Carrefour : 39 magasins concernés par un changement majeur en 2025, découvrez si le vôtre est concerné

En 2025, Carrefour entre dans une nouvelle ère. Le géant de la distribution, longtemps perçu comme un pilier stable du paysage commercial français, opère une mue stratégique profonde, marquée par des transferts de gestion, une revalorisation de l’offre locale et une réponse ciblée à la pression des enseignes discount. Ces changements, loin d’être anecdotiques, redessinent le visage de la grande distribution en France. Entre innovation, pragmatisme économique et enjeux sociaux, cette transformation soulève autant d’espoirs que d’interrogations. À travers les témoignages d’employés, de consommateurs et d’experts, découvrons ce que ces bouleversements signifient concrètement sur le terrain.

Quels magasins Carrefour passent en location-gérance en 2025 ?

Le cœur de la mutation de Carrefour en 2025 réside dans le passage de 39 de ses points de vente en location-gérance. Ce dispositif, qui consiste à confier la gestion d’un magasin à un entrepreneur indépendant tout en conservant l’enseigne, touche 15 hypermarchés et 24 supermarchés Carrefour Market. Contrairement aux rumeurs de fermetures ou de rachats par des concurrents, ces magasins resteront sous l’enseigne Carrefour, mais leur fonctionnement sera profondément modifié.

Quelles régions sont concernées par ces changements ?

Les magasins concernés sont répartis sur tout le territoire. En Île-de-France, les habitants de Saint-Denis, Montigny-les-Cormeilles, Melun ou encore Bussy-Saint-Georges verront leur supermarché local passer sous la responsabilité d’un gérant indépendant. En Auvergne-Rhône-Alpes, les villes de Meyzieu, Pierrelatte ou Salaise-sur-Sanne sont également concernées. En Bretagne Ouest, Bressuire, Sancerre et Gévezé font partie du mouvement, tout comme des villes en Nord-Normandie (Les Andelys, Mortain), en Grand Sud-Ouest (Bordeaux Belvédère, Saint-Jean-de-Védas) ou encore en Est Centre (Auxerre, Dijon Toison d’Or).

Chaque magasin conserve son identité visuelle Carrefour, mais la gestion quotidienne – recrutement, approvisionnement, planning des équipes – sera désormais aux mains d’un entrepreneur. Ce modèle, déjà éprouvé par d’autres enseignes, vise à redonner de la réactivité aux points de vente tout en allégeant les coûts structurels pour le groupe.

Quel impact pour les salariés des magasins concernés ?

Le passage en location-gérance soulève des inquiétudes légitimes parmi les quelque 1 000 salariés concernés. Si le groupe affirme que les emplois seront préservés, la nature du contrat peut évoluer. En effet, les nouveaux gérants, bien qu’ils puissent reprendre les équipes en place, ne sont pas tenus d’appliquer les mêmes conditions de travail ou les mêmes avantages sociaux que ceux du groupe Carrefour.

Des témoignages qui reflètent l’incertitude

Élodie Reynaud, caissière à Carrefour Saint-Denis depuis douze ans, exprime ses craintes : « On nous dit que rien ne change, mais on sait bien que le gérant qui arrive aura son propre projet. Est-ce qu’il va garder les primes ? Est-ce qu’il va respecter les horaires ? On a peur de perdre ce qu’on a construit. »

De son côté, Thomas Léger, employé en logistique à Dijon, voit une opportunité : « Dans mon ancien magasin, un gérant indépendant a pris la relève. Il a modernisé les rayons, embauché du monde, et les clients sont contents. Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle, mais il faut que la transition soit bien encadrée. »

Ces témoignages illustrent une réalité complexe : si la location-gérance peut revitaliser des magasins en difficulté, elle crée aussi une forme d’insécurité pour les salariés, dont l’avenir dépend désormais d’un chef d’entreprise local, parfois sans garantie contractuelle forte.

Comment Carrefour répond-il à la pression des discounters ?

Face à la montée des enseignes low-cost comme Lidl ou Action, Carrefour ne peut plus compter sur sa taille ou sa notoriété pour fidéliser les clients. L’inflation des prix alimentaires, accentuée par les crises internationales, a poussé les consommateurs à privilégier les promotions et les marques bas de gamme. Pour contrer cette tendance, Carrefour mise sur une stratégie hybride : réductions ciblées, produits locaux, et fidélisation intelligente.

Des réductions automatisées pour les fidèles

À partir de 2025, les détenteurs de la carte de fidélité Carrefour bénéficieront d’une innovation majeure : une réduction automatique de 10 % sur les fruits et légumes. Ce système, sans besoin de coupon ni de période limitée, vise à encourager une consommation régulière tout en renforçant l’attachement à la marque.

Camille Berthier, mère de deux enfants et cliente fidèle à Carrefour Montigny-les-Cormeilles, apprécie : « Avant, je passais parfois à Lidl pour faire des économies. Mais avec cette réduction sur les produits frais, surtout en hiver quand les légumes sont chers, je reviens à Carrefour. C’est simple, transparent, et ça fait une vraie différence sur le ticket. »

Quelle place pour les produits locaux dans la stratégie de Carrefour ?

Un autre pilier de la transformation de Carrefour en 2025 est son engagement renforcé en faveur des produits locaux. Le groupe s’est fixé un objectif ambitieux : doubler ses approvisionnements auprès des producteurs français d’ici fin 2025. Cette stratégie répond à la fois aux attentes des consommateurs, de plus en plus sensibles à l’origine de leurs aliments, et à une volonté politique de soutenir l’agriculture nationale.

Un engagement concret contre le Mercosur

Le PDG d’Auchan, Alexandre Bompard, a d’ailleurs réaffirmé publiquement que Carrefour ne vendrait pas de viande issue de l’accord de libre-échange Mercosur. « Nous refusons de compromettre l’avenir de nos agriculteurs au nom de la rentabilité à court terme », a-t-il déclaré lors d’un récent entretien. Ce choix, salué par les syndicats agricoles, positionne Carrefour comme un acteur engagé dans la souveraineté alimentaire.

À Ennery, dans l’Est Centre, le gérant indépendant du futur Carrefour Market, Julien Mercier, a déjà commencé à travailler avec des maraîchers locaux : « Je veux que mon magasin devienne une vitrine de l’agriculture du coin. Les clients me disent qu’ils veulent savoir d’où viennent leurs aliments. On va mettre en place des panneaux d’information, des dégustations, et même des visites de fermes. »

Les clients verront-ils la différence en magasin ?

Pour le consommateur lambda, les changements peuvent sembler subtils. L’enseigne reste la même, les logos sont identiques, et le plan des rayons ne sera pas forcément bouleversé. Pourtant, plusieurs évolutions devraient se faire sentir progressivement.

Une offre plus locale, plus responsable

Les clients remarqueront d’abord une augmentation visible de produits régionaux, notamment dans les rayons fruits et légumes, boulangerie, fromages et viandes. Les promotions élargies sur les produits bio renforcent également cette image de marque plus responsable.

En outre, la carte de fidélité devient un levier central. Elle n’est plus seulement un outil de réduction, mais un vecteur d’incitation à une consommation durable. Des points bonus peuvent être attribués pour l’achat de produits en vrac, de marques éco-responsables ou de denrées locales.

« Avant, je ne regardais même pas ma carte Carrefour », confie Sophie Lambert, retraitée à Auxerre. « Maintenant, j’ai l’impression que chaque euro dépensé compte pour quelque chose. C’est une petite chose, mais ça change mon rapport au magasin. »

Pourquoi Carrefour adopte-t-il un modèle déjà utilisé par d’autres enseignes ?

Le choix de la location-gérance n’est pas nouveau dans la grande distribution. Leclerc, Intermarché (Les Mousquetaires) et Système U ont longtemps bâti leur développement sur ce modèle, qui allie flexibilité locale et puissance nationale. Carrefour, historiquement plus centralisé, rattrape aujourd’hui un retard stratégique.

Un modèle économique plus résilient

En confiant la gestion des magasins à des entrepreneurs motivés, le groupe réduit ses coûts fixes, délègue la prise de décision au plus près du terrain, et peut ainsi sauver des points de vente en difficulté sans engager de lourds investissements. C’est particulièrement pertinent dans les zones périurbaines ou rurales, où les marges sont faibles.

Comme le souligne Étienne Morel, économiste spécialisé dans la distribution : « Ce modèle permet de transformer un coût en profit centre. Le gérant a tout intérêt à faire marcher son magasin, car c’est son revenu direct. Le groupe, lui, perçoit une redevance stable et limite ses risques. »

Quels défis Carrefour doit-il encore relever en 2025 ?

Malgré des intentions louables, Carrefour navigue en eaux troubles. L’inflation, la concurrence des discounters, la transformation des habitudes de consommation et les tensions sociales internes constituent autant d’obstacles à franchir.

La confiance des employés, enjeu central

La réussite de la transition dépendra largement de la manière dont les salariés seront accompagnés. Une communication claire, des garanties sur les conditions de travail, et un accompagnement dans les reconversions possibles seront essentiels. Sans cela, le risque de démotivation, voire de conflits sociaux, est réel.

De plus, les clients, de plus en plus volatils, attendent des preuves concrètes. Les promesses de produits locaux et de prix bas doivent se traduire par des actions visibles, durables, et vérifiables. Sinon, la stratégie risque de passer pour du greenwashing ou du marketing de crise.

Conclusion

2025 marque un tournant pour Carrefour. Entre réinvention économique, réponse aux défis sociaux et engagement écologique, le groupe tente de concilier performance et responsabilité. Le passage en location-gérance de 39 magasins n’est pas une simple opération de restructuration : c’est une mutation profonde de son modèle. Si elle réussit, elle pourrait inspirer d’autres chaînes. Si elle échoue, elle risque d’accélérer la désaffection des clients et des salariés. L’année qui vient sera décisive.

A retenir

Quels sont les magasins Carrefour concernés par la location-gérance ?

39 magasins sont concernés : 15 hypermarchés et 24 supermarchés Carrefour Market. Ils sont situés dans des régions variées comme l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bretagne, le Grand Sud-Ouest ou l’Est Centre. Leurs noms resteront Carrefour, mais ils seront gérés par des entrepreneurs indépendants.

Les emplois sont-ils menacés ?

Le groupe affirme vouloir préserver les emplois, mais les conditions de travail pourraient évoluer. Les nouveaux gérants ne sont pas obligés de maintenir les mêmes avantages sociaux, ce qui crée de l’incertitude parmi les 1 000 salariés concernés.

Quelles nouveautés pour les clients ?

Les détenteurs de la carte de fidélité bénéficient désormais d’une réduction automatique de 10 % sur les fruits et légumes. L’offre est aussi enrichie en produits locaux et bio, avec un engagement fort contre l’importation de viande du Mercosur.

Pourquoi Carrefour change-t-il de modèle ?

Pour faire face à la pression des enseignes discount, à l’inflation et à la rentabilité des magasins. Le modèle de location-gérance permet de réduire les coûts, de dynamiser les points de vente locaux et de sauver des magasins en difficulté.

Les consommateurs verront-ils la différence ?

Oui, progressivement. Ils constateront une offre plus locale, des promotions ciblées, et une carte de fidélité plus avantageuse. L’expérience d’achat devrait devenir plus personnalisée et plus engagée.