Entre factures qui s’alourdissent, plastiques qui s’accumulent et rituels beauté de plus en plus complexes, la salle de bain devient, sans que l’on s’en rende compte, un terrain de tension entre bien-être et gaspillage. Pourtant, à l’automne 2025, une transformation silencieuse s’opère dans les foyers français : celle d’une beauté plus consciente, plus sobre, et surtout plus durable. Ce n’est plus seulement une tendance écolo, c’est une réponse pragmatique à une époque où chaque euro compte, chaque geste résonne. Et si le zéro déchet, loin d’être une contrainte, s’imposait comme une libération ?
La salle de bain est-elle devenue un miroir de notre consommation excessive ?
Regardez attentivement votre armoire de salle de bain. Combien de flacons entamés, de tubes oubliés, de produits promettant miracles et éclat se côtoient sans jamais être terminés ? C’est ce qu’a remarqué Camille, 38 ans, enseignante à Lyon, en rangeant sa pharmacie après une semaine de grippe. J’ai compté dix-sept produits différents rien que pour le visage. Et je me suis demandé : est-ce que j’utilise vraiment tout ça ? Ou est-ce que je les achète parce qu’ils ont l’air chics sur Instagram ? Cette prise de conscience, elle n’est pas isolée. Depuis deux ans, la pression financière et écologique pousse des milliers de Français à questionner leurs routines.
Le constat est sans appel : une routine beauté classique coûte en moyenne plus de 500 euros par an. Entre shampoings, soins hydratants, démaquillants et produits saisonniers, on accumule sans même s’en rendre compte. Sans compter les emballages : un flacon de gel douche, un tube de crème, des cotons jetables… Chaque geste de soin génère des déchets, souvent non recyclables. Et chaque achat impulsif, souvent motivé par un packaging ou une publicité, creuse un peu plus le trou dans le porte-monnaie.
Comment le zéro déchet devient-il une stratégie intelligente de sobriété ?
Le passage au zéro déchet n’est pas un geste militant, mais une forme de bon sens. C’est ce qu’a compris Thomas, 42 ans, ingénieur à Bordeaux, lorsqu’il a décidé de simplifier sa routine après avoir reçu une facture de 80 euros pour un shampoing et un après-shampoing premium . J’ai commencé par les formats solides. Un shampoing solide, c’est pas cher, ça dure longtemps, et il n’y a pas de plastique. En trois mois, j’ai vu ma poubelle de salle de bain passer de deux sacs par semaine à un tous les quinze jours.
Les produits solides – savons, shampoings, déodorants – sont aujourd’hui accessibles dans de nombreuses enseignes ou en circuit court. Un savon de 100 g, vendu entre 3 et 7 euros, dure trois à quatre semaines, parfois plus selon l’utilisation. Comparé à un gel douche classique qui coûte souvent plus de 10 euros pour une durée similaire, la différence est flagrante. Et ce n’est pas seulement une question de prix : la disparition des emballages superflus, des couleurs criardes et des slogans agressifs apporte une forme de clarté mentale. Ma salle de bain est devenue un espace apaisant, presque méditatif , confie Élise, 35 ans, graphiste à Rennes.
Le fait-maison : une révolution douce dans la routine beauté
Si les produits solides marquent le début du changement, le fait-maison en est l’aboutissement. Fabriquer ses soins, c’est reprendre le contrôle, mais aussi redécouvrir le plaisir des gestes simples. C’est ce qu’a fait Léa, 29 ans, agricultrice bio dans le Lot, qui a commencé à confectionner ses gommages à partir d’ingrédients de sa ferme. J’utilise du sucre de canne, de l’huile de tournesol que je presse moi-même, et du miel de mes ruches. Un pot coûte moins de 50 centimes, et il est infiniment plus doux pour la peau que les produits du supermarché.
Voici une recette simple, efficace, et adaptable selon les saisons : mélangez une cuillère à soupe de sucre de canne, une cuillère à soupe d’huile végétale locale (tournesol, colza, noix), et quelques gouttes de miel pour un effet hydratant. Appliquez sur peau humide, massez délicatement, rincez. Le résultat ? Une peau douce, nourrie, sans composants douteux ni kilomètres parcourus. Et surtout, une sensation de cohérence : on sait exactement ce que l’on applique sur son corps.
Cette approche change aussi la relation à la consommation. Avant, je pensais qu’il me fallait un produit différent pour chaque problème : un masque pour les pores, un autre pour l’éclat, un troisième pour l’hydratation. Maintenant, je comprends que la peau a surtout besoin de simplicité , raconte Camille, qui a réduit sa collection de soins de vingt à cinq produits essentiels.
Et les accessoires dans tout ça ? La révolution du réutilisable
Le zéro déchet ne concerne pas seulement les produits, mais aussi les objets du quotidien. Les cotons jetables, les rasoirs à usage unique, les lingettes : autant de déchets qui s’accumulent sans que l’on y pense. C’est là qu’interviennent les alternatives durables. Les cotons lavables en tissu, par exemple, coûtent entre 15 et 30 euros pour un lot, mais résistent à des centaines de lavages. J’en ai acheté un jeu il y a deux ans, et je les utilise encore tous les jours. Je n’ai plus jamais racheté de cotons jetables , affirme Thomas.
De même, les rasoirs à lame interchangeable, souvent en acier inoxydable, représentent un investissement initial modeste (entre 20 et 50 euros), mais s’utilisent pendant des années. Les lames, vendues par boîtes de dix, coûtent moins cher que les recharges jetables. Et l’expérience est différente : plus lente, plus précise, presque rituelle. C’est un geste plus respectueux, autant pour la peau que pour la planète , note Élise.
Les flacons rechargeables complètent cette transition. Nombre de marques proposent désormais des recharges en vrac ou en sachet compostable, à 20-30 % moins cher que les versions neuves. En plus de faire économiser, ils apportent une esthétique sobre et élégante à la salle de bain. J’ai remplacé tous mes flacons par des contenants en verre. Je les recharge chez un distributeur local. C’est beau, c’est pratique, et je sais que je ne jette plus rien , explique Léa.
Le locavore, un atout insoupçonné pour une beauté durable
Une autre clé du succès réside dans le choix des matières premières. Opter pour des huiles végétales locales, du miel de rucher voisin, des plantes séchées du marché : c’est réduire l’empreinte carbone, mais aussi soutenir l’économie de proximité. J’achète mon huile de colza chez un producteur à 15 km de chez moi. Elle est moins chère que celle du supermarché, et bien meilleure , confie Thomas.
Le minimalisme gagne du terrain : avec trois ou quatre ingrédients polyvalents, on peut réaliser une grande partie de sa routine. L’huile végétale sert à démaquiller, à nourrir la peau, à soigner les cheveux. Le miel est un antibactérien naturel, un hydratant, un exfoliant doux. Le bicarbonate de soude, utilisé avec parcimonie, nettoie en douceur. Plus besoin de dix produits différents. Un peu d’imagination, et on se simplifie la vie , résume Camille.
Cette sobriété n’est pas une privation, mais une libération. Elle permet de se détacher des campagnes marketing, des nouveautés incessantes, des promesses illusoires. Je ne me sens plus obligée d’acheter le dernier sérum à la mode. Je prends soin de moi avec ce que j’ai, et c’est bien plus satisfaisant , ajoute Élise.
Quels sont les bénéfices au-delà des économies ?
Le zéro déchet, c’est aussi une question de bien-être intérieur. Chaque geste devient conscient, chaque produit choisi avec intention. À l’approche de l’hiver, cette transformation prend tout son sens. La salle de bain devient un lieu de soin, de pause, de reconnexion. En octobre, quand les jours raccourcissent, j’aime prendre mon temps. Me laver le visage avec un savon fait main, me masser avec une huile chaude… C’est un rituel apaisant , décrit Léa.
Et cette démarche ne passe pas inaperçue. Autour d’eux, les proches s’interrogent, s’inspirent. Mon fils de 16 ans a vu mes cotons lavables et m’a dit : “C’est quoi ce truc ?” Je lui ai expliqué, et maintenant il utilise un rasoir durable. C’est une petite victoire , sourit Thomas. Les retours sont souvent positifs : on découvre la douceur des produits naturels, la satisfaction d’agir en cohérence, la fierté de contribuer à un changement, même modeste.
Ce n’est pas une révolution bruyante, mais une transformation silencieuse. Et pourtant, elle a un impact. Moins de déchets, moins de stress, moins de dépenses. Et plus de sens , résume Camille.
En résumé : une transition qui paie, à tous les niveaux
Adopter une routine beauté zéro déchet, ce n’est pas renoncer au plaisir ou à l’efficacité. C’est au contraire redéfinir ce que signifie prendre soin de soi. En passant aux formats solides, en fabriquant ses soins, en choisissant le réutilisable et le local, on allège sa poubelle, son budget, et son esprit. Les économies se chiffrent en centaines d’euros par an, mais le vrai gain est ailleurs : dans la sérénité retrouvée, dans la cohérence entre ses valeurs et ses gestes.
À l’automne 2025, alors que l’inflation pèse sur les ménages et que l’urgence climatique ne faiblit pas, cette approche n’est plus une option. C’est une réponse pragmatique, accessible, et profondément humaine. Et si le changement commençait, tout simplement, par la salle de bain ?
A retenir
Peut-on vraiment économiser en passant au zéro déchet ?
Oui, les économies sont concrètes. Un shampoing solide coûte entre 5 et 10 euros et dure plusieurs mois. En remplaçant les produits jetables par des alternatives réutilisables (cotons, rasoirs), on amortit l’investissement initial en quelques mois. Sur une année, la réduction du budget beauté peut atteindre 30 à 50 %.
Est-ce difficile de fabriquer ses propres soins ?
Pas du tout. Les recettes de base, comme les gommages ou les baumes, sont simples et rapides. Elles nécessitent peu d’ingrédients, souvent déjà présents dans la cuisine. Avec un peu d’organisation, c’est un geste facile à intégrer dans une routine hebdomadaire.
Les produits solides sont-ils aussi efficaces que les versions liquides ?
Oui, et souvent plus. Ils contiennent moins d’eau, donc plus de principes actifs. Ils sont formulés pour durer longtemps et s’adapter à différents types de peau. De nombreux utilisateurs notent même une amélioration de leur confort cutané après le passage au solide.
Faut-il tout changer d’un coup ?
Non, la transition peut être progressive. On peut commencer par un savon solide, puis ajouter des cotons lavables, puis un rasoir durable. L’important est de ne pas se mettre de pression. Chaque geste compte, même petit.
Pas nécessairement. Bien sûr, certains produits haut de gamme existent, mais le cœur du zéro déchet repose sur la simplicité et le fait-maison. Utiliser du sucre, de l’huile, du miel, des contenants recyclés : c’est accessible à tous, et souvent moins cher que les cosmétiques industriels.