Partir en vacances devrait être synonyme de détente, de découverte et de repos. Pourtant, pour certains, ce moment tant attendu peut basculer en cauchemar à cause d’un geste anodin : laisser les appareils électroménagers branchés. Si cette pratique semble anodine, elle peut s’avérer dangereuse, voire tragique, comme en témoigne Clara Morel, une habitante de Lyon dont l’expérience a marqué un tournant dans ses habitudes de départ. Son histoire, malheureusement, n’est pas isolée. Chaque année, des dizaines de foyers subissent des dégâts matériels, parfois irréversibles, à cause d’un simple oubli. Entre risques d’incendie, surconsommation énergétique et impact environnemental, il est temps de reconsidérer ces gestes du quotidien que l’on croit sans conséquence.
Que s’est-il passé chez Clara Morel ?
Clara Morel, 38 ans, cadre dans une entreprise de logistique lyonnaise, avait planifié des vacances en famille dans le sud de la France. Comme beaucoup, elle avait fait ses valises en pensant à tout : fermeture des fenêtres, arrosage des plantes, avertissement aux voisins. Mais un détail lui avait échappé : les appareils électriques branchés. « Je me disais que le frigo pouvait rester en marche, c’était logique, non ? Et puis, débrancher chaque prise, c’est fastidieux », explique-t-elle, encore ébranlée par les événements.
Le drame a commencé au troisième jour de son absence. Un voisin, alerté par une odeur de brûlé, a remarqué de la fumée s’échappant de la cave. Il a aussitôt appelé les pompiers. L’incendie, parti d’un vieux déshumidificateur laissé en fonctionnement, avait déjà endommagé une partie du sous-sol. « Quand je suis rentrée, j’ai eu l’impression que ce n’était pas chez moi. Les murs noircis, l’odeur… J’ai pleuré pendant une heure », raconte Clara. Heureusement, personne n’était blessé, mais les réparations ont coûté plus de 8 000 euros, et l’assurance n’a couvert qu’une partie des frais, estimant que la négligence avait joué un rôle.
Pourquoi les appareils électriques en absence sont-ils dangereux ?
Un risque d’incendie plus élevé qu’on ne le pense
Les appareils électroménagers, même éteints, peuvent présenter des risques. « Un appareil en veille continue de recevoir du courant. En cas de défaut technique, de surtension ou de surchauffe, cela peut suffire à déclencher un court-circuit », explique Thomas Lefebvre, ingénieur en sécurité électrique à Grenoble. Les appareils anciens, mal entretenus ou défectueux sont particulièrement vulnérables. Le déshumidificateur de Clara, acheté d’occasion cinq ans plus tôt, n’avait jamais été vérifié. « Il n’avait plus de certification, et le câblage interne était dégradé. C’était une bombe à retardement », ajoute l’expert.
Les statistiques parlent d’elles-mêmes : chaque année, près de 20 % des incendies domestiques en France sont liés à des équipements électriques en fonctionnement en l’absence des occupants. La cuisine et la cave sont les zones les plus à risque, en raison de la concentration d’appareils et de la présence de matériaux combustibles.
Et si l’appareil n’est pas défectueux, est-ce sans danger ?
Même en bon état, un appareil branché consomme de l’énergie. C’est ce qu’on appelle la « consommation fantôme ». Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), les appareils en veille représentent jusqu’à 10 % de la facture d’électricité d’un ménage. Pour un départ de deux semaines, cela peut sembler négligeable. Mais sur l’année, avec plusieurs absences, le coût s’accumule. « Une télévision en veille consomme environ 5 watts. Multiplié par 365 jours, et par des dizaines d’appareils, cela fait des centaines de kilowattheures gaspillés », précise Camille Dubois, ingénieure en efficacité énergétique.
Comment sécuriser son domicile avant de partir ?
La règle d’or : tout débrancher
La solution la plus radicale, mais aussi la plus efficace, est de débrancher tous les appareils non indispensables. Cela inclut les chargeurs, les micro-ondes, les imprimantes, les consoles de jeux, mais aussi les machines à café, les radiateurs électriques ou les ventilateurs. « Il faut faire le tour de chaque pièce, vérifier chaque prise. On peut aussi utiliser des multiprises avec interrupteur pour tout couper d’un seul geste », conseille Thomas Lefebvre.
Le réfrigérateur et le congélateur posent une question à part. « S’ils sont pleins, il peut être dommage de les vider. Mais il faut alors s’assurer qu’ils sont en bon état, bien ventilés, et qu’ils ne sont pas surchargés. Et surtout, ne jamais laisser un congélateur ancien sans surveillance », prévient Camille Dubois. Pour les absences longues, vider les aliments périssables et débrancher après dégivrage reste la meilleure option.
Et pour ceux qui ne veulent pas tout couper ?
Certains souhaitent maintenir certaines fonctions : éclairage automatique pour dissuader les cambrioleurs, système de surveillance, ou aquarium. Dans ce cas, l’utilisation de programmateurs ou de prises connectées peut être une alternative intelligente. « Un programmateur permet de simuler une présence en allumant des lumières à des heures variables. Il peut aussi couper l’alimentation des appareils sensibles à des moments précis », explique Thomas Lefebvre.
Julien Renard, informaticien à Bordeaux, a adopté cette solution après avoir oublié de débrancher son ordinateur portable pendant des vacances. « Il a surchauffé, et j’ai eu de la chance qu’il ne prenne pas feu. Depuis, j’utilise des prises connectées que je commande depuis mon téléphone. Je peux tout éteindre à distance si j’oublie. »
Quel est le coût réel de la négligence ?
Un impact économique direct
Le coût d’un incendie peut être faramineux, mais même sans drame, la surconsommation d’énergie pèse sur le budget. Selon une étude de l’Ademe, un ménage français gaspille en moyenne 120 euros par an à cause des appareils en veille. Pour un départ de 15 jours, cela peut représenter 5 à 7 euros par jour, soit près de 100 euros pour un appareil laissé en marche inutilement. « Ce n’est pas énorme, mais c’est de l’argent jeté par la fenêtre », souligne Camille Dubois.
Et ce coût augmente avec la taille du logement et le nombre d’appareils. Dans une maison de 120 m² équipée d’un système multimédia, d’un lave-linge, d’un sèche-linge, d’un congélateur et de plusieurs chargeurs, les pertes peuvent dépasser 150 euros par an rien qu’en veille.
Et l’impact environnemental ?
Le gaspillage énergétique a aussi un impact carbone. « Chaque kilowattheure non consommé, c’est du CO2 évité. En France, même si l’électricité est majoritairement d’origine nucléaire, elle n’est pas neutre en carbone », rappelle Camille Dubois. Sur une année, les appareils en veille d’un ménage rejettent l’équivalent de 150 kg de CO2. Multiplié par des millions de foyers, cela représente des centaines de milliers de tonnes de gaz à effet de serre.
« On croit faire une petite économie, mais c’est une grande responsabilité collective », insiste Clara Morel. Depuis son incident, elle a installé un tableau de contrôle dans son entrée, avec une checklist à cocher avant chaque départ : « Eau coupée ? Gaz coupé ? Prises débranchées ? J’ai même fait signer à mes enfants un petit contrat de sécurité maison. »
Existe-t-il des solutions high-tech pour éviter les oublis ?
Oui, et elles gagnent en popularité. Les systèmes domotiques permettent désormais de surveiller et contrôler l’alimentation électrique à distance. Des capteurs détectent les surtensions, les surchauffes ou les fuites de courant, et envoient une alerte sur le smartphone de l’utilisateur. Certains vont même jusqu’à couper automatiquement le courant en cas de danger.
Élodie Ferrand, architecte d’intérieur à Toulouse, a investi dans un système complet après avoir vu une vidéo d’un incendie causé par un sèche-cheveux oublié. « J’ai trois enfants, je pars souvent. Maintenant, je reçois une notification si un appareil consomme anormalement. Et je peux tout éteindre en un clic. C’est un peu cher à l’achat, mais comparé au risque… »
Ces systèmes, bien qu’efficaces, ne remplacent pas la vigilance. « Ils aident, mais ils ne doivent pas donner une fausse impression de sécurité », tempère Thomas Lefebvre. « Un capteur peut tomber en panne, une connexion internet peut être coupée. Le geste de débrancher reste la base. »
Conclusion
L’histoire de Clara Morel est un rappel douloureux mais nécessaire : les gestes les plus simples peuvent avoir des conséquences immenses. Débrancher ses appareils avant de partir en vacances n’est pas une contrainte, c’est un acte de responsabilité. Il protège non seulement le domicile, mais aussi le portefeuille et la planète. Entre prévention, bonnes pratiques et technologies d’assistance, chacun peut trouver une solution adaptée. L’essentiel est de ne pas considérer ces précautions comme une formalité, mais comme une priorité. Parce qu’un départ serein, c’est aussi un retour en toute sécurité.
A retenir
Quels appareils doivent absolument être débranchés avant de partir ?
Tous les appareils non essentiels doivent être débranchés : chargeurs, micro-ondes, machines à café, imprimantes, consoles, radiateurs, ventilateurs, déshumidificateurs. Les appareils anciens ou défectueux sont particulièrement dangereux.
Le réfrigérateur et le congélateur peuvent-ils rester branchés ?
Oui, mais avec précaution. Assurez-vous qu’ils sont en bon état, bien ventilés, et que le congélateur n’est pas surchargé. Pour les absences longues, il est préférable de vider, dégivrer, puis débrancher.
Les prises multiprises avec interrupteur sont-elles suffisantes ?
Elles facilitent le coupure, mais ne suppriment pas entièrement le risque si le câblage ou l’appareil est défectueux. Le débranchement physique reste la méthode la plus sûre.
Les systèmes connectés remplacent-ils le débranchement ?
Non. Ils sont un complément utile, mais pas une garantie absolue. Ils peuvent échouer en cas de panne technique ou de coupure de réseau. Le débranchement manuel reste la meilleure prévention.
Quel est le coût annuel moyen des appareils en veille ?
Entre 100 et 150 euros par an pour un ménage moyen, selon l’Ademe. Cela correspond à environ 10 % de la consommation électrique totale du foyer.