économies réalisées ne s’arrêtent pas à la facture d’électricité. En adoptant des habitudes plus sobres, on prolonge aussi la durée de vie des appareils. Un équipement constamment sous tension subit une usure plus rapide, notamment au niveau des composants électroniques. Le fait de le débrancher régulièrement réduit cette contrainte.

Enfin, ces gestes renforcent une conscience énergétique qui peut s’étendre à d’autres domaines : isolation, chauffage, eau chaude… Comme le dit Martine Dubreuil : « Quand on commence à regarder ce qu’on consomme, on ne s’arrête plus. J’ai ensuite changé mes ampoules, j’ai mieux isolé mes fenêtres… La veille, c’était juste le début. »

A retenir

La veille des appareils peut-elle vraiment coûter jusqu’à 180 euros par an ?

Oui, selon Enedis, un foyer moyen peut perdre jusqu’à 180 euros par an à cause de la consommation en veille. Ce montant varie selon le nombre d’appareils, leur ancienneté et leur utilisation, mais même une consommation modérée peut représenter des dizaines d’euros annuels.

Est-il nécessaire d’éteindre chaque appareil manuellement ?

Non, il n’est pas nécessaire de débrancher chaque appareil à la main. L’utilisation de multiprises avec interrupteur permet de couper l’alimentation de plusieurs appareils en un seul geste. Pour les plus technophiles, des prises connectées ou programmables automatisent le processus.

Les nouveaux appareils consomment-ils moins en veille ?

Oui, les normes énergétiques se sont considérablement renforcées. Les appareils récents, notamment ceux labellisés A+++, consomment souvent moins de 1 watt en veille. En remplaçant un vieux téléviseur ou une ancienne box, on peut réduire cette consommation de plus de 80 %.

Quel impact environnemental réel a la réduction de la veille ?

En moyenne, réduire sa consommation en veille permet d’éviter l’émission de 100 à 150 kg de CO2 par an. À l’échelle nationale, si chaque foyer coupait ses veilles inutiles, cela représenterait des millions de tonnes de CO2 en moins, équivalent à l’empreinte carbone de plusieurs grandes villes.

Peut-on cumuler cette économie avec d’autres gestes énergétiques ?

Absolument. La réduction de la consommation en veille est un excellent point de départ. Elle s’inscrit naturellement dans une démarche plus large d’efficacité énergétique : isolation, gestion du chauffage, choix d’équipements économes, recours aux énergies renouvelables. Chaque petit geste amplifie le suivant.

En conclusion, la consommation en veille n’est pas un détail. C’est un poste de dépense caché, facile à corriger, et aux retombées multiples : économiques, environnementales, et même éducatives. En prenant conscience de ce gaspillage silencieux, en adoptant des routines simples, chaque foyer peut devenir acteur de sa transition énergétique. Et comme le montre le parcours de Martine Dubreuil, parfois, le plus grand changement commence par un simple geste : éteindre la prise.