Artemis II : ce que l’on sait sur la prochaine mission lunaire de la Nasa en 2026

Alors que la Lune n’a plus accueilli d’êtres humains depuis décembre 1972, à l’issue de la mission Apollo 17, une nouvelle ère de l’exploration spatiale s’ouvre enfin. En février 2026, quatre astronautes s’élanceront vers l’inconnu, non pas pour marcher sur le sol lunaire, mais pour en faire le tour, tester des technologies vitales, et préparer le retour de l’humanité sur notre satellite naturel. Cette mission, baptisée Artemis II, incarne bien plus qu’un simple vol d’essai : elle symbolise la renaissance d’un rêve longtemps endormi. Derrière les chiffres, les dates et les acronymes, il y a des femmes et des hommes, des vies entières consacrées à cette aventure collective. À travers leurs regards, leurs ambitions et leurs peurs, c’est toute l’humanité qui se projette à nouveau vers les étoiles.

Qu’est-ce que la mission Artemis II et pourquoi est-elle historique ?

Artemis II représente la première mission habitée du programme Artemis de la NASA, conçue pour ramener l’Homme sur la Lune après plus de cinquante ans d’absence. Prévue pour le 5 février 2026, elle marquera le retour des astronautes dans l’espace profond depuis Apollo. Contrairement à Artemis I, qui a été un vol non habité en 2022, cette fois-ci, quatre personnes prendront place à bord de la capsule Orion. Leur objectif n’est pas d’atterrir, mais de tester tous les systèmes vitaux de la capsule dans des conditions réelles, avec des humains à bord, tout en effectuant un survol de la Lune. Ce vol d’essai est une étape cruciale avant Artemis III, qui devrait réussir l’exploit d’un nouvel atterrissage lunaire en 2027.

Le lancement se fera depuis le Kennedy Space Center en Floride, à bord de la fusée Space Launch System (SLS), la plus puissante jamais construite par l’agence spatiale américaine. En termes de puissance, la SLS dépasse même la mythique Saturn V des missions Apollo. Après huit minutes de vol vertical, l’étage principal se détachera, laissant Orion poursuivre sa trajectoire vers la Lune. Pendant environ dix jours, l’équipage parcourra près de 450 000 kilomètres, atteignant un point situé à 9 200 kilomètres au-delà de la face cachée de la Lune – un record pour un vol habité.

Qui sont les astronautes sélectionnés pour Artemis II ?

Le choix de l’équipage reflète une volonté de diversité et d’inclusion sans précédent dans l’histoire de l’exploration spatiale. À leur tête, Reid Wiseman, un vétéran de la Station spatiale internationale (ISS), assurera le commandement de la mission. Pilote de chasse de formation, Wiseman a déjà passé 165 jours dans l’espace. Ce n’est pas un rêve personnel, c’est un rêve collectif , confie-t-il dans une interview récente. Quand je regarde mes enfants, je veux qu’ils sachent que l’impossible est possible.

À ses côtés, Victor Glover, pilote de la mission, incarne une autre première : il deviendra le premier Afro-Américain à voyager dans l’espace profond. Ingénieur aéronautique et pilote d’essai, Glover a également effectué une longue mission sur l’ISS en 2020-2021. Je ne me sens pas seulement porteur d’un uniforme, mais d’un héritage , dit-il. Mes ancêtres n’auraient jamais imaginé cela. Et pourtant, je suis là.

Christina Koch, spécialiste de mission, est une figure emblématique de la nouvelle génération d’astronautes. En 2019, elle a établi le record de la plus longue mission spatiale consécutive pour une femme (328 jours). Elle a également participé à la première sortie extravéhiculaire entièrement féminine. Pour elle, Artemis II est une étape vers l’égalité dans l’espace . Nous ne sommes pas là pour faire de la représentation, mais pour prouver que la compétence n’a pas de genre , affirme-t-elle.

Enfin, Jeremy Hansen, astronaute canadien, complète l’équipage. Il sera le premier Canadien à voyager au-delà de l’orbite terrestre. Originaire de l’Ontario, ce pilote de chasse devenu ingénieur spatial a été sélectionné en 2009. Quand j’étais enfant, je regardais la Lune en me demandant ce qu’il y avait de l’autre côté , raconte-t-il. Aujourd’hui, je vais enfin le découvrir – pas seul, mais avec trois collègues formidables et un pays derrière moi.

Quels objectifs scientifiques et techniques poursuit Artemis II ?

Bien que la mission ne prévoie pas d’alunissage, elle n’en est pas moins ambitieuse sur le plan technique. L’un des enjeux majeurs est de valider les systèmes de la capsule Orion en conditions réelles. Cela inclut les boucliers thermiques, les communications, la gestion de l’air et de l’eau, ainsi que les protections contre les radiations cosmiques – un danger accru dans l’espace profond.

L’équipage devra également tester les procédures d’urgence, les manœuvres orbitales et la navigation autonome. Chaque instant du vol sera scruté par des centaines d’ingénieurs au sol, notamment au Johnson Space Center à Houston. Orion est une capsule conçue pour l’avenir , explique Amélie Dubois, ingénieure en volabilité au CNES. Elle doit être capable non seulement de ramener des humains de la Lune, mais aussi de servir de base pour des missions vers Mars. Artemis II, c’est le premier test de ce futur.

Sur le plan scientifique, les astronautes effectueront des observations uniques de la Terre et de la Lune depuis une position jamais occupée auparavant par des humains. À 9 200 km derrière la Lune, ils verront notre planète comme un petit point bleu dans l’immensité noire – une perspective à la fois poétique et scientifique. Ces images pourraient contribuer à des études sur la perception humaine de l’espace et sur l’effet overview , ce changement de conscience rapporté par de nombreux astronautes après avoir vu la Terre depuis l’espace.

Comment Artemis II prépare-t-elle le retour sur la Lune en 2027 ?

Artemis II est souvent décrite comme une répétition générale avant le grand spectacle d’Artemis III. Cette dernière mission, prévue en 2027, devrait voir deux astronautes – dont une femme – marcher sur la surface lunaire, probablement près du pôle Sud. C’est là que se trouvent des ressources essentielles, comme la glace d’eau, qui pourraient un jour permettre de construire une base permanente.

Sans Artemis II, Artemis III serait un saut dans l’inconnu , souligne Lucas Moreau, historien des sciences et spécialiste des programmes spatiaux. Les Américains ont appris à leurs dépens, lors d’Apollo, que chaque étape doit être validée. On ne peut pas sauter des phases critiques.

La mission de 2026 permettra aussi de tester les protocoles de communication avec la Terre, les délais de réponse, et la coordination entre les différentes agences impliquées – notamment la NASA, l’Agence spatiale canadienne (ASC), l’ESA et le JAXA. Jeremy Hansen, en tant que représentant du Canada, portera une caméra embarquée qui enverra des données en temps réel, et il testera le nouveau bras robotique Canadarm3, essentiel pour les futures stations orbitales.

Quel impact culturel et sociétal Artemis II pourrait-elle avoir ?

La mission ne se limite pas à des enjeux techniques. Elle touche aussi au symbole. Alors que le monde fait face à des crises climatiques, sanitaires et géopolitiques, Artemis II rappelle que l’humanité est capable de grands projets collectifs. C’est une fenêtre d’espoir , estime Élise Troadec, philosophe des sciences. Quand on voit ces quatre personnes, de genres, de nationalités et d’origines différentes, travailler ensemble pour un objectif commun, on se dit que d’autres formes de coopération sont possibles.

Dans les écoles, des projets pédagogiques sont déjà en cours autour de la mission. À Rennes, une classe de CM2 dirigée par l’enseignante Sophie Le Guen a suivi le parcours des astronautes depuis leur sélection. Mes élèves ont fabriqué des maquettes d’Orion, écrit des journaux de bord imaginaires, et même simulé un départ , raconte-t-elle. L’un d’eux, Yanis, m’a dit : ‘Madame, si eux peuvent y aller, peut-être que moi aussi, un jour, je pourrai.’ C’est ça, le pouvoir de ces missions : elles inspirent.

Quels sont les risques et les défis d’un tel voyage ?

Malgré les avancées technologiques, le voyage vers la Lune reste extrêmement dangereux. L’un des principaux risques est l’exposition aux radiations solaires et cosmiques, particulièrement élevée en dehors du champ magnétique terrestre. Même si Orion est équipée de zones de protection, l’équipage sera soumis à des niveaux de rayonnement bien supérieurs à ceux de l’orbite terrestre.

Le stress psychologique est également un enjeu majeur. Pendant dix jours, les astronautes seront isolés, loin de toute possibilité de secours rapide. La capsule est plus spacieuse qu’Apollo, mais on reste confinés à quatre , précise Victor Glover. On s’entraîne autant sur la technique que sur la communication, sur la gestion des conflits. Parce que là-haut, tout peut arriver.

Enfin, il y a le risque technique. La SLS, bien que testée au sol, n’a jamais volé avec des humains à bord. De même, le système d’évacuation d’urgence en cas de défaillance au décollage reste une inconnue dans des conditions réelles. On ne prend pas de décision à la légère , affirme Reid Wiseman. Chaque membre de l’équipe sait ce qu’il risque. Mais on le fait pour l’avenir.

Quel avenir pour l’exploration lunaire après Artemis II ?

Artemis II ouvre la voie à une nouvelle ère de l’exploration. Après le retour sur la Lune en 2027, la NASA et ses partenaires internationaux envisagent la construction d’une station spatiale orbitale, appelée Gateway, qui servira de relais pour des missions plus lointaines, notamment vers Mars. Des entreprises privées comme SpaceX et Blue Origin devraient également jouer un rôle croissant, avec des vols commerciaux et des infrastructures de soutien.

Nous ne sommes plus dans l’ère des courses à la Lune, mais dans celle de la présence durable , analyse Amélie Dubois. Artemis, ce n’est pas seulement revenir. C’est rester.

A retenir

Quelle est la date prévue pour Artemis II ?

La mission Artemis II est prévue pour le 5 février 2026. Ce vol d’essai habité marquera le retour de l’Homme dans l’espace profond après plus de cinquante ans.

Qui compose l’équipage d’Artemis II ?

L’équipage comprend quatre astronautes : Reid Wiseman (commandant), Victor Glover (pilote), Christina Koch (spécialiste de mission) et Jeremy Hansen (astronaute canadien). Ensemble, ils incarnent une diversité sans précédent dans l’histoire spatiale.

Quelle distance parcourra la mission ?

Artemis II parcourra environ 450 000 kilomètres et atteindra un point situé à 9 200 kilomètres au-delà de la Lune, établissant un nouveau record pour un vol habité.

Quel est l’objectif principal de la mission ?

L’objectif principal est de tester tous les systèmes de la capsule Orion avec des humains à bord, en conditions réelles, afin de préparer la mission Artemis III, qui prévoit un atterrissage sur la Lune en 2027.

Quelle est la fusée utilisée pour Artemis II ?

La mission utilisera la Space Launch System (SLS), la fusée la plus puissante jamais construite par la NASA, capable de générer 8,8 millions de livres de poussée au décollage.