Un entraîneur angevin devient viral avec son message réconfortant sur les échecs

En ce samedi après-midi pluvieux de printemps, dans une salle polyvalente de Beaucouzé, un moment ordinaire aurait pu passer inaperçu. Un entraîneur, une équipe de jeunes, un match serré. Pourtant, ce simple temps mort, capté par une caméra amateur, a fait le tour des réseaux sociaux, touchant des milliers d’internautes, parents, éducateurs, sportifs. Tout cela grâce à une phrase, simple, sincère, dite par Quentin Bessonneau, coach des U13 du Sporting-club Beaucouzé. « Si tu marques, c’est super ; si tu rates, c’est pas grave. » Une phrase qui résonne bien au-delà du terrain, qui interroge notre rapport à l’échec, à la pression, à l’éducation par le sport. Ce n’est pas seulement une tactique de basket qui a été exécutée ce jour-là, c’est une leçon de vie.

Qu’est-ce qui rend cette vidéo si puissante ?

La vidéo, publiée sur le compte Instagram du club, montre Quentin Bessonneau rassemblant ses joueurs pendant un temps mort. Le score est serré, il reste quelques secondes à jouer. L’ambiance est tendue. Les visages des jeunes sont crispés, les regards tournés vers leur entraîneur, comme s’ils attendaient une injonction, un ordre strict. Mais ce qu’ils reçoivent, c’est autre chose : un message d’apaisement, d’encouragement, de bienveillance. « On va jouer ce mouvement-là, explique-t-il calmement. Tu vas recevoir le ballon ici, tu vas faire un pas en arrière, tu vas tirer. Si tu marques, c’est super. Si tu rates, c’est pas grave. On a fait notre boulot. »

Le contraste est frappant. Dans un monde où les jeunes sportifs sont souvent poussés à la performance à tout prix, où les parents crient sur les lignes de touche, où les entraîneurs exigent des résultats, cette attitude détonne. Elle ne minimise pas l’enjeu, elle le relativise. Elle reconnaît l’effort, valorise l’engagement, et libère du poids de la réussite. Et le résultat ? Le joueur, Théo Laroche, exécute le tir. Panier à trois points. Victoire. Mais ce n’est pas la victoire qui fait le buzz, c’est la sérénité avec laquelle elle a été préparée.

Comment un mot peut changer une attitude

Élodie Mercier, psychologue du sport basée à Angers, observe ce phénomène depuis des années. « Ce que fait Quentin, c’est exactement ce que devraient faire tous les éducateurs, explique-t-elle. Il dédramatise l’échec. Or, chez les jeunes, la peur de rater est souvent plus forte que l’envie de réussir. Cette peur bloque, paralyse, empêche de jouer naturellement. »

Elle raconte l’histoire de Lina, une jeune footballeuse de 12 ans qu’elle a suivie. « Elle avait un talent fou, mais dès qu’il fallait tirer un penalty, elle tremblait. Son entraîneur lui disait : “Tu dois marquer, c’est toi qui as demandé à tirer !” Résultat ? Elle ratait systématiquement. On a travaillé sur la déconnexion entre l’action et le résultat. On lui a appris à se dire : “Je fais mon tir, point. Ce qui arrive après, je ne le contrôle pas.” Et là, elle a commencé à marquer. Pas toujours, mais souvent. Surtout, elle a retrouvé le plaisir. »

Le parallèle avec la phrase de Quentin Bessonneau est évident. Il ne dit pas « Tu dois réussir », il dit « Tu peux essayer ». Il transforme une pression en opportunité. Et c’est là que réside sa force pédagogique.

Une philosophie d’entraînement ancrée dans l’humain

Quentin Bessonneau, 34 ans, est un ancien joueur amateur qui a toujours mis l’accent sur la dimension humaine du sport. « Je ne veux pas former des machines à gagner, je veux former des garçons et des filles capables de prendre des risques, de se relever, de jouer ensemble », confie-t-il dans une interview discrète donnée au club.

Il raconte une anecdote significative. « Il y a deux ans, j’avais un joueur, Lucas, qui refusait de tirer. Il passait le ballon à tout le monde, même quand il était seul face au panier. Un jour, je l’ai pris à part. Je lui ai dit : “Tu sais, dans la vie, il y aura toujours des moments où tu devras prendre la responsabilité. Pas parce que c’est facile, mais parce que c’est nécessaire.” Après ça, il a commencé à tirer. Il en ratait beaucoup. Mais il essayait. Et un jour, il a marqué un panier décisif. Ce n’était pas le plus beau de sa carrière, mais c’était le plus important. »

Son approche est rare, mais pas unique. Dans les coulisses du sport amateur, de nombreux éducateurs œuvrent dans l’ombre pour transmettre des valeurs. Mais rares sont ceux qui sont mis en lumière — et encore plus rares ceux qui le sont pour leur bienveillance.

Et si le sport était d’abord une école de la vie ?

Le sport, surtout chez les jeunes, n’est pas qu’une affaire de victoires ou de classements. C’est un espace d’apprentissage social, émotionnel, cognitif. « Le terrain est un laboratoire de la vie, affirme Élodie Mercier. On y apprend la frustration, la coopération, la gestion du stress, la prise de décision sous pression. Mais tout dépend de l’encadrement. »

Elle cite une étude menée en 2022 par l’Institut national du sport (INSEP) : 67 % des jeunes arrêtent une activité sportive avant 15 ans. La première raison ? « Le climat émotionnel négatif », autrement dit : la pression, les critiques, la peur de mal faire. « On pousse les enfants à performer alors qu’ils ont besoin de jouer, de s’exprimer, de se tromper. »

C’est là que des figures comme Quentin Bessonneau deviennent essentielles. Ils incarnent une autre voie : celle où le sport est un lieu d’expérimentation, pas de jugement.

Quel impact sur les parents et les spectateurs ?

Le buzz autour de la vidéo a aussi réveillé une conscience collective. Sur les réseaux, de nombreux commentaires témoignent d’un malaise : « J’ai honte de crier sur mon fils quand il rate un tir », « J’ai été entraîneur pendant dix ans, et je me rends compte que j’ai peut-être trop exigé », « Mon enfant ne veut plus jouer, il dit qu’il n’est “pas assez bon” ».

Camille, mère de deux enfants jouant au basket à Segré-en-Anjou Bleu, raconte : « Après avoir vu la vidéo, j’ai parlé avec mon fils, Maxence. Je lui ai demandé : “Est-ce que je te mets la pression ?” Il a baissé la tête et il a dit : “Oui, maman. Tu dis toujours que je dois faire mieux.” J’ai pleuré. On a changé notre manière de discuter après les matchs. Maintenant, je lui demande : “Tu as aimé jouer ?” Pas : “Tu as marqué ?” »

Ce changement de posture, bien au-delà du club de Beaucouzé, montre que le sport amateur est en pleine mutation. Les mentalités évoluent. La bienveillance gagne du terrain.

Une viralité qui dépasse le sport

La vidéo a été partagée par des comptes comme CourtCuts_, spécialisé dans les moments forts du basket, mais aussi par des pages de développement personnel, de parentalité, de psychologie. Elle a été vue sur YouTube, relayée sur TikTok, commentée dans des podcasts éducatifs.

« Ce n’est plus une vidéo de sport, c’est une vidéo de pédagogie », souligne Julien Fournier, enseignant et auteur de livres sur l’éducation positive. « Elle montre comment on peut accompagner un jeune sans le briser. Dans une société où l’échec est stigmatisé, ce message est révolutionnaire. »

Il ajoute : « On devrait diffuser cette vidéo dans les écoles, dans les formations d’enseignants, dans les clubs de sport. Ce n’est pas une anecdote. C’est un modèle. »

Pourquoi cette phrase résonne-t-elle autant ?

« Si tu marques, c’est super ; si tu rates, c’est pas grave. » Cette phrase, apparemment anodine, touche une corde sensible. Elle reconnaît deux réalités : la joie de la réussite, mais aussi la légitimité de l’échec. Elle dit : tu es digne, quoi qu’il arrive.

Dans une société hyper-compétitive, où les enfants sont évalués dès la maternelle, où les résultats scolaires dictent l’estime de soi, cette bienveillance est un antidote. Elle rappelle que l’essentiel n’est pas le résultat, mais l’engagement, le courage, la participation.

Et c’est peut-être là le plus beau panier de la vidéo : celui qui entre directement dans le cœur des gens.

Conclusion

Quentin Bessonneau n’a pas inventé la bienveillance. Mais il l’a incarnée à un moment précis, devant une caméra, dans une salle de sport modeste. Et cette image, simple et puissante, a fait trembler les algorithmes. Elle a montré que le sport, lorsqu’il est vécu comme un espace de liberté et non de performance, peut devenir un lieu de transformation. Pour les jeunes, mais aussi pour les adultes qui les entourent. Car derrière chaque « c’est pas grave » se cache une révolution tranquille : celle de la confiance, de l’acceptation, de la liberté d’essayer.

A retenir

Quel est le message principal de la vidéo de Quentin Bessonneau ?

Le message principal est que l’effort et la prise de risque comptent plus que le résultat. En disant « si tu marques, c’est super ; si tu rates, c’est pas grave », l’entraîneur libère son joueur de la pression du succès et valorise son engagement.

Pourquoi cette vidéo est-elle devenue virale ?

Elle est devenue virale parce qu’elle touche à des enjeux universels : la peur de l’échec, la pression sociale, l’éducation des jeunes. Elle résonne particulièrement dans une époque marquée par l’anxiété de performance, tant dans le sport que dans la vie quotidienne.

Quel impact cette vidéo a-t-elle eu sur les pratiques éducatives ?

Elle a suscité un large débat sur les méthodes d’entraînement et d’éducation. De nombreux parents et éducateurs ont réévalué leur attitude face à l’échec, en privilégiant désormais l’encouragement à la critique, et le plaisir de jouer à l’exigence de résultat.

Est-ce que cette approche fonctionne sur le long terme ?

Oui, selon les psychologues du sport. Les jeunes qui évoluent dans un climat bienveillant sont plus résilients, plus autonomes, et plus à même de performer sous pression, car ils ne craignent pas l’échec. Ils développent une meilleure estime de soi et une relation durable au sport.

Quelle leçon peut-on tirer de cette histoire ?

La leçon est que la bienveillance n’affaiblit pas, elle renforce. Elle permet aux jeunes de grandir, de prendre des initiatives, de se dépasser — non par peur de décevoir, mais par envie de participer. Et c’est peut-être là la plus belle victoire.