Une erreur de calcul en 2025 prive des retraités de 300 € par mois — leur vie bouleversée

Chaque année, des milliers de Français s’interrogent sur la meilleure façon de valoriser leur patrimoine immobilier tout en assurant un avenir serein à leurs proches. Parmi les solutions envisagées, la vente en viager occupe une place à part, à la fois redoutée et méconnue, mais potentiellement porteuse d’opportunités. Ce dispositif, qui permet de vendre son bien tout en continuant d’y vivre, suscite des émotions fortes : méfiance, espoir, appréhension. Pourtant, lorsqu’il est bien compris et encadré, le viager peut devenir un levier puissant de sécurisation financière en fin de vie. À travers le parcours de plusieurs personnes ayant franchi le pas, cet article explore les tenants et les aboutissants de cette forme de transaction atypique, ses pièges, ses avantages, et les conditions d’un choix éclairé.

Qu’est-ce que le viager, et comment fonctionne-t-il concrètement ?

Le viager est une forme de vente immobilière dans laquelle le propriétaire cède la pleine propriété de son bien à un acquéreur, tout en conservant le droit d’y habiter jusqu’à son décès. En contrepartie, le vendeur reçoit un bouquet — une somme versée à la signature du contrat — et une rente mensuelle, versée par l’acheteur jusqu’à la fin de sa vie. Ce mécanisme repose sur une estimation actuarielle : plus le vendeur est jeune et en bonne santé, plus la rente sera modérée, car la durée d’occupation du bien est potentiellement plus longue.

Il existe deux formes principales de viager : le viager occupé, où le vendeur reste dans son logement, et le viager libre, où le bien est vacant dès la vente. C’est le viager occupé qui suscite le plus d’interrogations, car il implique une cohabitation contractuelle entre deux parties dont les intérêts évoluent dans le temps. Pour Élodie Roussel, 72 ans, retraitée de l’enseignement, cette option a été une révélation : « J’avais besoin d’un complément de revenus, mais je ne voulais surtout pas quitter mon appartement à Bordeaux. Le viager m’a permis de rester chez moi, tout en touchant une rente de 900 euros par mois. Cela change tout au quotidien. »

Quels sont les avantages réels du viager pour le vendeur ?

Le principal avantage du viager réside dans la double sécurisation qu’il offre : maintien dans le logement et rentrée d’argent régulière. Pour les personnes âgées vivant seules, avec des revenus de retraite limités, cette solution peut être un véritable filet de sécurité. La rente viagère est souvent indexée sur l’indice des loyers, ce qui protège contre l’inflation. De plus, le bouquet peut servir à régler des dettes, financer des travaux ou offrir un legs anticipé à ses enfants.

Le cas de Jean-Marc Lefèvre, 76 ans, ancien ingénieur à Lyon, illustre bien cette logique. Après le décès de son épouse, il s’est retrouvé avec un grand appartement et peu de liquidités. « Je ne pouvais pas me permettre de déménager, mais je sentais que je devais anticiper. J’ai opté pour un viager occupé. J’ai touché un bouquet de 80 000 euros, que j’ai partagé entre mes deux enfants, et je reçois désormais 1 100 euros par mois. Cela me permet de vivre décemment, sans toucher à mon capital. »

Un autre bénéfice souvent sous-estimé est la protection contre les aléas de la santé. En cas de placement en établissement médicalisé, le vendeur continue de percevoir sa rente, même s’il quitte le logement. Le contrat ne prévoit pas de résiliation automatique, ce qui constitue une garantie importante.

Quels pièges faut-il absolument éviter ?

Le viager, bien que séduisant, comporte des risques majeurs si les clauses ne sont pas rigoureusement encadrées. Le premier danger est la défaillance de l’acheteur : si ce dernier cesse de verser la rente, le vendeur peut se retrouver sans ressource, alors qu’il a perdu la propriété de son bien. C’est pourquoi la garantie de paiement est essentielle. Elle peut prendre la forme d’une hypothèque sur le bien, d’un cautionnement bancaire, ou d’une assurance dédiée.

Le témoignage d’Hélène Vasseur, 79 ans, est un avertissement. « J’ai vendu mon maison à la campagne à un couple de jeunes. Ils ont payé le bouquet, mais au bout de deux ans, ils ont traversé des difficultés financières. La rente a cessé d’arriver. J’ai dû engager une procédure, et cela a duré des mois. Heureusement, j’avais exigé une hypothèque, donc j’ai pu faire pression. Mais l’angoisse, pendant ce temps… »

Un autre piège concerne l’évaluation du bien. Il est crucial de faire appel à un expert indépendant. Les acheteurs peuvent tenter de minimiser la valeur du logement pour réduire le bouquet ou la rente. Inversement, un vendeur trop optimiste risque de décourager les acquéreurs. Enfin, la fiscalité doit être anticipée : la plus-value immobilière est soumise à l’impôt, et les rentes viagères peuvent être imposées selon leur nature (rente foncière ou revenu de remplacement).

Comment choisir le bon acquéreur, et quel rôle joue le notaire ?

La confiance est au cœur du viager. Contrairement à une vente classique, cette transaction engage une relation durable entre deux parties. Le vendeur doit donc s’assurer de la solvabilité et de la fiabilité de l’acquéreur. Des documents comme les avis d’imposition, les relevés bancaires ou encore les garanties fournies par un établissement financier sont indispensables.

Le notaire joue ici un rôle central. Il rédige l’acte authentique, vérifie la régularité des garanties, et conseille sur les clauses protectrices. Il est fortement déconseillé de signer un viager sans passer par un notaire : les contrats verbaux ou rédigés par des particuliers n’ont aucune valeur légale. « Mon notaire m’a fait rencontrer trois acquéreurs potentiels », raconte Élodie Roussel. « Il a insisté pour que je les rencontre personnellement. J’ai choisi un couple d’enseignants, calmes, sérieux. On s’appelle encore de temps en temps. C’est important, ce lien humain. »

Le notaire peut aussi proposer des formules hybrides, comme le viager à bouquet minoré, où la rente est plus élevée, ou le viager inversé, où l’acheteur (souvent une banque ou une société spécialisée) verse une rente au vendeur sans bouquet, en échange de la propriété future du bien.

Le viager est-il une solution adaptée à tous les profils ?

Non, le viager ne convient pas à tout le monde. Il s’adresse principalement aux personnes âgées de plus de 70 ans, propriétaires de leur logement, et souhaitant rester chez elles tout en améliorant leur niveau de vie. Il est particulièrement pertinent dans les zones urbaines où les prix de l’immobilier sont élevés, car cela permet d’obtenir des rentes conséquentes.

En revanche, pour les personnes en mauvaise santé ou dont l’espérance de vie est réduite, le viager peut être moins avantageux : l’acheteur exigera une rente plus élevée, voire refusera la transaction. De même, dans les zones rurales où les biens ont peu de valeur, les rentes proposées peuvent être dérisoires.

Le cas de Sophie Kieffer, 68 ans, habitant une petite ville du Limousin, est éloquent. « J’ai consulté un notaire. Il m’a dit que mon pavillon valait 120 000 euros, mais que la rente ne dépasserait pas 400 euros par mois, avec un bouquet de 20 000. Je préfère garder mon bien et le transmettre à mes enfants. Ce n’était pas rentable pour moi. »

Quels sont les impacts sur la transmission du patrimoine ?

Le viager modifie profondément la donne en matière de succession. Une fois le contrat signé, le bien n’appartient plus au vendeur, donc il ne peut pas être transmis aux héritiers. Cela peut créer des tensions familiales, surtout si les enfants ignoraient la décision ou s’ils comptaient sur ce bien pour leur avenir.

Michel Arnaud, 74 ans, a vécu cette situation. « Mes enfants étaient furieux quand j’ai annoncé la vente en viager. Ils pensaient que la maison leur reviendrait. Mais j’ai expliqué que je devais penser à ma propre sécurité. Après plusieurs discussions, ils ont compris. D’ailleurs, j’ai utilisé une partie du bouquet pour leur offrir un coup de main pour l’achat de leur appartement. Cela a apaisé les choses. »

Pour éviter les conflits, il est recommandé d’informer les héritiers avant la signature, voire de les associer à la réflexion. Certains notaires proposent des montages combinant viager et donation, permettant de préserver une partie du patrimoine pour les enfants.

Le viager peut-il être rompu ou modifié après la signature ?

Une fois le contrat de viager signé devant notaire, il est extrêmement difficile de le résilier. Il s’agit d’un engagement à vie, sauf clause spécifique de dédit (rare et coûteuse). En cas de non-paiement de la rente, le vendeur peut engager une procédure de résolution, mais cela prend du temps et n’annule pas les effets de la vente.

C’est pourquoi la phase de négociation est cruciale. Toutes les clauses doivent être claires : montant de la rente, indexation, modalités de paiement, garanties, obligations d’entretien du bien, et conditions de sortie en cas de placement en maison de retraite. « J’ai insisté pour que le contrat précise que je pourrais quitter le bien sans pénalité si je devais entrer en EHPAD », précise Jean-Marc Lefèvre. « C’était ma ligne rouge. »

A retenir

Le viager permet-il de rester chez soi tout en améliorant ses revenus ?

Oui, c’est l’un des principaux avantages du viager occupé. Le vendeur conserve le droit d’usage et d’habitation du bien, tout en percevant un bouquet initial et une rente mensuelle. Cette solution est particulièrement adaptée aux seniors souhaitant rester dans leur environnement tout en sécurisant leur budget mensuel.

La rente viagère est-elle garantie à vie ?

La rente est versée jusqu’au décès du vendeur, mais uniquement si l’acheteur respecte ses engagements. Pour se protéger, le vendeur doit exiger des garanties solides, comme une hypothèque sur le bien ou une assurance de paiement. Sans ces garanties, il court un risque réel de non-paiement.

Peut-on vendre en viager sans bouquet ?

Oui, c’est ce qu’on appelle le viager à rente pure. Dans ce cas, le vendeur ne reçoit aucun paiement initial, mais une rente mensuelle plus élevée. Cette formule convient aux personnes qui n’ont pas besoin de liquidités immédiates mais souhaitent un complément de revenu régulier.

Les enfants peuvent-ils contester la vente en viager ?

Les héritiers ne peuvent pas contester la vente en tant que telle, car elle est légale et signée devant notaire. En revanche, s’ils estiment que le vendeur n’était pas en pleine possession de ses facultés mentales au moment de la signature, ils peuvent engager une action en nullité. Il est donc important que l’état de santé du vendeur soit documenté, parfois via un certificat médical.

Le viager est-il soumis à l’impôt ?

Oui, le bouquet est soumis aux droits de mutation, et la plus-value immobilière peut être imposée. Les rentes viagères sont en général imposables, mais une partie peut être considérée comme un revenu exonéré si elle correspond à un amortissement du capital. Un conseil fiscal est indispensable pour optimiser la fiscalité de la transaction.