Argent des ménages en 2025: baisses, hausses, remboursements à venir

Chaque été amène son lot de bascules réglementaires, et cette année, le 1er août rebat plusieurs cartes qui touchent le portefeuille des ménages. Entre la révision des taux des principaux livrets d’épargne, des remboursements d’impôt attendus, une nouvelle fiscalité sur l’énergie et des frais liés aux compteurs, les arbitrages budgétaires vont se tendre. Derrière les chiffres, il y a des choix politiques assumés, des critiques argumentées et des trajectoires familiales bien concrètes. Voici comment s’y retrouver, anticiper et tirer parti de ce qui peut l’être.

Que change la baisse des taux du Livret A et du LDDS pour les épargnants ?

Le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) voient leur rémunération reculer, passant de 2,4 % à 1,7 %. La mécanique de calcul, encadrée par la réglementation, privilégie cette orientation pour soutenir des politiques publiques jugées prioritaires, notamment le financement du logement social et des projets urbains. Pour les détenteurs de ces livrets, l’effet est double : la rémunération nette d’inflation se réduit, et la tentation de laisser dormir une épargne de précaution sur ces supports augmente le coût d’opportunité.

Dans une agence bancaire de Clermont-Ferrand, Louise Bertrand, 34 ans, consultante indépendante, évalue rapidement l’impact : « J’utilise le Livret A comme matelas de sécurité. Avec la baisse, je garde six mois de dépenses dessus, pas plus. Le surplus, je le ventile vers un fonds euro et une part d’ETF. Je veux rester liquide, mais pas renoncer à la performance. » Cette réaction illustre bien la ligne de crête actuelle : conserver une poche disponible, tout en commençant à réallouer l’excédent vers des solutions un peu plus dynamiques et sécurisées selon son profil de risque.

Pour les ménages qui portent des projets à court terme – déménagement, véhicule, travaux – la chute du taux pèse moins, car la priorité reste la disponibilité des fonds. En revanche, pour ceux qui laissaient gonfler des sommes importantes sur ces livrets par confort, une réorganisation s’impose. La baisse n’est pas anecdotique : à 1,7 %, le pouvoir de préservation de la valeur de l’épargne s’amoindrit, surtout si l’inflation persiste sur certains postes (assurances, alimentation, services).

Comment optimiser son épargne de précaution malgré la baisse ?

La règle d’or reste valable : trois à six mois de dépenses courantes, facilement mobilisables. Au-delà, la stratégie peut inclure une hiérarchisation entre liquidité, sécurité et rendement. Si l’on assume des projets à horizon 12 à 24 mois, une répartition graduée entre Livret A/LDDS, fonds euros sécurisés et éventuellement un support diversifié à faible volatilité peut redonner de la cohérence globale.

Dans un café de Brest, Armand Le Goff, 58 ans, technicien de maintenance, préfère la clarté : « Je n’ai pas envie de jouer au financier. Je garde mon LDDS pour les imprévus et j’ai ouvert un fonds euro en poche sécurisée. Je sais ce que j’y mets et pourquoi. » Sa ligne est pragmatique : il accepte que tout ne rapporte pas autant que possible, mais exige une lisibilité sur sa protection.

Le LEP devient-il le vrai refuge pour les foyers modestes ?

Le Livret d’épargne populaire (LEP) déjoue la tendance en voyant son taux relevé à 2,7 % au lieu des 2,2 % initialement annoncés. Ce coup de pouce de 0,5 point, voulu par le gouvernement, cible les foyers éligibles, c’est-à-dire ceux dont les revenus fiscaux ne dépassent pas un certain plafond. Le LEP garde sa vocation sociale, en offrant une rémunération supérieure aux autres livrets réglementés et une sécurité identique.

Pour les ménages concernés, le message est clair : vérifier son éligibilité, ouvrir le livret si ce n’est pas déjà fait, et y concentrer l’épargne de précaution jusqu’au plafond. À Nanterre, Cécile Navarro, auxiliaire de vie, raconte : « Je ne savais même pas que j’y avais droit. On m’a proposé de l’ouvrir après la déclaration d’impôts. Je vais y transférer ce que j’avais sur le Livret A. » Cette simple bascule peut rapporter plusieurs dizaines d’euros de plus par an sans aucun risque supplémentaire, ce qui n’est pas négligeable pour un budget contraint.

Le LEP devient ainsi un instrument-clé de résilience financière pour les foyers modestes. Il incite à rebaliser l’épargne disponible : LEP en priorité jusqu’au plafond, puis Livret A/LDDS pour compléter. Une discipline simple, mais efficace.

Les remboursements d’impôt vont-ils offrir un vrai ballon d’oxygène ?

Plus de dix millions de foyers devraient percevoir un remboursement lié au prélèvement à la source. L’ajustement, fondé sur les revenus réels et la déclaration, sera versé durant l’été. Ce « trop-perçu » tombe dans une période où les dépenses saisonnières pèsent (vacances, garde d’enfants, loisirs, petits travaux), et il peut aussi servir à reconstituer une épargne entamée durant l’année.

Dans une colocation lyonnaise, Inès Caradec, 27 ans, graphiste, a fait son calcul : « Je vais recevoir un peu plus de 300 euros. Plutôt que de les dépenser, je compte solder une facture d’énergie et alimenter mon matelas de précaution. J’ai décidé que chaque rentrée exceptionnelle me sert à réduire les boulets au pied. » L’approche est vertueuse : prioriser les dettes, puis la trésorerie, avant de penser aux dépenses discrétionnaires. Pour les ménages endettés, un remboursement ponctuel peut amortir une échéance ou réduire le coût d’intérêt sur une ligne de crédit à la consommation.

Comment la hausse de TVA sur l’énergie va-t-elle se répercuter sur votre facture ?

Le 1er août marque aussi un changement de fiscalité énergétique : le taux de TVA sur les abonnements de gaz et d’électricité grimpe de 5,5 % à 20 %. Cette évolution, alignée sur des règles européennes, vise la partie fixe des factures (l’abonnement), sans toucher au kWh consommé de la même manière. Concrètement, la hausse renchérit le « ticket d’entrée » de l’électricité et du gaz, indépendamment du niveau de consommation, ce qui pèse proportionnellement davantage sur les faibles consommateurs.

Certains consommateurs espèrent que le repli de certains prix de l’énergie pourra contrebalancer cet effet. Mais cette compensation n’a rien d’automatique : la facture finale dépendra du fournisseur, du contrat et des usages. L’incertitude demeure, et la vigilance s’impose lors du suivi mensuel.

À Metz, Hugo Vernier, 41 ans, responsable logistique, a déjà arbitré : « Je compare les offres tous les six mois. Je privilégie un prix du kWh raisonnable et, désormais, je regarde d’encore plus près l’abonnement. La hausse de TVA sur le fixe, si tu la subis sans comparer, ça te suit toute l’année. » Les comparateurs et les simulations deviennent des outils indispensables, à activer après réception d’une première facture post-changement pour mesurer l’impact réel.

Dans quelle mesure la sobriété énergétique peut-elle limiter l’impact ?

La partie fixe augmente, mais des leviers existent du côté des usages pour contenir la facture globale. Une chasse aux veilles, un réglage fin du chauffe-eau, un pilotage du chauffage ou de la climatisation et le décalage de certains usages hors pics de consommation contribuent à réduire la dépense mensuelle. Ce sont des gestes connus, mais leur effet cumulé est tangible, surtout quand les prix se tendent.

À Angers, Soraya Bellanger, professeure des écoles, a testé une check-list familiale : « On a commencé par équiper trois multiprises avec interrupteur et programmer le ballon d’eau chaude. Le premier mois, on a gagné une dizaine d’euros. Ce n’est pas spectaculaire, mais ça compense un peu la hausse du fixe. » L’enjeu n’est pas de tout révolutionner, mais d’empiler des gains raisonnables, en visant des habitudes qui ne dégradent pas le confort.

Pourquoi les frais liés aux compteurs non Linky augmentent-ils ?

Les foyers qui n’ont pas encore fait installer un compteur Linky, et refusent toujours l’équipement, doivent désormais s’acquitter de frais réguliers. Le montant est fixé à 6,48 euros hors taxe tous les deux mois, avec un surcoût de 4,14 euros si aucune donnée de consommation n’a été transmise depuis plus d’un an. La logique est simple : inciter à la modernisation du réseau, réduire les coûts de relève et fiabiliser le suivi des consommations.

Le médiateur de l’énergie recommande a minima d’envoyer un index une fois par an, ou de demander un relevé sur site, pour éviter les frais additionnels. Mais, dans les faits, l’addition grimpe vite si la situation perdure. Pour des ménages soucieux de garder la main sur leurs dépenses courantes, une mise à jour de la situation est donc préférable. À défaut d’accepter l’installation du compteur, transmettre les index régulièrement limite la facture parasite.

À Saintes, Doria Ménard, 66 ans, retraitée, hésitait encore : « Je n’étais pas pressée de passer à Linky. Les frais m’ont fait changer d’avis. J’ai appelé pour planifier la pose, et c’est fait. » La bascule est souvent pragmatique : éviter les coûts récurrents pour préserver le budget, d’autant que les compteurs communicants offrent des relevés précis et des options de suivi utiles pour piloter sa consommation.

Quels arbitrages budgétaires réaliser dès maintenant ?

Face à ces changements, trois axes se dessinent. D’abord, ajuster l’épargne liquide en donnant la priorité au LEP, pour ceux qui y ont droit. Ensuite, rationaliser la facture d’énergie : comparer les fournisseurs, se pencher sur les puissances souscrites, vérifier les options heures creuses, et traquer les usages énergivores. Enfin, donner une destination claire aux remboursements d’impôt de l’été : solder un crédit conso, constituer un coussin de sécurité, financer une dépense inévitable sans recourir à l’endettement.

Dans une maison à Pau, Jonas Cazeneuve, père de deux enfants, a adopté une méthode simple : « On a fait un tableau à trois colonnes. Ce qui doit baisser (les charges), ce qui doit monter (l’épargne de précaution) et ce qui reste (les plaisirs raisonnables). Quand l’argent du fisc est tombé, on a coché les cases. » Cette discipline légère, mais régulière, est la meilleure alliée contre la dispersion financière.

Faut-il revoir sa stratégie d’épargne à moyen terme ?

Oui, au moins à la marge. La baisse des taux des livrets réglementés rappelle que ce sont des produits de sécurité, pas de performance. Après avoir sécurisé l’essentiel, un rééquilibrage vers des supports adaptés au profil de risque peut être pertinent. L’enjeu n’est pas de tout déplacer, mais de clarifier l’objectif de chaque poche. À court terme : disponibilité. À moyen terme : rendement raisonnable et volatilité maîtrisée. À long terme : potentiel de performance, avec une acceptation sereine des variations.

Le contexte incertain n’interdit pas de préparer l’avenir. Il exige au contraire une feuille de route : ce qui est sanctuarisé, ce qui est mobilisable, ce qui est investi. Un ménage qui sait où loge chaque euro résiste mieux aux secousses réglementaires.

Comment s’informer sans se noyer dans les annonces ?

Les annonces d’été se superposent souvent à des ajustements techniques. Pour ne pas confondre l’accessoire et l’essentiel, il faut revenir aux fondamentaux du budget : encaisser la réalité (baisse des taux des livrets, hausse de TVA sur l’abonnement), isoler ce qui dépend de soi (choix du contrat d’énergie, sobriété, arbitrages d’épargne) et saisir les opportunités (remboursements d’impôt, taux du LEP). Un point de contrôle mensuel suffit : vérifier ses factures, suivre les taux, adapter les montants d’épargne programmée, et reconsidérer, si besoin, les priorités de dépenses.

La clé n’est pas d’anticiper chaque micro-changement, mais d’installer des réflexes : comparer, automatiser, ventiler. C’est cette routine qui transforme des annonces anxiogènes en variables gérables.

Conclusion

La bascule du 1er août redistribue quelques cartes essentielles : épargne réglementée moins généreuse pour la majorité, coup de pouce ciblé pour le LEP, respiration estivale via les remboursements d’impôt, et pression accrue sur la partie fixe des factures d’énergie. Chacun de ces mouvements appelle une réponse concrète. Revoir ses livrets, vérifier son éligibilité au LEP, allouer intelligemment les sommes remboursées, et traquer les lignes de coût récurrentes (abonnements énergie, frais liés aux compteurs) composent un plan d’action efficace. En filigrane, une leçon simple : garder le contrôle de ce qui dépend de soi, plutôt que de subir ce qui change autour. Les foyers qui s’y tiennent traversent les cycles avec plus de sérénité, parce qu’ils ramènent chaque annonce à des décisions claires, mesurables et réversibles.

A retenir

Pourquoi le Livret A et le LDDS baissent-ils et que faire ?

Leur taux recule à 1,7 % pour soutenir des priorités publiques, notamment le logement social. Conservez une épargne de précaution dessus, mais réallouez l’excédent vers des supports mieux rémunérés selon votre profil. Restez liquide pour les imprévus, pas au-delà.

Le LEP est-il plus avantageux et qui peut en profiter ?

Oui, son taux monte à 2,7 % grâce à un coup de pouce gouvernemental. Il est réservé aux foyers modestes sous conditions de revenus. Si vous êtes éligible, ouvrez-le et priorisez-le jusqu’au plafond pour votre épargne de sécurité.

Que faire de mon remboursement d’impôt d’été ?

Utilisez-le pour solder une dette coûteuse, reconstituer votre épargne de précaution ou financer une dépense inévitable sans recourir au crédit. Donnez-lui un objectif précis pour éviter qu’il se dilue dans les dépenses courantes.

La hausse de TVA sur l’énergie va-t-elle beaucoup augmenter ma facture ?

Elle touche l’abonnement, qui passe à 20 % de TVA, impactant la partie fixe. L’ampleur dépendra de votre contrat et de vos usages. Comparez les offres, ajustez la puissance souscrite et adoptez quelques gestes de sobriété pour compenser.

Refuser Linky peut-il vraiment coûter cher ?

Oui. Des frais de 6,48 € HT tous les deux mois s’appliquent, plus 4,14 € si aucun index n’a été transmis depuis plus d’un an. À défaut d’accepter l’installation, envoyez au moins un relevé annuel pour éviter le surcoût.

Comment réorganiser mon épargne après ces changements ?

Sanctuarisez trois à six mois de dépenses en liquidités. Si éligible, alimentez d’abord le LEP, puis complétez via Livret A/LDDS. Au-delà, diversifiez prudemment selon l’horizon et votre tolérance au risque.

Quels réflexes simples adopter chaque mois ?

Surveillez vos factures d’énergie, comparez les offres, vérifiez les prélèvements, ajustez vos virements d’épargne, et planifiez les dépenses prévisibles. Des routines légères, mais régulières, protègent mieux que des grands remaniements ponctuels.

La baisse des taux d’épargne est-elle une fatalité pour mon pouvoir d’achat ?

Non, si vous arbitrez. En priorisant le LEP, en optimisant votre facture d’énergie et en affectant intelligemment les remboursements d’impôt, vous pouvez neutraliser une partie de l’impact et préserver votre marge de manœuvre.

Faut-il changer de fournisseur d’énergie maintenant ?

Il est pertinent de comparer dès la première facture intégrant la nouvelle TVA. Regardez l’abonnement, le prix du kWh, les conditions de révision et l’option tarifaire. Une mise en concurrence annuelle est un bon réflexe.

Comment éviter les coûts « invisibles » qui grignotent mon budget ?

Faites un audit des prélèvements récurrents (abonnements, assurances, énergie), supprimez le superflu, renégociez le reste. Les petites lignes, additionnées sur l’année, pèsent plus lourd que prévu.