Chaque fois que je plie les jambes, ça craque : ce que cela signifie pour votre santé

À l’approche de l’automne, alors que les feuilles roussissent et que les températures s’abaissent, bien des gens reprennent leurs habitudes sportives entre quatre murs ou sur les chemins humides des parcs. C’est souvent à ce moment-là que l’on commence à les entendre : ces petits craquements discrets, parfois sonores, qui accompagnent chaque flexion du genou. Assis sur un banc, en montant les marches d’un escalier ou en se levant d’une chaise, un clac retentit, comme un rappel mécanique du corps en mouvement. Inoffensif ? Anodin ? Ou signe avant-coureur d’un problème plus profond ? Autant de questions que se posent des milliers de personnes chaque saison. Pourtant, la plupart du temps, ces bruits ne trahissent rien d’autre qu’une articulation qui fonctionne – même si elle le fait un peu bruyamment.

Pourquoi mes genoux font-ils du bruit sans que j’aie mal ?

Le fonctionnement interne du genou : une mécanique subtile

Le genou est l’une des articulations les plus complexes du corps humain. Il relie le fémur à la rotule et au tibia, et repose sur un système de cartilages, de ménisques, de ligaments croisés et de tendons qui travaillent ensemble pour permettre la flexion, l’extension et la stabilité. Lorsque l’on bouge, le liquide synovial, qui lubrifie l’articulation, peut libérer de minuscules bulles de gaz – principalement de l’azote. Leur implosion produit ce son caractéristique de craquement . Ce phénomène, appelé cavitation, est tout à fait naturel et n’a rien de pathologique. Il est d’ailleurs similaire à celui que l’on entend en se craquant les doigts.

Élodie Rousseau, kinésithérapeute à Lyon, l’explique simplement : Quand je reçois des patients inquiets après avoir entendu un bruit au genou, la première chose que je fais, c’est de les rassurer. Le bruit, en soi, n’est jamais un indicateur de dégénérescence. Ce qui compte, c’est ce qui l’accompagne. Elle ajoute que chez ses patients de 30 à 60 ans, près de 70 % constatent des bruits articulaires sans douleur. C’est comme si leur genou disait bonjour en se mettant en route , sourit-elle.

Un bruit, mais pas de douleur : faut-il s’en inquiéter ?

Le vrai critère de gravité, c’est la douleur. Un genou qui craque mais qui ne fait pas souffrir n’est en général qu’un témoin du mouvement. Il peut même être le signe d’une articulation bien entretenue, mobile et fonctionnelle. Les personnes actives – que ce soit en course, en vélo ou en yoga – constatent souvent ces bruits plus fréquemment, simplement parce qu’elles sollicitent davantage leurs articulations.

Prenez le cas de Julien Mercier, 48 ans, professeur de philosophie à Bordeaux. Il a repris la course à pied il y a deux ans après une longue pause. Dès les premières semaines, j’ai entendu un petit clac à chaque descente de foulée. J’ai cru que j’allais me détruire les genoux. J’ai même consulté. Le verdict du médecin : aucun problème. Il m’a dit que mon corps s’adaptait, que les tissus se réajustaient, et que tant que je n’avais pas mal, je pouvais continuer. Et maintenant, ce bruit, je l’accepte. C’est comme le ronronnement d’une voiture bien entretenue.

Comment distinguer un craquement banal d’un signal d’alerte ?

Écouter son corps : un art à cultiver

Le corps parle, mais il ne crie pas toujours. Apprendre à écouter ses signaux, sans les surinterpréter, est essentiel. Un craquement isolé, sans douleur ni gonflement, qui apparaît occasionnellement – par exemple en s’accroupissant ou en montant un escalier – n’a généralement rien de préoccupant. En revanche, si le bruit devient répétitif, accompagné d’une sensation de blocage ou d’un claquement plus violent, il est temps de s’arrêter et d’observer.

Le test le plus simple ? Réaliser quelques flexions lentes du genou, debout ou assis, en notant ce que l’on ressent. Si le bruit est présent mais que l’articulation bouge librement, sans raideur ni douleur, il n’y a pas lieu de s’alarmer. Et si un seul genou craque, tandis que l’autre reste silencieux ? C’est tout à fait normal. Comme les empreintes digitales, chaque articulation a son propre fonctionnement.

Des gestes simples pour rester serein

Camille Lefebvre, 52 ans, professeure de danse à Nantes, a appris à vivre avec ces petits sons. Dans mon métier, j’entends mes genoux grincer depuis des années. Mais je connais mon corps. Je fais attention aux signaux. Elle recommande une routine simple : s’échauffer doucement avant toute activité, observer la symétrie des mouvements et éviter les changements brusques d’intensité.

Elle ajoute : J’ai vu des collègues s’arrêter de danser par peur de ces bruits. Moi, je préfère continuer, en m’adaptant. Je fais des étirements ciblés, je renforce mes quadriceps, et je cours sur des surfaces souples quand je peux. Une approche que partagent de nombreux spécialistes : la prévention passe par l’écoute, pas par l’évitement.

Comment prendre soin de ses genoux quand ils parlent trop fort ?

Préserver ses articulations au quotidien

Les genoux ne demandent pas grand-chose : juste un peu d’attention. L’automne, avec ses sols mouillés et ses températures variables, peut accentuer certaines sensations, mais il ne cause pas directement les craquements. Ce qui change, c’est notre activité. On quitte les terrains souples de l’été pour les dalles de béton des salles de sport ou les rues pavées. On reprend le sport après des mois de relative inactivité. Le corps, lui, met un peu de temps à s’ajuster.

Quelques gestes simples peuvent faire toute la différence :

  • Échauffement progressif : 5 à 10 minutes de mouvements doux (marche sur place, balancements de jambe) avant toute activité.
  • Renforcement musculaire : des exercices ciblés pour les quadriceps, les ischio-jambiers et les muscles des hanches stabilisent le genou et réduisent les contraintes.
  • Alternance des surfaces : privilégier, quand possible, les chemins en terre ou les tapis de course aux trottoirs durs.
  • Hydratation : le cartilage a besoin d’eau pour rester élastique. Boire suffisamment, même quand on n’a pas soif, est crucial en période sèche ou froide.

Samir Bendjelloul, coach sportif à Marseille, insiste sur l’importance de l’adaptation : Beaucoup de mes clients ont peur de bouger parce qu’ils entendent un bruit. Mais on ne protège pas une articulation en l’immobilisant. On la protège en la sollicitant intelligemment.

Quand faut-il consulter ? Les signes qui ne trompent pas

Il existe des situations où le craquement n’est plus un simple témoin du mouvement, mais un signal d’alerte. Voici les symptômes qui doivent inciter à consulter un médecin ou un kinésithérapeute :

  • Une douleur localisée, persistante ou qui s’intensifie avec le mouvement.
  • Un gonflement du genou, une chaleur locale ou une rougeur.
  • Une sensation de blocage : comme si l’articulation se coinçait et empêchait de plier ou de déplier complètement la jambe.
  • Une instabilité : le genou lâche , donne l’impression de céder sous le poids du corps.
  • Une raideur matinale ou une gêne qui dure plusieurs heures après l’effort.

Valérie Touzet, rhumatologue à Toulouse, précise : Ce ne sont pas les bruits qui m’inquiètent, c’est ce qu’ils accompagnent. Un craquement isolé, sans autre symptôme, ne nécessite pas d’imagerie. Mais si un patient me dit : ‘J’ai mal quand je descends les escaliers et mon genou gonfle’, là, on entre dans un autre registre.

Elle recommande une consultation rapide en cas de doute, surtout si les symptômes apparaissent après un traumatisme – une chute, un faux mouvement ou un effort violent.

Conclusion : vivre avec ses bruits articulaires, sans en faire un drame

Les craquements de genou, surtout en automne, sont souvent perçus comme des signes d’usure. Pourtant, ils sont bien plus souvent le signe d’un corps en mouvement qu’un avertissement de dégénérescence. Tant qu’ils restent indolores, isolés et sans impact sur la mobilité, ils ne doivent pas entraver notre activité. Au contraire, ils peuvent être vus comme une preuve que l’articulation fonctionne, s’ajuste et répond aux sollicitations.

Comme le dit Julien Mercier : J’ai appris à ne plus avoir peur de ce bruit. Il fait partie de moi, comme ma respiration ou mon rythme cardiaque. Et Camille Lefebvre d’ajouter : Mon genou chante ? Tant mieux. C’est qu’il est vivant.

La clé, c’est l’équilibre : écouter sans s’affoler, bouger sans forcer, et faire confiance à son corps quand il ne crie pas. Un craquement, ce n’est pas une menace. C’est souvent juste un petit mot du genou, qui dit : Je suis là, je travaille.

A retenir

Un genou qui craque sans douleur est-il dangereux ?

Non, un craquement articulaire sans douleur ni gonflement est généralement bénin. Il résulte souvent de phénomènes mécaniques normaux, comme la libération de bulles de gaz dans le liquide synovial. Ce type de bruit est fréquent chez les personnes actives comme chez les sédentaires.

Peut-on prévenir ces craquements ?

On ne peut pas toujours les éviter, car ils font partie du fonctionnement naturel de l’articulation. En revanche, on peut réduire leur fréquence ou leur intensité en adoptant de bonnes habitudes : échauffement avant l’effort, renforcement musculaire, alternance des surfaces d’entraînement et hydratation régulière.

Quelle est la différence entre un craquement normal et un signe de problème ?

Un craquement normal est isolé, indolore et ne s’accompagne d’aucun autre symptôme. En revanche, si le bruit est associé à de la douleur, un gonflement, une instabilité ou une perte de mobilité, il peut indiquer une lésion du ménisque, une inflammation ou une arthrose débutante, et nécessite une évaluation médicale.

Faut-il arrêter le sport si mes genoux craquent ?

Non, pas si le craquement est indolore. L’immobilisation peut même nuire à la santé des articulations. Il est préférable de continuer à bouger, en adaptant l’intensité et les mouvements, tout en renforçant les muscles autour du genou pour mieux le stabiliser.

Ces bruits sont-ils liés à l’âge ?

Ils peuvent devenir plus fréquents avec l’âge, en raison d’une légère usure du cartilage ou d’une diminution de la production de liquide synovial. Mais ils ne sont pas inévitables, et de nombreuses personnes âgées ont des genoux silencieux, tout comme des jeunes peuvent en avoir de bruyants. L’âge seul n’est pas un facteur déterminant.