Double encollage ignoré ? Les propriétaires regrettent amèrement leur choix

Le carrelage est souvent perçu comme un revêtement solide et durable, mais sa longévité dépend largement des techniques utilisées lors de la pose. L’une d’elles, le double encollage, est fréquemment négligée par souci d’économie, entraînant des conséquences désastreuses. Pourquoi cette étape est-elle si cruciale ? Quels sont les risques d’une installation bâclée ? Rencontres, explications et conseils pour éviter les pièges.

Pourquoi Julien Vasseur regrette-t-il d’avoir zappé le double encollage ?

Julien Vasseur, architecte d’intérieur à Toulouse, pensait maîtriser les rouages de la rénovation. Pourtant, son propre salon lui a réservé une mauvaise surprise. « J’ai posé des carreaux de 60×60 cm en simple encollage pour gagner du temps. Résultat : en six mois, les joints ont craquelé et deux carreaux se sont décollés près de la baie vitrée », raconte-t-il. Son témoignage illustre un problème fréquent : sous-estimer l’impact des techniques de pose.

Qu’est-ce que le double encollage change concrètement ?

Contrairement à la méthode traditionnelle (collage uniquement sur le sol), le double encollage consiste à enduire aussi le dos du carreau. Cette technique :

  • Élimine les poches d’air sous le carreau, responsables des fissures
  • Répartit uniformément les charges, essentiel pour les grands formats
  • Améliore l’adhérence dans les pièces humides comme les salles de bains

Les économistes ont-ils vraiment fait des économies ?

Le cas d’Aurélie Cormier, gérante d’une boutique lyonnaise, est éloquent. Après avoir refusé le double encollage pour « sauver 300 € », elle a dû remplacer 30 % de son carrelage en moins d’un an. « Le pire, c’était les clients qui trébuchaient sur les carreaux bombés », soupire-t-elle. Un faux calcul qui lui a finalement coûté 2 100 € en réparations.

Quatre dépenses invisibles à anticiper

  1. Main-d’œuvre pour le remplacement des carreaux endommagés
  2. Perte de valeur du bien en cas de vente
  3. Frais médicaux en cas d’accident lié au revêtement
  4. Surcoût énergétique dû à une isolation acoustique dégradée

Comment choisir un professionnel compétent ?

Marceline Fournier, carreleuse depuis 17 ans dans le Périgord, insiste sur les signes à repérer : « Un bon artisan montrera toujours son épaisseur de colle avec une truelle crantée adaptée. Méfiez-vous des devis trop bas : un double encollage demande 40 % de colle en plus. » Elle recommande aussi de vérifier les certifications Qualibat ou AFNOR.

Trois questions à poser absolument

  • « Quel taux d’encollage garantissez-vous au dos du carreau ? » (80 % minimum)
  • « Utilisez-vous des systèmes de calage pour les grands formats ? »
  • « Proposez-vous une garantie décennale incluant les défauts d’adhérence ? »

Quels sont les bénéfices invisibles du double encollage ?

Au-delà de la durabilité, cette technique offre des avantages méconnus. Théo Samson, acousticien à Nantes, explique : « Dans un immeuble récent testé, le double encollage a réduit les bruits d’impact de 12 décibels. » Autre atout : la résistance aux micro-mouvements des dalles béton, fréquents les deux premières années après construction.

Tableau comparatif des performances

Critère Simple encollage Double encollage
Durée moyenne avant réparation 3-5 ans 15+ ans
Résistance aux chocs Moyenne Élevée
Isolation phonique 30 dB 42 dB

A retenir

Le double encollage est-il obligatoire ?

Non, mais il devient indispensable dès que les carreaux dépassent 30×30 cm ou en zone humide. Les DTU 52.1 le recommandent expressément.

Peut-on le faire soi-même ?

Seulement si on maîtrise la technique du « buttering » (étalage en éventail). Sinon, le résultat risque d’être pire qu’un simple encollage professionnel.

Quel surcoût prévoir ?

Entre 15 et 20 % du prix de la pose, mais c’est une assurance contre les frais futurs. Une étude de la FFB montre un ROI de 300 % sur 10 ans.