Canicule 2025 : vigilance orange étendue, ces départements en alerte et gestes à adopter

Jeudi 14 août. Le mercure stagne, les nuits étouffantes, les rues semblent retenir leur souffle. Partout en France, la chaleur pèse, s’installe, impose son rythme. Ce n’est plus une alerte lointaine, mais une réalité palpable : la canicule, 51e depuis 1947 selon Météo-France, continue de modeler les comportements, les décisions, les priorités. Alors que certaines régions voient un léger répit, d’autres restent sous pression, avec des écarts de température qui tracent une carte contrastée du pays. Comprendre où en est le risque, qui est le plus exposé, et comment agir concrètement, voilà l’enjeu du jour. Pas de panique, mais de la clarté. Pas de fatalisme, mais des gestes précis.

Quelle est l’étendue actuelle de la canicule en France ?

La vague de chaleur amorcée le vendredi 8 août n’a pas encore dit son dernier mot. Bien qu’une dégradation orageuse, parfois violente, ait touché certaines zones mercredi, elle n’a pas marqué la fin du phénomène. Au contraire, elle a ajouté une couche de complexité : des orages locaux ont rafraîchi certains secteurs, mais ont aussi exacerbé l’humidité, rendant l’air encore plus lourd. Le bilan est donc contrasté. À l’est et autour de la Méditerranée, les nuits restent étouffantes, avec des minimales dépassant souvent 20 °C. Ce manque de fraîcheur nocturne empêche le corps de se régénérer, augmentant la fatigue cumulative.

Le nord et l’est du pays connaissent un léger tassement des températures, mais ce recul est trompeur. L’air chaud, dense, continue d’imprégner l’atmosphère, et la canicule, même si elle évolue, garde une emprise significative. Dans le Sud-Ouest, les maximales flirtent avec les 35 à 38 °C, et certaines stations météo en Occitanie ont même enregistré des pointes à 40 °C. À Toulouse, Élodie Fournier, enseignante reconvertie dans l’agriculture urbaine, raconte : “Je surveille mes plants d’origan comme si c’étaient des nouveau-nés. Mais c’est aussi pour moi que je m’inquiète : hier, j’ai dû m’asseoir deux fois en plein après-midi, j’avais le tournis. Depuis, je ne sors plus après 15 h.”

Quels départements sont en vigilance jaune, et que signifie ce niveau ?

Quatorze départements situés dans la moitié ouest du pays sont désormais placés en vigilance jaune. Il s’agit de l’Eure-et-Loir, l’Ille-et-Vilaine, l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher, la Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire, la Mayenne, le Morbihan, le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Atlantiques, la Sarthe, les Deux-Sèvres, la Somme et la Vienne. Ce dispositif ne relève pas de l’alerte maximale, mais il n’est pas anodin. Il signale que les conditions climatiques exigent une attention soutenue, surtout pour les publics sensibles.

La vigilance jaune implique un changement de comportement préventif. Elle invite à anticiper les effets de la chaleur, même si elle semble supportable. À Nantes, Malik Bensalem, infirmier à domicile, témoigne : “Je passe plus de temps à vérifier que mes patients boivent suffisamment qu’à faire les soins. L’un d’eux, un homme de 82 ans, ne voulait pas boire parce qu’il avait peur des allers-retours aux toilettes. On a trouvé un compromis : des verres toutes les heures, même s’il n’a pas soif.”

Ce niveau de vigilance rappelle aussi que la géographie joue un rôle. Le littoral atlantique, par exemple, bénéficie d’un effet modérateur, mais les zones intérieures, comme le bocage vendéen ou les plateaux du Perche, accumulent la chaleur. Le risque est donc localisé, mais réel.

Pourquoi la vigilance orange concerne-t-elle 75 départements ?

La vigilance orange, qui couvre désormais 75 départements, représente une intensification du risque. Deux départements ont été ajoutés par rapport à la veille, signe que la situation reste dynamique. Cette extension touche une grande partie de la France métropolitaine, des Alpes au nord, en passant par l’Île-de-France, la Bourgogne, l’Aquitaine et tout le pourtour méditerranéen.

Les départements concernés sont nombreux et variés : de l’Ain à la Corse-du-Sud, en passant par le Nord, l’Isère, le Gard, le Rhône, les Hauts-de-Seine ou encore la Haute-Vienne. Cette liste reflète une réalité : la chaleur ne connaît pas de frontières administratives. Elle s’installe là où les masses d’air chaud stagnent, où l’urbanisation amplifie l’effet d’îlot de chaleur, et où les populations sont particulièrement exposées.

À Lyon, où les températures dépassent régulièrement 37 °C, Camille Lenoir, coordinatrice d’un centre social dans le 8e arrondissement, explique : “On a ouvert une salle climatisée dès 8 h ce matin. Des retraités, des sans-abri, des mères de jeunes enfants viennent s’y reposer. Hier, une femme est arrivée en pleurs : son appartement, au sixième étage sans ascenseur, était à 39 °C. Elle n’avait pas les moyens d’acheter un ventilateur.”

Quels sont les publics les plus vulnérables pendant une canicule ?

Les personnes âgées, les enfants de moins de 5 ans, les personnes en situation de handicap, celles atteintes de maladies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, troubles psychiatriques), ainsi que les travailleurs exposés à l’effort physique en extérieur, sont les plus menacés. Mais une catégorie souvent oubliée est celle des personnes isolées, vivant seules, sans réseau social ni soutien familial.

À Paris, dans le 13e arrondissement, le dispositif “Visite & Canicule” a été activé. Des bénévoles passent au moins une fois par jour chez les seniors inscrits. Léa Dubreuil, 78 ans, raconte : “Avant, je pensais que la chaleur, c’était juste fatigant. Mais l’été dernier, j’ai perdu connaissance dans ma cuisine. Depuis, je ne reste plus seule. Quand Camille, la bénévole, sonne, c’est comme un repère. Elle vérifie que je bois, que mes fenêtres sont bien fermées la journée.”

Les traitements médicamenteux peuvent aussi aggraver les effets de la chaleur. Certains psychotropes, diurétiques ou bêta-bloquants altèrent la régulation thermique du corps. C’est pourquoi les médecins insistent : “Ne pas arrêter ses traitements, mais en parler à son médecin si des symptômes inquiétants apparaissent”, rappelle le Dr Antoine Mercier, généraliste à Clermont-Ferrand.

Quels gestes simples peuvent sauver des vies ?

La canicule tue souvent en silence. Les symptômes d’un coup de chaleur — maux de tête, nausées, confusion, peau sèche ou moite — peuvent être confondus avec de la fatigue ordinaire. D’où l’importance des gestes de prévention.

Boire régulièrement, même sans soif, est la première règle. L’eau est préférable aux boissons sucrées ou alcoolisées. Ventiler les pièces le matin et le soir, fermer volets et rideaux en journée, permet de gagner jusqu’à 5 °C à l’intérieur. Éviter les efforts physiques entre 12 h et 18 h est crucial. Quant aux repas, privilégier les aliments légers, riches en eau : salades, fruits, yaourts.

À Bordeaux, Thomas Ricci, livreur de courses à vélo, a adapté son emploi du temps : “Je commence à 6 h du matin, je termine à 11 h. L’après-midi, je reste chez moi, je m’hydrate, je dors un peu. Mon employeur m’a donné un thermomètre connecté : si je dépasse 38 °C, je dois m’arrêter.”

La solidarité est un geste de santé publique. Appeler un voisin, rendre visite à un proche, signaler une personne en difficulté, ce sont des actes concrets. Dans certaines communes, des “points fraîcheur” sont ouverts : bibliothèques, centres culturels ou salles polyvalentes climatisées, accessibles à tous.

Comment l’information météorologique peut-elle aider à mieux anticiper ?

Météo-France joue un rôle central en fournissant des bulletins précis, actualisés plusieurs fois par jour. Le système de vigilance, en quatre couleurs (vert, jaune, orange, rouge), permet de situer le niveau de risque en temps réel. Mais l’information ne suffit pas : elle doit être comprise, relayée, mise en œuvre.

Les maires, les travailleurs sociaux, les enseignants, les employeurs ont un rôle d’intermédiaires. À Rennes, l’école primaire Jean-Jaurès a mis en place un système d’alerte : “Dès qu’un niveau jaune est déclenché, les parents reçoivent un SMS. On annule les récréations en plein soleil, on décale les activités sportives”, explique la directrice, Sophie Tanguy.

Le défi, c’est aussi la communication auprès des populations peu francophones ou éloignées des outils numériques. À Marseille, des affiches en arabe, en anglais et en tamazight ont été placardées dans les quartiers populaires. “La chaleur ne fait pas de distinction. Nous non plus”, affirme Nadia El-Kasmi, coordinatrice du centre social de la Belle-de-Mai.

Quelle est la tendance pour les prochains jours ?

La canicule pourrait marquer un léger reflux dans le nord-est en fin de semaine, mais ce répit risque d’être de courte durée. Les modèles météorologiques indiquent une possible remontée de l’air chaud depuis le sud vers la mi-semaine prochaine. Autrement dit, la vigilance ne doit pas s’éteindre avec le mercure.

Les nuits restent un enjeu majeur. Sans fraîcheur nocturne, l’organisme ne récupère pas. Le risque d’accumulation de fatigue, surtout chez les personnes âgées, augmente d’autant. Les prévisions tablent sur des minimales comprises entre 18 et 22 °C dans les zones urbaines, avec des pointes à 24 °C dans les centres-villes densément bâtis.

Le message est donc clair : même si la chaleur semble “moins forte”, elle reste dangereuse. Même si la vigilance orange est levée dans certains départements, les comportements responsables doivent perdurer.

Comment maintenir une vigilance collective durable ?

La canicule n’est pas qu’un phénomène météorologique : c’est une épreuve sociale. Elle révèle les fractures, les vulnérabilités, mais aussi les solidarités. Le défi, c’est de transformer les réponses d’urgence en réflexes durables.

Des villes comme Strasbourg ou Montpellier ont intégré des plans canicule dans leur urbanisme : création de parcs urbains, végétalisation des façades, limitation du béton. “On ne peut pas climatiser toute une ville, mais on peut la rendre plus respirable”, affirme Julien Vasseur, urbaniste à Montpellier.

La canicule de 2003, qui a fait près de 15 000 morts, a changé la donne. Depuis, un plan national canicule existe, les hôpitaux sont préparés, les registres de personnes fragiles sont mis à jour. Mais chaque épisode rappelle qu’il faut encore progresser, surtout face au réchauffement climatique, qui rend ces vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses, plus longues.

A retenir

Quelle est la différence entre vigilance jaune et vigilance orange ?

La vigilance jaune signale un risque modéré, nécessitant une attention particulière, notamment pour les personnes vulnérables. Elle invite à anticiper et à adapter ses comportements. La vigilance orange indique un danger sérieux, avec des conséquences potentielles sur la santé, la circulation ou les infrastructures. Elle impose des mesures concrètes et une surveillance accrue des publics à risque.

Quels sont les signes d’un coup de chaleur ?

Les symptômes incluent une forte fièvre (supérieure à 40 °C), des maux de tête intenses, des nausées ou vomissements, une peau chaude et sèche (ou parfois moite), une confusion, des vertiges ou une perte de conscience. En cas de suspicion, il faut appeler le 15 immédiatement, rafraîchir la personne et la placer à l’ombre.

Comment aider une personne âgée pendant une canicule ?

Il est essentiel de prendre contact quotidiennement, de vérifier qu’elle s’hydrate suffisamment, que son logement reste frais, et qu’elle n’est pas sujette à des symptômes inquiétants. Lui proposer des visites, l’accompagner à un point fraîcheur ou simplement parler au téléphone peut prévenir une aggravation.

La canicule peut-elle affecter la santé mentale ?

Oui. La chaleur prolongée augmente l’irritabilité, trouble le sommeil et peut exacerber les troubles anxieux ou dépressifs. Les personnes sous traitement psychiatrique sont particulièrement sensibles. Un environnement frais, un soutien social et une surveillance médicale renforcée sont alors nécessaires.

Peut-on sortir pendant les heures les plus chaudes ?

Il est fortement déconseillé de s’exposer entre 12 h et 18 h, surtout pour les personnes vulnérables. Si une sortie est indispensable, elle doit être brève, accompagnée d’une hydratation régulière, et en privilégiant les zones ombragées.