Quand un parcours s’achève, ce n’est pas toujours dans le fracas des scores ou l’amertume de la défaite. Parfois, il se conclut dans la douceur d’un choix, dans la clarté d’un regard, dans la sincérité d’un mot échangé. C’est exactement ce qui s’est produit le 12 août 2025, lorsque Joël, après 173 victoires et près de 160 000 euros remportés, a quitté le fauteuil de *Tout le monde veut prendre sa place*. Ce n’était pas une chute, mais une décision mûrement réfléchie, portée par l’écoute de soi et le respect d’un moment qui s’achève. Retour sur une aventure humaine autant que télévisuelle, où le jeu n’était plus qu’un prétexte à des rencontres, des rires, et une forme rare d’authenticité.
Quand le jeu cesse d’être une obsession pour devenir une rencontre ?
Joël, 58 ans, ancien conducteur de trains des Landes, entre dans l’histoire du jeu télévisé français sans jamais s’être vu comme un champion. Il arrivait sur le plateau de France 2 en janvier 2025 avec une seule idée : tenter dix victoires. « C’était mon rêve de départ », confie-t-il, assis dans un café de Labenne, là où tout a commencé. « Après, on avance, on gagne, on se dit : tiens, pourquoi pas vingt ? ». À cinquante victoires, il réalise qu’il fait désormais partie des légendes du jeu. Pas par ambition démesurée, mais par constance, par calme, par cette manière de répondre aux questions comme on respire : naturellement.
Derrière les chiffres – 173 victoires, 159 800 euros – se cache une transformation intérieure. « Au début, je venais pour jouer. Puis, petit à petit, je venais pour eux », dit-il en parlant des équipes de production. Il décrit ces moments passés en coulisses, les discussions entre deux prises, les blagues échangées avec les assistants, les techniciens qui l’appelaient « le roi du calme ». Pour lui, le plateau n’était plus un lieu de compétition, mais une seconde maison. « On construit des liens invisibles aux yeux du public, mais qui comptent énormément. »
Comment l’émotion d’un adieu révèle la vraie valeur du jeu ?
Le soir de son élimination, l’atmosphère est singulière. Cyril Féraud, pressé par l’emploi du temps, doit quitter le plateau rapidement après l’enregistrement. Mais Joël, lui, reste. Il dîne avec les auteurs, les régisseurs, les maquilleuses. Il serre des mains, échange des regards, remercie. « Ce n’était pas une fin de parcours, c’était une célébration », raconte Camille, assistante de production depuis dix ans. « Il nous a dit : ‘Vous m’avez porté, tous les jours’. C’était simple, mais profond. »
Quelques jours plus tard, le téléphone de Joël sonne. C’est Cyril Féraud. « Il ne m’a pas appelé pour me consoler, mais pour me dire merci », raconte Joël, la voix légèrement émue. « Il m’a dit : ‘Tu as donné une autre dimension à ce jeu’. Et c’est ça qui m’a touché. Pas les chiffres, pas les victoires, mais le fait qu’on ait partagé quelque chose de vrai. » Ce coup de fil, anodin pour certains, prend pour Joël la valeur d’un couronnement silencieux. Un geste humain, sincère, qui scelle une complicité née au fil des émissions.
Pourquoi arrêter quand on peut encore gagner ?
La question, bien sûr, a été posée. « Pourquoi partir maintenant ? », a demandé un journaliste. Joël a souri, puis répondu : « Parce que je n’avais plus envie de jouer. » Pas de dramatisation, pas de grand discours. Une phrase claire, posée comme une évidence. « Je montais sur Paris, je voyais les équipes, je riais, je discutais… mais le jeu, lui, ne me faisait plus vibrer. Et si tu n’as plus envie, tu n’as plus envie. Point. »
Cette lucidité frappe. Dans un monde où l’on pousse souvent à l’excès, à la surenchère, Joël choisit l’élégance du retrait. « Je ne voulais pas devenir un automate, un champion par habitude. Je voulais partir debout, entier. » Pour lui, continuer sans passion aurait été une trahison – non pas envers le public, mais envers lui-même. « J’ai deux enfants, une vie, des promenades à refaire, des trains que j’aimais conduire… Je ne voulais pas que ce jeu devienne ma prison dorée. »
Quel héritage laisse un champion qui ne se prend pas pour un roi ?
Joël n’a jamais joué au « grand champion ». Il n’a jamais brandi ses victoires comme des trophées. Pourtant, son passage dans *Tout le monde veut prendre sa place* a marqué les esprits. « Il a changé l’ambiance du plateau », affirme Élodie, auteure de l’émission. « Avant, c’était tendu, nerveux. Avec lui, tout s’est apaisé. Il répondait sans stress, souriait après une erreur, remerciait l’adversaire. C’était une autre philosophie du jeu. »
Et ce n’est pas seulement son calme qui a marqué les esprits, mais son respect des autres. Il se souvient de chaque challenger, de chaque échange. Il parle de Julien, ce professeur d’histoire éliminé après trois victoires, qui lui avait dit : « Tu me donnes envie de revenir. » Il parle de Léa, étudiante en médecine, qui tremblait en entrant sur le plateau et qui, grâce à un mot de lui, a fini par sourire. « Ce n’était pas moi qui gagnais, c’était nous tous, ensemble », résume-t-il.
Comment la complicité avec un animateur change le cours d’un jeu ?
Joël et Cyril Féraud ne se connaissaient pas avant *Tout le monde veut prendre sa place*. Mais leur rencontre n’était pas inédite : ils s’étaient croisés des années plus tôt sur le tournage de *Duels en famille*. « On s’était dit bonjour, rien de plus », raconte Joël. « Mais il y avait déjà une connivence, comme si on se reconnaissait. »
Sur le plateau, cette alchimie s’est révélée au fil des semaines. Pas de gestes exagérés, pas de surenchère d’émotions. Juste une complicité tranquille, des regards qui se croisent, des blagues qui fusent sans forcer. « On n’avait pas besoin de se parler beaucoup. On savait ce que l’autre pensait », dit Joël. « C’était rare, précieux. »
Il espère que son successeur vivra la même chose. « Nul n’est irremplaçable », insiste-t-il. « Quelqu’un va arriver, avec sa voix, son rythme, son sourire. Et Cyril saura l’accueillir. Parce que ce jeu, ce n’est pas une machine. C’est une rencontre. »
Que devient une émission quand un champion s’en va ?
La machine continue. Le public reste fidèle. Le format, rodé, tient la route. Mais quelque chose a changé. Joël a laissé une empreinte discrète mais durable : celle d’un jeu plus humain, plus lent, plus sincère. « Il a prouvé qu’on pouvait gagner sans crier, sans s’énerver, sans se mettre en scène », analyse Thomas, réalisateur de l’émission. « Il a redonné du sens au mot ‘champion’. »
Pour les téléspectateurs, son départ est un moment de pause. « Je regardais l’émission avec mon père, tous les soirs », raconte Sophie, 42 ans, libraire à Bordeaux. « Il disait : ‘Tu vois, ce monsieur, il joue comme on vit bien’. C’est ça qui me manque. Pas le suspense, mais la sérénité. »
Quelle est la vraie leçon d’un règne qui s’achève en douceur ?
Joël ne se voit pas comme un exemple. Pourtant, son parcours en devient un. Il montre qu’il est possible de réussir sans se perdre, de briller sans s’enflammer, de partir sans regret. « Je n’ai pas tout donné au jeu. J’ai gardé une part de moi. Et c’est pour ça que je m’en vais en paix. »
Il mesure, aujourd’hui, ce qu’il a vécu. Pas seulement les victoires, mais les rires, les silences partagés, les mains serrées, les mots simples. « Ce que je retiens, c’est l’écoute. La manière dont on m’a écouté, et dont j’ai appris à écouter. » Il parle de ses enfants, qui ont grandi pendant ces mois d’aventure. « Ils me disaient : ‘Papa, tu es différent’. Je ne sais pas si c’est vrai. Mais je sais que j’ai appris à être plus présent. »
A retenir
Qu’est-ce qui a poussé Joël à quitter le jeu après 173 victoires ?
Joël a décidé de s’arrêter parce qu’il ne ressentait plus l’envie de jouer. Pour lui, continuer sans passion aurait été une forme de trahison envers lui-même. Il préférait partir en gardant intacte la dignité de son parcours plutôt que de s’épuiser par entêtement.
Quel rôle a joué Cyril Féraud dans cette fin de parcours ?
Cyril Féraud a eu un geste rare : il a appelé Joël après son élimination, non pas pour une interview, mais pour échanger, remercier, et partager une émotion sincère. Ce coup de fil a été perçu par Joël comme une reconnaissance humaine profonde, bien au-delà du cadre professionnel.
Comment le public a-t-il réagi à la sortie de Joël ?
Le public a salué son départ avec une grande émotion. Beaucoup ont souligné son calme, son authenticité et la manière paisible dont il a abordé le jeu. Pour de nombreux téléspectateurs, il incarne une forme de sagesse rare dans le monde du divertissement.
Quel héritage Joël laisse-t-il dans l’émission ?
Joël laisse derrière lui une empreinte humaine plus forte que ses scores. Il a instauré une ambiance de respect, de sérénité et de complicité sur le plateau. Son passage a montré qu’un jeu télévisé pouvait aussi être un lieu de rencontres sincères et de moments partagés.
Que signifie ‘Tout le monde veut prendre sa place’ pour Joël aujourd’hui ?
Pour lui, l’émission n’était pas seulement un jeu, mais une aventure humaine. Elle a été le cadre d’une transformation personnelle, d’un apprentissage de l’écoute, de la patience, et de la gratitude. Aujourd’hui, il y pense comme à une parenthèse lumineuse, mais qu’il fallait refermer.
Le règne de Joël s’achève, mais ce n’est pas une fin. C’est une transition. Il retourne à ses promenades, à ses livres, à ses proches. Et quelque part, sur un plateau de télévision, un fauteuil attend un nouveau visage. Le jeu continue. Mais grâce à lui, il ne sera plus tout à fait le même.