Alors que les rayons des pharmacies et des boutiques bio se remplissent de soins toujours plus sophistiqués, certains retournent aux sources pour trouver des solutions simples, efficaces et durables. Parmi ces trésors oubliés, l’eau de cuisson du riz s’impose peu à peu comme un allié beauté incontournable. Longtemps cantonnée au rôle de sous-produit culinaire, cette eau laiteuse, autrefois jetée sans y penser, est aujourd’hui réhabilitée par des chercheurs, des passionnés de bien-être naturel, et surtout par celles et ceux qui ont grandi avec les gestes transmis par leurs aînés. Ce n’est pas une mode éphémère, mais une renaissance d’un savoir-faire ancestral, réinterprété pour s’adapter aux préoccupations contemporaines : efficacité, écologie, authenticité.
Quelle est l’origine de l’utilisation de l’eau de riz en beauté ?
L’utilisation de l’eau de riz dans les soins corporels remonte à plusieurs siècles, et traverse les continents. En Asie, notamment au Japon et en Chine, les femmes de la cour impériale utilisaient déjà cette eau pour entretenir la souplesse de leur peau et la brillance de leur chevelure. En Inde, elle fait partie intégrante des routines Ayurvédiques, tandis que dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest, elle est utilisée pour laver les bébés, tant elle est considérée comme douce et purifiante. Ce savoir s’est transmis oralement, de mère en fille, souvent sans qu’il soit formalisé ou scientifiquement validé.
À Lyon, Madeleine Berthier, 78 ans, évoque avec tendresse les gestes de sa grand-mère maternelle, originaire du sud de l’Italie. « Elle faisait bouillir du riz complet dans une grande casserole, puis elle laissait refroidir l’eau avant de s’en servir comme rinçage capillaire », raconte-t-elle, assise dans sa cuisine aux murs jaunes pâle. « Elle disait que c’était meilleur que tous les shampoings du monde. Et quand je pense à ses cheveux, à 80 ans, toujours épais et soyeux… elle avait peut-être raison. » Madeleine, aujourd’hui, suit scrupuleusement ce rituel chaque semaine, non par nostalgie seulement, mais parce qu’elle constate elle-même les effets : une peau plus ferme, un cuir chevelu moins irrité.
Quels sont les bienfaits prouvés de l’eau de riz sur la peau et les cheveux ?
Renforcement et brillance capillaire
Les cheveux sont composés de kératine, une protéine fragile soumise quotidiennement à des agressions extérieures : pollution, chaleur des appareils de coiffage, colorations. L’eau de cuisson du riz, riche en inositol — un polyalcool naturellement présent dans les grains — pénètre en profondeur dans la fibre capillaire, même après le rinçage. Ce composé agit comme un bouclier protecteur, limitant les cassures et améliorant l’élasticité du cheveu.
Julie Mercier, graphiste à Bordeaux, a intégré ce soin dans sa routine il y a huit mois. « J’avais les cheveux abîmés par les mèches et les fers à lisser. Malgré les masques coûteux, rien ne semblait vraiment fonctionner », confie-t-elle. « Un jour, ma grand-mère m’a dit : “Tu devrais essayer l’eau de riz, comme on faisait avant.” J’ai rigolé, mais j’ai testé. Au bout de trois semaines, mes cheveux étaient plus doux, plus brillants. Et surtout, ils ne fourchent presque plus. »
Amélioration de l’hydratation cutanée
En application locale sur le visage, l’eau de riz agit comme un tonique naturel. Grâce à sa teneur en antioxydants, notamment en acide ferulique, elle aide à lutter contre les radicaux libres responsables du vieillissement prématuré de la peau. De plus, les vitamines B et E qu’elle contient stimulent le renouvellement cellulaire et renforcent la barrière hydrique.
Camille, 34 ans, esthéticienne à Montpellier, l’utilise désormais en complément de ses soins professionnels. « Je propose à certaines clientes un “lavage au riz” après le démaquillage. C’est un geste simple, mais il fait toute la différence pour les peaux sensibles ou fatiguées. » Elle précise que l’eau, filtrée et refroidie, doit être appliquée avec un coton, matin et soir, pendant au moins deux semaines pour observer des effets visibles.
Comment préparer et utiliser l’eau de riz de manière optimale ?
La méthode de cuisson
Il existe plusieurs façons d’extraire les bienfaits du riz, mais la cuisson reste la plus accessible. Pour une utilisation cosmétique, on recommande de choisir du riz complet ou brun, plus riche en nutriments que le riz blanc raffiné. Faire bouillir une tasse de riz dans trois tasses d’eau pendant 15 à 20 minutes. Une fois cuit, filtrer l’eau dans un bol propre. Laisser refroidir complètement avant utilisation.
Attention : l’eau ne doit pas être conservée plus de 24 à 48 heures à température ambiante, car elle peut fermenter. Si on souhaite la garder plus longtemps, il est conseillé de la stocker au réfrigérateur dans un récipient hermétique. Certains préfèrent la fermenter volontairement pendant 12 à 24 heures, car cette fermentation augmente la concentration en acide lactique, un exfoliant doux bénéfique pour la peau.
Application sur les cheveux
Après le shampoing, verser l’eau de riz sur les longueurs et les pointes. Masser légèrement le cuir chevelu si besoin. Laisser poser entre 20 et 30 minutes, puis rincer à l’eau claire. Pour un effet renforcé, on peut l’appliquer en masque en combinant l’eau de riz avec un peu d’huile végétale, comme l’huile de coco ou d’argan.
Application sur la peau
Utilisée en lotion, l’eau de riz s’applique sur le visage à l’aide d’un coton, après le nettoyage. Elle peut aussi servir de base pour des masques maison : mélangée avec du miel, elle hydrate ; avec de la farine de riz, elle exfolie doucement. Certains la vaporisent même en brume rafraîchissante pendant la journée.
Pourquoi l’eau de riz s’inscrit-elle dans une démarche écologique ?
À une époque où les consommateurs cherchent à réduire leur impact environnemental, l’eau de riz incarne une forme de beauté circulaire. Plutôt que de jeter une ressource riche en actifs, on la réutilise. Ce geste, bien que modeste, participe à une prise de conscience collective : chaque litre d’eau sauvé, chaque produit évité, compte.
Élodie Toussaint, ingénieure en environnement à Grenoble, a intégré ce principe dans sa vie quotidienne. « Je cuisine du riz deux à trois fois par semaine. Avant, je vidais l’eau dans l’évier sans y penser. Maintenant, je la récupère pour mes cheveux, et le reste, je l’utilise pour arroser mes plantes d’intérieur. » Elle ajoute : « C’est un petit geste, mais il me relie à une forme de simplicité que j’apprécie. Je me sens moins dépendante des produits industriels. »
En effet, l’eau de riz, une fois utilisée en cosmétique, peut encore servir à nourrir les plantes. Riche en azote, potassium et autres minéraux, elle stimule la croissance des végétaux, notamment les plantes vertes et les aromatiques comme le basilic ou la menthe. Ce double usage illustre parfaitement une économie de moyens respectueuse de la nature.
Quelles précautions prendre avant d’utiliser l’eau de riz ?
Bien que naturelle, l’eau de riz n’est pas sans contre-indications. Certaines personnes peuvent être sensibles aux résidus de gluten, même s’ils sont minimes. Il est donc conseillé de faire un test cutané avant toute application prolongée. Appliquer une petite quantité derrière l’oreille ou sur le poignet, attendre 24 heures, et vérifier l’absence de réaction.
De plus, l’utilisation d’eau de riz fermentée nécessite une hygiène rigoureuse. Un récipient mal nettoyé ou une fermentation trop longue peut entraîner la prolifération de bactéries indésirables. Il est donc important de bien stériliser les contenants et de ne pas dépasser 48 heures de conservation, même au réfrigérateur.
Enfin, l’eau de riz ne remplace pas un traitement médical en cas de pathologie cutanée ou capillaire avérée. Elle peut accompagner des soins, mais ne doit pas être considérée comme une solution miracle face à des troubles comme la pelade, l’acné sévère ou l’alopécie.
Comment l’eau de riz s’inscrit-elle dans une nouvelle vision de la beauté ?
La montée en puissance de l’eau de riz dans les routines de soin reflète un changement profond dans notre rapport à la beauté. On ne cherche plus seulement à paraître, mais à soigner, à préserver, à réparer. Ce retour aux gestes simples, aux ingrédients comestibles, s’inscrit dans un mouvement plus large : la slow beauty. Comme la slow food, elle prône la qualité, la durabilité, la transparence.
Le succès de l’eau de riz n’est pas seulement lié à ses vertus, mais à son histoire. Elle parle d’héritage, de transmission, de lien intergénérationnel. Elle invite à ralentir, à observer, à expérimenter. Elle redonne du sens à des gestes devenus mécaniques.
Dans un monde saturé de produits aux compositions opaques, l’eau de riz est une réponse claire, transparente, presque évidente. Elle ne vient pas d’un laboratoire high-tech, mais de la cuisine, du quotidien. Et c’est peut-être là toute sa force.
A retenir
Quels sont les principaux nutriments présents dans l’eau de riz ?
L’eau de cuisson du riz contient de l’inositol, des vitamines du groupe B, de la vitamine E, de l’acide ferulique et des minéraux comme le potassium et le magnésium. Ces composés contribuent à la réparation des cheveux, à l’hydratation de la peau et à la protection contre le vieillissement cellulaire.
Peut-on utiliser l’eau de riz tous les jours ?
Pour les cheveux, une utilisation une à deux fois par semaine suffit pour observer des effets durables. Pour la peau, un usage quotidien est possible, mais il est recommandé de commencer par une à deux applications par jour pendant une semaine, afin de vérifier la tolérance.
L’eau de riz convient-elle à tous les types de cheveux ?
Oui, elle est particulièrement bénéfique pour les cheveux abîmés, secs ou crépus, mais peut aussi être utilisée par les personnes aux cheveux gras, car elle équilibre le cuir chevelu sans l’alourdir. Les cheveux fins en tirent également profit, grâce à son effet gainant naturel.
Peut-on remplacer ses produits de beauté par l’eau de riz ?
Elle peut être un excellent complément à une routine de soins, mais ne remplace pas systématiquement des produits formulés pour des besoins spécifiques. Elle s’intègre mieux comme un soin naturel d’appoint, notamment pour renforcer la brillance, l’hydratation ou la résistance.
Y a-t-il des alternatives au riz cuit pour obtenir une eau de riz active ?
Oui. Certaines personnes utilisent la méthode de trempage : faire tremper du riz cru dans de l’eau pendant 30 minutes à 2 heures, puis filtrer. Cette méthode préserve davantage les enzymes naturelles, mais libère moins d’actifs que la cuisson. Elle convient aux personnes souhaitant éviter la chaleur.