Chaque mois, à Loudéac, un lieu ordinaire se transforme en espace de réconfort, d’écoute et de soutien : le Café des aidants. Ce mardi 30 septembre 2025, comme chaque dernier mardi du mois, les portes de la Maison France services s’ouvriront à 15 heures pour accueillir celles et ceux qui, dans l’ombre, portent le poids d’un accompagnement quotidien. Aidants familiaux, conjoints, enfants, frères ou sœurs : tous sont invités à poser leur fardeau le temps d’un après-midi, pour parler, se sentir entendus, et surtout, ne plus être seuls face à l’épuisement. Organisé par le Centre intercommunal d’action sociale (Cias) de Loudéac Communauté Bretagne Centre, ce rendez-vous mensuel, bien plus qu’une simple réunion, est devenu un pilier essentiel pour des dizaines de personnes en quête de répit et de reconnaissance.
Pourquoi ce café est-il si important pour les aidants ?
Accompagner un proche malade, en situation de handicap ou dépendant, c’est souvent vivre une existence en tension permanente. Entre les gestes du quotidien, les rendez-vous médicaux, les démarches administratives et la gestion émotionnelle, les aidants traversent des journées éreintantes. Pourtant, leur rôle reste largement invisible, voire sous-estimé. C’est précisément pour répondre à ce sentiment d’isolement que le Café des aidants a vu le jour il y a plusieurs années.
Quand j’ai commencé à m’occuper de ma mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, je pensais que je pouvais tout gérer seule , confie Élodie Le Goff, 54 ans, habitante de Guerlédan. Très vite, j’ai réalisé que je perdais pied. Je dormais mal, je pleurais souvent, et je n’osais pas en parler autour de moi. J’avais l’impression de me plaindre pour rien. C’est lors d’une consultation chez son médecin que celui-ci lui a parlé du Café des aidants. La première fois, j’y suis allée avec beaucoup de réticence. Je ne voulais pas “étaler” mes difficultés. Mais dès les premières minutes, j’ai senti une forme de bienveillance. On ne jugeait personne. On écoutait.
Ce sentiment est partagé par d’autres participants. Pour beaucoup, ce moment n’est pas seulement un espace de parole, mais une forme de légitimation. On a besoin qu’on nous dise : oui, ce que tu fais, c’est important. Oui, tu as le droit d’être fatigué , ajoute Élodie.
Qui anime ces rencontres et comment se déroulent-elles ?
Les Cafés des aidants de Loudéac sont encadrés par deux professionnels : une psychologue et un travailleur social, tous deux formés à l’écoute des aidants. Leur rôle n’est pas de dispenser des conseils ou de diagnostiquer, mais de créer un climat de confiance où chacun peut s’exprimer librement. Le dispositif s’inscrit dans un partenariat fort avec l’Association française des aidants, qui apporte son expertise nationale et son soutien logistique.
Notre objectif, c’est de libérer la parole , explique Clémentine Faure, psychologue intervenante depuis trois ans. Beaucoup d’aidants portent un fardeau moral énorme. Ils se sentent coupables de ressentir de la fatigue, de la colère, ou même de penser à une pause. Nous, on leur dit que ces émotions sont normales.
Les rencontres se déroulent de 15 heures à 16 h 30, à la Maison France services, dans une salle lumineuse et accessible, située au 15, rue de Moncontour. L’atmosphère est volontairement détendue : café, thé, biscuits sont proposés, et les participants s’installent autour de tables rondes. La discussion peut être collective ou se décliner en petits groupes selon les envies.
Un cadre structuré mais souple
Le format des rencontres évolue selon les besoins du groupe. Parfois, une thématique est proposée : gestion du stress, relations familiales tendues, prise en charge à domicile, droits des aidants… D’autres fois, la parole circule librement, guidée par ce que chacun souhaite partager.
Ce qui compte, c’est que personne ne se sente obligé de parler , précise Julien Mercier, travailleur social au Cias. Certains viennent juste pour écouter. Et c’est tout à fait légitime. Souvent, entendre les expériences des autres, c’est déjà un soulagement.
Quels bénéfices concrets retirent les participants ?
Un soutien émotionnel inestimable
Le bénéfice le plus souvent évoqué par les aidants est celui de la reconnaissance. Pendant des mois, j’ai eu l’impression d’être transparente , témoigne Hervé Kervella, 61 ans, qui s’occupe de son frère tétraplégique depuis un accident de la route. Au café, j’ai rencontré des gens qui vivent la même chose. On n’a pas besoin de tout expliquer. Ils comprennent. C’est rare, dans la vie.
Le partage d’expériences permet aussi de relativiser. On pense souvent qu’on est le seul à mal gérer certaines situations , poursuit Hervé. Mais quand on entend les autres parler de leurs doutes, de leurs erreurs, on se dit qu’on n’est pas un mauvais aidant. On est humain, c’est tout.
Un accès à des informations pratiques
Au-delà de l’émotionnel, les Cafés des aidants offrent une dimension très concrète. Les professionnels présents peuvent orienter les participants vers des aides financières, des structures d’accueil de jour, des solutions de répit, ou des dispositifs comme la prestation de compensation du handicap (PCH) ou la tierce personne.
Beaucoup d’aidants ignorent leurs droits , souligne Julien Mercier. Certains ne savent pas qu’ils peuvent bénéficier d’un congé proche aidant, ou d’une aide à l’aménagement du domicile. On ne fait pas de consultations individuelles, mais on donne les clés pour aller plus loin.
Élodie Le Goff a ainsi découvert, grâce à une discussion lors d’un café, l’existence d’un relais d’aidants dans une commune voisine. J’ai pu faire une nuit complète de sommeil, pour la première fois en deux ans. C’était une révolution.
Qui peut participer et comment s’y rendre ?
Une porte ouverte à tous les aidants
Le Café des aidants est ouvert à toute personne accompagnant un proche, sans condition d’âge, de lien familial ou de pathologie. Que l’aidé soit atteint de maladie neurodégénérative, de handicap psychique ou physique, ou simplement âgé et dépendant, l’entrée est libre.
On a des conjoints, des enfants, des neveux, des voisins parfois , raconte Clémentine Faure. Ce qui unit les participants, c’est l’engagement, pas le statut.
La confidentialité est strictement respectée. Ce qui se dit ici reste ici , insiste Julien Mercier. C’est une règle fondamentale.
Des modalités simples et accessibles
La rencontre du mardi 30 septembre 2025 se tiendra de 15 heures à 16 h 30 à la Maison France services de Loudéac, 15, rue de Moncontour. L’accès est gratuit, sans inscription préalable. Une simple venue suffit.
Pour ceux qui souhaitent plus d’informations, le Cias de Loudéac Communauté Bretagne Centre reste joignable au 02 96 66 09 09 ou par courriel à l’adresse cias@loudeac-communaute.bzh.
Quel avenir pour ce dispositif ?
Face à la demande croissante, les organisateurs réfléchissent à l’extension du dispositif. On a vu une augmentation significative des participants ces deux dernières années , note Julien Mercier. La prise de conscience du rôle des aidants progresse, mais les besoins aussi.
Des pistes sont étudiées : des cafés thématiques (par exemple, dédiés aux aidants de personnes en fin de vie), des ateliers d’expression (écriture, art-thérapie), ou encore des temps de ressourcement en extérieur. L’idée, c’est de diversifier les formes de soutien , explique Clémentine Faure. Parce que l’accompagnement, ça se travaille. Et les aidants méritent d’être accompagnés, eux aussi.
Comment les aidants peuvent-ils rompre l’isolement ?
L’isolement est l’un des principaux dangers pour les aidants. Il fragilise la santé mentale, augmente le risque de burn-out, et peut mener à des ruptures familiales. Le Café des aidants agit comme un premier rempart.
Venir ici, c’est comme respirer à nouveau , confie Hervé Kervella. On ne guérit pas, mais on se sent moins seul. Et parfois, c’est déjà énorme.
Pour Élodie Le Goff, ces rencontres ont changé sa relation avec sa mère. J’ai appris à mieux me connaître, à poser mes limites. Et du coup, je suis plus sereine quand je suis avec elle. C’est un cercle vertueux.
Conclusion
Le Café des aidants de Loudéac n’est pas un simple lieu de parole. C’est un espace de reconnaissance, de soutien et de résilience. Il répond à un besoin fondamental : celui de ne plus porter seul un fardeau trop lourd. En offrant écoute, information et solidarité, il contribue à transformer le quotidien de celles et ceux qui, chaque jour, font preuve d’un dévouement silencieux mais essentiel. Le 30 septembre 2025, comme les mois précédents, il ouvrira ses portes à ceux qui ont besoin d’un moment pour eux. Parce que prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de l’autre.
FAQ
Qu’est-ce qu’un aidant familial ?
Un aidant familial est une personne qui, sans être professionnelle, accompagne régulièrement un proche en situation de dépendance, de maladie ou de handicap. Ce rôle peut inclure des tâches matérielles, médicales, administratives ou émotionnelles.
Le café des aidants est-il un lieu de thérapie ?
Non, il ne s’agit pas d’une séance de thérapie. C’est un espace d’échanges, d’écoute et de soutien, animé par des professionnels, mais sans objectif thérapeutique direct. Il vise à favoriser la parole et le partage d’expériences.
Faut-il s’inscrire pour participer ?
Non, l’accès est libre et gratuit. Aucune inscription n’est requise. Les personnes peuvent venir spontanément, sans obligation de parole.
Y a-t-il un coût pour participer ?
Non, la participation est entièrement gratuite. Le café est financé par le Cias de Loudéac Communauté Bretagne Centre dans le cadre de ses actions sociales.
Peut-on venir plusieurs fois ?
Oui, les participants sont invités à venir aussi souvent qu’ils le souhaitent. Certains viennent ponctuellement, d’autres régulièrement, selon leurs besoins.
Existe-t-il d’autres dispositifs similaires ailleurs ?
Oui, le réseau des Cafés des aidants est national et coordonné par l’Association française des aidants. De nombreux territoires proposent des lieux similaires, souvent en lien avec des centres sociaux, des hôpitaux ou des associations locales.
Les professionnels de santé peuvent-ils orienter leurs patients vers ce café ?
Oui, les médecins, infirmiers, aides-soignants ou travailleurs sociaux peuvent recommander ce lieu d’accompagnement. Des affiches et des brochures sont disponibles dans plusieurs établissements de santé du secteur.
Les aidants peuvent-ils être accompagnés par leur proche ?
Non, les rencontres sont réservées aux aidants uniquement. L’objectif est de leur offrir un espace dédié, sans pression ni regard du proche accompagné, afin qu’ils puissent s’exprimer librement.
Quels sont les horaires et la fréquence des rencontres ?
Les cafés ont lieu une fois par mois, le dernier mardi, de 15 heures à 16 h 30. La prochaine édition se tiendra le mardi 30 septembre 2025.
Où se trouve la Maison France services de Loudéac ?
Elle est située au 15, rue de Moncontour, à Loudéac (Côtes-d’Armor), dans un bâtiment accessible et central, facilement repérable.
Comment contacter l’organisateur ?
Le Cias de Loudéac Communauté Bretagne Centre peut être joint au 02 96 66 09 09 ou par courriel à l’adresse cias@loudeac-communaute.bzh.
A retenir
Quel est le principal objectif du Café des aidants ?
Le principal objectif est de briser l’isolement des aidants familiaux en leur offrant un espace d’écoute, de partage et d’information, animé par des professionnels.
Qui peut participer à ces rencontres ?
Toute personne accompagnant un proche en situation de dépendance, maladie ou handicap, quels que soient son âge, son lien avec la personne aidée ou la pathologie concernée.
Quels bénéfices les aidants retirent-ils de ces moments ?
Ils retrouvent une forme de reconnaissance, bénéficient d’un soutien émotionnel, échangent des expériences, et reçoivent des informations pratiques sur leurs droits et les aides disponibles.