Côté Nature ferme 9 magasins en France : un séisme pour le secteur du jardinage

L’annonce a secoué l’univers du jardinage comme un coup de tonnerre : l’enseigne Côté Nature, pilier du secteur depuis près de trois décennies, va fermer neuf de ses magasins. Un coup de massue pour les 320 salariés concernés et des milliers de clients attachés à ces boutiques. Derrière cette décision brutale se cache une réalité économique implacable qui frappe toute la distribution spécialisée.

Pourquoi Côté Nature ferme-t-elle un tiers de ses magasins ?

La crise sourde qui ronge le secteur du jardinage vient de montrer ses crocs. Florence Armand, ancienne directrice régionale de Côté Nature, explique : « Nous avons tenu bon pendant cinq ans de baisse continue, mais la combinaison inflation, changement des modes de vie et concurrence numérique a eu raison de nos marges. » L’enseigne subit une triple peine :

Une saisonnalité de plus en plus marquée

Les achats de jardinage se concentrent désormais sur 3 mois dans l’année, contre 6 mois il y a dix ans selon les relevés de la Fédération des Professionnels du Paysage.

L’hémorragie vers le digital

Matthieu Leroi, responsable d’un magasin normand fermé, constate amèrement : « Les clients venaient essayer les tondeuses chez nous pour les acheter 10% moins cher sur internet ensuite. »

La hausse des coûts structurels

Entre l’explosion des charges énergétiques (+42% depuis 2020) et l’inflation sur les matières premières, les marges se sont évaporées comme l’eau sur un terreau sec.

Quelles sont les villes les plus touchées par ces fermetures ?

La carte des fermetures dessine une fracture territoriale criante. Loïc Vasseur, sociologue spécialiste de la consommation, analyse : « Côté Nature paie aujourd’hui son ancrage historique dans des bassins industriels en reconversion. »

Le Nord-Pas-de-Calais, épicentre du séisme

Quatre fermetures concernent cette région où l’enseigne était née. À Roubaix, le magasin fermé employait 28 personnes. Sandrine Castel, jardinière amateur, se désole : « Ici, ils conseillaient les variétés adaptées à notre terre argileuse. Amazon ne fera jamais ça. »

Des fermetures stratégiques en zone rurale

Les magasins de Château-Gontier (Mayenne) et Montbrison (Loire) ferment malgré leur rentabilité correcte. « Nous recentrons sur des zones périurbaines à fort pouvoir d’achat », justifie le PDG dans une note interne.

Comment réagissent les acteurs du secteur ?

La nouvelle a provoqué un électrochoc chez les concurrents. Jérôme Pélissier, fondateur des Jardins d’Armor, témoigne : « Cette crise nous oblige tous à repenser nos modèles. Nous testons désormais des ateliers payants de permaculture. »

Les salariés entre colère et résignation

Parmi les 320 postes supprimés, seulement 80 reclassements sont prévus. Karim Belkacem, vendeur depuis 12 ans à Amiens, rage : « On nous parle de ‘plan social’, mais c’est notre vie qu’on détruit. »

Les clients perdent un repère

Élodie Rambert, cliente historique du magasin d’Angoulême, s’inquiète : « Où vais-je trouver mes plants bio maintenant ? Les grandes surfaces n’ont pas cette expertise. »

Quelles leçons tirer de ce coup de sécateur ?

L’expert en distribution Gilles Morvan y voit un symbole : « Côté Nature a cru trop longtemps à l’immunité de son savoir-faire artisanal. Le secteur doit maintenant choisir entre hyperspécialisation ou diversification radicale. »

Le mirage de la seule expertise

L’enseigne avait misé sur la qualité de conseil, mais selon une étude CSA, 68% des clients de moins de 40 ans préfèrent désormais des tutoriels vidéo aux conseils en magasin.

L’urgence écologique comme opportunité

Certains acteurs comme Botanic réussissent leur virage vers le « jardinage responsable », avec une croissance de 7% sur les produits bio. Un modèle inspirant ?

A retenir

Pourquoi Côté Nature ferme-t-elle ces magasins ?

La conjonction d’une baisse de fréquentation, de l’explosion des coûts et de la concurrence digitale a rendu ces magasins non viables économiquement.

Les clients vont-ils se retrouver sans solution ?

Les enseignes concurrentes et certaines jardineries en ligne proposent des alternatives, mais le conseil personnalisé risque de manquer dans les zones rurales.

Ce phénomène est-il spécifique à la France ?

Non, l’Allemagne et le Royaume-Uni connaissent également des fermetures massives dans le secteur, avec des taux de disparition d’enseignes atteignant 15% depuis 2020.