Acheter un bien : ce coût caché qui surprend tous les acquéreurs

L’achat d’un bien immobilier est souvent vécu comme une aventure pleine d’espoir, une étape marquante vers l’indépendance, la stabilité ou l’installation d’une famille. Pourtant, derrière la joie de décrocher les clés se cache parfois une réalité bien plus complexe : une facture globale qui peut exploser bien au-delà du prix affiché. En cette rentrée d’automne 2025, où les taux d’intérêt restent imprévisibles et les marchés immobiliers tendus, les acquéreurs doivent redoubler de vigilance. Car ce ne sont pas seulement les mensualités ou le prix du mètre carré qui pèsent sur le budget, mais une myriade de coûts invisibles, souvent négligés, qui peuvent transformer un projet enthousiasmant en fardeau financier. À travers témoignages et analyses, découvrons pourquoi il est essentiel de tout anticiper avant de signer.

Pourquoi les frais réels d’un achat immobilier dépassent-ils si souvent les prévisions ?

Les frais de notaire : un nom trompeur pour un coût bien réel

Quand on parle de frais de notaire, on imagine souvent un pourcentage modeste, un simple passage obligé. En réalité, ce terme englobe une somme substantielle, surtout dans l’ancien. À Paris, comme à Bordeaux ou Lyon, ces frais atteignent en moyenne 7 à 8 % du prix d’acquisition. Mais attention : le notaire lui-même ne perçoit qu’une fraction minuscule de cette somme. La majorité est composée de droits de mutation à titre onéreux (DMTO), des taxes versées directement à l’État et aux collectivités territoriales.

En 2025, plusieurs départements ont revu à la hausse ces taux, certains dépassant les 5 %. Pour Camille Lefebvre, enseignante à Montpellier, cette surprise a été douloureuse : J’avais calculé mon budget sur un taux de 4,5 %, mais le DMTO local était à 5,2 %. Sur un bien à 350 000 euros, cela fait une différence de plus de 2 400 euros. Je n’avais pas prévu ça.

En revanche, dans le neuf, les frais sont nettement plus bas, entre 2 et 4 %, car la TVA est déjà incluse et les taxes sont réduites. Mais même dans ce cas, il faut rester vigilant. J’ai cru que mon achat en VEFA serait plus simple , raconte Thomas Nguyen, ingénieur à Rennes. Mais j’ai oublié de vérifier les modalités de garantie. Résultat, j’ai payé cher pour une caution que je pensais incluse.

Garantie de prêt et frais bancaires : les pièges silencieux

Le prêt immobilier n’est jamais accordé sans garantie. Et cette garantie, souvent sous-estimée, peut représenter des milliers d’euros. Trois options principales s’offrent aux acquéreurs : la caution (par des organismes comme Crédit Logement), le privilège de prêteur de deniers (PPD), ou l’hypothèque. Chaque choix a son coût.

Le PPD, courant dans l’ancien, coûte entre 0,5 et 1 % du montant garanti. L’hypothèque, plus lourde, peut atteindre 2 %, sans compter les frais de mainlevée en cas de revente anticipée. J’ai opté pour l’hypothèque parce que mon apport était faible , confie Élodie Mercier, architecte à Nantes. Mais je n’avais pas réalisé que cela allait s’ajouter directement à mon emprunt. Cela a augmenté mes mensualités de 50 euros pendant dix ans.

Par ailleurs, les frais de dossier bancaire, souvent compris entre 500 et 1 500 euros, sont désormais presque systématiques. Certaines banques en ligne les suppriment pour attirer les clients, mais les banques traditionnelles y tiennent. Et si l’on fait appel à un courtier, ses honoraires – forfaitaires ou calculés en pourcentage – viennent encore alourdir la note. J’ai économisé 0,3 % sur mon taux grâce à mon courtier , explique Julien Dubois, chef de projet à Lille. Mais ses frais ont coûté 1 200 euros. Il a fallu que je calcule si cela valait vraiment le coup.

Pourquoi la copropriété peut-elle transformer un bon plan en cauchemar financier ?

Les charges de copropriété : une bombe à retardement

Acheter un appartement, c’est aussi entrer dans une communauté. Et depuis le 1er janvier 2025, toutes les copropriétés doivent constituer un fonds de travaux. Sans plan pluriannuel, ce fonds doit représenter au moins 5 % du budget prévisionnel. Avec un plan, c’est 5 % du budget + 2,5 % du montant des travaux prévus. Une obligation salutaire, mais qui peut surprendre les nouveaux acquéreurs.

Quand j’ai visité l’appartement, tout semblait en ordre , témoigne Manon Charpentier, graphiste à Strasbourg. Mais après la signature, j’ai découvert que des travaux de façade étaient votés. J’ai dû payer ma part, même si je n’étais pas là lors du vote.

Autre piège : les provisions de charges. À l’achat, l’acquéreur doit souvent régler une avance au prorata du temps restant dans l’année. Mais certaines copropriétés accumulent des impayés ou des arriérés de travaux. J’ai hérité de 1 800 euros de charges impayées par le précédent propriétaire , raconte Antoine Morel, professeur à Toulouse. Le syndic m’a dit que c’était normal. J’ai dû régler, puis tenter de me retourner contre l’ancien propriétaire. Une galère.

Taxes et travaux : ce que l’on oublie de budgéter

La taxe foncière est souvent oubliée par les primo-accédants. Elle est due au 1er janvier par le propriétaire inscrit au cadastre. Si la vente a lieu en cours d’année, l’acquéreur paie une part au prorata, mais le fisc ne négocie pas. Je pensais que l’ancien propriétaire paierait pour l’année entière , explique Clémentine Roy, journaliste à Grenoble. Mais non : j’ai reçu une facture à mon nom dès septembre.

Les travaux votés en assemblée générale sont aussi une source de surprises. Un toit à refaire, un ascenseur à remplacer, des isolations thermiques obligatoires… tout cela peut arriver quelques semaines après l’emménagement. Ma première assemblée générale a été un choc , confie Raphaël Blanc, entrepreneur à Marseille. On a voté 15 000 euros de travaux. Ma part : 1 200 euros. Je n’avais pas prévu cela dans mon budget.

Comment éviter les mauvaises surprises au moment de signer ?

Les outils indispensables pour estimer l’addition réelle

Anticiper, c’est déjà gagner. Avant toute visite, il est crucial de simuler l’ensemble des coûts. Camille Lefebvre a développé sa propre check-list : Je vérifie d’abord le taux de DMTO dans le département. Ensuite, je compare les options de garantie. Puis je demande à la banque le détail des frais de dossier. Enfin, je demande le dossier de copropriété, je le lis, je relis, et je pose des questions.

Les outils en ligne sont nombreux, mais il faut les utiliser avec prudence. Le TAEA (taux annuel effectif d’assurance), rendu obligatoire par la loi Lemoine, permet de comparer les offres d’assurance de prêt sur une base standardisée. Avant, c’était le bazar , confie Thomas Nguyen. Maintenant, je peux comparer deux assurances en un clin d’œil. J’ai économisé 30 euros par mois.

Quant au dossier de copropriété, il ne doit jamais être lu en diagonale. Il faut s’intéresser au budget prévisionnel, aux travaux votés, aux impayés, au fonds de travaux, et même au syndic. J’ai refusé un bien parce que le syndic était en litige avec plusieurs copropriétaires , raconte Élodie Mercier. Mieux vaut perdre une affaire que d’hériter d’un conflit.

Conseils d’experts : les erreurs à ne pas commettre

Les professionnels du secteur insistent sur un point : ne jamais confondre frais de notaire et honoraires d’agence. Les honoraires d’agence sont inclus dans le prix affiché, mais ils ne sont pas soumis aux mêmes règles fiscales , explique Sophie Delorme, notaire à Lyon. Beaucoup de gens croient que les frais de notaire incluent les frais d’agence. Ce n’est pas le cas.

Autre erreur fréquente : se focaliser uniquement sur le taux d’intérêt et les mensualités. C’est une erreur classique , affirme Marc Aubert, conseiller financier à Bordeaux. Les gens calculent leurs mensualités, mais oublient que les frais de garantie, les assurances, les charges, la taxe foncière… tout cela pèse sur leur pouvoir d’achat.

La règle d’or ? Demander un total détaillé. Isoler chaque poste : prix net vendeur, frais d’agence, frais de notaire, garantie, frais bancaires, assurance, charges , conseille Julien Dubois. Quand tout est séparé, on voit clair.

Que faut-il retenir avant de signer l’acte authentique ?

Les coûts clés à ne jamais sous-estimer

En cumulant les frais de notaire, la garantie, les frais bancaires, les charges de copropriété et la taxe foncière, certains acquéreurs voient leur budget augmenter de 10 à 12 % du prix d’achat. Dans l’ancien, surtout en zone tendue, cette surcharge est fréquente.

Rappel des postes principaux :

  • Frais d’acquisition : 7–8 % du prix (jusqu’à plus en 2025 selon les départements)
  • Garantie de prêt : jusqu’à 2 % pour une hypothèque
  • Frais de dossier bancaire : 500 à 1 500 €
  • Charges de copropriété : provisions, régularisations, travaux votés
  • Taxe foncière : souvent oubliée, mais incontournable

Dans le neuf, les frais principaux sont plus légers, mais les garanties et frais bancaires restent à intégrer. Le neuf n’est pas une affaire gratuite , prévient Sophie Delorme. Il faut tout inclure.

Les bonnes pratiques pour un achat serein

La sérénité d’un achat immobilier ne dépend pas seulement du bien, mais de la maîtrise du budget global. J’ai mis six mois à trouver le bon appartement , raconte Clémentine Roy. Mais j’ai pris le temps de tout vérifier. Aujourd’hui, je vis sereinement.

La préparation est la clé. Entrer dans une négociation avec une simulation détaillée, un dossier de copropriété lu ligne par ligne, et une comparaison bancaire en main, c’est déjà éviter les pièges. La signature ne doit pas être un soulagement, mais une confirmation , conclut Marc Aubert. Si vous avez tout anticipé, alors oui, c’est le début d’une nouvelle vie. Sinon, ce sera peut-être le début d’un cauchemar.

A retenir

Quels sont les frais souvent oubliés à l’achat d’un bien ?

Les frais souvent oubliés incluent les droits de mutation (DMTO), les garanties de prêt (caution, PPD, hypothèque), les frais de dossier bancaire, les provisions de charges de copropriété, les travaux votés mais non encore facturés, et la taxe foncière. Ces postes, bien que non visibles au premier abord, peuvent alourdir significativement la facture finale.

Comment éviter de payer des charges de copropriété injustes ?

Pour éviter les mauvaises surprises, il est essentiel d’exiger et d’étudier le dossier de copropriété avant la signature. Vérifiez le fonds de travaux, les travaux votés, les impayés, et le budget prévisionnel. Une clause au prorata dans l’acte peut aussi limiter les risques liés aux charges en cours.

Peut-on négocier les frais bancaires ?

Oui, les frais de dossier bancaire peuvent souvent être négociés, surtout si vous êtes un client sérieux ou si vous avez des arguments concurrentiels (offres d’autres banques). Les banques en ligne proposent parfois des frais réduits ou nuls, ce qui peut servir de levier de négociation.

Quelle est la différence entre frais de notaire et honoraires d’agence ?

Les frais de notaire couvrent les droits de mutation, les taxes et les émoluments du notaire. Les honoraires d’agence, eux, sont une rémunération pour le service de mise en relation. Ils sont inclus dans le prix affiché, mais ne font pas partie des frais de notaire. Confondre les deux peut mener à une mauvaise estimation du budget total.