Transformer un ancien parquet en carrelage sans désolidarisation est une tendance séduisante pour les amateurs de bricolage cherchant rapidité et économie. Pourtant, cette méthode soulève des interrogations quant à sa pérennité. À travers des témoignages et des analyses techniques, cet article démêle le vrai du faux sur cette pratique.
Pourquoi choisir de carreler directement sur un parquet ?
Julien Moreau, un Lyonnais passionné de rénovation, a sauté le pas il y a un an. « Mon parquet en chêne datant des années 70 commençait à montrer des signes de fatigue : planches qui jouent, grincements incessants… J’avais envie d’un sol moderne sans passer par la case démolition », raconte-t-il. Comme lui, nombreux sont ceux qui voient dans cette solution un gain de temps et d’argent.
Les motivations des particuliers
- Économie sur le coût des matériaux de dépose
- Gain de temps sur la préparation du support
- Éviter les poussières et gravats liés au démontage
Quels sont les risques réels de cette technique ?
Camille Vasseur, expert en pathologies du bâtiment, alerte : « Le bois est un matériau vivant qui réagit constamment aux variations hygrométriques. Sans membrane de désolidarisation, les micro-mouvements du parquet se transmettent directement au carrelage. »
Problèmes fréquemment rencontrés
Symptôme | Délai d’apparition | Coût moyen de réparation |
---|---|---|
Fissures dans les joints | 3 à 6 mois | 40-60€/m² |
Carreaux qui sonnent creux | Dès la première année | 30-50€/m² |
Décollement partiel | 1 à 3 ans | 70-100€/m² |
Comment Julien vit-il son choix aujourd’hui ?
Neuf mois après ses travaux, Julien fait un bilan mitigé : « J’ai effectivement gagné trois jours de travaux et près de 800€ sur mon budget initial. Mais je dois maintenant composer avec des joints qui s’élargissent près des fenêtres et ce bruit métallique désagréable quand je marche sur certaines zones. » Son voisin Théo Garnier, menuisier de métier, avait pourtant tenté de le mettre en garde : « J’avais proposé à Julien de lui poser une sous-couche décopplante à prix coûtant, mais il a préféré faire l’impasse. »
Existe-t-il des solutions alternatives fiables ?
Pour ceux qui tiennent absolument à conserver leur parquet comme support, les professionnels recommandent plusieurs approches :
Techniques éprouvées
- Pose d’une membrane élastomère (2 à 5 mm d’épaisseur)
- Application d’un primaire d’accrochage spécifique bois
- Utilisation de carrelage ultra-mince (4-5 mm) avec colle flexible
Élodie Bertrand, carreleuse à Marseille, précise : « Nous utilisons désormais des systèmes de désolidarisation fibrée qui absorbent jusqu’à 3 mm de mouvement différentiel. C’est un surcoût de 15-20€/m², mais ça change tout sur la durée de vie de l’installation. »
Que conseillent réellement les professionnels ?
La plupart des experts s’accordent sur une position nuancée. Marc-Antoine Leroi, responsable technique chez un grand fabricant de colles, explique : « Techniquement, tout dépend de l’état du parquet existant. Sur un vieux plancher à clins déjà bien stabilisé, avec des précautions spécifiques, c’est envisageable. Mais dans 80% des cas, nous recommandons une dépose complète ou au moins la pose d’une chape de ravoirage. »
Check-list avant décision
- Vérifier le taux d’humidité résiduelle du bois (
- Contrôler la planéité (écart maximal de 3 mm sous règle de 2 m)
- S’assurer de l’absence totale de flexibilité localisée
A retenir
Est-ce vraiment économique à long terme ?
Les économies initiales sont souvent annulées par les réparations ultérieures. Une étude de l’Institut Technologique FCBA montre que 62% des pose-directe sur parquet nécessitent des interventions dans les 3 ans.
Quelle est la solution la plus durable ?
La pose sur chape sèche ou humide offre la meilleure longévité. Pour les puristes du bois, un parquet rénové avec finition moderne peut constituer une alternative esthétique et pérenne.
Peut-on tenter l’expérience en petite surface ?
Dans des espaces inférieurs à 5 m² (salle de bains, entrée), avec des carreaux de petit format (
Comme le souligne Julien, désormais plus circonspect : « Si c’était à refaire, je prendrais le temps de bien faire les choses. Ce qui semblait être une bonne affaire m’a finalement coûté plus cher en stress et en retouches. » Un constat qui donne à réfléchir avant de se lancer dans des travaux aussi engageants.