Brigitte Bardot, icône du cinéma français, figure emblématique des années 1960, n’a jamais été seulement une actrice. Derrière le sourire éclatant, le regard mutin et la silhouette légendaire, se cache une femme profondément marquée par les choix amoureux, les blessures intimes et un engagement qui a fini par redéfinir toute son existence. Ce n’est pas un rôle, mais une vie réelle, traversée par la passion, la solitude et une détermination sans faille. L’épisode de sa rupture avec le journaliste Allain Bougrain-Dubourg, longtemps tenu à l’écart des projecteurs, révèle un moment charnière où l’amour a cédé face à des convictions trop fortes pour être compromises. Ce refus, ce non prononcé, a changé le cours de deux destins.
Qui était Brigitte Bardot avant que l’amour ne croise le militantisme ?
Avant d’être une militante, Brigitte Bardot était une femme en quête d’authenticité. Née en 1934 dans une famille bourgeoise parisienne, elle entre jeune au conservatoire de danse, rêvant d’une carrière sur les planches. Mais le cinéma l’emporte. À 15 ans, elle tourne dans Les Lauriers sont coupés, puis explose en 1956 avec Et Dieu… créa la femme, réalisé par Roger Vadim, son premier mari. Ce film, scandaleux pour l’époque, la propulse au rang de symbole de la liberté féminine et de la sensualité décomplexée.
Derrière la façade glamour, la réalité est plus complexe. Son mariage avec Vadim, puis avec l’acteur Jacques Charrier, est marqué par des tensions. Avec Charrier, elle donne naissance à son fils unique, Nicolas, en 1960. L’enfant devient rapidement une proie pour la presse people, photographié dès son plus jeune âge. Ce harcèlement médiatique laisse des traces. « Voir mon fils traqué comme une vedette m’a révoltée », confiera-t-elle plus tard. C’est à ce moment-là que germe en elle une méfiance envers la notoriété, et un désir croissant de protéger ce qui lui est cher — d’abord son enfant, puis, plus largement, les êtres vulnérables.
Elle vit plusieurs liaisons tumultueuses, notamment avec Gunter Sachs, milliardaire allemand qu’elle épouse en 1966. Leur mariage, célébré le 14 juillet — jour symbolique — à Saint-Tropez, fait la une des journaux. Mais les infidélités de Sachs, largement médiatisées, la blessent. Elle divorce en 1969, après seulement trois ans. Chaque relation semble la rapprocher davantage d’un besoin de sincérité, d’un amour sans masque, sans spectacle.
Quand l’amour pour les animaux devient une vocation ?
Le tournant se produit en 1972, sur le plateau du film Colinot trousse-chemise, tourné en Dordogne. Un jour, Brigitte Bardot découvre qu’une chèvre doit être sacrifiée pour une scène de méchoui. Horrifiée, elle refuse de tourner. Elle rachète l’animal, le cache dans sa caravane, puis l’emmène à son hôtel à Sarlat. Elle dort avec la chèvre et sa chienne, refusant de la laisser seule. Ce geste, à la fois simple et radical, n’est pas une lubie : c’est le début d’un engagement profond.
« Ce n’était pas une chèvre, c’était une vie », dira-t-elle des années plus tard. À partir de ce moment, elle multiplie les sauvetages : chiens abandonnés, chats errants, animaux maltraités. Elle utilise sa notoriété pour attirer l’attention, lance des appels publics, finance des refuges. En 1986, elle crée la Fondation Brigitte Bardot, dédiée à la protection animale. Sa voix, puissante et médiatisée, devient un outil de pression.
Elle ne se contente pas de signer des pétitions. Elle se rend sur le terrain, participe à des opérations de secours, interpelle les politiques. Son discours est dur, parfois polémique, mais toujours sincère. « Je n’ai pas choisi de militer, explique-t-elle. J’ai choisi de ne plus regarder ailleurs. »
Quelle était la nature de sa relation avec Allain Bougrain-Dubourg ?
C’est dans ce contexte qu’elle rencontre Allain Bougrain-Dubourg, journaliste spécialisé dans la nature et la protection animale. Leur rencontre, dans les années 1980, n’est pas le fruit du hasard. Tous deux partagent une passion pour le silence des forêts, pour les gestes discrets mais forts, pour une forme d’ascèse loin des mondanités. Leur complicité est immédiate.
« Avec Brigitte, on parlait peu, mais on se comprenait beaucoup », raconte-t-il dans un entretien privé. Pendant près de sept ans, ils forment un couple atypique : discret, engagé, tourné vers l’action. Ils mènent ensemble des campagnes contre la chasse aux phoques, les corridas, les expérimentations animales. Ils se retrouvent dans le Sud de la France, loin des regards, dans une maison simple entourée de chiens et de chats.
Leur relation est profonde, mais fragile. Brigitte Bardot, marquée par ses mariages passés, aspire à une stabilité définitive. Elle souhaite officialiser leur union. Pour elle, ce n’est pas une question de cérémonie, mais de symbole : un engagement public, à l’image de celui qu’elle a pris pour les animaux.
Pourquoi Allain Bougrain-Dubourg a-t-il dit non ?
Le refus d’Allain Bougrain-Dubourg n’est pas un rejet de Brigitte, mais une peur : celle de la surexposition. Journaliste respecté, il a toujours cultivé une certaine discrétion. Il redoute que leur mariage ne devienne un spectacle médiatique, que leur combat ne soit parasité par l’attention sur leur vie privée. « Je savais que si on se mariait, les caméras seraient partout, les journaux parleraient de nous pendant des mois. Et ça, je ne voulais pas », confie-t-il plus tard à un proche.
Dans un entretien à Closer en 2015, il évoque un sentiment de « pression infernale » liée à l’idée de devenir le mari de Brigitte Bardot. « Ce n’est pas moi qui aurais changé, c’est notre relation. Elle aurait été déformée, mise en scène, commente-t-il. Je voulais préserver ce qu’on avait : une complicité vraie, loin des projecteurs. »
Pour Brigitte Bardot, ce non est un déchirement. Elle voit dans ce refus une trahison de la fidélité, une fuite devant l’engagement. « Quand on aime, on assume », dira-t-elle, amère, à une amie proche. La rupture est silencieuse, mais définitive. Pas de scandale, pas de déclaration. Juste un éloignement progressif, comme un feu qui s’éteint faute d’oxygène.
Quelles ont été les conséquences de cette rupture ?
Après la séparation, Allain Bougrain-Dubourg rencontre Jeane Manson, chanteuse et comédienne. Leur relation est sincère, et ils ont ensemble une fille, Marianne, en 1988. Il construit une vie plus sereine, continue son travail de journaliste, mais sans jamais rejeter ce qu’il a vécu avec Brigitte. « Elle m’a appris à regarder le monde autrement », dit-il.
Côté Bardot, la douleur est profonde, mais elle ne s’effondre pas. Elle choisit de transformer sa peine en action. En août 1992, elle épouse Bernard d’Ormale, haut fonctionnaire discret et fidèle. Leur union dure jusqu’à sa retraite médiatique. Elle s’installe à Saint-Tropez, dans sa villa de La Madrague, entourée d’animaux, loin des studios et des interviews.
Elle continue son combat avec une énergie redoublée. En 2015, elle annonce sa retraite officielle du militantisme actif, mais son héritage perdure. Aujourd’hui, à près de 90 ans, elle vit reclus, mais son nom reste synonyme de dévouement absolu aux animaux.
Comment cet épisode a-t-il redéfini sa vie ?
Ce refus d’Allain Bougrain-Dubourg n’est pas seulement une rupture amoureuse. C’est un moment de vérité. Il oblige Brigitte Bardot à choisir, une fois pour toutes, entre deux mondes : celui du spectacle, des passions médiatisées, et celui du silence, de l’action discrète mais constante. Elle opte pour le second.
Elle quitte progressivement le cinéma, refusant des rôles qui ne correspondent plus à ses valeurs. Elle se retire des plateaux, des festivals, des interviews inutiles. Son image de star s’efface pour laisser place à celle d’une femme engagée, parfois isolée, mais jamais renonçante.
« J’ai perdu un homme, mais j’ai trouvé ma voie », confie-t-elle dans un rare entretien écrit. Cette phrase résume toute sa trajectoire : une vie marquée par les regrets, mais aussi par une cohérence rare. Elle n’a pas sacrifié son amour à ses convictions ; elle a compris que ses convictions étaient devenues son amour.
A retenir
Quel a été l’impact du refus d’Allain Bougrain-Dubourg sur Brigitte Bardot ?
Ce refus a été un déclic. Il a confirmé à Brigitte Bardot que sa place n’était plus dans les mondanités, ni même dans les relations exposées. Il l’a poussée à se recentrer entièrement sur son engagement pour les animaux, transformant une douleur en moteur d’action.
Pourquoi Brigitte Bardot a-t-elle abandonné sa carrière d’actrice ?
Elle n’a pas abandonné brutalement, mais s’est progressivement retirée. Le cinéma, pour elle, est devenu incompatible avec ses valeurs. Elle refusait de jouer des rôles qui ne reflétaient pas sa vérité, et ne voulait plus être une image, mais une voix.
Quel est le legs de Brigitte Bardot aujourd’hui ?
Son legs dépasse largement le cinéma. Elle a été l’une des premières célébrités à utiliser sa notoriété pour défendre une cause animale avec constance et courage. Elle a inspiré des générations de militants, et a contribué à faire évoluer la conscience collective sur la maltraitance animale.
Est-ce que Brigitte Bardot et Allain Bougrain-Dubourg se sont revus après la rupture ?
Non, ils ne se sont jamais revus publiquement. Leurs chemins se sont croisés brièvement dans des événements animaliers, mais sans interaction. Chacun a poursuivi sa route, respectueusement, sans rancœur mais sans retour.
Quelle leçon peut-on tirer de cette histoire ?
Que la fidélité à soi-même peut parfois coûter cher. Brigitte Bardot a choisi de ne jamais trahir ses convictions, même au prix de l’amour. Cette rigueur, rare, fait d’elle non seulement une icône du cinéma, mais une figure morale, silencieuse, mais incontournable.