Une chaleur écrasante s’est installée hier soir sur la moitié sud de la France. Dans les rues de Toulouse, les terrasses restent vides, les écoles sentent le dentifrice et la sueur des enfants et les hôpitaux des Landes multiplient déjà les admissions pour déshydratation. Lundi s’annonce comme le jour le plus chaud de cette première décennie de juillet. Comment va évoluer ce foyer de canicule ? Réponse en cinq questions et quelques témoignages glanés ici et là, dés lever du soleil.
Lundi 3 juillet sera-t-il vraiment le plus chaud ?
« Mes patients arrivent avec des joues rougies, la peau brûlante et je ne parle même pas des personnes âgées que l’on transporte en urgence », raconte le cardiologue Amine Rezzoug depuis la clinique du Mirail, à Toulouse. Sur les boulevards extérieurs ou au bord du canal du Midi, des affichettes affichent déjà 39,7 °C vers 13 h 45. Un pompier du centre de secours voisin confirme : « Ici, les radiateurs sont naturels, et ils chauffent à 41 °C ressenti en plein soleil ».
Le sud-ouest subira l’onde de choc la plus violente, avec des records absolus possibles à Pau, Orange ou encore Montpellier. Il s’agit d’une masse d’air venue d’Afrique du Nord, trimbalée par les vents d’altitude qui longent l’Espagne avant de se rabattre vers le Massif central. « Comme dans une boîte de conserve qu’on secoue », résume la présentatrice météo Laetitia Morizane devant ses cartes.
Est-ce que la chaleur remontera vers Paris et la vallée du Rhône ?
Oui, et d’une façon surprenante. « Alors qu’on s’attendait à une bulle qui resterait coincée sur la Garonne, on découvre un faisceau qui remonte sans discontinuer jusqu’à Bruxelles », détaille la climatologue Anne-Sophie Claudel. Dans le Rhône, selon les prévisions, les compteurs afficheront 36 °C à Lyon samedi et jusqu’à 38 °C lundi après-midi. À Paris, il n’est pas exclu d’atteindre 38 °C en plein cœur de la capitale, « ce qui est très rare pour le début de juillet », remarque Anne-Sophie.
Exemple concret : la directrice de crèche Salomé Vigouroux sort un thermomètre numérique sur le quai de la Gare de Lyon vers 16 h. Affichage : 40,1 °C à l’ombre. Sur le même quai, trois touristes espagnols renoncent à monter dans le métro bondé et boivent deux litres d’eau achetés dans la hâte. « Il fait plus chaud ici qu’à Séville », soupire l’une d’elles.
Cette canicule dure-t-elle depuis longtemps ?
L’événement a débuté au crépuscule de mercredi dernier. Depuis, la chaleur ne s’est plus relâchée, même la nuit. Cette caractéristique est typique des canicules françaises : des minima qui dépassent 24 °C pendant plusieurs nuits de suite. Dans l’Hérault, une agricultrice bio, Fanny Aridon, se lève avant 5 h pour rentrer ses tomates. « À 22 h encore hier, j’étais à 29 °C dans mes serres. Impossible de dormir », dit-elle en remontant un fanion effiloché accroché au grillage.
La période cruciale va donc durer entre cinq et six jours complets, ce qui place 2023 juste derrière l’été 2003 en durée, selon les instituts de prévision.
Quels sont les premiers effets sur la santé et le quotidien ?
Santé : « Coups de chaleur, insolations, maux de tête, œdèmes aux chevilles… on multiplie les consultations par trois depuis jeudi », résume le docteur Rezzoug. En une matinée, son service toulousain a admis dix-sept patients, dont deux riverains de soixante-quinze et quatre-vingt-deux ans retrouvés inconscients sur la terrasse de leur maison.
Vie quotidienne : les écoles primaires des Bouches-du-Rhône passent en horaires décalés, les trains circulent plus lentement pour éviter le déraillement des rails, et les rayons surgelés des supermarchés sont pris d’assaut. À Caunes-Minervois, où le mercure grimpe à 40,5 °C en plein champ, le viticulteur Hugo Férey voit déjà ses pinot-noirs perdre leur acidité d’un seul jour : « Je recueille dix degrés de potentiel en un week-end, c’est du jamais-vu ».
Quand la fraicheur reviendra-t-elle pour de bon ?
Petit espoir, mais prudent : un affaiblissement des vents chauds est prévu à partir de jeudi après-midi. Cependant, « il ne s’agit pas d’un retour à 25 °C ». Les nuits resteront douces encore vendredi et samedi, et l’air du nord seulement la semaine suivante pourrait ramener des températures normales pour la saison.
Les chercheurs du CNRM notent un « incertitude sur la durée de la remontée d’air polaire » : on parle peut-être d’une réelle baisse vers lundi 10 juillet, soit une semaine après le pic. En attendant, la préfecture recommande de ne bricoler que tôt le matin et de dormir au rdc quand la température réelle dépasse les 27 °C.
Conclusion : un été pimenté
L’annonce est claire : la France n’échappera pas à une très longue vague de chaleur au réveil de lundi. Boire, se mouiller les cheveux, fermer les volets et éviter les tâches physiques pénibles reste la minute parfaite pour chacun d’entre nous. En attendant le grand retour de la fraîcheur, vigilance et solidarité sont les maître-mots.
A retenir
Quelle est la température maximale prévue lundi ?
« Près de 42 °C dans le Lot-et-Garonne et 41 °C en région paca », indique la climatologue Anne-Sophie Claudel.
Qui est le plus touché par cette chaleur ?
Les plus de 75 ans, les enfants de moins de cinq ans et toute personne souffrant de problèmes respiratoires ou cardiaques.
Combien de jours le pic va-t-il durer ?
Cinq à six jours complets, entre jeudi 29 juin et jeudi 6 juillet.
Quand pourra-t-on espérer un vrai rafraîchissement ?
Probablement à partir du lundi 10 juillet sous réserve de confirmation des modèles.
Comment protéger la maison sans air conditionné ?
Aérer tôt le matin puis fermer volets et stores, placer ventilateurs face à des seaux d’eau glace et privilégier les plantes à bordures humides autour des fenêtres pour créer un effet climatiseur naturel.