Dans l’univers complexe des assurances automobiles, chaque détail compte – y compris ceux qui semblent anodins. Le kilométrage annuel déclaré fait partie de ces informations cruciales qui, si elles sont erronées, peuvent déclencher une cascade de problèmes. Entre résiliation de contrat, difficultés à se réassurer et surcoûts financiers, les enjeux sont loin d’être négligeables. Plongeons dans les implications concrètes de ces erreurs et les bonnes pratiques à adopter pour les éviter.
Pourquoi une simple erreur de kilométrage peut-elle tout changer ?
Le kilométrage annuel est un indicateur clé pour les assureurs : il permet d’évaluer l’exposition au risque d’un véhicule. Moins un véhicule roule, moins il est susceptible d’être impliqué dans un accident. Une déclaration inexacte, même de bonne foi, fausse cette évaluation et peut être perçue comme une tentative de tromperie.
Le récit édifiant d’Éloïse Vernet
Éloïse Vernet, graphiste indépendante de 29 ans, pensait bien faire en arrondissant à la baisse ses 18 000 km annuels. « Je croyais qu’une petite différence ne changerait rien, surtout que je conduisais moins pendant les confinements », explique-t-elle. Pourtant, lors d’un contrôle après un accrochage, son assureur a découvert l’écart. Résultat : résiliation immédiate et prime majorée de 40% chez un nouvel assureur. « J’ai réalisé trop tard qu’une économie de quelques euros mensuels me coûterait finalement des centaines d’euros par an », regrette-t-elle.
Quelles sont les conséquences réelles d’une fausse déclaration ?
Au-delà de la résiliation du contrat, les répercussions sont multiples : inscription dans le fichier des assurés résiliés (AGIRA), difficulté à trouver une nouvelle couverture, et primes substantiellement plus élevées. Certains conducteurs se retrouvent même contraints d’accepter des garanties réduites.
La double peine vécue par Théo Maréchal
Ce commercial itinérant de 42 ans a vu son assurance résiliée pour un écart de 5 000 km. « Le pire a été de devoir déclarer cette résiliation à chaque nouvelle demande de devis. Trois assureurs m’ont purement refusé leur couverture », témoigne-t-il. Après six semaines sans véhicule professionnel, il a dû souscrire un contrat haut risque à un tarif prohibitif.
Comment vérifier son kilométrage avec précision ?
Plusieurs méthodes fiables existent :
- Consulter les carnets d’entretien où les kilométrages sont systématiquement enregistrés
- Utiliser des applications de suivi de trajets pour les professionnels
- Comparer avec les relevés kilométriques des contrôles techniques
L’astuce de Clara Duvivier, experte en assurances
« Je recommande à mes clients de noter le kilométrage chaque 1er du mois pendant un an. Cela donne une moyenne précise et documentée », suggère cette courtière depuis 15 ans. Elle ajoute : « Mieux vaut déclarer légèrement plus que moins. Un ajustement à la baisse est toujours possible l’année suivante avec des preuves tangibles. »
Quels autres éléments demandent une attention particulière ?
Plusieurs informations nécessitent la même rigueur que le kilométrage :
- L’adresse réelle de garage du véhicule
- L’usage professionnel ou personnel
- La liste exacte des conducteurs habituels
- Les modifications techniques apportées au véhicule
L’expérience révélatrice de Nassim El-Khoury
Ce jeune entrepreneur a vu son assurance résiliée pour ne pas avoir déclaré le stationnement nocturne de son utilitaire dans une zone moins sécurisée que son domicile. « J’étais persuadé que seule l’adresse administrative comptait. L’assureur a considéré cela comme une omission volontaire », raconte-t-il. Une erreur qui lui a coûté 18 mois de surprime avant de retrouver des conditions normales.
Comment les assureurs détectent-ils les incohérences ?
Les techniques de vérification se sont sophistiquées : croisement avec les bases de données des contrôleurs techniques, analyse des photos des constats amiable, voire même vérification des odomètres lors d’expertises. Certains assureurs utilisent désormais des boîtiers connectés qui enregistrent les kilométrages réels.
L’avertissement de Marc-Antoine Roussel, expert en sinistres
« Nous disposons d’outils qui repèrent les incohérences entre les déclarations successives. Une voiture déclarée à 10 000 km/an pendant 3 ans mais montrant 50 000 km au compteur alerte immédiatement nos systèmes », explique ce professionnel avec 20 ans d’expérience.
A retenir
Une erreur de kilométrage est-elle toujours sanctionnée ?
Les assureurs font généralement preuve de souplesse pour des écarts minimes (moins de 10%) s’ils sont justifiés et déclarés spontanément. Mais au-delà, les sanctions deviennent systématiques.
Peut-on corriger une déclaration erronée ?
Oui, en contactant immédiatement son assureur avec des preuves du bon kilométrage. Une régularisation proactive évite souvent les sanctions les plus sévères.
Les véhicules électriques sont-ils concernés ?
Absolument. Bien que moins contrôlés historiquement, les VE font désormais l’objet des mêmes vérifications, surtout avec l’essor des véhicules en LLD professionnelle.
La transparence reste la meilleure politique avec les assureurs. Comme le souligne Éloïse Vernet : « Ce que j’ai appris à la dure, c’est qu’en assurance, la petite économie du moment se transforme souvent en gros problème plus tard. » Un conseil que tout conducteur gagnerait à méditer avant de renouveler son contrat.