Les routes françaises sont devenues le théâtre d’une escroquerie particulièrement vicieuse, ciblant directement les automobilistes. Cette arnaque bien rodée exploite la générosité des conducteurs avec un scénario émotionnel impliquant des familles en détresse. Mais derrière cette façade se cache une manipulation financière aux conséquences lourdes. Décryptage d’un phénomène en expansion.
Comment fonctionne cette arnaque aux faux billets étrangers ?
Le modus operandi est toujours similaire : un véhicule en panne stationné près d’une station-service ou sur une route secondaire, avec à bord un couple et souvent un enfant. Loïc Bernard, commerçant à Toulouse, raconte : « J’ai cru aider une famille ukrainienne. L’homme me montrait des billets en pleurant, disant qu’ils n’avaient pas mangé depuis deux jours. J’ai donné 200 euros contre ce qu’il présentait comme des hryvnias ukrainiennes… qui se sont révélées être de vieux roubles biélorusses sans valeur. »
Les escrocs jouent sur trois leviers psychologiques :
- La mise en scène familiale créant un sentiment d’urgence
- L’apparente générosité du taux de change proposé
- L’utilisation de devises peu connues du grand public
Quelles sont les monnaies utilisées par les escrocs ?
D’après les signalements recensés, plusieurs devises obsolètes ou peu courantes sont employées :
Les roubles biélorusses
Ancienne monnaie remplacée en 2016, totalement démonétisée depuis juillet 2022. Une coupure de 100.000 anciens roubles (impressionnante par son chiffre) ne vaut absolument rien.
Les forints hongrois
Monnaie encore en circulation, mais dont la valeur est très faible : 500 HUF ≈ 1,30 €. Les escrocs laissent croire à une équivalence avec l’euro.
Les leva bulgares
1 BGN = 0,51 €. Les victimes reçoivent souvent des billets de faible valeur qu’on leur fait passer pour des grosses coupures.
Comment se protéger de cette escroquerie ?
Elodie Vasseur, gérante d’un bureau de change à Angers, conseille : « Jamais je n’échangerais de l’argent sur un parking. Les automobilistes doivent savoir qu’aucune opération de change n’est légitime hors des institutions autorisées. »
Les bonnes pratiques à adopter :
- Refuser catégoriquement tout échange monétaire sur la voie publique
- Proposer d’appeler les secours ou un dépanneur agréé si la détresse semble réelle
- Mémoriser la plaque d’immatriculation et signaler les faits aux gendarmes
- Se méfier des scénarios trop émotionnels ou pressants
Quels sont les profils des victimes ?
D’après les témoignages recueillis, certains profils sont plus vulnérables :
Les personnes âgées
Comme Jacques Lemoine, 72 ans, qui a perdu 450 euros : « Ils parlaient avec un accent de l’Est et montraient des photos d’enfants. Comment ne pas vouloir aider ? »
Les professionnels de la route
Les livreurs et VRP, habitués à s’arrêter fréquemment, sont des cibles privilégiées.
Les touristes étrangers
Moins familiers avec les monnaies locales et les systèmes d’assistance routière français.
À retenir
Comment reconnaître cette arnaque ?
Un véhicule en panne avec une famille à bord, une demande d’argent contre des billets étrangers, une insistance sur l’urgence de la situation.
Que faire si on est approché ?
Garder ses distances, proposer d’appeler les autorités compétentes, ne jamais sortir d’argent.
Où signaler ces escroqueries ?
Au commissariat ou à la gendarmerie locale, ou via la plateforme Pharos (www.internet-signalement.gouv.fr).
Les monnaies à risque
Toutes les devises peu courantes, surtout si elles présentent des coupures à nombreux zéros.
Conclusion
Cette escroquerie sophistiquée montre comment la criminalité s’adapte aux faiblesses humaines. Face à ces situations, la meilleure défense reste la méfiance systématique vis-à-vis de tout échange monétaire informel. Comme le souligne le commandant Lefèbvre de l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante : « La véritable solidarité, c’est de diriger ces personnes vers les services sociaux compétents, pas de jouer les changeurs ambulants. »