Dans un contexte de réchauffement climatique où les étés deviennent plus ardents, les jardiniers recherchent des solutions résilientes. J’ai découvert une association végétale remarquable qui allie esthétique méditerranéenne et robustesse : la haie basse composée de romarin et de lavande. Cette combinaison, testée et approuvée par des passionnés comme Élodie Vasseur, jardinière expérimentée du Lubéron, s’avère être bien plus qu’une simple bordure.
Pourquoi le romarin et la lavande forment-ils un duo gagnant ?
Lorsque j’ai aménagé mon jardin en Drôme provençale, j’ai vite compris qu’il me fallait des plantes capables de supporter la sécheresse estivale. Le romarin et la lavande, ces deux emblèmes du Midi, se sont révélés des alliés parfaits.
Une adaptation naturelle aux climats arides
Ces plantes méditerranéennes présentent des caractéristiques fascinantes pour survivre sans eau : feuilles coriaces, système racinaire profond, huiles essentielles protectrices. Comme le raconte Théo Lambert, pépiniériste à Nyons : « L’été dernier, pendant la canicule, mes clients m’ont rapporté que leurs lavandes fleurissaient alors que le gazon était brûlé. »
Une alliance esthétique et fonctionnelle
Le contraste entre le bleu profond du romarin et le mauve pastel de la lavande crée une symphonie chromatique. « J’ai calculé que sur une année, ma haie produit des fleurs pendant 8 mois », précise Clara Dumont, qui cultive cette association depuis cinq ans dans les Alpes-Maritimes.
Quelles variétés sélectionner pour une haie réussie ?
Tous les cultivars ne se valent pas. Après plusieurs essais, voici mes recommandations personnelles.
Le romarin qui fait la différence
Parmi les nombreuses variétés, trois sortent du lot pour une haie basse : ‘Prostratus’ pour son port étalé, ‘Corsican Blue’ pour son feuillage dense et ‘Majorca Pink’ pour une touche originale. « J’ai mixé ces trois variétés dans ma haie, ce qui crée un effet de texture très intéressant », confie Mathilde Roussel, paysagiste à Aix-en-Provence.
La lavande qui dure
La lavande vraie (Lavandula angustifolia) s’impose comme la plus résistante. Les variétés ‘Munstead’ et ‘Imperial Gem’ offrent une floraison prolongée. « Contrairement aux lavandes hybrides, elles gardent leur forme compacte sans devenir trop ligneuses », explique Fabien Chauvin, responsable des collections aromatiques au Jardin des Méditerranées.
Comment implanter cette haie méditerranéenne ?
L’implantation demande quelques précautions pour assurer la pérennité des plants.
Le secret d’une bonne installation
Le sol doit être parfaitement drainé. J’ai personnellement ajouté du gravier à ma terre argileuse. « Ne jamais planter en hiver dans les régions humides », prévient Aurélie Morin, qui a perdu sa première haie à cause du gel humide dans le Gard.
L’art du compagnonnage végétal
Pour 10 mètres linéaires, j’alterne 5 plants de romarin et 7 pieds de lavande, en quinconce. Au bout de trois ans, les plantes se rejoignent naturellement. « J’ai ajouté quelques cistes blancs pour briser la monotonie », suggère Romain Lefèvre, dont la haie a remporté le concours des « Jardins secs » en 2022.
Quel entretien pour cette haie résistante ?
L’avantage majeur de cette association ? Son minimalisme en matière de soins.
L’arrosage intelligent
La première année demande un peu d’attention. « J’installe un goutte-à-goutte que je retire complètement dès la deuxième saison », partage Sonia Berger, qui gère dix jardins secs dans le Var. Personnellement, je n’arrose jamais ma haie établie, même en période de restriction.
La taille comme rituel
Une taille légère après floraison maintient la forme. « Je ne coupe jamais dans le vieux bois », insiste Nicolas Pellerin, formateur en jardinage méditerranéen. J’utilise les tailles pour préparer des infusions ou des petits sachets parfumés.
Quels bénéfices au-delà de la décoration ?
Cette haie dépasse largement son rôle ornemental initial.
Un garde-manger aromatique
Le romarin parfume mes grillades et pains maison. « J’en fais des huiles infusées que j’offre à Noël », raconte Amandine Lacroix. Quant à la lavande, elle entre dans mes cosmétiques maison et mes tisanes du soir.
Un écosystème miniature
Les abeilles solitaires adorent cette haie. « J’ai identifié 22 espèces d’insectes butineurs sur mon mètre carré de haie », s’enthousiasme Léa Moreau, naturaliste amateur. Les lézards y trouvent aussi refuge contre les prédateurs.
Quels problèmes peuvent survenir ?
Même robuste, cette haie peut connaître quelques aléas.
Les rares maladies
En dix ans, je n’ai rencontré que deux problèmes : des cicadelles sur jeunes pousses et un cas de pourriture racinaire après des pluies diluviennes. « Un jet d’eau savonneuse a réglé mon invasion de psylles », témoigne Hugo Delmas.
Le rajeunissement nécessaire
Après sept ans, certaines sections peuvent devenir trop ligneuses. « Je remplace un plant sur trois chaque printemps pour maintenir une haie toujours jeune », conseille Florence Baron. Cette méthode douche évite les trous disgracieux.
Comment adapter cette haie à d’autres régions ?
Hors du Midi, quelques ajustements s’imposent.
En climat plus frais
Dans le Centre-Val de Loire, Patrick Mercier utilise des variétés plus résistantes : « Je privilégie le romarin ‘Arp’ et la lavande ‘Hidcote’ qui supportent mieux nos hivers. » Une protection hivernale légère peut être nécessaire.
Des alternatives complémentaires
Dans l’Ouest, Camille Lemoine associe santoline et thym à sa haie. « Le thym serpolet résiste mieux à l’humidité hivernale », précise-t-elle. En zone urbaine, Olivier Chevalier recommande des pots surélevés pour un meilleur drainage.
A retenir
Quelle est la période idéale pour planter ?
L’automne reste la saison parfaite, mais un printemps précoce convient avec un arrosage initial.
Faut-il vraiment ne plus arroser après installation ?
Oui, une fois bien enracinées (après 12-18 mois), ces plantes préfèrent être oubliées.
Peut-on cultiver cette haie en pot ?
Absolument, avec des contenants profonds (40 cm minimum) et un substrat très drainant.
Ce que j’ai appris en dix ans avec cette haie ? Qu’elle représente bien plus qu’une solution pratique. Elle incarne une philosophie du jardinage : beauté sobre, résilience et générosité. Comme le dit si bien Élodie Vasseur : « C’est une haie qui donne plus qu’elle ne prend. » Une leçon pour notre époque.