Les banques interdisent désormais les virements des grands-parents sur les livrets A des petits-enfants – voici pourquoi

Depuis quelques années, une vague de perplexité a déferlé sur les familles françaises. Ce geste ancestral qui consistait à alimenter le livret A d’un petit-enfant pour son avenir se heurte désormais à une nouvelle réalité bancaire. Entre réglementations méconnues et impératifs de sécurité, comment perpétuer cette tradition sans tomber dans les pièges juridiques ? Éclairage sur un sujet qui concerne des milliers de grands-parents désemparés.

Pourquoi les banques bloquent-elles les virements directs vers les comptes des mineurs ?

Loin d’être une lubie récente, cette restriction puise ses racines dans un texte de 1969, longtemps resté lettre morte. « Je croyais à une erreur technique quand ma banque a refusé mon virement pour la communion de Lina », confie Mathilde Vallin, 68 ans. Comme elle, nombreux sont ceux qui découvrent avec stupeur cette règle prohibant les flux extérieurs vers les livrets mineurs. La digitalisation avait créé une illusion de simplicité en attribuant des RIB à ces comptes, mais les établissements bancaires reviennent aujourd’hui à l’application stricte de la loi.

Quel est le véritable enjeu derrière ce durcissement ?

Jonathan Herbrecht, conseiller en gestion de patrimoine, explique : « Les banques subissent une pression réglementaire accrue. Entre lutte contre le blanchiment et protection des mineurs, elles doivent prouver la traçabilité de chaque euro. » Cette rigueur répond aussi aux inquiétudes des parents comme Karim Belkacem, père de jumeaux : « Savoir que l’argent de mes enfants est mieux protégé me rassure, même si ça complexifie les cadeaux familiaux. »

Quels comptes sont réellement impactés par ces restrictions ?

Le livret A, star incontestée de l’épargne populaire, se trouve en première ligne. « J’avais ouvert un livret Jeune pour mon fils à sa naissance, sans imaginer ces complications », témoigne Élodie Chambert, mère célibataire. Les autres livrets réglementés (LDDS, LEP) subissent le même sort dès lors qu’ils appartiennent à des mineurs. Seule exception : les comptes courants classiques, qui servent désormais de sas obligatoire pour toute transaction.

Comment contourner légalement ces obstacles bancaires ?

Face à ces barrières inédites, les solutions alternatives fleurissent. « L’important est de maintenir ce lien intergénérationnel tout en restant irréprochable », souligne Maître Solène Vibert, notaire spécialisée en droit familial.

Le virement parental : une passerelle sécurisée

La procédure idéale ? Transférer d’abord l’argent sur le compte des parents avec une mention claire (« Pour le BAC de Théo – Tante Josiane »). « Mes beaux-parents utilisent cette méthode depuis deux ans », raconte Laurent Djerbi. « Nous recevons l’argent sur notre compte joint avant de le virer sur le livret de notre fille, avec une trace écrite systématique. »

Le chèque : un classique qui résiste

Bien que moins instantané, le chèque nominatif garde ses adeptes. « À 82 ans, je préfère écrire un chèque que me battre avec les applications bancaires », sourit René Aubéry, grand-père de six petits-enfants. Certaines banques proposent même des chéquiers spécialement conçus pour les dons familiaux, avec un espace dédié à la mention du motif.

Quelles innovations pour faciliter ces transferts intergénérationnels ?

Le secteur financier s’adapte progressivement. Des néobanques comme PixPay proposent désormais des comptes enfants avec fonctionnalités dédiées. « Notre interface permet aux grands-parents d’envoyer de l’argent via une simple invitation, tout en gardant le contrôle parental », détaille Clara Nemo, responsable communication de la fintech.

A retenir

Pourquoi cette interdiction survient-elle maintenant ?

Les banques appliquent enfin une réglementation de 1969, poussées par les nouvelles normes anti-blanchiment et la protection accrue des mineurs.

Quelle est la solution la plus simple actuellement ?

Privilégier le virement vers le compte des parents avec libellé explicite, suivi d’un transfert vers le livret de l’enfant.

Les chèques sont-ils vraiment plus sûrs ?

Oui, car ils laissent une trace physique infalsifiable, mais ils impliquent des délais et parfois des frais selon les banques.

Conclusion

Ce qui apparaissait comme une simple formalité bancaire révèle en réalité un profond changement sociétal. Entre sécurité financière et préservation des traditions familiales, les Français doivent désormais naviguer avec subtilité. Comme le résume si bien Irène Kovac, grand-mère de la jeune Alma : « L’important n’est pas la technicité du geste, mais l’amour qui l’accompagne. Même si désormais, il faut un peu plus de paperasse pour le prouver. »