Barbecue à charbon : interdiction renforcée en 2025 dans plusieurs départements pour éviter les incendies

Alors que l’été touche à sa fin, les jardins s’emplissent encore des effluves de grillades, des rires d’enfants et des discussions animées entre amis. Pourtant, cette tradition est désormais encadrée par une nouvelle réglementation qui bouleverse les habitudes des Français. Face à des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et aux incendies ravageant chaque été des milliers d’hectares, les pouvoirs publics ont pris des mesures radicales : l’interdiction temporaire ou permanente des barbecues à charbon dans certaines zones sensibles. Ce changement, bien qu’imposé par l’urgence climatique, suscite à la fois incompréhension, adaptation et parfois innovation. Décryptage d’une loi qui redessine le paysage des réunions estivales.

Qu’est-ce que la nouvelle réglementation sur les barbecues à charbon ?

La France fait face à une crise climatique croissante, marquée par des vagues de chaleur prolongées et une sécheresse sans précédent dans de nombreuses régions. Dans ce contexte, les autorités ont décidé de renforcer les mesures de prévention des incendies de forêt, notamment en ciblant l’un des facteurs humains les plus courants : les barbecues à charbon. Depuis peu, une réglementation plus stricte encadre leur utilisation, non pas à l’échelle nationale, mais de manière ciblée selon les départements et les conditions météorologiques.

Cette loi n’interdit pas formellement les barbecues à charbon sur tout le territoire, mais elle autorise les préfets à imposer des restrictions dans les zones à risque. Ces décisions sont prises en fonction de l’indice de danger d’incendie, qui prend en compte l’humidité du sol, la végétation sèche, la température et le vent. Ainsi, dans les départements particulièrement vulnérables, l’allumage de feux, y compris les barbecues, peut être interdit pendant certaines périodes, notamment en fin d’été, lorsque les sols sont les plus arides.

Le texte de loi s’appuie sur le Code forestier, qui permet aux préfets de réglementer l’usage du feu en milieu naturel. Ce cadre juridique, déjà utilisé dans les zones de montagne ou de forêt, est désormais étendu à des espaces plus fréquentés, comme les jardins privés jouxtant des massifs ou les terrasses en zone périurbaine.

Quels départements sont concernés par ces interdictions ?

Les régions les plus touchées par ces mesures sont celles où les incendies sont les plus fréquents : le sud-est et le sud-ouest de la France. Les Pyrénées-Orientales, par exemple, ont mis en place une interdiction totale d’allumer des feux dans les massifs forestiers du 1er au 30 septembre. Cette mesure s’applique à tout type de combustion, y compris les barbecues à charbon, les feux de camp ou les grillades improvisées en pleine nature.

Dans les Bouches-du-Rhône et le Var, les règles sont similaires. L’utilisation de barbecues est interdite dans les espaces boisés, mais aussi dans les zones proches, comme les parcs ou les zones de garrigue. Une dérogation peut être accordée par la préfecture, mais elle est rarement octroyée en période de sécheresse avérée. À Toulon, où les vents violents amplifient rapidement les flammes, les contrôles ont été renforcés dès le début de l’été.

En Hérault, la réglementation est légèrement plus nuancée. L’interdiction s’applique dans les forêts, les garrigues et les bois, mais les barbecues sont autorisés à condition d’être situés à plus de 200 mètres de ces zones sensibles. Cette distance, calculée au cas par cas, vise à limiter le risque de propagation. À Montpellier, des panneaux d’information ont été installés dans les parcs municipaux pour rappeler ces distances de sécurité.

Quelles sont les sanctions en cas de non-respect ?

Ignorer ces interdictions n’est pas sans conséquence. Tout contrevenant s’expose à une amende forfaitaire de 180 euros, qui peut être majorée en cas de récidive ou si l’infraction a entraîné un début d’incendie. Les agents des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), ainsi que les gardes forestiers, sont habilités à verbaliser.

À Sète, un homme a récemment été condamné après avoir allumé un barbecue sur sa terrasse, à moins de 100 mètres d’un bois. Une étincelle a mis le feu à un buisson, heureusement éteint rapidement par les voisins. L’amende a été portée à 450 euros en raison du risque encouru. « Je ne pensais pas que ça pouvait partir aussi vite », a-t-il déclaré aux autorités. « Un simple coup de vent, et tout peut s’embraser. »

Les copropriétés jouent également un rôle clé dans l’application de ces règles. De nombreux syndics interdisent désormais l’usage de barbecues sur les balcons, invoquant les risques d’incendie et les nuisances. À Marseille, l’immeuble du quartier du Roucas-Blanc a instauré une clause dans son règlement intérieur : tout barbecue à charbon est interdit, sous peine d’une sanction financière de 200 euros par infraction. « On a eu un incident l’année dernière, explique le syndic, Julien Lefebvre. Un voisin a fait griller des saucisses, et les braises ont atterri sur le balcon du dessous. Heureusement, personne n’a été blessé, mais on ne peut plus prendre ce risque. »

Pourquoi cette loi est-elle justifiée sur le plan environnemental ?

Au-delà du risque d’incendie, cette réglementation s’inscrit dans une démarche plus large de protection de l’environnement. Les barbecues à charbon sont de véritables émetteurs de particules fines, de dioxyde de carbone et de monoxyde de carbone. Selon une étude de l’Agence de la transition écologique, une seule séance de grillade peut rejeter autant de CO2 qu’un trajet de 100 km en voiture.

Les autorités estiment qu’en limitant l’usage du charbon de bois, notamment en zone sensible, les émissions de particules nocives pourraient diminuer de 17 % pendant la période estivale. Ce chiffre, bien qu’il puisse sembler modeste, représente des dizaines de tonnes de polluants évités chaque été.

Émilie Rousseau, fondatrice de GreenGrill, une start-up basée à Montpellier, voit dans cette loi une opportunité. « On a longtemps banalisé l’impact environnemental du barbecue, mais aujourd’hui, les mentalités changent. Nos clients nous disent qu’ils veulent continuer à griller, mais autrement. » Son entreprise propose des barbecues électriques à haute performance, des modèles à gaz propane certifiés bas carbone, ou encore des dispositifs utilisant du charbon végétal issu de forêts gérées durablement.

« Le goût n’est pas le même, reconnaît-elle, mais la différence se réduit avec les nouvelles technologies. Et surtout, on peut griller en conscience, sans mettre en danger la nature autour de nous. »

Quelles alternatives aux barbecues à charbon sont disponibles ?

Face à l’interdiction, de nombreux Français cherchent des solutions de rechange. Les barbecues électriques, longtemps boudés pour leur image de « moins bon goût », connaissent un regain d’intérêt grâce à des modèles plus puissants et mieux conçus. En zone urbaine, ils sont souvent la seule option autorisée.

Le gaz propane est également une alternative populaire. Moins polluant que le charbon, plus facile à contrôler, il permet une cuisson rapide et propre. À Nîmes, Clémentine Dubois, mère de deux enfants, a changé de barbecue cette année. « On adore les grillades familiales, mais on ne voulait pas risquer une amende ou pire, un incendie. On a opté pour un modèle à gaz, avec une plaque en fonte. Le résultat est presque identique, et c’est beaucoup plus sûr. »

Les barbecues à granulés de bois, inspirés des poêles à pellets, offrent une autre piste. Ils utilisent du bois compressé sans additif, brûlent proprement et permettent une cuisson par fumée contrôlée. Moins connus en France, ils gagnent du terrain chez les amateurs de « slow barbecue ».

Enfin, certaines communes proposent des espaces de grillades aménagés, équipés de barbecues fixes, sécurisés et entretenus. À Perpignan, une dizaine de parcs disposent désormais de ces installations, gratuites et accessibles sur réservation. « C’est un bon compromis, estime Marc Télier, habitant du quartier de Canet. On peut faire une grillade en famille, sans se soucier des règles ou du nettoyage. Et surtout, c’est sécurisé. »

Comment les citoyens s’adaptent-ils à ces nouvelles règles ?

L’adaptation est inégale. Dans les zones rurales ou forestières, beaucoup respectent les interdictions sans broncher, conscients des risques. À Banyuls-sur-Mer, village niché entre mer et montagne, les habitants sont particulièrement vigilants après avoir vu plusieurs incendies ravager les collines voisines.

« On a perdu des hectares de châtaigneraies en 2022, raconte Léa Vidal, agricultrice locale. Depuis, on est tous plus prudents. On a même organisé un atelier avec les enfants pour leur expliquer pourquoi on ne fait plus de feux à l’extérieur. »

Dans les villes, l’adaptation passe par l’information. Les mairies diffusent des brochures, des affiches et des messages sur les réseaux sociaux. À Aix-en-Provence, des agents municipaux patrouillent dans les parcs avec des flyers explicatifs. « On ne cherche pas à punir, mais à sensibiliser », précise Camille Nguyen, chargée de la prévention au sein de la mairie.

Certains, toutefois, regrettent cette restriction. « On se sent un peu infantilisés », confie Thomas Ravel, retraité à Fréjus. « Pendant des décennies, on a fait des barbecues sans problème. Aujourd’hui, on nous dit que c’est interdit, sans toujours expliquer pourquoi. Il faudrait mieux communiquer. »

Quel avenir pour le barbecue en France ?

Le barbecue fait partie intégrante de la culture estivale française. Pourtant, son avenir dépendra de notre capacité à concilier plaisir, sécurité et respect de l’environnement. La réglementation actuelle n’est probablement qu’un premier pas. À terme, on pourrait imaginer des labels de barbecue durable, des formations pour les utilisateurs, ou des incitations fiscales pour l’achat d’appareils écologiques.

Ce qui est certain, c’est que le changement climatique impose de nouvelles règles de vie. Comme le dit Émilie Rousseau : « On ne grille plus comme avant. Mais on peut griller mieux. »

A retenir

Quels types de barbecues sont interdits ?

Les barbecues à charbon de bois sont interdits dans les zones à risque d’incendie, notamment les forêts, garrigues et bois, ainsi que dans un rayon pouvant aller jusqu’à 200 mètres selon les départements. L’interdiction peut être temporaire ou permanente, selon les décisions préfectorales.

Dans quels départements l’interdiction s’applique-t-elle ?

Les Pyrénées-Orientales, les Bouches-du-Rhône, le Var et l’Hérault sont parmi les départements les plus stricts. D’autres régions du sud de la France peuvent également appliquer des mesures similaires en fonction des conditions climatiques.

Quelle est la sanction en cas de non-respect ?

Une amende de 180 euros est prévue pour les contrevenants. Elle peut être augmentée en cas de récidive ou si l’infraction a causé un début d’incendie. Les copropriétés peuvent aussi imposer des sanctions internes.

Existe-t-il des alternatives autorisées ?

Oui, les barbecues électriques, à gaz propane ou à granulés de bois sont généralement autorisés, même en zone sensible, à condition de respecter les règles de sécurité. Certains espaces publics proposent également des barbecues fixes et sécurisés.

Comment savoir si mon département est concerné ?

Les informations sont disponibles sur les sites des préfectures, des mairies ou des services départementaux d’incendie. Des applications mobiles, comme « Vigilance Feu de forêt », permettent également de consulter en temps réel le niveau de risque dans sa région.