Engrais interdit : 40% des Français l’utilisent encore malgré les risques — contrôles renforcés en 2025

L’interdiction récente d’un engrais autrefois plébiscité par les jardiniers et agriculteurs n’a pas suffi à enrayer son utilisation. Une étude alarmante révèle que 40 % des Français persistent à l’employer malgré les risques environnementaux et sanitaires. Face à cette résistance, les autorités préparent une riposte musclée pour l’été 2025. Entre habitudes tenaces, méconnaissance des dangers et solutions alternatives, plongée dans un dossier qui touche à notre relation avec la nature.

Pourquoi cet engrais interdit garde-t-il ses adeptes ?

La fidélité à ce produit banni depuis 2023 s’explique par un mélange de tradition familiale et d’information parcellaire. Dans les jardins familiaux comme dans certaines exploitations, les vieilles habitudes ont la peau dure. « J’ai toujours vu mon grand-père épandre cette poudre bleue sur ses rosiers », explique Théo Lavigne, maraîcher en Dordogne. « Quand j’ai repris la ferme, je n’ai même pas envisagé de changer. »

Un déficit criant de pédagogie

Les campagnes d’information sur l’interdiction semblent être passées à côté d’une partie de la population. Élodie Roussel, responsable d’une jardinerie dans le Vaucluse, constate : « Beaucoup de clients ignorent totalement la réglementation. On leur propose systématiquement des alternatives, mais certains reviennent avec des vieux stocks achetés sous le manteau. »

Quels sont les véritables dangers de cet engrais ?

Les composés chimiques de cet engrais s’infiltrent dans les sols pour des décennies, contaminant les nappes phréatiques et perturbant les écosystèmes. Plus inquiétant encore : leurs résidus se retrouvent dans la chaine alimentaire. Une étude de l’INRAE a détecté des traces de ces substances dans 15 % des légumes-feuilles analysés en 2024.

Témoignage d’une viticulture en prise avec les conséquences

Anne-Charlotte Morin, vigneronne en Bourgogne, a payé le prix fort : « Après dix ans d’utilisation, mes sols étaient comme morts. Il a fallu trois ans de conversion en bio pour retrouver une activité microbienne. Aujourd’hui, je milite contre ces produits qui tuent la terre à petit feu. »

Comment les autorités comptent-elles réagir ?

À partir du 7 août 2025, des brigades mobiles contrôleront les jardineries, les exploitations agricoles et même les particuliers. Les amendes pourraient atteindre 7 500 € pour les récidivistes. Le ministère de l’Agriculture mise aussi sur la coopération des distributeurs : « Nous formons actuellement les équipes des grandes surfaces de bricolage à détecter les achats suspects », précise un porte-parole.

La sensibilisation comme arme absolue

Des ateliers « jardinage au naturel » vont se multiplier dans les communes. À Montpellier, le programme « Terre Fertile » a déjà convaincu 200 familles d’abandonner les produits interdits. « C’est en montrant concrètement l’impact sur la biodiversité locale qu’on fait bouger les lignes », souligne Farid Belkacem, animateur environnement.

Par quoi remplacer ces engris nocifs ?

Les alternatives ne manquent pas : compost maison, purins végétaux, engrais verts comme la moutarde ou la phacélie. Les magasins spécialisés proposent désormais des kits clés en main pour débutants. « Mon lombricomposteur me fournit assez d’engrais pour mon potager et mes fleurs », se réjouit Clara Dumontel, retraitée en Bretagne.

L’exemple inspirant d’une micro-ferme

Installé dans les Cévennes, Benjamin Lacroix a développé un système circulaire exemplaire : « Mes poules fertilisent mon potager, qui nourrit ma famille et mes clients. En cinq ans, je n’ai acheté aucun engrais, et mes rendements augmentent chaque année. »

A retenir

Quand l’interdiction est-elle entrée en vigueur ?

La commercialisation et l’usage de cet engrais sont prohibés depuis janvier 2023 suite à un arrêté ministériel.

Comment reconnaître les engrais interdits ?

Ils portent généralement la mention NPK suivie de chiffres élevés (type 20-20-20) et contiennent souvent des nitrates ammoniacaux.

Où se procurer des alternatives naturelles ?

Les magasins bio, les jardineries engagées et les associations proposent des solutions locales. Certaines mairies distribuent des composteurs à prix réduit.

Conclusion

Derrière ce conflit entre réglementation et pratiques se joue une question plus vaste : notre capacité à réinventer notre rapport à la terre. Comme le résume si bien Anne-Charlotte Morin : « On ne peut plus se contenter de solutions qui donnent des résultats immédiats en échange de désastres à long terme. » L’échéance d’août 2025 pourrait bien marquer un tournant décisif vers une agriculture et un jardinage véritablement durables.