Les déco addicts boudent le béton ciré : ce revêtement naturel prend d’assaut toutes les pièces en 2025

Chaque automne, on ressent ce besoin instinctif de renouer avec l’intime, de transformer notre intérieur en un refuge douillet, empreint de chaleur et de sens. Pourtant, malgré les efforts, certains décors semblent perdre leur âme, figés dans une modernité impersonnelle. Le béton ciré, longtemps symbole d’élégance contemporaine, commence à montrer ses limites. Froid, uniforme, parfois presque clinique, il peine à répondre à notre quête actuelle d’authenticité. C’est dans ce contexte que s’impose discrètement une alternative venue du Mexique : le chukum, un enduit ancestral qui redonne du souffle aux murs, de la lumière aux espaces, et du caractère aux intérieurs. Ce n’est pas une simple tendance : c’est un retour aux sources, une invitation à vivre dans un décor vivant, tactile et chargé d’histoire.

Pourquoi le béton ciré ne suffit plus à habiter nos maisons ?

Le béton ciré, une tendance épuisée par son propre succès ?

Il fut un temps où le béton ciré incarnait le summum du style loft industriel. Lisse, gris, brillant, il s’invitait partout : sur les sols, les comptoirs, les murs de salles de bains. Mais son omniprésence a fini par l’uniformiser. À force de vouloir moderniser, on a uniformisé. Aujourd’hui, entrer dans un intérieur tout en béton ciré peut donner l’impression de pénétrer dans un showroom plutôt que dans un chez-soi. C’est ce que ressentait Élise Bonnard, architecte d’intérieur à Nantes, lorsqu’elle a refait sa cuisine en 2020 : « J’étais convaincue que le béton ciré allait apporter de la sobriété chic. Mais au bout de six mois, je me sentais… à l’usine. Il n’y avait aucune douceur, aucune variation. Même la lumière rebondissait de façon métallique. » Ce témoignage résonne chez de nombreux propriétaires qui, comme elle, cherchent désormais à rompre avec cette froideur esthétique. Le rêve n’est plus l’épure, mais l’émotion.

La montée en puissance des matériaux naturels et artisanaux

Face à cette fatigue du lisse et du standardisé, les intérieurs s’ouvrent à des textures plus organiques, plus humaines. Le tadelakt marocain, le pisé, ou encore le terre cuite vernissée font leur retour, mais ce sont surtout les enduits venus d’ailleurs qui captivent l’attention. Ils portent en eux une histoire, une culture, un savoir-faire transmis de génération en génération. C’est dans ce mouvement que le chukum s’impose : non pas comme une mode éphémère, mais comme une réponse sincère à une aspiration profonde. « On ne veut plus simplement décorer, on veut habiter », explique Malik Thibault, ébéniste et passionné de matériaux naturels à Aix-en-Provence. « Le chukum, c’est un matériau qui respire. Il change selon l’heure, selon la météo, selon l’humeur. C’est vivant. »

Les nouveaux critères de beauté : éthique, unicité et bien-être

Les attentes ont changé. On ne choisit plus un revêtement uniquement pour son aspect, mais pour ce qu’il incarne. La durabilité, l’écoresponsabilité, la non-toxicité, et surtout l’émotion qu’il procure, sont désormais prioritaires. Le chukum répond à tous ces critères : il est naturel, biodégradable, et sa fabrication respecte l’environnement. Mais au-delà, c’est son unicité qui séduit. Chaque application est légèrement différente, chaque mur possède ses nuances, ses irrégularités, ses reflets. « C’est comme une peau, une seconde peau pour la maison », sourit Camille Dervaux, qui a recouvert le mur principal de son salon à Lyon. « Quand le soleil couchant passe par la fenêtre, le mur prend des teintes dorées, presque magiques. Mes amis me demandent toujours ce que j’ai fait… Je réponds : j’ai laissé la lumière danser. »

Le chukum, un héritage maya qui réinvente la décoration française

Des origines millénaires au cœur du Yucatán

Le chukum n’est pas une invention récente. Utilisé depuis des siècles par les Mayas pour revêtir les murs de leurs temples et de leurs demeures, il est issu de la sève de l’arbre du même nom, mélangée à de la chaux aérienne. Ce procédé ancestral permettait de créer des surfaces résistantes, imperméables, et capables de supporter les conditions tropicales. Aujourd’hui, ce savoir-faire ancestral est réinterprété pour les intérieurs contemporains. Importé discrètement en Europe par des artisans voyageurs, il a d’abord été adopté dans les hôtels de charme du sud de la France, avant de gagner les maisons particulières. « Ce n’est pas un simple enduit, c’est une transmission », affirme Diego Mendoza, artisan mexicain formé à Valladolid, qui collabore désormais avec des décorateurs français. « Chaque couche appliquée à la main raconte une histoire. »

Une texture qui joue avec la lumière et les émotions

Le chukum se situe à la frontière entre le béton ciré et l’enduit à la chaux, mais il possède une identité bien distincte. Sa texture est mate, légèrement granuleuse, mais douce au toucher. Elle capte la lumière de manière diffuse, sans reflets agressifs. Selon l’orientation de la pièce et l’intensité du jour, les teintes varient : du beige rosé à l’aube, au doré profond en fin d’après-midi, en passant par des nuances grises ou ocre selon les saisons. C’est cette qualité dynamique qui séduit les amateurs de slow déco. « J’ai appliqué le chukum dans mon atelier de peinture à Montpellier », raconte Léa Vasseur. « Le matin, la pièce est calme, presque monacale. À midi, elle s’illumine, et le mur semble respirer. C’est un compagnon de création, pas un simple décor. »

Un matériau pratique, résistant et polyvalent

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le chukum n’est pas réservé aux pièces sèches. Grâce à sa composition naturellement imperméable, il s’adapte parfaitement aux salles de bains, cuisines, voire douches à l’italienne. Il résiste à l’humidité, aux chocs légers, et ne craint pas les variations de température. Sa pose, bien que technique, peut être réalisée par un artisan expérimenté en quelques jours. Et bonne nouvelle : il n’est pas nécessaire de tout refaire. Une simple cloison, un pan de mur derrière un canapé, ou un plan de travail suffisent à transformer l’ambiance d’une pièce. « J’ai commencé par encadrer ma porte d’entrée », confie Raphaël Lemoine, installé à Bordeaux. « Un geste simple, mais qui a donné instantanément du cachet à mon appartement. Les voisins pensent que j’ai fait une rénovation complète. »

Comment intégrer le chukum dans chaque pièce de la maison ?

Transformer le salon en un espace chaleureux et structuré

Le salon est l’endroit idéal pour expérimenter le chukum. Appliqué sur un mur principal, il devient un élément central, un fond noble sur lequel se posent les meubles et les textiles. Son aspect minéral met en valeur les matières naturelles : lin, laine, rotin, bois clair. Il crée une profondeur visuelle qui structure l’espace sans le cloisonner. Pour ceux qui hésitent, le demi-mur est une excellente option : il délimite une zone lecture, un coin méditation, ou met en scène une bibliothèque. « J’ai fait un demi-mur en chukum derrière mon canapé », témoigne Camille Dervaux. « Cela donne l’impression que le salon est plus grand, plus intime à la fois. Et quand j’allume une lampe en céramique le soir, la lumière se diffuse comme dans une grotte douillette. »

Chambre, cuisine, salle de bains : des usages inattendus

En chambre, le chukum favorise une atmosphère apaisante. Appliqué sur une tête de lit ou sur les murs latéraux, il enveloppe l’espace d’une douceur minérale. Associé à des draps en coton lavé, des lampes en terre cuite, ou un tapis en laine brute, il crée un cocon propice au repos. En cuisine, il sublime les crédences, les niches à épices, ou les plans de travail. Il résiste aux éclaboussures, aux odeurs, et apporte une touche d’élégance naturelle. Dans la salle de bains, il évoque les spas de luxe du Yucatán : une douche entièrement revêtue en chukum, avec une vasque en pierre, devient un lieu de soin et de détente. « J’ai fait poser le chukum dans ma douche à Paris », raconte Malik Thibault. « C’est comme se laver dans un temple maya. L’eau glisse, le matériau ne retient pas l’humidité, et le matin, je me sens… connecté. »

Conseils d’expert pour réussir son installation

Si le chukum est robuste, sa pose demande de la précision. Il est fortement recommandé de faire appel à un artisan formé aux enduits naturels. « Ce n’est pas un produit en pot qu’on applique comme une peinture », prévient Diego Mendoza. « Il faut respecter les temps de séchage, les couches, et surtout, comprendre le rythme du matériau. » Pour les débutants, il est conseillé de commencer par de petites surfaces : une niche, un encadrement de porte, un meuble relooké. En termes de couleur, le chukum s’harmonise parfaitement avec des tons naturels : beige, terracotta, vert sauge, bleu gris. À l’entretien, il suffit d’un chiffon doux et humide. Pas de produits chimiques, pas de abrasifs. « C’est un matériau vivant, il faut l’aimer comme on aime une plante », sourit Léa Vasseur.

Conclusion : vers une décoration plus humaine et plus profonde

Le chukum n’est pas seulement un revêtement. C’est une philosophie. Celle d’un intérieur qui ne se contente pas d’être beau, mais qui veut être habité, ressenti, vécu. Il incarne une rupture avec l’ère du standardisé, du fabriqué en série, du froidement design. En choisissant le chukum, on opte pour une maison qui respire, qui change avec la lumière, qui raconte une histoire. Ce n’est pas une rénovation, c’est une renaissance. Et cet automne, alors que les jours raccourcissent et que l’on cherche à se réfugier dans l’intime, il offre une réponse juste, durable, et profondément humaine.

A retenir

Qu’est-ce que le chukum et d’où vient-il ?

Le chukum est un enduit naturel originaire du Yucatán, utilisé depuis des siècles par les Mayas. Il est composé de sève d’arbre chukum mélangée à de la chaux, offrant une surface durable, imperméable et esthétiquement unique. Il revient aujourd’hui dans les intérieurs modernes comme alternative authentique au béton ciré.

Pourquoi le chukum est-il plus chaleureux que le béton ciré ?

Contrairement au béton ciré, souvent froid et uniforme, le chukum possède une texture mate, légèrement irrégulière, qui diffuse la lumière de manière douce. Ses nuances varient selon la lumière naturelle, passant du beige rosé au doré, créant une ambiance vivante et enveloppante.

Où peut-on appliquer le chukum dans la maison ?

Le chukum s’adapte à toutes les pièces : salon, chambre, cuisine, salle de bains. Il est particulièrement efficace sur un mur d’accent, une tête de lit, une crédence ou dans une douche à l’italienne. Sa résistance à l’humidité et sa facilité d’entretien en font un matériau polyvalent.

Faut-il être artisan pour poser du chukum ?

La pose du chukum est technique et nécessite un savoir-faire spécifique. Il est fortement recommandé de faire appel à un artisan expérimenté dans les enduits naturels pour garantir un résultat durable et esthétique.

Comment entretenir un mur en chukum ?

L’entretien est simple : un chiffon doux et humide suffit. Il est important d’éviter les produits chimiques agressifs ou abrasifs pour préserver la patine naturelle du matériau. Avec le temps, le chukum développe une belle patine, renforçant son caractère authentique.