Longtemps considéré comme le placement de référence, le Livret A voit aujourd’hui sa suprématie remise en question. De plus en plus de Français se tournent vers l’assurance vie, séduits par sa flexibilité et ses avantages fiscaux. Cette dynamique est renforcée par un projet de fusion partielle entre cinq grandes banques françaises, qui envisagent de créer un produit hybride combinant les atouts du Livret A et ceux de l’assurance vie.
Pourquoi les Français se tournent-ils vers l’assurance vie ?
Le principal moteur de ce basculement réside dans les performances modestes du Livret A, dont le taux de rémunération ne suit pas toujours l’inflation. En comparaison, l’assurance vie permet d’accéder à des rendements potentiellement plus élevés, tout en conservant une certaine sécurité, notamment via les fonds en euros. Elle offre également une fiscalité avantageuse au bout de huit ans, ce qui attire les épargnants soucieux d’optimiser leurs placements sans prendre de risques excessifs.
« J’avais l’impression que mon Livret A n’était qu’un compte d’attente. Ça me rassurait, mais je voyais mon argent dormir », raconte Sandrine Marchal, 48 ans, cadre dans la fonction publique à Metz. « Mon conseiller m’a proposé une assurance vie avec un profil prudent, et depuis deux ans, les rendements sont nettement meilleurs. Je ne regrette pas. »
Comment les consommateurs perçoivent-ils cette évolution ?
À travers le pays, les conseillers bancaires constatent un glissement progressif vers des produits plus dynamiques. Ce phénomène touche toutes les générations, mais il est particulièrement marqué chez les 35-55 ans, en pleine stratégie de constitution de patrimoine.
À Toulouse, Vincent Bourdon, artisan menuisier de 39 ans, a sauté le pas l’an dernier :
« C’est après une discussion avec un ami que j’ai réalisé que je pouvais faire mieux que le Livret A. J’ai ouvert une assurance vie pour placer mes économies et j’ai gardé un petit matelas de sécurité ailleurs. J’ai besoin de voir mon argent bouger un peu, mais sans tout risquer. »
Dans les agences bancaires, ce type de discours revient régulièrement. Certains clients demandent désormais dès le premier rendez-vous : « Est-ce que j’ai autre chose que le Livret A ? » Ce changement de posture pousse les établissements à revoir leur offre.
Quel est l’objectif de la fusion partielle entre les banques ?
Le projet de fusion entre cinq grandes banques françaises vise à créer un nouveau produit d’épargne qui réunirait les qualités du Livret A (sécurité, liquidité) et celles de l’assurance vie (rendement, fiscalité optimisée). Selon une source proche du dossier, l’objectif serait de « moderniser l’épargne de précaution en la rendant plus performante, sans la complexifier ».
Le produit, encore en phase de conception, pourrait permettre aux épargnants de répartir automatiquement leur capital entre une poche sécurisée et une poche investie, avec une interface simplifiée et des garanties claires.
Que pensent les experts financiers ?
Les avis divergent. Certains analystes voient dans cette initiative une réponse stratégique à la montée en puissance des fintechs et des plateformes d’investissement en ligne. « Le Livret A reste solide, mais il est statique. L’assurance vie est plus technique, mais plus riche. Un hybride bien conçu pourrait combler un vrai manque », estime Sophie Bertrand, économiste chez Épargne & Société.
D’autres pointent le risque de confusion pour les épargnants moins à l’aise avec les produits financiers. « Si ce nouveau produit ressemble à une usine à gaz, il sera boudé », prévient Marc Delattre, consultant en stratégie bancaire.
Quels pourraient être les impacts sur le marché de l’épargne ?
Si la fusion aboutit, elle pourrait non seulement redynamiser l’épargne traditionnelle, mais aussi séduire une clientèle plus jeune, avide de solutions modernes. Le défi sera de prouver que les rendements annoncés se concrétisent et que la gestion reste simple et transparente.
« Si je peux avoir un produit qui me donne la souplesse du Livret A mais avec un vrai potentiel de gain, je signe tout de suite », confie Kévin Benaïm, 28 ans, développeur web à Lyon. « Je ne veux pas passer ma vie à comparer des supports, je veux juste que mon épargne travaille intelligemment. »
Ce type de profil, technophile mais prudent, est précisément la cible de ce futur produit hybride.
À retenir
Qu’est-ce que le projet de fusion partielle entre les banques ?
Un projet visant à créer un produit hybride associant la sécurité du Livret A à la rentabilité de l’assurance vie.
Quels sont les avantages de l’assurance vie par rapport au Livret A ?
Une meilleure rentabilité potentielle, des avantages fiscaux, et une plus grande flexibilité dans la gestion des fonds.
Comment les épargnants pourraient-ils bénéficier de cette fusion ?
En accédant à un produit offrant à la fois la liquidité du Livret A et les options de placement avantageuses de l’assurance vie.