Chine : une rampe de lancement magnétique révolutionnaire en test en 2025

Dans un monde où l’exploration spatiale s’accélère et où les ambitions dépassent les frontières terrestres, une nouvelle révolution se prépare non pas dans les salles de contrôle des agences spatiales historiques, mais au cœur des laboratoires chinois. Galactic Energy, une entreprise aérospatiale émergente, s’apprête à bouleverser les fondements mêmes du lancement de fusées grâce à une technologie audacieuse : une rampe de lancement géante utilisant des aimants supraconducteurs. Inspirée des trains à lévitation magnétique, cette innovation pourrait transformer radicalement la manière dont l’humanité accède à l’espace, en réduisant la dépendance au carburant, en augmentant la charge utile et en rendant les décollages plus silencieux et efficaces. Alors que les essais ont déjà commencé dans la région montagneuse du Sichuan, les regards se tournent vers la Chine, qui pourrait bien devenir le fer de lance d’une nouvelle ère spatiale.

Comment fonctionne cette rampe de lancement magnétique ?

Le principe derrière la rampe de Galactic Energy s’inspire directement des trains Maglev, capables de flotter et de filer à plus de 600 km/h grâce à des champs magnétiques puissants. En adaptant cette technologie à la propulsion verticale, les ingénieurs de Galactic Energy visent à accélérer les fusées à des vitesses supersoniques avant même l’allumage des moteurs-fusées traditionnels. L’idée ? Utiliser une rampe inclinée, équipée d’aimants supraconducteurs refroidis à très basse température, pour propulser le lanceur à plus de Mach 1, soit environ 1 235 km/h, en quelques secondes.

Contrairement aux lancements classiques, qui consomment énormément de carburant dès les premières secondes pour vaincre la gravité, cette méthode permettrait de gagner une altitude et une vitesse initiales sans combustion. “C’est comme donner un coup de pouce colossal à la fusée avant qu’elle ne commence à travailler”, explique Li Wenjun, ingénieur en propulsion à l’Institut de technologie de Chengdu. “Le moteur principal n’intervient qu’ensuite, quand la fusée est déjà en mouvement rapide et à une altitude où la résistance de l’air est moindre.”

Les tests en cours dans le Sichuan, région choisie pour sa topographie isolée et sa stabilité géologique, semblent confirmer la faisabilité du concept. Bien que la longueur exacte de la rampe reste confidentielle, des sources proches du projet évoquent une structure de plusieurs kilomètres, comparable à une piste d’aviation géante, mais entièrement dédiée à la propulsion électromagnétique.

Quels sont les avantages par rapport aux lancements traditionnels ?

Une réduction drastique du carburant nécessaire

Les fusées actuelles, comme Ariane 6 ou Falcon 9, consomment des centaines de tonnes de carburant rien que pour quitter l’atmosphère terrestre. Ariane 6, par exemple, embarque environ 180 tonnes de propergol pour ses missions orbitales. Avec la rampe magnétique, une grande partie de l’énergie nécessaire au décollage serait fournie par le système électromagnétique, réduisant la masse de carburant à embarquer.

“C’est une rupture totale avec le modèle actuel”, affirme Clara N’Diaye, spécialiste des systèmes de lancement à l’Agence européenne de l’espace. “Si on peut économiser même 30 % du carburant, cela change toute l’équation économique et environnementale des vols spatiaux.”

Augmentation de la charge utile

Moins de carburant signifie plus de place pour la charge utile. Une fusée propulsée initialement par la rampe magnétique pourrait transporter jusqu’à deux fois plus de satellites, de matériel scientifique ou même de vivres pour des missions habitées. Pour les entreprises privées comme Galactic Energy, cela représente un avantage concurrentiel majeur : plus de satellites lancés par mission, donc des coûts amortis plus rapidement.

“Imaginez une mission vers la Lune où vous pouvez envoyer deux modules au lieu d’un”, s’enthousiasme Yan Fei, jeune concepteur de missions spatiales à Beijing. “Cela accélère la construction d’infrastructures extraterrestres, que ce soit pour la recherche ou pour l’exploitation minière.”

Un lancement plus silencieux et moins polluant

Les lancements classiques sont non seulement coûteux, mais aussi extrêmement bruyants et polluants. La rampe magnétique, elle, fonctionne presque en silence. “On parle d’un décollage qui ressemblerait plus à un glissement qu’à une explosion”, décrit Li Wenjun. “Cela réduit l’impact acoustique sur les zones environnantes, ce qui est crucial pour les sites de lancement proches de zones habitées.”

En outre, la réduction de la combustion au sol diminue les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines, un enjeu croissant dans un secteur désormais scruté par les écologistes.

Quelle est la place de la Chine dans cette course à l’innovation ?

La Chine, déjà leader dans plusieurs domaines de l’aérospatiale – comme le programme lunaire Chang’e ou le déploiement massif de satellites – semble vouloir asseoir sa domination avec des technologies disruptives. Galactic Energy incarne cette ambition : une entreprise privée, agile, capable de rivaliser avec les géants publics comme la CNSA (l’agence spatiale chinoise), mais aussi avec les mastodontes américains comme SpaceX.

“La Chine investit massivement dans les technologies de rupture”, analyse Paul Renard, observateur des politiques spatiales à l’Institut Montesquieu. “Elle ne cherche pas seulement à rattraper les États-Unis, mais à les dépasser sur des domaines où les règles du jeu sont encore à écrire.”

Le choix d’une technologie entièrement nouvelle, plutôt que d’améliorer les lanceurs existants, montre une stratégie audacieuse. Alors que d’autres nations hésitent à abandonner les modèles éprouvés, la Chine mise sur l’anticipation.

Qui sont les autres acteurs dans cette nouvelle course à l’espace ?

SpinLaunch : la centrifuge géante américaine

De l’autre côté du Pacifique, SpinLaunch, une start-up basée en Californie, développe une approche radicalement différente : une centrifugeuse géante capable de lancer des petits satellites en orbite basse. Le système accélère un projectile dans une chambre sous vide, puis le libère à grande vitesse vers le ciel. “C’est une autre voie vers la réduction du carburant”, note Clara N’Diaye. “Mais leur technologie est limitée aux charges légères, tandis que la rampe chinoise pourrait s’adapter à des lanceurs plus gros.”

Green Launch : le canon spatial à hydrogène

Une troisième alternative émerge avec Green Launch, une entreprise qui conçoit un “canon spatial” utilisant de l’hydrogène liquide pour propulser des charges utiles. Ce système, encore expérimental, repose sur une explosion contrôlée pour projeter le satellite hors de l’atmosphère. “C’est spectaculaire, mais très risqué”, juge Yan Fei. “Le défi, c’est de ne pas pulvériser la charge utile au moment du lancement.”

Ces trois approches – magnétique, centrifuge, balistique – illustrent une tendance claire : l’industrie spatiale cherche à sortir du modèle du décollage vertical par propulsion chimique. La compétition entre ces entreprises, bien que discrète, est féroce. Et si la Chine parvient à industrialiser sa rampe en premier, elle pourrait s’imposer comme le nouveau standard mondial.

Quels défis restent à surmonter ?

La fiabilité du système à grande échelle

Les essais en laboratoire sont prometteurs, mais passer à une rampe opérationnelle capable de lancer des fusées de plusieurs dizaines de tonnes est un saut technologique majeur. Les questions de fiabilité, de maintenance des aimants supraconducteurs et de gestion thermique restent cruciales. “Un seul dysfonctionnement dans le champ magnétique, et la fusée pourrait dévier de sa trajectoire”, souligne Li Wenjun. “Il faut une redondance totale, un contrôle en temps réel, et des matériaux extrêmement résistants.”

Les contraintes d’infrastructure et de coût

Construire une rampe de plusieurs kilomètres, équipée de supraconducteurs refroidis à l’hélium liquide, représente un investissement colossal. Sans compter l’énergie nécessaire pour activer le système. “On parle de gigawatts instantanés”, précise Paul Renard. “Cela suppose des centrales électriques dédiées, ou une intégration avec des sources renouvelables.”

La Chine, avec ses capacités d’ingénierie et son appétit pour les grands projets d’infrastructure, semble mieux placée que d’autres pour relever ce défi. Mais même pour elle, la rentabilité à long terme reste à prouver.

Les questions réglementaires et de sécurité

Un nouveau mode de lancement soulève des enjeux de régulation. Qui autorise un tel système ? Comment gérer les risques en cas d’échec ? Et surtout, comment intégrer ces lancements dans les couloirs aériens internationaux ? “Aujourd’hui, les agences de l’aviation civile ne sont pas préparées à gérer des objets propulsés à Mach 1 depuis le sol sans combustion”, alerte Clara N’Diaye. “Il faudra des normes mondiales, et vite.”

Quel avenir pour les voyages spatiaux ?

Si la rampe magnétique de Galactic Energy devient opérationnelle, elle pourrait inaugurer une ère de lancements fréquents, économiques et durables. Les satellites de télécommunication, les sondes interplanétaires, voire les vaisseaux habités, pourraient être envoyés dans l’espace à un rythme sans précédent.

“On pourrait passer de quelques dizaines de lancements par an à plusieurs par jour”, imagine Yan Fei. “Cela rendrait l’espace accessible non seulement aux grandes nations, mais aussi aux pays émergents et aux entreprises privées.”

À plus long terme, cette technologie pourrait être adaptée à d’autres planètes. Une rampe magnétique sur la Lune, où la gravité est faible et l’atmosphère inexistante, permettrait d’envoyer des cargaisons vers Mars sans carburant. “L’espace profond deviendrait une simple extension de notre réseau logistique”, conclut Paul Renard.

A retenir

Qu’est-ce que la rampe de lancement magnétique de Galactic Energy ?

Il s’agit d’un système de propulsion électromagnétique inspiré des trains Maglev, conçu pour accélérer des fusées à des vitesses supersoniques avant l’allumage de leurs moteurs, réduisant ainsi la consommation de carburant et augmentant la charge utile.

Pourquoi cette technologie est-elle révolutionnaire ?

Elle remet en question le modèle classique du lancement spatial, en offrant une méthode plus efficace, silencieuse et durable. Elle pourrait rendre les missions spatiales plus fréquentes et accessibles, tout en limitant l’impact environnemental.

Où en sont les tests ?

Des essais sont en cours dans la région du Sichuan, en Chine. Bien que la longueur exacte de la rampe ne soit pas connue, elle devrait s’étendre sur plusieurs kilomètres pour permettre une accélération suffisante.

Quelles sont les alternatives internationales ?

SpinLaunch (États-Unis) développe une centrifuge géante pour de petits satellites, tandis que Green Launch travaille sur un canon spatial à hydrogène. Ces technologies visent toutes à réduire la dépendance aux moteurs chimiques.

Quels sont les principaux obstacles ?

Les défis incluent la fiabilité à grande échelle, le coût colossal de l’infrastructure, la gestion de l’énergie requise, et l’absence de cadre réglementaire international pour ce type de lancement.

Quel impact sur l’avenir de l’exploration spatiale ?

Si elle est réussie, cette innovation pourrait démocratiser l’accès à l’espace, accélérer les missions scientifiques et industrielles, et ouvrir la voie à des systèmes de lancement extraterrestres, notamment sur la Lune ou Mars.