Les distributeurs automatiques de billets (DAB) sont devenus des alliés indispensables dans notre quotidien, permettant un accès rapide à l’argent liquide. Pourtant, cette commodité cache des risques croissants. En 2023, plus de 12 000 tentatives de fraude ont été recensées en France, selon l’Observatoire national de la sécurité des paiements électroniques. Derrière ces chiffres se cachent des méthodes de plus en plus sophistiquées, des victimes souvent surprises et des leçons à retenir pour protéger ses finances. À travers les expériences de trois personnes ayant traversé ces situations, explorons les arnaques aux DAB et les solutions pour les éviter.
Pourquoi les DAB attirent-ils particulièrement les escrocs ?
Les distributeurs bancaires sont des cibles idéales pour les fraudeurs, comme l’explique Sophie Leroy, architecte de 34 ans, victime d’un « skimming » en 2022 : « J’ai retiré de l’argent un samedi soir dans une station-service. Deux jours plus tard, des retraits de 800 euros ont été effectués à Marseille, alors que je n’avais pas quitté Paris. » Cette technique consiste à installer des dispositifs discrets sur le lecteur de carte pour copier les données magnétiques, associées à l’enregistrement du code PIN via des caméras miniatures. Les criminels créent ensuite des cartes contrefaites pour vider les comptes.
Les DAB situés dans des lieux isolés ou mal surveillés sont particulièrement vulnérables. Les attaques ont évolué avec des outils de plus en plus sophistiqués, comme les « deep insert skimmers » insérés directement dans le lecteur, ou les logiciels malveillants infectant les machines pour intercepter les codes.
Quels sont les signes qui doivent alerter devant un DAB ?
Jules Moreau, retraité de 68 ans, a échappé à une escroquerie grâce à sa vigilance : « Le clavier du DAB semblait bizarre, avec des touches légèrement décalées. En tirant doucement, j’ai découvert un boîtier collé par-dessus. » Voici les indices à surveiller :
- Un lecteur de carte présentant des bords irréguliers, des couleurs dépareillées ou des marques de forçage
- Un clavier surélevé, avec des touches mal alignées ou un film plastique suspect
- Des caméras cachées, souvent dissimulées dans des objets quotidiens (moulures, affiches, ou même des stylos)
- Des capots de sécurité endommagés ou des voyants lumineux bloqués
Les experts recommandent également de vérifier les câbles apparents : un DAB légitime ne comporte généralement que des connexions intégrées. En cas de doute, il est préférable de renoncer à la transaction et d’informer la banque.
Comment sécuriser ses retraits au quotidien ?
Amélie Dubois, entrepreneuse de 29 ans, a adopté des réflexes simples après avoir été victime d’une tentative de piratage : « Je préfère passer cinq minutes à inspecter le DAB plutôt courir le risque de perdre des mois de bénéfices. » Ses conseils :
- Couvrir le clavier : Utiliser la main libre ou un objet (comme un sac à main) pour masquer la saisie du code PIN, même en plein jour
- Choisir des DAB en intérieur : Les distributeurs situés dans les agences bancaires sont plus sécurisés grâce aux contrôles réguliers et à la présence de caméras de surveillance
- Surveiller son environnement : Repérer les individus suspects restant trop longtemps près du DAB, ou prétendant « aider » les utilisateurs
- Utiliser des applications bancaires en temps réel : Recevoir des notifications immédiates pour chaque transaction permet d’agir rapidement en cas d’anomalie
Il est aussi conseillé de privilégier les DAB équipés de technologies anti-fraude, comme les lecteurs à puce EMV ou les systèmes de détection de dispositifs malveillants, progressivement déployés par les banques.
Que font les banques pour lutter contre ces arnaques ?
Les institutions financières multiplient les initiatives. Thomas Lefèvre, responsable de la cybersécurité à la Banque Nationale de Paris, explique : « Nous avons intégré des capteurs d’ouverture sur nos DAB, déclenchant une alerte en cas de manipulation. Nos systèmes analysent également les comportements atypiques, comme des retraits répétés à différentes vitesses horaires. »
Les banques collaborent aussi avec les forces de l’ordre pour identifier les réseaux criminels. En 2023, une opération menée avec la Direction centrale de la police judiciaire a permis de démanteler un gang ayant détourné plus de 2 millions d’euros via des DAB piégés. Parallèlement, des campagnes de sensibilisation sont organisées, comme le « Mois de la Sécurité Bancaire » en octobre, incluant des ateliers pratiques.
Quelles solutions pour anticiper les nouvelles menaces ?
Les arnaques évoluent avec la technologie. En 2024, les escrocs utilisent des Bluetooth skimmers transmettant les données volées à distance, ou des applications malveillantes envoyées par SMS pour tromper les utilisateurs. Pour s’adapter, les experts recommandent :
- Des formations régulières en entreprise ou en famille, notamment pour les personnes âgées
- L’utilisation de cartes prépayées pour les retraits, limitant l’exposition des comptes bancaires principaux
- Le suivi quotidien des comptes via des outils comme les agrégateurs financiers
- La désactivation des fonctionnalités internationales des cartes si elles ne sont pas utilisées
Comme le souligne Sophie Leroy : « J’ai changé mes habitudes après l’incident. Désormais, je retire de l’argent en début de matinée, quand les DAB sont vérifiés par le personnel bancaire. »
A retenir
Que faire en cas de transaction suspecte ?
Contactez immédiatement votre banque via le numéro figurant au dos de votre carte. Les institutions réagissent généralement sous 30 minutes pour bloquer la carte et ouvrir une enquête. Conservez les justificatifs (reçus, horaires des retraits) pour faciliter les démarches.
Comment choisir un DAB sécurisé ?
Privilégiez ceux situés à l’intérieur des agences, équipés de caméras de surveillance visibles et d’éclairage permanent. Les DAB récents, souvent identifiés par des logos « Sécurité renforcée », intègrent des systèmes de détection automatique de dispositifs frauduleux.
Est-il utile d’utiliser des applications de géolocalisation des DAB ?
Oui, à condition de vérifier les avis des utilisateurs et les mises à jour. Certaines applications, comme « Banque Sécurisée », croisent les données des DAB avec les alertes de fraude en temps réel, offrant une couche supplémentaire de protection.
Comment former les proches aux risques des DAB ?
Organisez des démonstrations pratiques en simulant des situations de risque. Impliquez les personnes âgées en leur montrant des photos de DAB piégés. Proposez des jeux de rôle pour reconnaître les tentatives d’approche des complices.
Protéger ses finances aux DAB n’est pas une tâche isolée, mais un engagement collectif. Comme le rappelle Thomas Lefèvre : « La vigilance est notre meilleure arme. Chaque utilisateur qui repère un dispositif frauduleux sauvepotentiellement des dizaines de victimes. » En combinant les bonnes pratiques, la technologie et l’information continue, il est possible de transformer ces machines vitales en véritables remparts contre la fraude.