Les couples qui se posent cette question chaque matin sont plus heureux en 2025

Depuis des décennies, la recherche en psychologie des relations amoureuses tente de percer le mystère des couples qui traversent le temps sans se briser. Parmi les voix les plus écoutées dans ce domaine, celles de John et Julie Schwartz Gottman se distinguent par une approche rigoureuse, fondée sur des observations concrètes et des suivis longitudinaux. Leurs travaux, menés dans leur laboratoire emblématique baptisé Love Lab, ont permis d’identifier des comportements simples mais profonds, capables de transformer durablement la qualité d’un lien amoureux. Plutôt que de miser sur des gestes spectaculaires, les Gottman plaident pour l’importance des micro-interactions du quotidien — ces instants minuscules où l’on choisit de regarder l’autre, de l’écouter, de lui montrer qu’il compte. C’est dans ce cadre qu’ils proposent une pratique apparemment anodine, mais d’une puissance étonnante : poser chaque matin une question précise à son partenaire.

Pourquoi cette simple question révolutionne-t-elle les relations de couple ?

La question « As-tu besoin de quelque chose aujourd’hui ? » semble banale, presque trop simple pour être efficace. Pourtant, selon les Gottman, elle incarne trois piliers fondamentaux des relations durables : la curiosité, l’admiration et la disponibilité. Elle ne s’inscrit pas dans une logique de service ou d’obligation, mais dans celle de l’attention bienveillante. En la posant chaque matin, on active un rituel d’ouverture, une invitation à partager non seulement ses besoins pratiques, mais aussi émotionnels.

Prenez l’exemple de Camille et Théo, un couple parisien marié depuis douze ans. « Au début, je trouvais ça un peu artificiel, avoue Théo. On est pressés le matin, les enfants courent partout, et là Camille me demande : “Tu as besoin de quelque chose aujourd’hui ?” J’ai répondu machinalement “non”, puis un jour, j’ai dit : “Oui, j’aimerais bien que tu me rappelles ce que je dois faire pour la réunion de demain.” Ce petit échange a changé quelque chose. Elle m’a écouté, elle a noté, et le soir, elle m’a demandé comment ça s’était passé. Je me suis senti vu, soutenu. »

Ce type d’interaction, anodin en apparence, crée un climat de sécurité affective. Il dit à l’autre : « Je suis là, je t’observe, je t’accompagne. » Et selon les chercheurs, c’est précisément ce genre de micro-attentions répétées qui nourrissent la confiance sur le long terme.

Comment la curiosité entretient-elle l’amour au fil des années ?

La curiosité est souvent associée à la nouveauté, à la phase de séduction. Mais les Gottman insistent : elle ne doit pas s’éteindre avec le temps. Au contraire, elle est l’un des moteurs essentiels de la pérennité amoureuse. Un couple qui cesse de s’interroger sur l’autre, qui croit tout savoir, risque de glisser dans l’indifférence.

Poser « As-tu besoin de quelque chose aujourd’hui ? » relance cette curiosité. Elle ouvre une porte sur l’intérieur de l’autre, sur ses préoccupations, ses tensions, ses espoirs du jour. Elle signale que l’on ne prend pas l’autre pour acquis.

Élodie, professeure de littérature à Lyon, témoigne : « Avec mon mari Julien, on a traversé une période creuse, vers la cinquième année. On se croisait plus qu’on ne se parlait. Un matin, je lui ai posé cette question, un peu par hasard. Il a répondu : “J’ai peur que mon projet ne aboutisse pas.” Je ne m’attendais pas à ça. On a parlé dix minutes, assis sur le bord du lit. Depuis, c’est devenu notre rituel. Parfois, la réponse est “un café”, parfois c’est “j’aurais besoin que tu m’encourages ce soir”. Mais chaque fois, c’est un moment de connexion. »

Quel lien entre admiration mutuelle et question du matin ?

L’admiration n’est pas qu’un sentiment réservé aux débuts de relation. Elle peut être activée par de petits gestes quotidiens. En demandant à son partenaire ce dont il a besoin, on reconnaît implicitement sa valeur, son importance dans la dynamique du couple. On lui dit : « Ce que tu vis, ce que tu traverses, m’importe. »

Cette reconnaissance nourrit l’estime de soi de l’autre, mais aussi la qualité de l’attachement. Les Gottman ont observé que les couples qui s’admirent mutuellement sont moins enclins aux critiques destructrices et plus capables de traverser les conflits sans s’attaquer personnellement.

Le cas de Lina et Raphaël, parents de deux enfants à Bordeaux, illustre bien ce mécanisme. « Raphaël est très investi au travail, raconte Lina. Parfois, il rentre épuisé. Quand je lui demande le matin “tu as besoin de quelque chose ?”, il me répond souvent “que tu croies en moi”. C’est touchant. Ça me rappelle qu’il doute, parfois. Et moi, je me sens utile, pas juste “la mère” ou “la gestionnaire du foyer”. »

Pourquoi se tourner vers l’autre est-il crucial pour la stabilité du couple ?

Les Gottman parlent de “bids” — ces petites sollicitations affectives que l’on adresse à son partenaire au quotidien : un regard, une blague, une demande de soutien. La réponse à ces “bids” détermine en grande partie la qualité du lien. Se tourner vers l’autre, c’est répondre positivement à ces sollicitations, même minimes.

La question du matin en est une forme structurée. Elle ne laisse pas la réponse au hasard des interactions. Elle impose un moment dédié, une pause intentionnelle. Elle dit : « Je choisis de me tourner vers toi, dès le réveil. »

C’est ce que décrit Manon, entrepreneuse à Marseille : « Avec mon conjoint Adrien, on a des rythmes très différents. Moi, je suis matinale, lui pas du tout. Avant, je le laissais tranquille. Mais depuis qu’on a commencé ce rituel, je reste cinq minutes avec lui, même s’il grogne. Parfois, il me dit “j’ai besoin que tu me laisses dormir”, et je rigole. Mais c’est déjà une interaction. Et certains jours, il me dit des choses importantes. »

Et si on ne peut pas répondre concrètement aux besoins exprimés ?

Il est évident que tous les besoins ne peuvent être satisfaits. Personne n’a la capacité de résoudre tous les soucis de l’autre, surtout le matin. Mais les Gottman précisent que l’essentiel n’est pas la réponse concrète, mais l’écoute, la reconnaissance.

« Tu as besoin de quelque chose aujourd’hui ? » ne signifie pas « Je vais tout régler pour toi ». Cela signifie : « Je suis là, je t’entends, je partage ton quotidien. »

Comme le souligne Julien, père de famille à Grenoble : « Un matin, ma femme m’a dit : “J’ai besoin que tu comprennes que je suis dépassée.” Je n’ai rien fait de spécial ce jour-là. J’ai juste été présent, j’ai pris les enfants le soir. Mais elle m’a dit que ce simple fait que je l’aie entendue, ça l’avait soulagée. »

Quelle alternative quand le rythme de vie est trop intense ?

Les Gottman sont réalistes : tous les couples ne peuvent pas intégrer ce rituel au moment du réveil. C’est pourquoi ils proposent une variante tout aussi puissante : « Comment te sens-tu aujourd’hui ? ». Cette question, légère mais profonde, maintient le lien sans exiger de réponse pratique.

Elle permet de capter l’état émotionnel du partenaire, d’identifier un malaise avant qu’il ne devienne conflit. Elle peut être posée au téléphone, en texto, ou en s’installant à table pour le petit-déjeuner.

Le couple de Clara et Yann, installé à Toulouse, l’a adoptée sous forme de message matinal. « On ne se voit pas toujours le matin, explique Clara. Alors on s’envoie un SMS : “Comment tu te sens ?” Parfois, c’est “bien”, parfois “stressé”. Mais ça nous connecte. Et si la réponse est négative, on s’appelle. C’est devenu notre ancre. »

Peut-on mesurer l’impact de ces rituels sur la longévité du couple ?

Oui, et c’est là que la méthode des Gottman prend tout son sens. Leur suivi de plus de 3 000 couples leur a permis d’identifier des indicateurs précis de rupture ou de stabilité. Les couples qui pratiquent régulièrement des micro-interactions positives — comme poser une question d’attention chaque jour — ont un taux de satisfaction conjugale nettement supérieur. Ils traversent mieux les crises, communiquent plus efficacement, et expriment moins de ressentiment.

Leur modèle montre que ce ne sont pas les grands gestes, mais la constance des petits qui construisent la résilience amoureuse. Comme le résume Julie Schwartz Gottman : « L’amour, ce n’est pas ce que vous dites pendant la lune de miel. C’est ce que vous faites quand vous êtes fatigués, distraits, occupés. »

Comment intégrer ce rituel sans qu’il devienne une corvée ?

L’erreur serait de transformer cette pratique en obligation mécanique. L’efficacité vient de l’intention, pas de la répétition automatique. Il s’agit de la vivre comme un geste authentique, pas comme une tâche de plus sur la to-do list.

Quelques conseils : poser la question en regardant l’autre, prendre le temps d’écouter la réponse, ne pas interrompre, et parfois reformuler pour montrer qu’on a compris. L’important est la qualité de l’attention, pas la longueur de l’échange.

Comme le dit Élodie : « Ce n’est pas magique tous les jours. Parfois, on est pressés, on répond vite. Mais même dans ces moments-là, on sait qu’on a fait l’effort. Et ça compte. »

Conclusion

Les recherches des Gottman rappellent une vérité souvent oubliée : les couples heureux ne sont pas ceux qui ne connaissent pas de difficultés, mais ceux qui entretiennent quotidiennement leur lien. La question « As-tu besoin de quelque chose aujourd’hui ? » n’est ni spectaculaire ni compliquée. Mais elle incarne un choix : celui de rester connecté, de rester curieux, de rester présent. Dans un monde où les distractions sont nombreuses et les temps partagés rares, ce simple geste devient un acte d’amour profond. Il ne faut pas attendre la crise pour raviver l’intimité. Elle se nourrit, chaque matin, de quelques mots bien choisis.

A retenir

Quelle est la question recommandée par les Gottman chaque matin ?

La question est : « As-tu besoin de quelque chose aujourd’hui ? ». Elle vise à renforcer la connexion émotionnelle, la curiosité mutuelle et la disponibilité au sein du couple.

Peut-on remplacer cette question si elle ne convient pas au rythme du couple ?

Oui, une alternative tout aussi efficace est : « Comment te sens-tu aujourd’hui ? ». Elle permet de maintenir le lien affectif sans exiger une réponse pratique.

Quels sont les trois piliers du couple durable selon les Gottman ?

Les trois attitudes clés sont : rester curieux l’un envers l’autre, exprimer régulièrement son admiration mutuelle, et savoir se tourner vers l’autre plutôt que de l’ignorer.

Est-ce que cette pratique fonctionne même après des années de vie commune ?

Oui, précisément parce que, avec le temps, les couples risquent de tomber dans l’automatisme. Cette question relance l’attention et combat l’indifférence, même dans des relations de longue durée.

Faut-il attendre que l’autre exprime un besoin pour agir ?

Non. L’essentiel est d’écouter et de reconnaître, pas nécessairement d’agir. Le simple fait de poser la question et d’accueillir la réponse crée un climat de sécurité affective.